«Peur et espoir»: Les sentiments contrastés d'une championne d'échecs franco-iranienne

Elle devient alors la seconde pratiquante iranienne à être renvoyée pour cette raison, deux ans après Dorsa Derakhsani, qui concourt désormais pour les Etats-Unis (Photo, X).
Elle devient alors la seconde pratiquante iranienne à être renvoyée pour cette raison, deux ans après Dorsa Derakhsani, qui concourt désormais pour les Etats-Unis (Photo, X).
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Publié le Samedi 16 septembre 2023

«Peur et espoir»: Les sentiments contrastés d'une championne d'échecs franco-iranienne

  • La première fois que Mitra Hejazipour s'est publiquement affichée sans son foulard, c'est sur une photo prise en Allemagne
  • Elle affirme toutefois avoir dû retirer cette publication à la suite de messages de menaces envoyés par le régime

PARIS: "Un mélange de peur et d'espoir": la joueuse d'échecs franco-iranienne Mitra Hejazipour oscille entre ces sentiments contradictoires à la veille du premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, dès lors qu'elle pense à la contestation populaire iranienne.

Malgré "la peur de la violence" du régime qui "tente d'emprisonner les gens pour éviter les manifestations par avance", "tous les facteurs pour une révolution sont déjà arrivés" et "la volonté des gens est plus forte que la répression", témoigne à l'AFP la nouvelle championne de France d'échecs, naturalisée en mars, et qui a réussi lundi à se hisser à la troisième place des championnats du monde par équipes avec son nouveau pays.

En décembre 2019, se sentant "étouffée" par les règles de la République islamique, elle refuse de porter le voile et montre ses longs cheveux bruns lors de Mondiaux à Moscou, ce qui entraîne son exclusion de la sélection iranienne.

Elle devient alors la seconde pratiquante iranienne à être renvoyée pour cette raison, deux ans après Dorsa Derakhsani, qui concourt désormais pour les Etats-Unis.

"Ce sont les échecs", qu'elle a démarré "à six ans avec (son) père", qui lui ont "permis cette liberté", admet, reconnaissante, cette prodige de la discipline. "J'ai eu cette chance parce que je voyageais beaucoup et parce que je parlais avec des gens de différentes cultures et religions."

«Sentiment de liberté»

La première fois que Mitra Hejazipour s'est publiquement affichée sans son foulard, c'est sur une photo prise en Allemagne, publiée sur son compte Instagram en février 2018, raconte-t-elle.

"Impressionnée" par le geste de la journaliste iranienne Vida Movahed quelques semaines plus tôt, dont la photo, son voile accroché au bout d'un bâton, est devenue un symbole de la résistance, elle souhaitait elle aussi "raconter ce sentiment de liberté quand on sent le vent souffler sur ses cheveux".

Elle affirme toutefois avoir dû retirer cette publication à la suite de messages de menaces envoyés par le régime.

"Contente" de vivre depuis début 2019 en France, d'abord à Brest (Ouest) où se situe son club, puis à Paris où elle a validé des études en informatique, Mitra Hejazipour, trente ans, confie toutefois sa "frustration" pour les Iraniennes restées au pays, dont elle suit la situation sur les réseaux sociaux, mais aussi en contactant parfois ses proches.

"On veut un changement de régime car on est vraiment fatigués. Cela fait 44 ans qu'ils tuent ou emprisonnent les gens, créent des polémiques internationales et ne pensent jamais au peuple", s'indigne-t-elle dans un français soutenu.

La grande maître internationale d'échecs tente de se rassurer sur le fait que les mollahs "ne peuvent pas emprisonner tout le monde" et constate que le hijab, "la base du régime de la République islamique", est "de moins en moins porté" par les jeunes Iraniennes.

Depuis la France, elle cherche à "montrer aux Iraniennes qu'elles ne sont pas seules", en participant à des mobilisations et en racontant "la situation en Iran". Sa manière à elle d'aider, qu'elle perçoit comme "la moindre des choses".

Et de lancer : "Il faut croire à un changement car les gens sur place résistent, et qu'historiquement, aucune dictature n'a tenu et finit toujours par chuter."


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.