A l'ONU, des pays appellent la Tunisie à garantir la liberté d'expression

La Première ministre tunisienne Najla Bouden s'adresse à la conférence d'été du Medef La REF 2022 à l'hippodrome de Longchamp à Paris, le 30 août 2022. (Photo, AFP)
La Première ministre tunisienne Najla Bouden s'adresse à la conférence d'été du Medef La REF 2022 à l'hippodrome de Longchamp à Paris, le 30 août 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 08 novembre 2022

A l'ONU, des pays appellent la Tunisie à garantir la liberté d'expression

La Première ministre tunisienne Najla Bouden s'adresse à la conférence d'été du Medef La REF 2022 à l'hippodrome de Longchamp à Paris, le 30 août 2022. (Photo, AFP)
  • La Première ministre tunisienne Najla Bouden a assuré au Conseil des droits de l'homme de l'ONU que «la liberté d'expression et le droit de réunion pacifique sont les fondements du système des droits de l'homme en Tunisie»
  • La France a recommandé à la Tunisie d'envisager de ratifier le deuxième protocole facultatif au Pacte international sur les droits civils et politiques visant à abolir la peine de mort

GENÈVE: Plusieurs pays occidentaux ont appelé mardi la Tunisie à garantir la liberté d'expression et l'indépendance du système judiciaire, à l'occasion de l'examen à l'ONU de la situation des droits de l'homme dans ce pays. 

Ouvrant les débats par visioconférence, la Première ministre tunisienne Najla Bouden a assuré au Conseil des droits de l'homme de l'ONU que "la liberté d'expression et le droit de réunion pacifique sont les fondements du système des droits de l'homme en Tunisie". 

"Nous n'avons refusé aucune demande d'organisation de manifestation. Des cas isolés d'irrégularités ont été détectés et on peut en dire autant des allégations de torture. La torture n'est pas une politique d'Etat, mais la torture peut se produire dans des cas isolés", a-t-elle assuré. 

Elle a néanmoins souligné que "la liberté d'expression ne peut être utilisée comme une incitation à la haine ou à la diffusion de fausses informations". 

Plusieurs pays ont souligné les progrès réalisés par la Tunisie dans la mise en œuvre des recommandations faites lors du dernier examen de la situation par le Conseil des droits de l'homme en 2017, notamment sur la lutte contre la discrimination raciale et la violence contre les femmes. 

Certains pays, comme l'Australie, ont pointé du doigt "la détérioration de la situation des droits humains depuis la suspension du Parlement en juillet 2021". 

Le pays est englué dans une grave crise politique depuis le coup de force du président Kais Saied qui s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021. Depuis, des ONG et l'opposition ont accusé les services de sécurité de recourir à des méthodes rappelant celles de l'Etat policier sous la dictature de Zine el Abidine ben Ali. 

Plusieurs pays occidentaux ont appelé la Tunisie à garantir la liberté d'expression, en révisant si nécessaire les lois.  

« Démocratie fantoche » 

D'autres, comme le Luxembourg, ont demandé "de mettre fin aux mesures exceptionnelles et à l'état d'urgence et rétablir le Parlement et les institutions et instances constitutionnelles suspendues ou dissoutes". L'ambassadrice américaine Michèle Taylor a demandé que les élections législatives de décembre prochain soit "libres, équitables et inclusives" et appelé le gouvernement "à protéger les droits humains et les libertés fondamentales et à réintégrer les voix dissidentes dans le processus de réforme". 

La France a recommandé à la Tunisie d'envisager de ratifier le deuxième protocole facultatif au Pacte international sur les droits civils et politiques visant à abolir la peine de mort. 

Avant la réunion, des ONG avaient fait part de leurs inquiétudes. 

"Il y a eu un processus d'amélioration des droits de l'homme qui s'est arrêté après le 25 juillet", a déclaré Radhia Halwani, de l'Instance nationale pour la prévention de la torture. 

"L'agression policière continue au détriment des droits et des libertés", a souligné Oussama Ajili, membre de l'Organisation mondiale contre la torture. Il a notamment cité comme exemple d'impunité la condamnation le 3 novembre, après quatre longues années d'attente, de 12 policiers à une peine de seulement deux ans après le décès d'un jeune supporter de foot, mort noyé après un match en mars 2018, une affaire considérée comme symbolique d'un usage excessif de la force. 

