Pour le Patriarche des maronites, « les politiciens libanais devraient avoir honte »

 Un Liban neutre, pluriconfessionnel, ouvert à toutes les cultures, solide partenaire de la communauté internationale et fort de ses institutions et de son armée. C’est à cela qu’appelle le patriarche maronite Béchara Raï. (Photo Arab News en français).
Un Liban neutre, pluriconfessionnel, ouvert à toutes les cultures, solide partenaire de la communauté internationale et fort de ses institutions et de son armée. C’est à cela qu’appelle le patriarche maronite Béchara Raï. (Photo Arab News en français).
Short Url
Publié le Jeudi 17 septembre 2020

Pour le Patriarche des maronites, « les politiciens libanais devraient avoir honte »

  • Dans un entretien exclusif accordé à Arab News en français, le cardinal Béchara Raï estime que « le Hezbollah a ses propres intérêts qui ne sont pas ceux du Liban»
  • « Macron s’est rendu au Liban au lendemain même de la double explosion alors qu’aucun homme politique libanais n’a osé se rendre au chevet du peuple ; comme Ponce Pilate, ils se lavent les mains de leurs responsabilités »

BEYROUTH: Un Liban neutre, pluriconfessionnel, ouvert à toutes les cultures, solide partenaire de la communauté internationale et fort de ses institutions et de son armée. C’est à cela qu’appelle le cardinal  Béchara Raï patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, alors que le Liban, qui vient de célébrer son premier centenaire, fait face à la crise économique et politique la plus importante de son histoire. Dans un entretien exclusif avec Arab News en français, le cardinal Raï s’est penché sur la crise libanaise, le Hezbollah et la question de la paix avec Israël.

QUESTION: Vous prônez une neutralité active au Liban et insistez pour l’inclure dans la déclaration ministérielle du gouvernement, pourquoi des factions politiques libanaises s’opposent-elles à votre projet ?

REPONSE: Cela m’étonne que des factions libanaises s’opposent à mon projet parce que ce n’est pas un projet personnel, ni un projet du patriarcat. La question de la neutralité active est inhérente à l’identité libanaise. Le Liban, du fait de sa nature, de sa composition pluriculturelle et pluriconfessionnelle est un pays démocratique ouvert à tous les pays de l’Orient et de l’Occident. Le Liban a depuis longtemps toujours été neutre. Au cours des cinquante années qui ont suivi la création du Grand Liban, de 1920 à 1969, le pays est resté neutre. Ensuite, la question palestinienne s’est invitée au Liban, avec l’accord du Caire, qui a permis aux Palestiniens d’effectuer des opérations militaires contre Israël depuis le territoire libanais. Une guerre civile s’en est ensuivie, avec l’apparition de différentes milices. Depuis 1975, nous ne faisons que dégringoler et nous avons perdu notre neutralité. La neutralité active n’est pas un projet, c’est un retour à notre essence, à notre identité. Il n’y a pas de factions qui s’y opposent mais probablement quelques-unes qui tirent profit de la situation actuelle et ne se prononcent pas.

Q: Le Hezbollah ne s’y oppose pas ?

R: C’est le seul qui ne s’est pas exprimé sur la question. Toutes les autres factions ne s’opposent pas à la neutralité.

Q: Que se passerait-il, si le Hezbollah déclarait qu’il s’opposait à la neutralité ?

R: Le Hezbollah nous demande si en adoptant la neutralité, nous permettrons à Israël de nous bombarder et resterons les bras croisés face à leurs agressions. Mais ce n’est pas le cas. La neutralité est composée de trois éléments inséparables et complémentaires. Le premier élément est que le Liban  n’a aucun intérêt à faire partie des conflits et des guerres de la région. C’est un petit pays, ce n’est pas un pays guerrier. Le second élément est lié à la mission même du Liban, qui est un pays de coexistence entre toutes les religions, un pays du dialogue et de l’ouverture. C’est un pays où tous les pays arabes et non arabes peuvent se retrouver et s’entendre.  Enfin  la neutralité réside dans la construction d’un Etat fort avec son armée et ses institutions, qui puisse exercer sa souveraineté à l’intérieur de son territoire, sans être fragmenté en  plusieurs républiques. Ce Liban, État fort, devrait grâce à son armée, être capable se répliquer à toute agression venant d’Israël ou d’autres pays.

Q: Cette vision correspond bien au Liban rêvé par la majorité des Libanais mais où en sommes-nous concrètement ? Quelle sera la situation si cette neutralité n’est pas adoptée ?

