La filiale afghane du groupe Etat islamique, suspect numéro un des attentats de Moscou

Cette image tirée d'une séquence obtenue par AFP TV montre des hommes armés non identifiés (à droite) franchissant les portes du Crocus City Hall à Krasnogorsk, dans la banlieue de Moscou, le 22 mars 2024. (Photo UGC  AFP)
Cette image tirée d'une séquence obtenue par AFP TV montre des hommes armés non identifiés (à droite) franchissant les portes du Crocus City Hall à Krasnogorsk, dans la banlieue de Moscou, le 22 mars 2024. (Photo UGC AFP)
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Publié le Samedi 23 mars 2024

La filiale afghane du groupe Etat islamique, suspect numéro un des attentats de Moscou

  • Les talibans peinaient à prendre leurs marques à Kaboul, reconquise en août 2021, qu'ils étaient déjà frappés par un attentat sanglant, signé par l'EI-K
  • Les Etats-Unis ont offert 10 millions de dollars pour toute information permettant «d'identifier ou localiser» le chef de l'EI-K, Sanaullah Ghafari, aussi connu sous le nom de Shahab al-Muhajir

PARIS : Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué l'attaque meurtrière de Moscou vendredi sans autre précision sur ses auteurs, mais sa branche afghane, le groupe Etat islamique au Khorasan (EI-K), est la première suspecte pour les experts du terrorisme mondial.

Le groupe mène la vie dure aux talibans et compte parmi ses membres de nombreux transfuges du mouvement au pouvoir à Kaboul. Il a plusieurs fois démontré sa volonté et sa capacité à frapper à l'extérieur du territoire afghan.

Présentation d'un groupe jihadiste dont la force de frappe ne cesse d'inquiéter.

Puissance

Les talibans peinaient à prendre leurs marques à Kaboul, reconquise en août 2021, qu'ils étaient déjà frappés par un attentat sanglant, signé par l'EI-K.

Une centaine de civils afghans, 13 soldats américains tués: l'attaque de l'aéroport de Kaboul fut la plus meurtrière contre les forces du Pentagone depuis 2011 en Afghanistan et l'attentat le plus sanglant contre les Etats-Unis jamais signé par l'EI.

Les Etats-Unis ont offert 10 millions de dollars pour toute information permettant «d'identifier ou localiser» le chef de l'EI-K, Sanaullah Ghafari, aussi connu sous le nom de Shahab al-Muhajir.

Né en 1994, «Ghafari est chargé d'approuver toutes les opérations de l'EI-K (...) et de trouver les financements pour perpétrer ces opérations», estime le département d'Etat, qui l'avait inscrit dès novembre 2021 sur la liste noire américaine des «terroristes» étrangers.

Tourné vers l'international

Selon Hans-Jakob Schindler, directeur de l'ONG Counter Extremism project (CEP) et ancien expert des Nations unies sur le terrorisme, l'EI-K a été créé en Afghanistan par des émissaires de l'EI venus d'Irak et de Syrie.

«Ils ont des liens très étroits avec la centrale, bien plus que les autres filiales» du groupe dans le monde, assure-t-il à l'AFP, et obtiennent les fonds dont ils ont besoin.

«L'EI-K s'est imposé comme la branche de l'EI la plus tournée vers l'international. Il a produit de la propagande dans plus de langues que n'importe quelle autre filiale depuis l'apogée du califat (autoproclamé) en Irak en Syrie», ajoute Lucas Webber, cofondateur du site spécialisé Militant Wire.

«Cette vision internationale inclut une campagne ambitieuse et agressive pour renforcer ses capacités opérationnelles extérieures et frapper ses différents ennemis à l'étranger».

Dans le viseur

L'EI-K est depuis longtemps dans le viseur des polices et services de renseignement occidentaux mais aussi russes.

Les autorités allemandes ont ainsi arrêté mardi dernier deux jihadistes afghans présumés, soupçonnés d'avoir préparé un attentat près du parlement suédois, dans un contexte de menace terroriste élevée dans le pays scandinave après les autodafés de Coran.

L'un d'eux aurait rejoint l'EI-K depuis l'Allemagne.