Mme Bouden a reconnu qu'un certain nombre de questions fondamentales comme la corruption, les inégalités et l'impunité "ont assombri l'image de l'Etat" et souligné que "les réformes doivent être fondées sur le dialogue social". 

"La démocratie et les droits humains sont des choix irrévocables mais nous ne voulons pas d'une faible démocratie fantoche qui ne fait que masquer des problèmes structurels profonds, nous voulons une démocratie durable, qui offre avant tout un système judiciaire équitable et qui respecte l'Etat de droit", a assuré Mme Bouden. 


Attentat à Damas: la Turquie ne laissera pas la Syrie «entraînée dans l'instabilité», affirme Erdogan

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  • Selon le chef de l'Etat turc, "cet acte terroriste odieux", attribué par les autorités syriennes à un membre du groupe jihadiste Etat islamique (EI), vise notamment à saper "la culture du vivre ensemble et la stabilité de notre région"
  • Le groupe EI avait pris le contrôle de vastes pans des territoires syrien et irakien au début de la guerre civile syrienne, qui a éclaté en 2011, proclamant la création d'un "califat" transfrontalier en 2014

Istanbul: La Turquie, soutien des nouvelles autorités à Damas, ne laissera pas la Syrie se faire "entraîner à nouveau dans l'instabilité", a affirmé lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan, au lendemain d'un attentat dans une église à Damas qui a fait au moins 22 morts.

"Nous ne permettrons jamais que la Syrie, pays voisin et frère, qui pour la première fois après des années d'oppression et de guerre envisage son avenir avec espoir, soit entraînée à nouveau dans l'instabilité par des groupes terroristes", a écrit M. Erdogan sur X.

Selon le chef de l'Etat turc, "cet acte terroriste odieux", attribué par les autorités syriennes à un membre du groupe jihadiste Etat islamique (EI), vise notamment à saper "la culture du vivre ensemble et la stabilité de notre région".

Le groupe EI avait pris le contrôle de vastes pans des territoires syrien et irakien au début de la guerre civile syrienne, qui a éclaté en 2011, proclamant la création d'un "califat" transfrontalier en 2014.

Les forces kurdes syriennes soutenues par les Etats-Unis l'ont vaincu en 2019, mais les jihadistes ont maintenu une présence, en particulier dans le vaste désert syrien.


Israël: les secours annoncent 23 blessés après des tirs de missiles depuis l'Iran

La police israélienne a dit être déployée sur au moins deux points d'impact, un à Haïfa (nord) et un à Ness Ziona (au sud de Tel-Aviv). (AFP)
La police israélienne a dit être déployée sur au moins deux points d'impact, un à Haïfa (nord) et un à Ness Ziona (au sud de Tel-Aviv). (AFP)
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  • Un total de 23 personnes ont été blessées dans tout le pays lors des attaques, dont "deux dans un état modéré et les autres légèrement blessées", a affirmé à des journalistes Eli Bin, chef du Magen David Adom (MDA)
  • Plus tôt dans la journée, ce service de secours avait fait état de 16 blessés, alors que les opérations se poursuivaient pour venir en aide aux victimes des frappes de la nuit

JERUSALEM: Une organisation israélienne de premiers secours a annoncé dimanche avoir pris en charge 23 blessés après des tirs de missiles depuis l'Iran, tandis que la télévision publique diffusait des images d'importants dégâts "dans le centre" d'Israël.

Un total de 23 personnes ont été blessées dans tout le pays lors des attaques, dont "deux dans un état modéré et les autres légèrement blessées", a affirmé à des journalistes Eli Bin, chef du Magen David Adom (MDA), l'équivalent israélien de la Croix-Rouge.

Plus tôt dans la journée, ce service de secours avait fait état de 16 blessés, alors que les opérations se poursuivaient pour venir en aide aux victimes des frappes de la nuit.

La chaîne publique KAN 11 a diffusé des images d'importants dégâts "dans le centre du pays", sans plus de précisions, montrant un immeuble de plusieurs étages à la façade totalement détruite et des bâtiments gravement endommagés autour.

"Plusieurs immeubles résidentiels de deux étages ont été gravement endommagés, certains se sont effondrés", a décrit un secouriste du MDA, Moti Nissan, à propos d'un des sites d'intervention de l'organisation, sans préciser lequel compte tenu des restrictions imposées par la censure militaire.

