​Pourquoi le destin politique de Netanyahou est lié à la guerre à Gaza

De nombreux Israéliens pensent que l’échec du leadership de Benjamin Netanyahou a entraîné l’attaque du Hamas du 7 octobre, qui a déclenché la dernière phase de violence à Gaza. (Photo, AP)
De nombreux Israéliens pensent que l’échec du leadership de Benjamin Netanyahou a entraîné l’attaque du Hamas du 7 octobre, qui a déclenché la dernière phase de violence à Gaza. (Photo, AP)
Short Url
Publié le Samedi 16 décembre 2023

​Pourquoi le destin politique de Netanyahou est lié à la guerre à Gaza

  • Avec une cote de popularité en baisse et un soutien américain en déclin, le Premier ministre israélien pourrait être à court de voie politique
  • Selon les experts, la perte de soutien de l'opinion publique à l'égard de Netanyahou s'explique par la manière dont il a géré le conflit avec le Hamas

LONDRES: Les espoirs d'une résolution pacifique du conflit entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas dépendent d'un changement de leadership au sommet de la Knesset, car il semble que le Premier ministre sortant, Benyamin Netanyahou, soit convaincu que la paix n'est pas une option.

C'est du moins l'avis de plusieurs experts, qui estiment que l'obsession de Netanyahou à considérer le conflit vieux de plusieurs décennies entre Israël et les Palestiniens comme quelque chose qui ne peut être que géré, et non pas terminé, a empêché toutes les autres alternatives.

«Netanyahou n'a rien à voir avec la paix», a déclaré à Arab News Yossi Mekelberg, professeur de relations internationales et membre associé du programme MENA à Chatham House, à Londres.

1
De la fumée s'élève après un bombardement israélien dans la bande de Gaza, vue depuis le sud d'Israël, lundi 11 décembre 2023. (Photo, AP)

Mekelberg est d'avis qu'Israël devrait «chercher un futur leader», ajoutant que, bien que nous ne soyons pas dans la phase de «paix active» du conflit, cela devrait «commencer bientôt, si nous ne voulons pas d'une autre période prolongée de guerre de faible intensité».

Bien qu'il ait acquis une réputation de survie et de renaissance au cours de ses plus de 20 ans au sommet de la politique israélienne, les sondages indiquent que l'éviction de Netanyahou à court terme est désormais une possibilité très réelle.

Compte tenu des accusations de corruption qui pèsent sur lui une fois qu'il aura été privé de l'immunité juridique que lui confèrent ses hautes fonctions, l'enjeu est particulièrement important.

Selon un récent rapport du Wall Street Journal, les Israéliens ne sont que 18% à souhaiter que Netanyahou reste au pouvoir à long terme, 29% d'entre eux exigeant son départ immédiat et 47% ne voyant pas de place pour lui au gouvernement après la fin de la guerre.

Interviewée par le New Yorker, Dahlia Scheindlin, politologue et experte de l'opinion publique israélienne, a révélé que la popularité de Netanyahou avait atteint son point le plus bas.

«Selon tous les indicateurs possibles, et de nombreux sondages ont été réalisés depuis le 7 octobre, sa popularité est épouvantable», a indiqué Scheindlin. «C'est le pire que je n’aie jamais vu, certainement depuis 2009. J'aimerais dire jamais, mais il faudrait que je vérifie tous les sondages depuis le début des années 90.»

Ce déclin pourrait avoir des conséquences sur la manière dont la guerre à Gaza est menée, la coalition de Netanyahou, formée en 2022, ayant perdu sa majorité, passant de 64 à 32 sièges au parlement.

1
Des Israéliens manifestent à Tel Aviv le 15 décembre après que l'armée a annoncé qu'elle avait tué par erreur trois otages israéliens détenus à Gaza par des militants du Hamas. (Photo, Reuters)

Pourtant, cette perte de soutien populaire s'explique en partie par la manière dont Netanyahou a cherché à gérer le conflit avec le Hamas, de nombreux Israéliens imputant à son manque de leadership l'attentat qui a déclenché la dernière phase de violence.

Osama al-Sharif, analyste et chroniqueur politique jordanien, estime que le destin politique de Netanyahou est étroitement lié à la manière dont la guerre a été menée.