R: Le Liban est plus grand et plus vieux que le Hezbollah. Le Hezbollah est né dans les années 80, alors que le Grand Liban avait déjà 60 ans. L’identité libanaise est antérieure à la création du Hezbollah. Le Hezbollah a ses propres intérêts qui ne sont pas les intérêts du Liban, c’est la raison pour laquelle nous en sommes arrivés là aujourd’hui. Le Liban n’est pas un pays de guerre. Nous ne pouvons pas nous permettre une guerre. A cause de cela, nous sommes un pays à genoux, qui est aujourd’hui miné par la pauvreté. Je me souviens du Liban des années 50 et 60, quand le Liban était pleinement neutre. Le pays était prospère, personne n’était au chômage, la livre était une monnaie forte. Il est temps que nous revenions à nous-mêmes, à ce que nous sommes initialement. Aujourd’hui, nous sommes en train de nous suicider ; nous ne pouvons pas sacrifier le Liban pour le bon plaisir de quelqu’un ou d’un parti, que ce soit le Hezbollah ou d’autres. Mais, je vous le répète, le Hezbollah ne s’est pas encore prononcé sur le projet de neutralité active ni en public ni en privé.

Q: Quand le Liban sera un pays neutre, quelles seront les relations qu’il devrait entretenir avec ses voisins proches, comme Israël et la Syrie, et d’autres pays moins proches comme l’Iran?

R: Par le passé, le Liban était en bons termes avec tous les États, à commencer par l’Iran, il existait une grande amitié libano-iranienne. Le Liban n’avait pas d’ennemis. Et le pays n’a aucun intérêt à rompre ses relations avec un quelconque État. Car le Liban est un petit pays qui mise sur les liens culturels, commerciaux et humains. Il n’a aucun intérêt à ne pas avoir des amis partout.

Concernant Israël, le Liban respecte l’accord d’armistice de 1949. Nous sommes malheureusement des États ennemis. Nous n’avons pas commis d’agressions contre Israël mais c’est Israël qui a occupé le Liban et qui ne respecte pas les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, refusant le retour des Palestiniens des pays voisins et la création d’un État palestinien.

Malheureusement, c’est le Liban qui en subit toutes les conséquences.

Q: Pour le moment, un rapprochement s’est opéré entre Israël et les pays du Golfe.  L’accord de normalisation entre Israël, les Emirats Arabes Unis et le Bahreïn vient d’être signé. Est-ce que cela influencera plus tard les relations entre le Liban et Israël ?

R: Il faut insister sur deux points très importants. En 2002, lors du sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu au Liban, une importante initiative pour la paix a vu le jour. Elle envisageait des relations normalisées avec Israël et définissait les différentes responsabilités des États arabes et d’Israël pour parvenir à la paix. A Beyrouth, nous parlions enfin de paix, et plus de guerre. Les pays arabes ont chacun leurs propres intérêts, ils n’agissent pas en fonction d’idéaux utopiques. Ils n’ont pas de Palestiniens chez eux. Nous en avons, c’est différent. Ils font la paix avec Israël en se fondant sur cette initiative de paix, mais le dossier palestinien n’a pas les mêmes répercussions pour eux.

Je ne dis pas que nous devons normaliser les relations avec Israël aujourd’hui mais j’observe la manière dont cette normalisation se fait dans les pays arabes en train de mettre en œuvre l’initiative de paix de Beyrouth. Malheureusement, le Liban s’est retrouvé placé devant un fait accompli : il a du subir toutes les conséquences du dossier palestinien, et s’est retrouvé à combattre au nom de tous les Arabes, Ce n’est pas le Liban qui a choisi ce destin.

Pour ce qui concerne le Liban, il est nécessaire que la communauté internationale applique les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, que les troupes israéliennes qui se trouvent encore dans une partie du Liban-Sud se retirent, que la question de ce territoire disputé à la frontière soit tranchée, afin de savoir s’il est libanais ou syrien. Nous disons qu’il est libanais. Il faut également que la question des réfugiés palestiniens soit réglée. C’est leur droit de rentrer chez eux. Mais en attendant, le Liban paie tout seul le coût de la question palestinienne.

Q: Vous avez rendu visite en novembre 2018 à l’Arabie saoudite, comment cette visite s’était déroulée ? Et comment voyez-vous la politique de changement et d’ouverture?

