L'attaque du Hamas, une opération coordonnée qui peut durer

Un membre des forces de sécurité israéliennes se tient le long d'une rue jonchée de débris à Tel Aviv, après qu'elle ait été touchée par une roquette tirée par des militants palestiniens depuis la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (AFP).
Un membre des forces de sécurité israéliennes se tient le long d'une rue jonchée de débris à Tel Aviv, après qu'elle ait été touchée par une roquette tirée par des militants palestiniens depuis la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (AFP).
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Publié le Lundi 09 octobre 2023

L'attaque du Hamas, une opération coordonnée qui peut durer

  • L'attaque du Hamas sur Israël est le résultat d'une opération soigneusement coordonnée et susceptible de durer
  • "C'est un énorme échec pour Israël et une énorme réussite pour le Hamas", regrette Kobi Michael, chercheur du think-tank INSS de Tel-Aviv

PARIS: L'effet de surprise, le mode opératoire, la capacité pour durer. L'attaque du Hamas sur Israël est le résultat d'une opération soigneusement coordonnée et susceptible de durer, avec en arrière-plan des accusations qui, en Occident, pointent l'Iran.

La surprise 

L'offensive a été lancée samedi à l'aube en plein Shabbat, 50 ans plus un jour après la guerre du Kippour, un symbole qui ne saurait relever du hasard.

"C'est un énorme échec pour Israël et une énorme réussite pour le Hamas", regrette Kobi Michael, chercheur du think-tank INSS de Tel-Aviv. "Nous étions impréparés et encore, je reste politiquement correct".

L'ampleur de l'attaque ne laisse aucune place au doute: "Pour lancer une telle opération, vous devez avoir beaucoup de préparation, de planification, de coordination et vous devez avoir des perspectives ou des objectifs significatifs", affirme-t-il.

Car "le Hamas sait très bien que le prix d'une telle opération sera très élevé", ajoute l'expert.

Le précédent de 2021

En mai 2021, le Hamas avait déjà surpris Israël en lui envoyant des milliers de roquettes, parfois une centaine en quelques minutes, visant à saturer son système de défense antimissile "Dôme de fer".

A l'époque, 4.360 roquettes avaient été utilisées en l'espace de 15 jours alors qu'il en est tombé environ 3.000 sur Israël en deux jours, selon Elliot Chapman, expert du Proche-Orient pour la société de renseignement britannique Janes.

Si le Hamas conserve ce rythme, "cela serait la plus grande attaque de roquettes sur Israël jusqu'à présent", assure-t-il à l'AFP.

"Le Hamas devrait toujours disposer d'un arsenal substantiel de roquettes en réserve et il semble probable qu'il puisse maintenir le feu pendant un bon moment", estime à cet égard Fabian Hinz, pour l'Institut international des études stratégiques (IISS).

Arsenal varié 

Le Hamas dispose d'un arsenal difficile à évaluer numériquement mais assurément très riche.

Il vient d'Iran, de Syrie avant la révolution, de la Libye post-Khadafi, mais aussi d'autres pays du Moyen-Orient, assure un expert occidental en armement qui requiert l'anonymat et apparait sur X (ex-Twitter) sous le pseudonyme Calibre Obscura.

Ses petites armes viennent de Chine ou de l'ex-bloc soviétique, avec "d'importantes quantités volées ou saisies pendant les combats à l'armée israélienne", précise-t-il, évoquant aussi drones et lance-grenades.

La plupart des roquettes du Hamas sont cependant fabriquées localement, "des systèmes de missiles non guidés (...) qui ne requièrent pas de technologie avancée" et sont peu précises, explique Elliot Chapman.

Le mouvement palestinien pourrait par ailleurs imiter le Hezbollah libanais, qui dissimule ses forces jusqu'au moment de déclencher une opération majeure, observe Fabian Hinz. "On pourrait voir émerger des capacités entièrement nouvelles en cas d'invasion terrestre de la bande de Gaza" par Israël.

La « patte » de l'Iran

"Il est trop tôt pour dire" si l'Iran est "directement impliqué" dans cette offensive et les Etats-Unis n'ont "pas d'indication" en ce sens pour l'instant, a déclaré la Maison Blanche, ajoutant toutefois n'avoir "pas de doute" sur le fait que le Hamas était "financé, équipé et armé" entre autres par la République islamique.

