Poutine reçoit des dirigeants africains après la fin de l'accord céréalier

Le président russe Vladimir Poutine rencontre le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed à Strel'na, près de Saint-Pétersbourg, le 26 juillet 2023, avant le deuxième sommet Russie-Afrique. (Photo Alexey DANICHEV / SPUTNIK / AFP)
Le président russe Vladimir Poutine rencontre le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed à Strel'na, près de Saint-Pétersbourg, le 26 juillet 2023, avant le deuxième sommet Russie-Afrique. (Photo Alexey DANICHEV / SPUTNIK / AFP)
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Publié le Jeudi 27 juillet 2023

Poutine reçoit des dirigeants africains après la fin de l'accord céréalier

  • Isolé sur la scène internationale depuis le lancement de son offensive militaire en Ukraine en 2022, le maître du Kremlin peut toujours compter sur le soutien, ou la neutralité, de nombreux pays africains
  • Les représentants des Etats africains continuent de rejoindre l'ancienne capitale impériale, à l'image des délégations du Mozambique et de Libye dont l'arrivée a été rendue publique jeudi matin par l'agence de presse publique TASS

MOSCOU: Vladimir Poutine accueille jeudi ses partenaires africains à Saint-Pétersbourg pour un sommet Russie-Afrique, sur fond d'inquiétudes des pays du continent après l'abandon par Moscou d'un accord qui permettait l'exportation de millions de tonnes de céréales ukrainiennes.

Isolé sur la scène internationale depuis le lancement de son offensive militaire en Ukraine en 2022, le maître du Kremlin peut toujours compter sur le soutien, ou la neutralité, de nombreux pays africains.

"Nous avons l'intention de développer davantage (la coopération)" avec les pays africains, a assuré M. Poutine dans une lettre d'accueil envoyée aux participants et publiée mercredi sur le site du Kremlin.

A Saint-Pétersbourg, des délégations de 49 pays africains - dont 17 chefs d'Etat - sont attendues, en particulier le président sud-africain Cyril Ramaphosa, malgré "la pression sans précédent" mise, selon le Kremlin, par les Occidentaux pour dissuader les Africains d'y assister.

Les représentants des Etats africains continuent de rejoindre l'ancienne capitale impériale, à l'image des délégations du Mozambique et de Libye dont l'arrivée a été rendue publique jeudi matin par l'agence de presse publique TASS.

La présidence sud-africaine a indiqué dans un communiqué mercredi que les dirigeants évoqueront avec Vladimir Poutine les mesures destinées à créer "des conditions propices à une voie vers la paix entre la Russie et l'Ukraine".

Lors de cette deuxième édition de ce sommet après une première en 2019, Vladimir Poutine mènera des entretiens bilatéraux avec plusieurs dirigeants et prendra la parole lors de la session plénière.

Selon son conseiller diplomatique, Iouri Ouchakov, le président russe "fera un grand discours" dans lequel il évoquera sa vision des relations russo-africaines et "la formation d'un nouvel ordre mondial".

Le sujet brûlant du sommet sera à coup sûr l'abandon par Moscou d'un accord crucial qui permettait depuis l'été 2022 à l'Ukraine d'exporter, y compris vers l'Afrique, ses céréales par la mer Noire, malgré le blocus russe des ports ukrainiens.

En un an, cet accord avait permis de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens, contribuant à stabiliser les prix alimentaires mondiaux et à écarter les risques de pénurie.

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a exhorté jeudi les dirigeants africains à exiger des réponses sur la crise céréalière qui a plongé les pays les plus pauvres dans la crise.

"Ils savent exactement qui est responsable de la situation actuelle", a déclaré M. Blinken à propos des dirigeants. "Je m'attends à ce que la Russie entende clairement ce message de la part de ses partenaires africains", a-t-il déclaré lors d'une visite en Nouvelle-Zélande.

«Redéfinir les relations»

Ces derniers jours, la Russie a tenté de rassurer ses partenaires africains, disant comprendre leur "inquiétude" sur le sujet et assurant être prête à exporter ses céréales "sans frais" vers les pays qui en ont le plus besoin.

Pour Moscou et ses partenaires, "il est nécessaire de trouver des terrains d'entente, de s'expliquer (...) sur des questions d'actualité, par exemple sur l'accord céréalier", a souligné auprès de l'AFP Vsevolod Sviridov, expert du Centre d'études africaines de la Haute école d'économie de Moscou.

Et de façon générale, "le cadre dans lequel la Russie et l'Afrique interagissent a profondément changé", entre pandémie de Covid-19 et conflit en Ukraine, observe-t-il. "Donc, évidemment, il faut redéfinir (ces) relations".

M. Poutine s'est d'ores et déjà entretenu mercredi avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed puis avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, vantant leurs projets communs dans le domaine de l'énergie.

Ces dernières années, la Russie a cherché à renforcer ses liens avec l'Afrique, notamment via la présence du groupe paramilitaire Wagner.

Signe de cet intérêt, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déjà effectué deux tournées sur le continent depuis le début de l'année, s'efforçant de l'attirer dans le camp de Moscou, dressé en rempart contre l'"impérialisme" et le "néocolonialisme" occidental.

Mais la rébellion avortée de Wagner en Russie fin juin aujourd'hui laisse planer un doute sur le futur de ses opérations sur le continent.

L'Ukraine sera également évoquée lors du sommet, vendredi lors d'un "déjeuner de travail entre Vladimir Poutine et un groupe de chefs d'Etat africains", a annoncé le Kremlin.

Le grand raout prévu à Saint-Pétersbourg intervient un mois avant le sommet des BRICS en Afrique du Sud, auquel le président russe, visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), a renoncé à se rendre, mettant fin à des mois de spéculations.


Une délégation ukrainienne se rendra à Istanbul lundi pour y tenir des pourparlers avec la Russie

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé dimanche qu'une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi (Photo AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé dimanche qu'une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi (Photo AFP)
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  • « J'ai également défini nos positions avant la réunion de lundi à Istanbul », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
  • Les priorités de l'Ukraine étaient d'obtenir « un cessez-le-feu complet et inconditionnel », ainsi que « le retour des prisonniers » et des enfants ukrainiens que Kiev accuse Moscou d'avoir enlevés.

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé dimanche qu'une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi pour des pourparlers attendus avec la Russie.

« J'ai également défini nos positions avant la réunion de lundi à Istanbul », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux, ajoutant que la délégation serait dirigée par M. Oumerov, comme c'était le cas lors du premier cycle de négociations en mai.

Il a ajouté que les priorités de l'Ukraine étaient d'obtenir « un cessez-le-feu complet et inconditionnel », ainsi que « le retour des prisonniers » et des enfants ukrainiens que Kiev accuse Moscou d'avoir enlevés.

Les délégations russe et ukrainienne ont déjà tenu des pourparlers à Istanbul le 16 mai, afin de mettre fin à la guerre déclenchée par l'invasion russe de février 2022. 

Mais cette réunion avait été peu fructueuse, les deux pays ne s'étant accordés que sur un échange d'ampleur de prisonniers.

La Russie avait proposé un nouveau rendez-vous à Istanbul lundi, mais l'Ukraine avait pour l'heure laissé planer le doute sur sa participation.

Volodymyr Zelensky avait notamment accusé Moscou vendredi de saborder les négociations en refusant de transmettre à l'avance son « mémorandum » détaillant ses conditions pour un accord de paix.

Malgré les efforts diplomatiques, les positions des deux pays restent opposées.

Moscou exige notamment que Kiev renonce définitivement à rejoindre l'OTAN et lui cède les cinq régions dont elle revendique l'annexion.

Ces conditions sont inacceptables pour Kiev, qui exige en retour un retrait pur et simple des troupes russes de son territoire.

Moscou refuse également le cessez-le-feu inconditionnel exigé par Kiev, Washington et les Européens.

Volodymyr Zelensky a aussi appelé dimanche à « préparer une réunion au plus haut niveau », c'est-à-dire avec le président russe Vladimir Poutine.

Il avait déjà proposé à Vladimir Poutine d'organiser un entretien, mais le maître du Kremlin n'avait pas donné suite.


Nucléaire : la Maison Blanche juge sa proposition dans le « meilleur intérêt » de l'Iran selon les médias

Trois cycles de négociations indirectes entre les États-Unis et l'Iran ont eu lieu à Oman et en Italie, et d'autres sont prévus (Archive/AFP)
Trois cycles de négociations indirectes entre les États-Unis et l'Iran ont eu lieu à Oman et en Italie, et d'autres sont prévus (Archive/AFP)
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  • « L'envoyé spécial (Steve) Witkoff a envoyé une proposition détaillée et acceptable au régime iranien, et c'est dans leur meilleur intérêt de l'accepter », a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, citée par le New York Times.
  • D'après le New York Times, qui cite des responsables au fait des échanges diplomatiques, la proposition a été décrite comme une série de points à puces plutôt qu'un projet complet. 