R: J’ai été invité officiellement par le Roi à effectuer cette visite de 24 h. Je ne pouvais pas rester plus longtemps car je devais ensuite me rendre au Vatican. Je suis reconnaissant pour cette invitation car, lors de mon séjour, j’ai pu rencontrer le Roi et le Prince héritier. Nous avons évoqué la communauté libanaise en Arabie saoudite. A ce moment-là, les Libanais avaient peur d’être licenciés, mais le Roi m’avait rassuré, m’expliquant que l’Arabie saoudite tenait aux Libanais. J’ai également pu parler au Roi et au Prince héritier de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, qui venait de présenter sa démission depuis l’Arabie saoudite. Je leur ai expliqué qu’il était urgent qu’il puisse retourner au Liban, et il est rentré deux jours plus tard. J’ai pu également m’entretenir avec Saad Hariri.

Nous saluons et nous respectons beaucoup les réformes qui sont actuellement entreprises par l’Arabie saoudite. Le Prince héritier est ouvert à la modernisation de son pays.

Q: Comment jugez-vous l’initiative du président français Emmanuel Macron au Liban ? Y a-t-il des garanties de la France pour que le Liban soit un pays paisible et viable ?

R: Le Liban fait partie de la communauté arabe et internationale. Peut-on rester les bras croisés face un pays qui sombre aux yeux de tous, alors qu’il fait partie de la communauté internationale ? Il est évident que non, vous devez l’aider à se remettre sur pied. De nombreux pays ont tendu la main au Liban et pas seulement la France. Mais la France a toujours soutenu le Liban et cela depuis l’arrivée de Saint Louis au Liban en 1100. Il est très important de savoir que la France nous soutient politiquement sans se mêler des questions internes. La France ne peut pas nommer les ministres ou le gouvernement, par exemple.

Je voudrais aussi profiter de cette occasion pour remercier tous les États arabes et non arabes qui se sont précipités pour aider les Libanais dans leur détresse après la double explosion du 4 août dernier. C’est une preuve de la solidarité internationale et arabe envers le Liban. Cela veut dire que le petit pays qu’est le Liban est aimé. La communauté internationale est consciente que le Liban représente une valeur ajoutée dans la région et sur le plan international. Il faut que le Liban aussi soit à la hauteur de cette estime que la communauté internationale et arabe lui porte. Il faut qu’il forme un gouvernement, que ses hommes politiques ne se soucient plus de leurs intérêts et fassent passer en premier ceux du Liban.

L’initiative du président français entre dans ce cadre et est la bienvenue. Il s’est rendu au Liban deux fois en moins d’un mois pour pousser les politiciens libanais à former un gouvernement et à être unis. Ils devraient en avoir honte. C’est comme s’il incombait à la France ou à un autre État de venir en aide au Liban pour parer à la négligence de ses responsables politiques. M. Macron s’est rendu au Liban au lendemain même de la double explosion, visitant le port et le quartier de Gemmayzé, alors qu’aucun homme politique libanais n’a osé se rendre au chevet du peuple. Comme Ponce Pilate, ils se lavent les mains de leurs responsabilités.

Q: Dans cette double explosion, c’est la partie chrétienne de Beyrouth qui a été ravagée, et depuis 1990, l’année qui marque la fin de la guerre civile au Liban, les chrétiens du Liban quittent le pays. Comment faire pour les encourager à rester. Comment faire pour le Liban ne perde pas ses chrétiens comme en Irak et en Syrie ?

R: J’encourage toujours les Libanais, chrétiens et musulmans à rester dans ce pays, car ce qui m’intéresse, c’est une société libanaise islamo-chrétienne. Les mots ne suffisent pas pour les encourager. Nous utilisons les paroles, les principes, les constantes nationales, le patriotisme mais cela ne suffit pas, ils ont besoin de manger, de travailler, de pouvoir se réaliser et réaliser leurs rêves. Cette responsabilité relève des hommes politiques qui devraient assumer leurs responsabilités et cesser de jouer avec l’avenir du peuple libanais, en particulier des jeunes.

 Nous soutenons aussi tous les Libanais pour tout ce qui concerne les aides humanitaires. Avant la double explosion, l’Église avait mis en place des structures d’aide, bien avant la double explosion de Beyrouth et le confinement lié au coronavirus, cela dès le mois de janvier dernier. Nous sommes présents sur tout le territoire libanais pour aider les familles dans le besoin, pour qu’aucune famille ne meure de faim. Mais cela n’est pas suffisant. Les gens ne peuvent pas vivre comme des mendiants, ils veulent vivre dans la dignité. Cette situation ne peut pas durer plus longtemps. Mais que pouvez-vous dire à vos enfants s’ils veulent réaliser leurs rêves en partant à l’étranger où cela est possible ? Encore une fois, il faut que les responsables politiques assument leurs responsabilités. Or, ils ne forment pas de gouvernement, ne résolvent pas les problèmes économiques, n’offrent pas des possibilités d’emploi aux Libanais.