«Le scénario le plus probable concernant les plans israéliens de démilitarisation de Gaza est que Netanyahou lui-même quitte la scène avant le Hamas, alors que le public commence à se plaindre d'une victoire qui ne viendra peut-être jamais», a expliqué Al-Sharif à Arab News.

Les électeurs israéliens ne sont pas les seuls à être à bout de patience. Le soutien du président américain Joe Biden à Netanyahou et la gestion de la guerre par son gouvernement d'extrême droite l'ont placé en mauvaise posture à l'approche de sa propre année électorale.

Dans des remarques hors caméra rapportées par Axios, Biden aurait déclaré: «Je pense que Netanyahou doit changer, et avec ce gouvernement. Ce gouvernement en Israël lui rend la tâche très difficile.»

Pour Tobias Borck, chargé de recherche principal sur la sécurité au Moyen-Orient au Royal United Services Institute de Londres, Netanyahou a été paralysé dès le départ par sa propre perception du conflit avec les Palestiniens, sa stratégie de «statu quo du conflit gérable» s'est avérée un échec.

«Son intransigeance à ne considérer la Palestine que comme un problème à gérer est ce qui empêche l'émergence de nouvelles idées», a précisé Borck à Arab News.

1
Des Palestiniens recherchent des survivants du bombardement israélien de la bande de Gaza à Rafah, le 12 décembre 2023. (Photo, AP)

Cela a créé «cette situation intermédiaire totalement insoutenable: ni un État, ni deux États». Ce n'est pas une solution au problème. C'est une confusion causée par la position adoptée par Netanyahou il y a des décennies. Le fait qu'il n'ait pas trouvé de nouvelles idées n'est pas surprenant.

Après une trêve de sept jours, au cours de laquelle le Hamas a libéré plusieurs otages en échange de Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, la campagne de bombardements des forces de défense israéliennes (FDI) a repris, portant le nombre de civils tués à Gaza à plus de 18 000, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.

Dans ce contexte, plusieurs sources anonymes qui ont parlé aux médias américains ont déclaré que Washington pourrait essayer de forcer la main d'Israël et d'imposer la fin des violences d'ici Noël. Borck a signalé avoir entendu ces rumeurs, mais n'est pas convaincu de leur véracité.

Ce qui est devenu très clair, c'est que «le ton américain est en train de changer et de passer d'une attitude ouverte à une volonté d'en finir», a-t-il déclaré.

«Il est possible de suivre l'évolution de la situation au cours des deux derniers mois. Cette évolution se poursuit et le point final est inévitable: Cessez-le-feu maintenant. Tout ce qui compte, c'est ce que les Américains perçoivent comme le fait que les Israéliens ont atteint leurs objectifs de guerre. N'oubliez pas que des Américains sont toujours retenus en otage», a-t-il souligné.

1
Des Palestiniens récupèrent leurs biens après une frappe israélienne à Rafah, dans la bande de Gaza, le 13 décembre 2023. (Photo, AP)

Borck ne s'attend pas à ce que les Israéliens déposent simplement les armes dès que Washington leur criera «cessez le feu maintenant». Il s'attend plutôt à ce qu'ils contestent et condamnent ce qu'ils perçoivent comme une ingérence des États-Unis.

Toutefois, le changement de ton de Washington pourrait bien être la meilleure chance de survie politique de Netanyahou. Reuters a cité des sondages récents qui indiquent un soutien massif de l'opinion publique à la guerre, malgré le nombre de victimes civiles à Gaza.

Un ancien ambassadeur israélien à Washington, Itamar Rabinovich, a déclaré au New York Times que Netanyahou se concentrait autant sur les prochaines élections que sur la guerre.

«Il envisage une campagne électorale potentielle dans quelques mois. Ce sera son programme: Je suis le leader qui peut tenir tête à Biden et empêcher la création d'un État palestinien», a éclairci Rabinovich.

Biden semble vouloir dissocier le soutien à Israël du soutien à Netanyahou. En début de semaine, le président américain a déclaré qu'Israël perdait le soutien de la communauté internationale en raison de ses bombardements aveugles.

1
Le président américain Joe Biden, montré sur cette photo avec le secrétaire d'État Antony Blinken (à gauche) et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin (à droite), s'impatiente de plus en plus face à l'intransigeance du gouvernement israélien sur la guerre à Gaza. (Photo, AFP)

De son côté, Netanyahou semble vouloir s'opposer à Biden en déclarant récemment: «Nous continuerons jusqu'à la fin, il n'y a pas de doute. Je le dis même si la douleur est grande et si la pression internationale est forte. Rien ne nous arrêtera.»

Ahron Bregman, chargé de cours au département des études sur la guerre du King's College de Londres, a déclaré à Arab News qu'il hésitait à faire une croix sur Netanyahou pour l'instant, notant qu'après 30 ans de rédaction de nécrologies politiques, il est encore trop tôt pour se prononcer.

Faisant écho à d’autres qui ont parlé à Arab News, Bregman est également sceptique quant au fait qu’un changement de direction au sommet de la politique israélienne entraînerait un changement significatif pour les Palestiniens.

«Cela n’a pas vraiment d’importance, car celui qui le remplacera poursuivra probablement la même politique, à savoir le recours à la force brutale pour réprimer les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. Israël n’a pas de chance dans la mesure où, à ce moment critique, il n’a pas de (David) Ben Gourion», a-t-il indiqué, faisant référence au fondateur et Premier ministre d’Israël.

1
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son cabinet. (Photo, AFP)

Bregman a ajouté: «Il arrive souvent dans l’histoire des nations que, dans les moments critiques, lorsqu’on a besoin de dirigeants courageux, audacieux et capables de sortir des sentiers battus, ils ne soient pas là.»

Bregman a soutenu que cela place les Palestiniens dans une position peu enviable, mais a suggéré que ceux qui soutiennent leur cause seraient les mieux placés pour consacrer leurs énergies. «Pas tant pour une solution à long terme que pour garantir que les Israéliens quittent la bande de Gaza, une fois cette guerre terminée.»

Cela signifiait également s’assurer que si Israël veut une zone tampon le séparant de Gaza, elle devra être construite à l’intérieur d’Israël, a-t-il estimé.

Si, comme certains l’ont suggéré, l’armée israélienne envisage la possibilité de transformer le nord de Gaza en zone tampon, Bregman a conclu que toute présence israélienne dans la «petite» bande de Gaza, même si elle n’est que «temporaire», ne servirait qu’à retarder encore davantage une solution à long terme au conflit.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: l'armée dit avoir frappé un site du Hezbollah dans le sud du Liban

Un panache de fumée s'élève au-dessus des collines après une frappe israélienne dans le district de Jezzine, au sud du Liban, le 20 juin 2025. (AFP)
Un panache de fumée s'élève au-dessus des collines après une frappe israélienne dans le district de Jezzine, au sud du Liban, le 20 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • L'armée israélienne a affirmé samedi avoir frappé un site du Hezbollah pro-iranien de la région de Naqoura, dans le sud du Liban, au cours de la nuit
  • Vendredi, le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, avait mis en garde le mouvement chiite libanais, en lui "conseillant" d'éviter d'intervenir dans la guerre avec l'Iran

Jérusalem: L'armée israélienne a affirmé samedi avoir frappé un site du Hezbollah pro-iranien de la région de Naqoura, dans le sud du Liban, au cours de la nuit.

"Ce site était utilisé par la Force Radouane du Hezbollah pour mener des attaques terroristes contre des civils israéliens et constitue une violation flagrante des accords entre Israël et le Liban", a indiqué l'armée dans un communiqué.

Elle a précisé avoir obtenu des informations sur ce site "notamment à la suite de l'interrogatoire d'un terroriste du Hezbollah."

Dans la nuit, l'armée avait également annoncé avoir frappé un "terroriste du Hezbollah" dans le sud du Liban, sans donner plus de détails.

Vendredi, le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, avait mis en garde le mouvement chiite libanais, en lui "conseillant" d'éviter d'intervenir dans la guerre avec l'Iran.

Israël a lancé une offensive sur l'Iran il y a à peine plus d'une semaine, tandis que son armée a continué à mener des séries de frappes sporadiques sur le Liban, principalement dans le sud du pays, indiquant viser le mouvement libanais.

Après plus d'un an d'échanges de feux suivi de deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah, un accord de cessez-le-feu est entré en vigueur le 27 novembre dernier.

Armé et financé par l'Iran, le Hezbollah est ressorti très amoindri de cette guerre.

En vertu du cessez-le-feu, la formation libanaise devait retirer ses forces et démanteler toute infrastructure militaire au sud du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, et Israël retirer ses forces du sol libanais.

Mais l'armée israélienne maintient cinq positions frontalières qu'elle juge "stratégiques" et mène quasi-quotidiennement des frappes au Liban, affirmant viser le Hezbollah.

Le Hezbollah avait ouvert un front début octobre 2023 en tirant des roquettes à partir du sud du Liban sur le nord d'Israël, disant agir en soutien au mouvement islamiste palestinien Hamas, dont l'attaque sans précédent sur le sol israélien le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.


Le chef du CCG salue l'adoption par l'ONU d'une résolution sur la coopération stratégique

Le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, Jasem Albudaiwi, s'est félicité vendredi de l'adoption par l'Assemblée générale des Nations unies d'une résolution historique sur la collaboration entre les organisations. (CCG)
Le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, Jasem Albudaiwi, s'est félicité vendredi de l'adoption par l'Assemblée générale des Nations unies d'une résolution historique sur la collaboration entre les organisations. (CCG)
Short Url
  • Jasem Albudaiwi décrit l'accord entre les organisations comme une avancée majeure dans l'approfondissement de la collaboration régionale et internationale.
  • Son adoption témoigne du statut respecté du CCG en tant que partenaire régional proactif dans les efforts visant à soutenir la paix et la sécurité mondiales, ajoute-t-il.

RIYAD : Jasem Albudaiwi, secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a salué vendredi l'adoption par l'Assemblée générale des Nations unies d'une résolution historique sur la collaboration entre les deux organisations.

Il a décrit cet accord, officiellement intitulé « Coopération entre les Nations unies et le Conseil de coopération du Golfe » et premier du genre, comme une avancée majeure dans l'approfondissement de la collaboration régionale et internationale, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Lundi, cette résolution a été soumise à l'ONU au nom des États membres du CCG par le Koweït, qui assure actuellement la présidence de l'organisation régionale.

M. Albudaiwi a déclaré que son adoption reflète le statut respecté du CCG en tant que partenaire régional proactif dans les efforts visant à soutenir la paix et la sécurité mondiales. Il a ajouté que celle-ci marque une nouvelle phase de partenariat stratégique entre les organisations, soulignée par des plans et des activités concrets visant à renforcer la coopération.

Il a félicité le Koweït pour les efforts diplomatiques déployés lors de la présentation de la résolution à l'ONU à New York, et a déclaré que le succès de celle-ci incarnait l'esprit d'unité au sein du CCG et son engagement à travailler de manière constructive. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le ministre iranien des Affaires étrangères arrive à Istanbul pour la réunion de la Ligue arabe

Les ministres de la Ligue arabe devraient publier une déclaration à l'issue de leur réunion. (Reuters)
Les ministres de la Ligue arabe devraient publier une déclaration à l'issue de leur réunion. (Reuters)
Short Url
  • Une quarantaine de diplomates devraient participer à la réunion de l'Organisation de coopération islamique prévue ce week-end.

ISTANBUL : D'après l'agence de presse Tasnim, le ministre iranien des Affaires étrangères est arrivé samedi à Istanbul pour une réunion avec des diplomates de la Ligue arabe, afin de discuter de l'escalade du conflit entre Téhéran et Israël.

Une quarantaine de diplomates devraient participer à la réunion de l'Organisation de coopération islamique (OCI) ce week-end, alors qu'Israël et l'Iran continuent de s'envoyer des missiles.

« Le ministre des Affaires étrangères est arrivé à Istanbul ce matin pour participer à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de coopération islamique », a rapporté Tasnim.

Cette réunion fait suite à la rencontre entre M. Araghchi et ses homologues britannique, français et allemand vendredi à Genève.

« Lors de cette réunion, à la suggestion de l'Iran, la question de l'attaque du régime sioniste contre notre pays sera spécifiquement abordée », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon l'agence de presse.

Israël a lancé son offensive aux premières heures du 13 juin, affirmant que l'Iran était sur le point de développer des armes nucléaires, ce qui a déclenché une riposte immédiate de Téhéran, dans le cadre de la pire confrontation jamais enregistrée entre les deux rivaux historiques.

Plus tôt vendredi, M. Araghchi a déclaré que Téhéran était prêt à « envisager à nouveau la voie diplomatique » uniquement si « l'agression israélienne cessait ».

Les ministres de la Ligue arabe devraient publier une déclaration à l'issue de leur réunion, a indiqué l'agence de presse officielle turque Anadolu.