Téhéran a déclaré pour sa part "soutenir la légitime défense de la nation palestinienne" et un conseiller militaire du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a salué la "fière" offensive du Hamas.

"Il y a eu des transferts d'armement, de savoir-faire. Il y a clairement une patte iranienne qui permet une fabrication locale de missiles", relevait David Rigoulet-Roze, spécialiste du Moyen-Orient à l'IRIS, samedi à France Info.

Pour Kobi Michael, "le Hamas n'aurait pas osé lancer une telle opération sans disposer d'une police d'assurance sérieuse, et ils l'obtiennent du Hezbollah et de l'Iran".

Front multiple ?

Tel-Aviv dit craindre depuis des mois une attaque sur plusieurs fronts. Crainte renforcée depuis que le Hezbollah a annoncé avoir tiré des "obus d'artillerie et des missiles guidés" à la frontière entre le Liban et Israël.

Une attaque au sol de l'armée israélienne dans la bande de Gaza serait la promesse d'un combat urbain meurtrier. "Il y a de bonnes raisons de penser que les Israéliens ont essayé de l'éviter depuis des années", juge Fabian Hinz alors que le Hamas "a eu du temps pour se préparer à ce genre de scénario".

D'autres groupes pourraient être tentés d'intervenir aussi contre Israël. Plane la menace d'une implication plus importante du Hezbollah, qui a "déclaré qu'ils travaillaient en coordination totale avec les combattants palestiniens", souligne Elliot Chapman.

Selon lui, le groupe a affirmé "qu'il interviendrait si Israël lance un assaut sur la bande de Gaza, ce qui semble probable à ce stade".


Le chef de la diplomatie syrienne félicite la Turquie pour son «accord» avec le PKK

Le ministre des Affaires étrangères syrien, Assaad al-Chaibani, a félicité lundi la Turquie pour "l'accord" avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en vertu duquel il a décidé de se dissoudre, saluant un "moment charnière" pour la stabilité de la région. (AFP)
Le ministre des Affaires étrangères syrien, Assaad al-Chaibani, a félicité lundi la Turquie pour "l'accord" avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en vertu duquel il a décidé de se dissoudre, saluant un "moment charnière" pour la stabilité de la région. (AFP)
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  • Le ministre des Affaires étrangères syrien, Assaad al-Chaibani, a félicité lundi la Turquie pour "l'accord" avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en vertu duquel il a décidé de se dissoudre
  • "Au nom de la République arabe syrienne, je félicite le gouvernement turc et son peuple pour le récent accord avec le PKK"

ANKARA: Le ministre des Affaires étrangères syrien, Assaad al-Chaibani, a félicité lundi la Turquie pour "l'accord" avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en vertu duquel il a décidé de se dissoudre, saluant un "moment charnière" pour la stabilité de la région.

"Au nom de la République arabe syrienne, je félicite le gouvernement turc et son peuple pour le récent accord avec le PKK", a déclaré M. Chaibani lors d’une conférence de presse conjointe avec ses homologues turc et jordanien à Ankara, estimant que "cette étape représente un moment charnière non seulement pour la sécurité intérieure de la Turquie, mais aussi pour la stabilité de notre région dans son ensemble".

 


Huit décennies de coopération stratégique entre l’Arabie saoudite et les États-Unis

Le 14 février 1945, alors que la Seconde Guerre mondiale touche à sa fin, le président Franklin D. Roosevelt rencontre le roi Abdelaziz à bord de l'USS Quincy dans le Grand Lac Amer en Égypte, à la suite de la conférence de Yalta. Cette rencontre a marqué un tournant historique. Roosevelt demande l'avis du roi Abdelaziz sur la question des réfugiés juifs d'Europe et considère l'Arabie saoudite comme un acteur clé dans l'élaboration de l'ordre d'après-guerre. (Ministère des Affaires étrangères)
Le 14 février 1945, alors que la Seconde Guerre mondiale touche à sa fin, le président Franklin D. Roosevelt rencontre le roi Abdelaziz à bord de l'USS Quincy dans le Grand Lac Amer en Égypte, à la suite de la conférence de Yalta. Cette rencontre a marqué un tournant historique. Roosevelt demande l'avis du roi Abdelaziz sur la question des réfugiés juifs d'Europe et considère l'Arabie saoudite comme un acteur clé dans l'élaboration de l'ordre d'après-guerre. (Ministère des Affaires étrangères)
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  • Ce n’est pas un hasard si le président Donald Trump a choisi l’Arabie saoudite comme première étape de son premier voyage officiel à l’étranger durant son mandat
  • Depuis 1974, six présidents américains ont effectué des visites officielles en Arabie saoudite, preuve de l’importance stratégique continue du Royaume en tant que pôle de stabilité dans une région souvent marquée par des tensions