Q: Concrètement que faut-il faire pour que les Libanais ne quittent pas le pays ?

R: Il faut améliorer les conditions économiques dans le pays. Il faut que les Libanais puissent vivre dignement et trouver un travail. Il faut aussi leur assurer la sécurité. Il n’est pas possible que des armes soient dispersées un peu partout. Au Liban, pour n’importe quelle raison, on tire et on tue. La vie a une valeur. Il faut donc un État neutre, un État fort avec sa propre armée, ses institutions qui garantissent sa souveraineté dans tout le pays,  qui assure la sécurité de tous ses citoyens, qui leur permette d’avoir une vie normale au plan économique et social. C’est cela l’État neutre que nous prônons, l’État tel qu’il était pendant les 50 premières années avant qu’il ne dégringole.

Q: Le Liban, « pays message » de Jean-Paul II, est-ce toujours de mise ?

R: Bien sûr, cela fait partie de la nature même du Liban. Notre pays est pluriculturel, multiconfessionnel, il  est unique dans tout le Moyen-Orient. Dans les pays arabes, la culture est différente de celle du Liban. Dans le monde arabe, il y a une seule religion, un seul parti, une seule opinion. C’est l’unicité ailleurs, mais chez nous c’est la multiplicité. Le Liban reconnait toutes les libertés civiles et en premier lieu la liberté de culte et de croyance. Il est prévu dans la Constitution que vous pouvez changer de religion. Nous avons la démocratie. Toutes les cultures et les religions se rencontrent dans ce pays. C’est un lieu de dialogue. Tout les pays de la région ont besoin du Liban, car ici leurs ressortissants respirent la liberté. Tout le monde aime le Liban mais il faut aussi que le Liban s’aime lui-même.

Q: Comment le Vatican aide-t-il le Liban à rester un « pays message » ?  

R: Le Vatican est un État avec une valeur morale, il a ses nonces et ses nonciatures apostoliques dans 165 pays. Il peut soutenir et défendre la question libanaise dans les rapports qu’il entretient avec les États. Il défend la question libanaise et la démocratie dans le pays. Il défend le Liban pluriculturel, pays de rencontre et de dialogue. Le Vatican, tout comme la communauté internationale, attend que le Liban défende sa propre cause.


Iran: deux « terroristes  » tués dans une frappe de drone

Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
Short Url
  • La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche
  • Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone

TEHERAN: Les forces iraniennes ont tué jeudi soir deux "terroristes" dans une frappe de drone dans la région du Sistan-Baloutchistan (sud-est) qui abrite une minorité ethnique, a annoncé un média officiel.

"Une attaque de drone menée par des forces de sécurité contre une voiture transportant des terroristes à proximité de Zahedan a entraîné la mort de deux terroristes", a indiqué l'agence Irna, sans fournir des détails.

La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche, qui adhère à l'islam sunnite plutôt qu'à la branche chiite prédominante en Iran.

Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone. Formé en 2012, il est considéré comme une "organisation terroriste" par l'Iran, ainsi que par les Etats-Unis.

Le 9 avril, le groupe avait revendiqué une attaque contre un véhicule de la police, qui avait coûté la vie à cinq policiers.

Jaish al-Adl avait déjà revendiqué une double attaque le 4 avril contre une base des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, à Rask, et un poste de police à Chabahar, dans la même région. Seize membres des forces de l'ordre et 18 assaillants avaient été tués, selon un bilan des autorités.


Tensions Israël-Hezbollah, discussions pour une trêve à Gaza

Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
Short Url
  • Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué
  • De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière

JERUSALEM: L'armée israélienne et le Hezbollah libanais ont échangé des tirs de missiles dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu'une délégation égyptienne est attendue en Israël, dans l'espoir de faire avancer les pourparlers pour une trêve et la libération d'otages à Gaza.

L'armée israélienne a fait état de "deux tirs de missiles anti-chars" ayant touché le nord d'Israël depuis le Liban dans la nuit et dit avoir ciblé les "sources de ces frappes" avec des tirs d'artillerie.

Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué.

De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière.

L'armée israélienne avait annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, d'où le Hezbollah mène des attaques contre l'armée israélienne qui frappe, elle, des positions du mouvement chiite allié du Hamas palestinien.

Le Hamas et Israël sont engagés depuis plus de six mois dans une guerre dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, "dernier" bastion du mouvement islamiste située dans le sud du territoire.