WASHINGTON : Selon des médias américains, la Maison Blanche a rapporté samedi que la proposition américaine pour un accord nucléaire avec l'Iran était « acceptable » et « dans le meilleur intérêt » de Téhéran.

Samedi, l'Iran a déclaré avoir reçu des « éléments » d'une proposition américaine à l'issue de cinq cycles de négociations menés sous l'égide d'Oman et a affirmé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qu'il y répondrait de manière appropriée.

« L'envoyé spécial (Steve) Witkoff a envoyé une proposition détaillée et acceptable au régime iranien, et c'est dans leur meilleur intérêt de l'accepter », a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, citée par le New York Times.

D'après le New York Times, qui cite des responsables au fait des échanges diplomatiques, la proposition a été décrite comme une série de points à puces plutôt qu'un projet complet. 

Elle appelle l'Iran à cesser tout enrichissement d'uranium et propose la création d'un groupe régional pour produire de l'énergie nucléaire, qui inclurait l'Iran, l'Arabie saoudite, d'autres États arabes, ainsi que les États-Unis.

Depuis plusieurs semaines, Washington et Téhéran mènent des discussions dans l'espoir de conclure un nouvel accord sur le nucléaire.

Selon un rapport confidentiel de l'AIEA jugé « politique » samedi par l'Iran, l'Iran aurait encore accéléré son rythme de production d'uranium hautement enrichi.

Vendredi, le président américain Donald Trump estimait qu'Iran et États-Unis étaient « assez proches d'un accord », un optimisme toutefois tempéré par M. Araghchi, qui n'est « pas sûr » de l'« imminence » d'un accord.

Les négociations achoppent pour l'heure sur la question de l'enrichissement d'uranium : les États-Unis demandent que l'Iran y renonce totalement, tandis que Téhéran refuse catégoriquement. 


Sanctions contre Moscou, Paris rappelle la nécessité d'une « coordination » avec les États-Unis

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (à gauche), le Premier ministre français François Bayrou et le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Éric Lombard quittent l'Élysée à Paris après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 9 avril 2025. (Photo : ALAIN JOCARD / AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (à gauche), le Premier ministre français François Bayrou et le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Éric Lombard quittent l'Élysée à Paris après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 9 avril 2025. (Photo : ALAIN JOCARD / AFP)
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  • Les ministres français des Finances et des Affaires étrangères ont rappelé samedi « la nécessaire coordination » entre les États-Unis et l'Europe pour mettre fin au conflit en Ukraine.
  • L'Union européenne prépare un 18e paquet de sanctions à l'encontre de la Russie pour la convaincre d'accepter un cessez-le-feu.

PARIS : Les ministres français des Finances et des Affaires étrangères ont rappelé samedi « la nécessaire coordination » entre les États-Unis et l'Europe pour mettre fin au conflit en Ukraine, en recevant des sénateurs américains porteurs d'un projet de sanctions contre Moscou.

Le gouvernement français indique dans un communiqué qu'Éric Lombard et Jean-Noël Barrot ont reçu les sénateurs républicain Lindsey Graham et démocrate Richard Blumenthal.

Les deux parlementaires incitent le Congrès à adopter des sanctions dites « secondaires » extrêmement strictes, avec notamment des droits de douane allant jusqu'à 500 % sur les pays qui importent des hydrocarbures et des matières premières russes.

« Les ministres ont insisté sur la nécessaire coordination entre les États-Unis et l'Europe pour que les efforts en cours aboutissent à une paix juste et durable », affirme-t-il.

De retour d'Ukraine, les deux sénateurs ont fait part de leur intention de prendre des « dispositions législatives » pour « obtenir le retour en Ukraine des milliers d'enfants déportés par la Russie », ajoute le gouvernement.

L'Union européenne prépare un 18e paquet de sanctions à l'encontre de la Russie pour la convaincre d'accepter un cessez-le-feu. Le président américain Donald Trump affiche de son côté une attitude ambivalente, faisant preuve d'impatience et brandissant la menace de sanctions, sans pour autant passer à l'acte.

Au cours de leur entretien, les ministres et sénateurs ont par ailleurs évoqué l'Iran, qui « ne peut en aucun cas et d'aucune manière disposer de l’arme nucléaire », ainsi que le « dialogue exigeant avec le président intérimaire de Syrie Ahmad al-Chareh.