Pour le Patriarche des maronites, « les politiciens libanais devraient avoir honte »

 Un Liban neutre, pluriconfessionnel, ouvert à toutes les cultures, solide partenaire de la communauté internationale et fort de ses institutions et de son armée. C’est à cela qu’appelle le patriarche maronite Béchara Raï. (Photo Arab News en français).
Un Liban neutre, pluriconfessionnel, ouvert à toutes les cultures, solide partenaire de la communauté internationale et fort de ses institutions et de son armée. C’est à cela qu’appelle le patriarche maronite Béchara Raï. (Photo Arab News en français).
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Publié le Jeudi 17 septembre 2020

Pour le Patriarche des maronites, « les politiciens libanais devraient avoir honte »

  • Dans un entretien exclusif accordé à Arab News en français, le cardinal Béchara Raï estime que « le Hezbollah a ses propres intérêts qui ne sont pas ceux du Liban»
  • « Macron s’est rendu au Liban au lendemain même de la double explosion alors qu’aucun homme politique libanais n’a osé se rendre au chevet du peuple ; comme Ponce Pilate, ils se lavent les mains de leurs responsabilités »

BEYROUTH: Un Liban neutre, pluriconfessionnel, ouvert à toutes les cultures, solide partenaire de la communauté internationale et fort de ses institutions et de son armée. C’est à cela qu’appelle le cardinal  Béchara Raï patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, alors que le Liban, qui vient de célébrer son premier centenaire, fait face à la crise économique et politique la plus importante de son histoire. Dans un entretien exclusif avec Arab News en français, le cardinal Raï s’est penché sur la crise libanaise, le Hezbollah et la question de la paix avec Israël.

QUESTION: Vous prônez une neutralité active au Liban et insistez pour l’inclure dans la déclaration ministérielle du gouvernement, pourquoi des factions politiques libanaises s’opposent-elles à votre projet ?

REPONSE: Cela m’étonne que des factions libanaises s’opposent à mon projet parce que ce n’est pas un projet personnel, ni un projet du patriarcat. La question de la neutralité active est inhérente à l’identité libanaise. Le Liban, du fait de sa nature, de sa composition pluriculturelle et pluriconfessionnelle est un pays démocratique ouvert à tous les pays de l’Orient et de l’Occident. Le Liban a depuis longtemps toujours été neutre. Au cours des cinquante années qui ont suivi la création du Grand Liban, de 1920 à 1969, le pays est resté neutre. Ensuite, la question palestinienne s’est invitée au Liban, avec l’accord du Caire, qui a permis aux Palestiniens d’effectuer des opérations militaires contre Israël depuis le territoire libanais. Une guerre civile s’en est ensuivie, avec l’apparition de différentes milices. Depuis 1975, nous ne faisons que dégringoler et nous avons perdu notre neutralité. La neutralité active n’est pas un projet, c’est un retour à notre essence, à notre identité. Il n’y a pas de factions qui s’y opposent mais probablement quelques-unes qui tirent profit de la situation actuelle et ne se prononcent pas.

Q: Le Hezbollah ne s’y oppose pas ?

R: C’est le seul qui ne s’est pas exprimé sur la question. Toutes les autres factions ne s’opposent pas à la neutralité.

Q: Que se passerait-il, si le Hezbollah déclarait qu’il s’opposait à la neutralité ?

R: Le Hezbollah nous demande si en adoptant la neutralité, nous permettrons à Israël de nous bombarder et resterons les bras croisés face à leurs agressions. Mais ce n’est pas le cas. La neutralité est composée de trois éléments inséparables et complémentaires. Le premier élément est que le Liban  n’a aucun intérêt à faire partie des conflits et des guerres de la région. C’est un petit pays, ce n’est pas un pays guerrier. Le second élément est lié à la mission même du Liban, qui est un pays de coexistence entre toutes les religions, un pays du dialogue et de l’ouverture. C’est un pays où tous les pays arabes et non arabes peuvent se retrouver et s’entendre.  Enfin  la neutralité réside dans la construction d’un Etat fort avec son armée et ses institutions, qui puisse exercer sa souveraineté à l’intérieur de son territoire, sans être fragmenté en  plusieurs républiques. Ce Liban, État fort, devrait grâce à son armée, être capable se répliquer à toute agression venant d’Israël ou d’autres pays.

Q: Cette vision correspond bien au Liban rêvé par la majorité des Libanais mais où en sommes-nous concrètement ? Quelle sera la situation si cette neutralité n’est pas adoptée ?

R: Le Liban est plus grand et plus vieux que le Hezbollah. Le Hezbollah est né dans les années 80, alors que le Grand Liban avait déjà 60 ans. L’identité libanaise est antérieure à la création du Hezbollah. Le Hezbollah a ses propres intérêts qui ne sont pas les intérêts du Liban, c’est la raison pour laquelle nous en sommes arrivés là aujourd’hui. Le Liban n’est pas un pays de guerre. Nous ne pouvons pas nous permettre une guerre. A cause de cela, nous sommes un pays à genoux, qui est aujourd’hui miné par la pauvreté. Je me souviens du Liban des années 50 et 60, quand le Liban était pleinement neutre. Le pays était prospère, personne n’était au chômage, la livre était une monnaie forte. Il est temps que nous revenions à nous-mêmes, à ce que nous sommes initialement. Aujourd’hui, nous sommes en train de nous suicider ; nous ne pouvons pas sacrifier le Liban pour le bon plaisir de quelqu’un ou d’un parti, que ce soit le Hezbollah ou d’autres. Mais, je vous le répète, le Hezbollah ne s’est pas encore prononcé sur le projet de neutralité active ni en public ni en privé.

Q: Quand le Liban sera un pays neutre, quelles seront les relations qu’il devrait entretenir avec ses voisins proches, comme Israël et la Syrie, et d’autres pays moins proches comme l’Iran?

R: Par le passé, le Liban était en bons termes avec tous les États, à commencer par l’Iran, il existait une grande amitié libano-iranienne. Le Liban n’avait pas d’ennemis. Et le pays n’a aucun intérêt à rompre ses relations avec un quelconque État. Car le Liban est un petit pays qui mise sur les liens culturels, commerciaux et humains. Il n’a aucun intérêt à ne pas avoir des amis partout.

Concernant Israël, le Liban respecte l’accord d’armistice de 1949. Nous sommes malheureusement des États ennemis. Nous n’avons pas commis d’agressions contre Israël mais c’est Israël qui a occupé le Liban et qui ne respecte pas les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, refusant le retour des Palestiniens des pays voisins et la création d’un État palestinien.

Malheureusement, c’est le Liban qui en subit toutes les conséquences.

Q: Pour le moment, un rapprochement s’est opéré entre Israël et les pays du Golfe.  L’accord de normalisation entre Israël, les Emirats Arabes Unis et le Bahreïn vient d’être signé. Est-ce que cela influencera plus tard les relations entre le Liban et Israël ?

R: Il faut insister sur deux points très importants. En 2002, lors du sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu au Liban, une importante initiative pour la paix a vu le jour. Elle envisageait des relations normalisées avec Israël et définissait les différentes responsabilités des États arabes et d’Israël pour parvenir à la paix. A Beyrouth, nous parlions enfin de paix, et plus de guerre. Les pays arabes ont chacun leurs propres intérêts, ils n’agissent pas en fonction d’idéaux utopiques. Ils n’ont pas de Palestiniens chez eux. Nous en avons, c’est différent. Ils font la paix avec Israël en se fondant sur cette initiative de paix, mais le dossier palestinien n’a pas les mêmes répercussions pour eux.

Je ne dis pas que nous devons normaliser les relations avec Israël aujourd’hui mais j’observe la manière dont cette normalisation se fait dans les pays arabes en train de mettre en œuvre l’initiative de paix de Beyrouth. Malheureusement, le Liban s’est retrouvé placé devant un fait accompli : il a du subir toutes les conséquences du dossier palestinien, et s’est retrouvé à combattre au nom de tous les Arabes, Ce n’est pas le Liban qui a choisi ce destin.

Pour ce qui concerne le Liban, il est nécessaire que la communauté internationale applique les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, que les troupes israéliennes qui se trouvent encore dans une partie du Liban-Sud se retirent, que la question de ce territoire disputé à la frontière soit tranchée, afin de savoir s’il est libanais ou syrien. Nous disons qu’il est libanais. Il faut également que la question des réfugiés palestiniens soit réglée. C’est leur droit de rentrer chez eux. Mais en attendant, le Liban paie tout seul le coût de la question palestinienne.

Q: Vous avez rendu visite en novembre 2018 à l’Arabie saoudite, comment cette visite s’était déroulée ? Et comment voyez-vous la politique de changement et d’ouverture?

R: J’ai été invité officiellement par le Roi à effectuer cette visite de 24 h. Je ne pouvais pas rester plus longtemps car je devais ensuite me rendre au Vatican. Je suis reconnaissant pour cette invitation car, lors de mon séjour, j’ai pu rencontrer le Roi et le Prince héritier. Nous avons évoqué la communauté libanaise en Arabie saoudite. A ce moment-là, les Libanais avaient peur d’être licenciés, mais le Roi m’avait rassuré, m’expliquant que l’Arabie saoudite tenait aux Libanais. J’ai également pu parler au Roi et au Prince héritier de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, qui venait de présenter sa démission depuis l’Arabie saoudite. Je leur ai expliqué qu’il était urgent qu’il puisse retourner au Liban, et il est rentré deux jours plus tard. J’ai pu également m’entretenir avec Saad Hariri.

Nous saluons et nous respectons beaucoup les réformes qui sont actuellement entreprises par l’Arabie saoudite. Le Prince héritier est ouvert à la modernisation de son pays.

Q: Comment jugez-vous l’initiative du président français Emmanuel Macron au Liban ? Y a-t-il des garanties de la France pour que le Liban soit un pays paisible et viable ?

R: Le Liban fait partie de la communauté arabe et internationale. Peut-on rester les bras croisés face un pays qui sombre aux yeux de tous, alors qu’il fait partie de la communauté internationale ? Il est évident que non, vous devez l’aider à se remettre sur pied. De nombreux pays ont tendu la main au Liban et pas seulement la France. Mais la France a toujours soutenu le Liban et cela depuis l’arrivée de Saint Louis au Liban en 1100. Il est très important de savoir que la France nous soutient politiquement sans se mêler des questions internes. La France ne peut pas nommer les ministres ou le gouvernement, par exemple.

Je voudrais aussi profiter de cette occasion pour remercier tous les États arabes et non arabes qui se sont précipités pour aider les Libanais dans leur détresse après la double explosion du 4 août dernier. C’est une preuve de la solidarité internationale et arabe envers le Liban. Cela veut dire que le petit pays qu’est le Liban est aimé. La communauté internationale est consciente que le Liban représente une valeur ajoutée dans la région et sur le plan international. Il faut que le Liban aussi soit à la hauteur de cette estime que la communauté internationale et arabe lui porte. Il faut qu’il forme un gouvernement, que ses hommes politiques ne se soucient plus de leurs intérêts et fassent passer en premier ceux du Liban.

L’initiative du président français entre dans ce cadre et est la bienvenue. Il s’est rendu au Liban deux fois en moins d’un mois pour pousser les politiciens libanais à former un gouvernement et à être unis. Ils devraient en avoir honte. C’est comme s’il incombait à la France ou à un autre État de venir en aide au Liban pour parer à la négligence de ses responsables politiques. M. Macron s’est rendu au Liban au lendemain même de la double explosion, visitant le port et le quartier de Gemmayzé, alors qu’aucun homme politique libanais n’a osé se rendre au chevet du peuple. Comme Ponce Pilate, ils se lavent les mains de leurs responsabilités.