Mais plusieurs réseaux avaient été démantelés auparavant en Europe, notamment un premier réseau russo-tadjik en Allemagne en 2020. D'autres avaient subi le même sort en 2022 et 2023.

Le 7 mars dernier, les autorités russes avaient affirmé avoir tué des membres présumés de l'EI-K lors d'une opération dans la région de Kalouga, au sud-ouest de Moscou, les accusant d'avoir préparé un attentat contre une synagogue de la capitale.

Le Kazakhstan a confirmé la mort de deux de ses citoyens dans l'opération.

La Russie, cible de choix

La Russie est devenue une cible privilégiée de l'EI-K, qui l'a notamment critiquée pour son invasion de l'Ukraine et ses interventions militaires en Afrique et en Syrie, explique Lucas Webber.

Il rappelle l'attentat-suicide contre l'ambassade de Russie en Afghanistan en 2022 et souligne que le groupe «travaille à son expansion à travers l'Asie centrale et la Russie», avec même «un média en langue russe pour renforcer ses soutiens et inciter à la violence dans le pays».

Hans-Jakob Schindler souligne pour sa part que Moscou, préoccupée par sa guerre en Ukraine, est une cible de choix. «C'est un gros symbole», estime-t-il, notant qu'une attaque telle que celle perpétrée vendredi n'est ni très chère, ni très complexe à organiser.

«Difficile de surestimer l'importance de l'attaque de Moscou pour l'EI et ce qu'elle signifie pour son évolution», écrit sur X (ex-Twitter) Tore Hamming, du Centre international pour l'étude de la radicalisation (ICSR).

L'EI «travaille depuis 2019 pour rétablir une unité institutionnelle en charge des opérations extérieures. D'abord en Turquie puis en Afghanistan avec des acteurs venus d'Asie centrale», ajoute-t-il.

«Il semble qu'ils y parviennent. Avec l'Afghanistan et l'Asie centrale comme plateforme pour frapper la Russie et l'Asie et la Turquie comme portail vers l'Europe».


Collision en mer du Nord : le capitaine russe du cargo plaide non coupable d'homicide involontaire

Le capitaine russe du porte-conteneurs qui avait percuté en mars un pétrolier en mer du Nord, provoquant la mort d'un membre d'équipage, a plaidé vendredi non coupable "d'homicide involontaire par négligence grave". (AFP)
Le capitaine russe du porte-conteneurs qui avait percuté en mars un pétrolier en mer du Nord, provoquant la mort d'un membre d'équipage, a plaidé vendredi non coupable "d'homicide involontaire par négligence grave". (AFP)
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  • Un membre d'équipage philippin du Solong, Mark Angelo Pernia, était mort dans la collision dans laquelle une partie du kérosène transporté par le Stena Immaculate s'était écoulé en mer
  • Ce pétrolier transportait environ 220.000 barils de carburant d'aviation. Il était affrété par l'armée américaine

LONDRES: Le capitaine russe du porte-conteneurs qui avait percuté en mars un pétrolier en mer du Nord, provoquant la mort d'un membre d'équipage, a plaidé vendredi non coupable "d'homicide involontaire par négligence grave".

Vladimir Motine, 59 ans, comparaissait par visioconférence devant la cour criminelle de l'Old Bailey à Londres où il est poursuivi pour "homicide involontaire par négligence grave".

Assisté d'un interprète russe, il a décliné son identité avant d'indiquer qu'il plaidait non coupable.

Une nouvelle audience a été fixé au 10 septembre prochain, avant un procès fixé au 12 janvier 2026.

L'inculpé, originaire de Saint-Pétersbourg, est en détention depuis mars.

Le porte-conteneurs Solong, battant pavillon portugais, était entré en collision le 10 mars avec le pétrolier Stena Immaculate qui se trouvait au mouillage à une vingtaine de km des côtes de l'est de l'Angleterre.

L'accident avait provoqué des incendies spectaculaires à bord des deux navires, maîtrisés après plusieurs jours.

Un membre d'équipage philippin du Solong, Mark Angelo Pernia, était mort dans la collision dans laquelle une partie du kérosène transporté par le Stena Immaculate s'était écoulé en mer.