La police israélienne a dit être déployée sur au moins deux points d'impact, un à Haïfa (nord) et un à Ness Ziona (au sud de Tel-Aviv).

Israël a lancé le 13 juin une attaque d'une ampleur sans précédent sur l'Iran avec l'ambition affichée d'empêcher le pays de se doter de la bombe atomique, objectif que la République islamique a toujours nié poursuivre.

Son armée a frappé des centaines de sites militaires ou liés au programme nucléaire iranien, décapité l'état-major général des forces armées, et tué une dizaine de scientifiques du nucléaire.

Les tirs de missiles et de drones iraniens ont fait 25 morts en Israël. En Iran, les frappes israéliennes ont fait plus de 400 morts et 3.056 blessés, en majorité des civils, a indiqué samedi le ministère de la Santé.

Les Etats-Unis ont annoncé avoir frappé des sites nucléaires iraniens dans la nuit de samedi à dimanche.

Ces attaques américaines "auront des conséquences éternelles", a averti le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, affirmant que l'Iran se réservait "toutes les options pour défendre sa souveraineté, ses intérêts et son peuple".


Fermer le détroit d'Ormuz serait «extrêmement dangereux», prévient l'UE

Cette image extraite d'une vidéo fournie par le site officiel des Gardiens de la révolution iranienne via SEPAH News le 20 juillet 2019 montre des membres du Corps des Gardiens de la révolution islamique montant à bord du pétrolier battant pavillon britannique Stena Impero dans le détroit d'Ormuz. (AFP/Archives)
Cette image extraite d'une vidéo fournie par le site officiel des Gardiens de la révolution iranienne via SEPAH News le 20 juillet 2019 montre des membres du Corps des Gardiens de la révolution islamique montant à bord du pétrolier battant pavillon britannique Stena Impero dans le détroit d'Ormuz. (AFP/Archives)
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  • « Les craintes de représailles et d'escalade de la guerre sont énormes, en particulier la fermeture du détroit d'Ormuz par l'Iran, qui serait extrêmement dangereuse et n'arrangerait personne », a insisté Mme Kallas devant la presse.
  • Près de 20 % du pétrole mondial transite par ce détroit, au large des côtes iraniennes, et sa fermeture pourrait bouleverser le marché mondial et provoquer une flambée des prix. 

BRUXELLES : La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a averti lundi que la fermeture du détroit d'Ormuz par l'Iran « serait extrêmement dangereuse », rappelant que l'Union européenne appelait à une solution diplomatique et à la désescalade.

Réunis à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères se concentrent sur une solution diplomatique après les frappes américaines sans précédent contre les sites nucléaires iraniens.

« Les craintes de représailles et d'escalade de la guerre sont énormes, en particulier la fermeture du détroit d'Ormuz par l'Iran, qui serait extrêmement dangereuse et n'arrangerait personne », a insisté Mme Kallas devant la presse.

Près de 20 % du pétrole mondial transite par ce détroit, au large des côtes iraniennes, et sa fermeture pourrait bouleverser le marché mondial et provoquer une flambée des prix. 

L'UE fait appel à la diplomatie. « Nous avons eu des entretiens avec le ministre iranien Abbas Araghchi vendredi, et l'Iran s'est montré ouvert à la discussion sur le nucléaire, mais aussi sur les questions de sécurité plus larges qui affectent l'Europe. Il est donc essentiel de poursuivre ce dialogue », a exhorté Kaja Kallas.

De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a réclamé « l'arrêt des frappes » afin d'éviter une « guerre éternelle » avec l'Iran.

« Il n'y a pas de solution durable à ce problème par la voie militaire et seule la négociation permettra d'encadrer strictement de manière durable le programme nucléaire iranien », a-t-il déclaré avant la réunion avec ses homologues européens.

« L'Europe peut apporter son expérience, sa compétence et sa connaissance fine de ces questions pour ouvrir un espace de négociation conduisant à un encadrement de ces activités déstabilisatrices de l'Iran », a-t-il assuré.

La France rejette « toute tentative d'organisation d'un changement de régime par la force » en Iran, a ajouté Jean-Noël Barrot. « Il serait illusoire et dangereux de penser que l'on peut provoquer un tel changement par la force et par les bombes. »