Q: Dans cette double explosion, c’est la partie chrétienne de Beyrouth qui a été ravagée, et depuis 1990, l’année qui marque la fin de la guerre civile au Liban, les chrétiens du Liban quittent le pays. Comment faire pour les encourager à rester. Comment faire pour le Liban ne perde pas ses chrétiens comme en Irak et en Syrie ?

R: J’encourage toujours les Libanais, chrétiens et musulmans à rester dans ce pays, car ce qui m’intéresse, c’est une société libanaise islamo-chrétienne. Les mots ne suffisent pas pour les encourager. Nous utilisons les paroles, les principes, les constantes nationales, le patriotisme mais cela ne suffit pas, ils ont besoin de manger, de travailler, de pouvoir se réaliser et réaliser leurs rêves. Cette responsabilité relève des hommes politiques qui devraient assumer leurs responsabilités et cesser de jouer avec l’avenir du peuple libanais, en particulier des jeunes.

 Nous soutenons aussi tous les Libanais pour tout ce qui concerne les aides humanitaires. Avant la double explosion, l’Église avait mis en place des structures d’aide, bien avant la double explosion de Beyrouth et le confinement lié au coronavirus, cela dès le mois de janvier dernier. Nous sommes présents sur tout le territoire libanais pour aider les familles dans le besoin, pour qu’aucune famille ne meure de faim. Mais cela n’est pas suffisant. Les gens ne peuvent pas vivre comme des mendiants, ils veulent vivre dans la dignité. Cette situation ne peut pas durer plus longtemps. Mais que pouvez-vous dire à vos enfants s’ils veulent réaliser leurs rêves en partant à l’étranger où cela est possible ? Encore une fois, il faut que les responsables politiques assument leurs responsabilités. Or, ils ne forment pas de gouvernement, ne résolvent pas les problèmes économiques, n’offrent pas des possibilités d’emploi aux Libanais.

Q: Concrètement que faut-il faire pour que les Libanais ne quittent pas le pays ?

R: Il faut améliorer les conditions économiques dans le pays. Il faut que les Libanais puissent vivre dignement et trouver un travail. Il faut aussi leur assurer la sécurité. Il n’est pas possible que des armes soient dispersées un peu partout. Au Liban, pour n’importe quelle raison, on tire et on tue. La vie a une valeur. Il faut donc un État neutre, un État fort avec sa propre armée, ses institutions qui garantissent sa souveraineté dans tout le pays,  qui assure la sécurité de tous ses citoyens, qui leur permette d’avoir une vie normale au plan économique et social. C’est cela l’État neutre que nous prônons, l’État tel qu’il était pendant les 50 premières années avant qu’il ne dégringole.

Q: Le Liban, « pays message » de Jean-Paul II, est-ce toujours de mise ?

R: Bien sûr, cela fait partie de la nature même du Liban. Notre pays est pluriculturel, multiconfessionnel, il  est unique dans tout le Moyen-Orient. Dans les pays arabes, la culture est différente de celle du Liban. Dans le monde arabe, il y a une seule religion, un seul parti, une seule opinion. C’est l’unicité ailleurs, mais chez nous c’est la multiplicité. Le Liban reconnait toutes les libertés civiles et en premier lieu la liberté de culte et de croyance. Il est prévu dans la Constitution que vous pouvez changer de religion. Nous avons la démocratie. Toutes les cultures et les religions se rencontrent dans ce pays. C’est un lieu de dialogue. Tout les pays de la région ont besoin du Liban, car ici leurs ressortissants respirent la liberté. Tout le monde aime le Liban mais il faut aussi que le Liban s’aime lui-même.

Q: Comment le Vatican aide-t-il le Liban à rester un « pays message » ?  

R: Le Vatican est un État avec une valeur morale, il a ses nonces et ses nonciatures apostoliques dans 165 pays. Il peut soutenir et défendre la question libanaise dans les rapports qu’il entretient avec les États. Il défend la question libanaise et la démocratie dans le pays. Il défend le Liban pluriculturel, pays de rencontre et de dialogue. Le Vatican, tout comme la communauté internationale, attend que le Liban défende sa propre cause.


La Banque mondiale approuve des financements pour le Liban et la Syrie

Le président du Conseil libanais pour le développement et la reconstruction, Mohammad Kabbani, le ministre des Travaux publics, Fayez Rasamni, le vice-Premier ministre, Tarek Mitri, le Premier ministre, Nawaf Salam, le ministre des Finances, Yassin Jaber, et le directeur national de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient, Jean Christophe Carret, participent à une table ronde sur le projet d'aide d'urgence au Liban (LEAP) au siège du Premier ministre à Beyrouth, le 10 juin 2025. (Photo : Anwar AMRO / AFP)
Le président du Conseil libanais pour le développement et la reconstruction, Mohammad Kabbani, le ministre des Travaux publics, Fayez Rasamni, le vice-Premier ministre, Tarek Mitri, le Premier ministre, Nawaf Salam, le ministre des Finances, Yassin Jaber, et le directeur national de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient, Jean Christophe Carret, participent à une table ronde sur le projet d'aide d'urgence au Liban (LEAP) au siège du Premier ministre à Beyrouth, le 10 juin 2025. (Photo : Anwar AMRO / AFP)
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  • En mars, la BM avait estimé le coût de la reconstruction et du redressement au Liban à 11 milliards de dollars, après une guerre entre le mouvement pro-iranien Hezbollah et Israël, qui a détruit des pans entiers du pays en 2024.
  • Dans un autre communiqué, la BM a annoncé qu'elle recevait un don de 146 millions de dollars de la part de l'Association internationale de développement (IDA). Ce don servira à « aider la Syrie à rétablir un approvisionnement en électricité.

BEYROUTH : La Banque mondiale a annoncé qu'elle avait approuvé mercredi  un financement de 250 millions de dollars pour soutenir la reconstruction au Liban et un don de 146 millions au secteur de l'électricité en Syrie voisine.

En mars, la BM avait estimé le coût de la reconstruction et du redressement au Liban à 11 milliards de dollars, après une guerre entre le mouvement pro-iranien Hezbollah et Israël, qui a détruit des pans entiers du pays en 2024.

Dans un communiqué, la BM a indiqué avoir approuvé « un financement de 250 millions de dollars en faveur du Liban pour soutenir les réparations et la reconstruction urgentes des infrastructures publiques critiques endommagées, ainsi que la gestion durable des décombres dans les zones touchées par le conflit ». 

Intitulé « Lebanon Emergency Assistance Project » (LEAP), ce projet a été conçu pour soutenir la restauration des infrastructures publiques et des bâtiments, condition préalable au redressement économique et social », ajoute la BM.

« Compte tenu de l’ampleur des besoins en matière de reconstruction, ce projet a été conçu comme un cadre évolutif pouvant atteindre un milliard de dollars », a déclaré Jean-Christophe Carret, le directeur régional de la BM pour le Moyen-Orient.

Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a « salué (..) une étape clé de la reconstruction », estimant que le projet « vise à remédier aux dommages causés aux infrastructures et aux services essentiels dans les zones touchées par la guerre ».

« Ce soutien vient renforcer les efforts de redressement dans le cadre d’un dispositif exécutif dirigé par l’État, et permet d’attirer les financements supplémentaires dont nous avons cruellement besoin », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Créé en février, le nouveau gouvernement du Liban, plongé dans une crise économique depuis 2019, a constitué un fonds pour la reconstruction et compte sur une aide financière étrangère. 

– Don pour la Syrie –

Dans un autre communiqué, la BM a annoncé qu'elle recevait un don de 146 millions de dollars de la part de l'Association internationale de développement (IDA). Ce don servira à « aider la Syrie à rétablir un approvisionnement en électricité fiable et abordable et à soutenir la reprise économique du pays », quatorze ans après le début d'une guerre civile dévastatrice.

Le don financera notamment la réhabilitation de lignes de transmission à haute tension.

« Parmi les besoins urgents de reconstruction en Syrie, la réhabilitation du secteur de l’électricité est apparue comme un investissement essentiel pour améliorer les conditions de vie du peuple syrien (…), a déclaré M. Carret, « sur la voie du redressement ». 