Détruire ou libérer 

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent, en cas d'offensive, un bain de sang dans cette ville du sud de la bande de Gaza frontalière avec l'Egypte, refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu estime qu'une offensive sur Rafah est nécessaire pour "vaincre" le Hamas et libérer les plus de cent otages toujours retenus à Gaza.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a annoncé jeudi que le cabinet de guerre s'était réuni "pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas".

Mais selon des médias israéliens, le cabinet a discuté d'un nouveau projet de trêve associée à une libération d'otages, avant une visite prévue vendredi d'une délégation égyptienne, pays médiateur à l'instar du Qatar et des Etats-Unis.

D'après le site Walla, qui cite un haut responsable israélien sans le nommer, les discussions portent plus précisément sur une proposition pour libérer dans un premier temps 20 otages considérés comme des cas "humanitaires".

Un responsable politique du Hamas, Ghazi Hamad, a de son côté assuré à l'AFP depuis le Qatar qu'un assaut sur Rafah ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut", soit d"éliminer le Hamas ou récupérer" les otages.

Un « accord maintenant »

Jeudi, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv, pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il obtienne leur libération.

Certains avaient les mains liées et teintées de rouge, la bouche couverte d'un sparadrap marqué du chiffre "202", le nombre de jours écoulés depuis le 7 octobre, ou portaient une pancarte avec les mots "Un accord sur les otages maintenant".

Le Hamas a diffusé mercredi une vidéo de l'otage Hersh Goldberg-Polin, un geste considéré par la presse locale comme visant entre autres à faire pression sur Israël dans les pourparlers.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, cet Israélo-américain âgé de 23 ans accuse dans cette vidéo M. Netanyahu et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

Les dirigeants de 18 pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et le Brésil, ont appelé jeudi le Hamas à "la libération immédiate de tous les otages". "L'accord sur la table pour libérer les otages permettrait un cessez-le-feu immédiat et prolongé à Gaza", poursuit le texte.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une opération militaire à Gaza ayant fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

« C'est allé trop loin »

Dans la nuit de jeudi à vendredi des témoins ont fait état de bombardements à Gaza, notamment dans le secteur de Rafah où des rescapés ont tenté jeudi de récupérer des objets dans les décombres après des frappes.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", a lancé l'un d'eux, Samir Daban, au milieu des gravats.

Alors que les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé sont confrontés à un désastre humanitaire, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, qui permettra à des navires militaires ou civils de déposer leurs cargaisons d'aide.

Washington avait annoncé début mars la construction de ce port artificiel face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par voie terrestre depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël.

Ces développement interviennent alors qu'aux Etats-Unis, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise.

De Los Angeles à Atlanta, d'Austin à Boston, le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens grossit d'heure en heure après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.


Soudan: Washington s'alarme d'une possible offensive «  imminente  » des paramilitaires au Darfour

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
Short Url
  • "Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué
  • "Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté

WASHINGTON: La diplomatie américaine a alerté mercredi d'une possible offensive "imminente" de paramilitaires au Soudan sur la ville d'el-Facher, au Darfour, un carrefour pour l'aide humanitaire dans ce pays ravagé par plus d'un an de guerre et au bord de la famine.

"Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué.

"Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté.

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire.

El-Facher fait office de hub humanitaire pour le Darfour, région où vivent environ un quart des 48 millions d'habitants du Soudan. Accueillant de nombreux réfugiés, la ville avait jusque là été relativement épargnée par les combats.

Mais depuis mi-avril, des bombardements et des affrontements ont été rapportés dans les villages environnants.

"Les Etats-Unis sont extrêmement troublés par les informations crédibles selon lesquelles les FSR et ses milices affiliées ont rasé de nombreux villages à l'ouest d'el-Facher", a relevé Matthew Miller, ajoutant qu'une offensive sur la ville "mettrait les habitants dans une situation de danger extrême".

El-Facher est la seule capitale des cinq Etats du Darfour que les FSR ne contrôlent pas.

Vendredi, l'ONU avait déjà alerté sur ce "nouveau front" du conflit. Il pourrait "entraîner un conflit intercommunautaire sanglant à travers le Darfour" et freiner encore plus la distribution de l'aide humanitaire dans une région "déjà au bord de la famine", selon la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo.

La région a déjà été ravagée il y a plus de 20 ans par la politique de la terre brûlée menée par les Janjawids --les miliciens arabes depuis enrôlés dans les FSR-- sous le président de l'époque Omar el-Béchir.

Le nouveau conflit au Soudan, qui a débuté le 15 avril 2023 a déjà fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l'ONU.