Ce pétrolier transportait environ 220.000 barils de carburant d'aviation. Il était affrété par l'armée américaine.

Une marée noire a été évitée, mais la collision a provoqué la dispersion de nombreux granulés de plastique provenant de la cargaison du Solong, dans l'eau et sur les côtes de cette région abritant plusieurs réserves naturelles.

En avril, Vladimir Motin avait comparu par visioconférence devant le juge, qui avait décidé de repousser l'audience ou il devait plaider, en l'absence d'interprète russe.

Une enquête a été ouverte par les autorités britanniques, en coopération avec des équipes américaine et portugaise, afin de déterminer les causes de cette collision et la raison pour laquelle le Solong n'a pas dévié de sa course pour éviter le pétrolier.

Le gouvernement britannique avait rapidement écarté l'hypothèse d'un acte criminel.

Un rapport préliminaire du bureau d'enquête des accidents maritimes a révélé que la visibilité au moment de la collision était par endroits réduite.

Dans le choc, un réservoir du Stena Immaculate a été endommagé, laissant échapper du kérosène dans la mer et sur la proue du Solong, selon ce rapport. Ce carburant d'aviation s'est enflammé, et l'incendie a gagné les conteneurs transportés par le Solong.

Les granulés de plastique, dont 16 tonnes ont été retirées des plages du Lincolnshire (nord-est de l'Angleterre), peuvent représenter un risque pour la faune s'ils sont ingérés.

Ernst Russ, la société allemande propriétaire du porte-conteneurs, et Crowley, la compagnie américaine exploitant le pétrolier, ont porté plainte l'une contre l'autre.


Passe d'armes entre Israël et l'ONU sur l'aide à Gaza

Un jeune Palestinien déplacé réagit en portant un sac d'aide alimentaire sur ses épaules après que des personnes aient pris d'assaut un entrepôt du Programme alimentaire mondial à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 28 mai 2025. (AFP)
Un jeune Palestinien déplacé réagit en portant un sac d'aide alimentaire sur ses épaules après que des personnes aient pris d'assaut un entrepôt du Programme alimentaire mondial à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 28 mai 2025. (AFP)
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  • Israël a accusé mercredi les Nations unies de tenter de "bloquer" la distribution de l'aide à Gaza, tandis que l'ONU assurait faire tout son possible pour récupérer les volumes limités autorisés par les autorités israéliennes

Nations unies, États-Unis: Israël a accusé mercredi les Nations unies de tenter de "bloquer" la distribution de l'aide à Gaza, tandis que l'ONU assurait faire tout son possible pour récupérer les volumes limités autorisés par les autorités israéliennes.

"Alors que l'ONU répand la panique et fait des déclarations détachées de la réalité, l'Etat d'Israël facilite de façon continue l'entrée de l'aide à Gaza via deux méthodes", qui vont continuer "de façon simultanée" à ce stade, a déclaré l'ambassadeur israélien à l'ONU Danny Danon devant le Conseil de sécurité.

Une référence à l'autorisation limitée d'entrée de camions de l'ONU via le point de passage de Kerem Shalom depuis le début de la semaine dernière après plus de deux mois de blocage, et à la nouvelle Fondation humanitaire de Gaza (GHF).

Cette société privée créée avec le soutien d'Israël et des Etats-Unis a mis en place un système que l'ONU juge contraire aux principes humanitaires, et une distribution chaotique dans l'un de ses centres a fait 47 blessés mardi.

L'ambassadeur israélien a attribué la responsabilité de ce chaos au Hamas, l'accusant d'avoir tenté de "bloquer" l'accès au centre de distribution avec des "barrages routiers".

Et "l'ONU a maintenant activement rejoint le Hamas pour tenter de bloquer cette aide", a-t-il affirmé. "L'ONU utilise les menaces, l'intimidation et les représailles contre les ONG qui ont choisi de participer au nouveau mécanisme humanitaire", a-t-il ajouté, qualifiant les Nations unies de "mafieuses".