Le conflit a gravement endommagé les infrastructures essentielles, en particulier dans le secteur de l’électricité, les coupures de courant dépassant les 20 heures par jour.

En mai, la BM avait annoncé la relance de ses programmes d'aide en Syrie après le paiement par Riyad et Doha d'un reliquat de dette du pays, d'un montant de 15,5 millions de dollars, qui était dû à l'institution.

Avec la levée des sanctions économiques occidentales, les autorités syriennes cherchent à relancer l'économie afin d'amorcer la reconstruction, dont le coût est estimé par l’ONU à plus de 400 milliards de dollars.


Les derniers développements au lendemain du cessez-le-feu entre l'Iran et Israël

Une femme passe devant un immeuble résidentiel touché par une frappe israélienne et recouvert d'un grand drapeau iranien, à Téhéran, le 25 juin 2025. (Photo par ATTA KENARE / AFP)
Une femme passe devant un immeuble résidentiel touché par une frappe israélienne et recouvert d'un grand drapeau iranien, à Téhéran, le 25 juin 2025. (Photo par ATTA KENARE / AFP)
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  • Des doutes persistent toutefois mercredi quant à l'étendue des dégâts infligés au programme nucléaire iranien, au lendemain de l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu entre l'Iran et Israël.
  • L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a jugé pour sa part impossible à ce stade d'évaluer les dégâts subis et a réclamé un accès aux sites iraniens.

JERUSALEM : Des doutes persistent toutefois mercredi quant à l'étendue des dégâts infligés au programme nucléaire iranien, au lendemain de l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu entre l'Iran et Israël.

Voici les derniers développements alors que les deux pays ont crié « victoire » à l'issue d'une guerre marquée par des frappes israéliennes et américaines sur des installations nucléaires iraniennes : 

- Destruction « totale » des sites nucléaires iraniens ?

Le président américain Donald Trump a déclaré mercredi que les sites nucléaires iraniens avaient été détruits « totalement », estimant que le programme nucléaire de Téhéran avait été retardé de plusieurs « décennies » par les frappes américaines dimanche en Iran.

« Je pense que nous avons infligé un coup dur au programme nucléaire iranien et je peux aussi dire que nous l'avons retardé de plusieurs années », a déclaré plus tôt le porte-parole de l'armée israélienne Effie Defrin.

Les États-Unis et Israël accusent l'Iran de vouloir se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran continue de démentir en défendant son droit au nucléaire civil. 

L'armée israélienne a cependant estimé qu'il était « encore tôt » pour évaluer l'impact sur le programme nucléaire iranien.

Selon plusieurs médias américains, un document classé confidentiel du renseignement américain établirait que les frappes américaines de dimanche auraient retardé le programme nucléaire iranien de seulement quelques mois, sans toutefois le détruire complètement.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a jugé pour sa part impossible à ce stade d'évaluer les dégâts subis et a réclamé un accès aux sites iraniens.

- L'Iran veut une suspension de sa coopération avec l'AIEA.

Mercredi, le Parlement iranien a voté en faveur d'une suspension de la coopération avec l'AIEA, selon la télévision d'État.

« L'AIEA, qui a refusé de condamner ne serait-ce qu'un peu l'attaque contre les installations nucléaires iraniennes, a compromis sa crédibilité internationale », a déclaré à cette occasion Mohammad Bagher Ghalibaf, le président du Parlement iranien.

Pour entrer en vigueur, cette décision doit toutefois encore être approuvée par le Conseil des gardiens, un organe habilité à examiner la législation.

Mardi, le président iranien Massoud Pezeshkian avait indiqué que son pays était « prêt » à reprendre des négociations indirectes avec Washington sur son programme nucléaire. 

- Funérailles cette semaine en Iran pour les hauts gradés tués.

Des funérailles nationales « pour les hauts gradés et les scientifiques tombés en martyrs » se tiendront samedi à Téhéran, a rapporté l'agence Irna, précisant qu'une cérémonie aurait également lieu jeudi pour Hossein Salami, le chef des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, qui a été tué au premier jour de la guerre.

- La banque centrale iranienne dans le collimateur d'Israël

Mercredi, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a annoncé avoir officiellement classé la banque centrale iranienne comme une « organisation terroriste ».

- Nouvelles pendaisons d'« espions »

L'Iran a annoncé avoir pendu mercredi trois hommes présentés comme des espions à la solde d'Israël.

- Retour à la normale

Mercredi, bus et voitures circulaient à nouveau dans les rues embouteillées d'Israël, les écoles avaient rouvert et les employés retrouvaient le chemin du travail dans la capitale économique Tel-Aviv.

En Iran, un responsable a annoncé que le réseau de communication revenait progressivement à son état précédent, accusant Israël d'avoir mené une « cyberguerre à grande échelle » pendant le conflit.

 


Gaza: les secours annoncent 20 morts dans des opérations israéliennes

La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé mercredi que 20 personnes avaient été tuées et des dizaines d'autres blessées par l'armée israélienne dans le territoire palestinien ravagé par plus de 20 mois de guerre. (AFP)
La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé mercredi que 20 personnes avaient été tuées et des dizaines d'autres blessées par l'armée israélienne dans le territoire palestinien ravagé par plus de 20 mois de guerre. (AFP)
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  • Au moins six personnes ont été tuées et 30 blessées "à la suite de tirs israéliens visant des milliers de civils qui attendaient de l'aide" alimentaire près du corridor de Netzarim, dans le centre de Gaza
  • Des foules de Palestiniens se rassemblent chaque nuit dans ce secteur pour attendre l'ouverture des sites de distribution d'aide où elles espèrent recevoir des vivres

GAZA: La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé mercredi que 20 personnes avaient été tuées et des dizaines d'autres blessées par l'armée israélienne dans le territoire palestinien ravagé par plus de 20 mois de guerre.

Au moins six personnes ont été tuées et 30 blessées "à la suite de tirs israéliens visant des milliers de civils qui attendaient de l'aide" alimentaire près du corridor de Netzarim, dans le centre de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de cet organisme de premiers secours, Mahmoud Bassal.

Interrogée par l'AFP sur ces faits, l'armée israélienne a dit examiner la situation.

Des foules de Palestiniens se rassemblent chaque nuit dans ce secteur pour attendre l'ouverture des sites de distribution d'aide où elles espèrent recevoir des vivres, ont constaté des correspondants de l'AFP, mais ses distributions donnent lieu à des scènes chaotiques.

Israël a très partiellement assoupli à la fin du mois de mai un blocus total imposé à la bande de Gaza au début du mois de mars, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.

La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), organisme au financement opaque soutenu par Israël et les Etats-Unis, gère quatre centres de distribution de colis d'aide alimentaire sur le territoire palestinien assiégé, notamment dans le secteur où ont eu lieu les tirs mercredi à l'aube.

L'ONU et des ONG humanitaires refusent de travailler avec la GHF, en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a qualifié mardi de "crime de guerre" l'utilisation de la nourriture comme une arme à Gaza, exhortant l'armée israélienne à "cesser de tirer sur les personnes qui tentent de s'en procurer".

M. Bassal a également fait état de 14 autres personnes tuées, dont une fillette, par des frappes aériennes israéliennes sur des habitations à travers la bande de Gaza. Cinq personnes ont péri à Deir al-Balah (centre), six dans le camp de Nousseirat (centre) et trois à Choujaïya (nord).

Sollicitée par l'AFP sur ces frappes aériennes, l'armée israélienne n'a pas été en mesure de commenter.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans de la Défense civile.

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

Le Premier ministre du Qatar, pays médiateur entre Israël et le Hamas, a affirmé mardi que Doha travaillait à une reprise des négociations en vue d'un nouveau cessez-le-feu à Gaza.

L'attaque du 7 octobre 2023 en Israël a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 56.077 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la bande de Gaza dans la campagne militaire de représailles israéliennes, selon des données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.