RIYAD: Au cours des huit dernières décennies, les relations entre l’Arabie saoudite et les États-Unis se sont progressivement transformées en un partenariat riche et diversifié, couvrant des domaines clés tels que la défense, le commerce, l’éducation, le tourisme, et bien d’autres. Cette relation s'appuie sur des liens solides à tous les niveaux – des responsables politiques jusqu'aux citoyens ordinaires.

Ce n’est pas un hasard si le président Donald Trump a choisi l’Arabie saoudite, aux côtés des Émirats arabes unis et du Qatar, comme première étape de son premier voyage officiel à l’étranger durant son mandat.

trump
Sur cette photo prise le 20 mai 2017, on voit le roi Salmane d’Arabie saoudite (à droite) accueillir le président américain Donald Trump (au centre), accompagné de la première dame Melania Trump, à leur arrivée pour une réception précédant un banquet au palais de Murabba à Riyad. (Palais royal saoudien/AFP)

Depuis 1974, six présidents américains ont effectué des visites officielles en Arabie saoudite, preuve de l’importance stratégique continue du Royaume en tant que pôle de stabilité dans une région souvent marquée par des tensions.

«Aujourd'hui, les relations américano-saoudiennes sont plus fortes que jamais, renforcées par les interactions à tous les niveaux entre nos deux pays, des responsables gouvernementaux aux citoyens ordinaires», a écrit Michael A. Ratney, le dernier ambassadeur des États-Unis en Arabie saoudite, dans une tribune publiée par Arab News le 22 septembre de l'année dernière.

Il a ajouté: «Cette force est palpable dans notre vaste coopération, qu'il s'agisse de sécurité, de commerce, de culture ou de nos efforts conjoints pour résoudre les conflits régionaux au Soudan, au Yémen et ailleurs.»

De la première coopération en matière de défense et d'énergie à la collaboration moderne dans les domaines de l'éducation, de la technologie, du tourisme et des arts, les relations bilatérales se sont approfondies au fil du temps, au gré des événements régionaux, des bouleversements mondiaux et des intérêts communs.

arabie saoudite
De la rencontre historique de 1945 entre le président Roosevelt et le roi Abdelaziz à la nouvelle ère de coopération dans le domaine de la haute technologie, les liens entre l'Arabie saoudite et les États-Unis ont résisté aux guerres, aux mutations économiques et aux changements politiques. Leur partenariat reste un point d'ancrage essentiel pour la stabilité mondiale. (AFP)

L'éducation est restée une pierre angulaire, notamment grâce au programme de bourses du roi Abdallah, qui a envoyé des milliers d'étudiants saoudiens aux États-Unis. Des étudiants américains sont également venus en Arabie saoudite grâce à l'université islamique de Médine et à des initiatives d'échange telles que le programme Fulbright et des partenariats tels que celui conclu entre l'université d'État de l'Arizona et le ministère saoudien de l'Éducation.

Ces dernières années, l'initiative Vision 2030 a insufflé un nouveau dynamisme à la collaboration entre l'Arabie saoudite et les États-Unis, ouvrant la voie à l'échange de connaissances et attirant des milliards de dollars d'investissements mutuels.

arabie saoudite
Une photo prise dans la ville côtière saoudienne de Djeddah, sur la mer Rouge, le 14 juillet 2022, avant une visite du président américain Donald Trump, montre des hôtes s'adressant à des invités lors d'une présentation de l'Initiative verte saoudienne, qui comprend également des objectifs de plantation d'arbres et de réduction des émissions. (AFP)

Comme les États-Unis, l'Arabie saoudite est une nation d'innovation, qui valorise l'esprit d'entreprise et le progrès technologique. Nombreux sont ceux qui font remonter l'élan des relations à la visite de Trump en 2017 ou à l'initiative Vision 2030. Mais les fondations ont été posées des décennies plus tôt.