Il a précisément accusé l'ONU d'avoir retiré ces ONG d'une base de données répertoriant les organisations travaillant à Gaza, accusation rejetée par les Nations unies.

"Il n'y a aucune différence entre la liste actuelle et celle d'avant le lancement de la GHF", a assuré à l'AFP Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU.

Il avait un peu plus tôt répété le refus des Nations unies de travailler avec la nouvelle fondation. "Nous ne renoncerons pas à nos principes. Nous ne participerons pas à des opérations qui ne respectent pas nos principes humanitaires", a-t-il insisté devant la presse.

Il a également assuré que l'ONU faisait tout son possible pour récupérer l'aide arrivée via Kerem Shalom.

"Depuis la semaine dernière, environ 900 camions ont été soumis à l'accord d'Israël, 800 ont été approuvés mais seulement 500 ont pu être déchargés côté israélien de Kerem Shalom et encore moins ont pu passer côté palestinien, où nous et nos partenaires avons pu collecter un peu plus de 200 d'entre eux, freinés par l'insécurité et un accès restreint", a déclaré Stéphane Dujarric.

"Si nous ne pouvons pas collecter ces biens, je peux vous dire une chose, ce n'est pas parce que nous n'essayons pas", a-t-il martelé.

Une réponse à Danny Danon qui a dit que 400 camions attendaient du côté palestinien de Kerem Shalom et qu'Israël avait proposé des "routes sûres" dans Gaza.

"Mais l'ONU a échoué à les récupérer", a-t-il dénoncé devant la presse. "Mettez votre ego de côté, récupérez l'aide et faites votre travail", a-t-il lancé.


Von der Leyen qualifie «d'odieux» le bombardement israélien d'une école

Dans le nord de la bande de Gaza, cible de nouveaux bombardements israéliens, 33 Palestiniens, des enfants en majorité, ont été tués à l'école Fahmi Al-Jarjaoui de Gaza-ville, et 19 dans une frappe sur une maison de Jabalia, selon la Défense civile locale. (AFP)
Dans le nord de la bande de Gaza, cible de nouveaux bombardements israéliens, 33 Palestiniens, des enfants en majorité, ont été tués à l'école Fahmi Al-Jarjaoui de Gaza-ville, et 19 dans une frappe sur une maison de Jabalia, selon la Défense civile locale. (AFP)
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  • "L'intensification des opérations militaires d'Israël à Gaza, visant des infrastructures civiles - dont une école servant de refuge à des familles palestiniennes déplacées - et provoquant la mort de civils, y compris des enfants, est odieuse"
  • "Cette escalade et ce recours disproportionné à la force contre des civils ne peuvent être justifiés au regard du droit humanitaire et international", a-t-elle ajouté

BRUXELLES: La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a qualifié mardi d'"odieux" le bombardement israélien d'une école à Gaza et de sites abritant des civils, lors d'un appel avec le roi de Jordanie.

"L'intensification des opérations militaires d'Israël à Gaza, visant des infrastructures civiles - dont une école servant de refuge à des familles palestiniennes déplacées - et provoquant la mort de civils, y compris des enfants, est odieuse", a-t-elle affirmé, citée dans un communiqué.

"Cette escalade et ce recours disproportionné à la force contre des civils ne peuvent être justifiés au regard du droit humanitaire et international", a-t-elle ajouté, rappelant que l'Union européenne "avait toujours soutenu, et continuera à soutenir, le droit d'Israël à se défendre".

Israël doit "immédiatement" rétablir l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza, a encore dit Mme von der Leyen, appelant également le gouvernement israélien à mettre un "terme immédiat à l'escalade en cours".

L'Union européenne a décidé de revoir son accord d'association avec Israël à la lumière des derniers événements à Gaza, avait annoncé la semaine dernière la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas.

Dans le nord de la bande de Gaza, cible de nouveaux bombardements israéliens, 33 Palestiniens, des enfants en majorité, ont été tués à l'école Fahmi Al-Jarjaoui de Gaza-ville, et 19 dans une frappe sur une maison de Jabalia, selon la Défense civile locale.

L'armée israélienne a dit de son côté avoir visé dans la zone de l'école "des terroristes".