Les racines remontent aux années 1940, après l'unification du Royaume par le roi Abdelaziz al-Saoud – alors connu en Occident sous le nom d'Ibn Saoud – qui a réuni les tribus de Najd et de Hijaz en 1932 pour former l'Arabie saoudite.

Le 14 février 1945, alors que la Seconde Guerre mondiale touchait à sa fin, le président Franklin D. Roosevelt a rencontré le roi Abdelaziz à bord de l'USS Quincy dans le Grand Lac Amer en Égypte, à la suite de la conférence de Yalta. Cette rencontre a marqué un tournant historique. Roosevelt demande l'avis du roi Abdelaziz sur la question des réfugiés juifs d'Europe et considère l'Arabie saoudite comme un acteur clé dans l'élaboration de l'ordre d'après-guerre.

Roosevelt avait compris que, même si la Seconde Guerre mondiale approchait de sa fin, un nouvel ordre mondial se dessinait déjà en toile de fond – et que l’Arabie saoudite serait un partenaire stratégique incontournable pour les États-Unis. Le président américain et le roi Abdelaziz ont noué une relation fondée sur un respect mutuel. En témoignage de cette amitié naissante, Roosevelt offrit au souverain saoudien un avion de ligne DC-3, bientôt suivi de deux autres, un geste symbolique qui contribua à la création de la compagnie aérienne nationale Saudia .

Roosevelt est décédé deux mois après cette rencontre historique, connue sous le nom de «Pacte du Quincy», qui posa les fondations d’une alliance durable. En 1953, les deux pays scellèrent officiellement leur coopération militaire en signant un accord d’assistance mutuelle en matière de défense.


Libération attendue d'un otage à Gaza: ni cessez-le-feu, ni libération de prisonniers palestiniens 

A l'issue de discussions avec des représentants américains sur une trêve à Gaza, le mouvement islamiste palestinien Hamas a annoncé dimanche qu'il allait libérer l'otage israélo-américain Edan Alexander retenu dans le territoire palestinien depuis les attaques du 7 octobre 2023. (AFP)
A l'issue de discussions avec des représentants américains sur une trêve à Gaza, le mouvement islamiste palestinien Hamas a annoncé dimanche qu'il allait libérer l'otage israélo-américain Edan Alexander retenu dans le territoire palestinien depuis les attaques du 7 octobre 2023. (AFP)
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  • Dans un communiqué de ses services, M. Netanyahu a au contraire répété que les négociations en vue d'un accord pour obtenir la libération de tous les otages encore retenus à Gaza se feraient "sous le feu"
  • A l'issue de discussions avec des représentants américains sur une trêve à Gaza, le mouvement islamiste palestinien Hamas a annoncé dimanche qu'il allait libérer l'otage israélo-américain Edan Alexander

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé lundi que la libération d'un otage israélo-américain annoncée par le Hamas ne donnerait lieu ni à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza ni à une libération de prisonniers palestiniens.

Dans un communiqué de ses services, M. Netanyahu a au contraire répété que les négociations en vue d'un accord pour obtenir la libération de tous les otages encore retenus à Gaza se feraient "sous le feu" et que son pays se préparait toujours à "une intensification des combats".

A l'issue de discussions avec des représentants américains sur une trêve à Gaza, le mouvement islamiste palestinien Hamas a annoncé dimanche qu'il allait libérer l'otage israélo-américain Edan Alexander retenu dans le territoire palestinien depuis les attaques du 7 octobre 2023.

Aucune date n'a été fournie, mais la famille de l'otage a indiqué dimanche avoir été informée que la libération d'Edan Alexander, 21 ans, était attendue "dans les prochains jours".

"Israël ne s'est engagé à aucun cessez-le-feu ni à la libération de terroristes (prisonniers palestiniens qu'il détient, ndlr), mais uniquement à un couloir sécurisé permettant la libération d'Edan", a déclaré M. Netanyahu.

Selon lui, la libération attendue du seul otage vivant ayant la nationalité américaine a été rendue possible grâce à la "pression militaire" israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous sommes au coeur de jours décisifs, au cours desquels une proposition a été présentée au Hamas permettant la libération de nos otages. Les négociations se poursuivront sous le feu, parallèlement aux préparatifs en vue d'une intensification des combats", a ajouté le chef du gouvernement israélien.

Sur les 251 personnes enlevées en Israël lors des attaques sans précédent perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023, 58 sont encore retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne.