Le télescope Euclid va décoller pour explorer le côté obscur de l'Univers

Des scientifiques assistent à la présentation de la sonde Euclid de l'ESA à Cannes, dans le sud-est de la France, le 21 février 2023. (Photo, AFP)
Des scientifiques assistent à la présentation de la sonde Euclid de l'ESA à Cannes, dans le sud-est de la France, le 21 février 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 01 juillet 2023

Le télescope Euclid va décoller pour explorer le côté obscur de l'Univers

  • Le satellite doit s'envoler depuis Cap Canaveral, en Floride, à 11H12 locales (15H12 GMT) à bord d'une fusée Falcon 9 de l'entreprise américaine SpaceX
  • Le télescope de deux tonnes va être placé à 1,5 million de kilomètres de la Terre

Le télescope spatial européen Euclid doit décoller samedi pour tenter d'éclairer l'une des plus grandes énigmes scientifiques, la matière noire et l'énergie sombre, qui constituent 95% de l'Univers mais dont on ne sait quasiment rien.

Le satellite doit s'envoler depuis Cap Canaveral, en Floride, à 11H12 locales (15H12 GMT) à bord d'une fusée Falcon 9 de l'entreprise américaine SpaceX.

Le télescope de deux tonnes va être placé à 1,5 million de kilomètres de la Terre.

Euclid, du nom du père de la géométrie, "sera la première mission spatiale à étudier les propriétés de l'énergie sombre", a souligné auprès de l'AFP Michael Seiffert, responsable scientifique du projet pour la Nasa, qui participe à cette mission de l'Agence spatiale européenne (ESA).

Durant six ans, la sonde dressera une carte en trois dimensions de l'Univers, englobant environ deux milliards de galaxies, sur une portion d'un tiers de la voûte céleste. Les galaxies lointaines observées permettront de remonter le temps jusqu'à il y a 10 milliards d'années - le temps qu'a pris leur lumière pour nous parvenir.

L'immense quantité de données récoltées seront rendues publiques pour que la communauté scientifique puisse s'en saisir, à la suite des quelque 2 600 chercheurs membres du consortium Euclid, issus d'une quinzaine de pays.

Forces opposées

La matière noire (25% de l'Univers) et l'énergie sombre (70%) ont des effets opposés: quand la première exerce une attraction qui tient ensemble les objets cosmiques, l'énergie sombre provoque elle leur dispersion.

Pour la première, la matière noire, on sait qu'elle existe à cause d'un constat mystérieux: impossible d'expliquer comment une galaxie ou un groupe de galaxies ne se disperse pas en ne prenant en compte que la gravité de leurs éléments visibles (planètes, étoiles...).

"Vous devez faire l'hypothèse d'une quantité additionnelle de matière, invisible à nos télescopes, comme une composante gravitationnelle qui tient tout ensemble", explique Michael Seiffert.

Ce "ciment" cosmique a été baptisé matière noire.

Jamais observée directement, il pourrait s'agir de particules subatomiques, selon certaines hypothèses.

L'énergie sombre est elle peut-être encore plus énigmatique.

Depuis les découvertes du célèbre astronome Edwin Hubble dans les années 1920, on sait que l'Univers est en expansion. Et depuis les années 1990, que cette expansion s'accélère.

Or cela "implique que sur de très grandes échelles, la gravité contient en réalité une composante répulsive qui écarte les choses les unes des autres", expose M. Seiffert. Cette force, c'est l'énergie sombre, "un grand mystère de la physique".

Carte 3D

La méconnaissance de ces deux composantes sombres a été qualifiée de "situation embarrassante" par le responsable de la mission Euclid à l'ESA, Giuseppe Racca.

Le satellite n'a toutefois pas pour objectif de déterminer leur nature (trop ambitieux), mais d'abord de mieux comprendre leur propriété, la manière dont elles agissent et évoluent à travers le temps.

Grâce à sa carte en 3D, le télescope permettra des mesures précises sur la distribution des galaxies et l'expansion de l'Univers.

De ces observations, la matière noire et l'énergie sombre seront déduites "indirectement", a expliqué Giuseppe Racca. Calculer la matière noire pourra être fait en "soustrayant" la matière visible.

Pour l'énergie sombre, David Elbaz, astrophysicien au Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et membre de la collaboration Euclid, dresse le parallèle avec un ballon de baudruche: l'énergie sombre serait le souffle qui fait gonfler le ballon. Observer comment il grossit sera donc riche d'enseignement.

L'accélération de l'expansion de l'Univers aurait démarré il y a six milliards d'années. En remontant à 10 milliards d'années, Euclid pourrait observer les premiers effets de l'énergie sombre.

Destin de l'Univers

Toutes ces données pourraient également éclairer le destin de l'Univers. La théorie du "Big Crunch" (contraction de l'univers sur lui-même) est affaiblie depuis la découverte de l'expansion accélérée de l'Univers.

Mais la façon dont il continuera à s'étendre - peut-être, dans plusieurs dizaines de milliards d'années, jusqu'à éloigner les planètes de tout Soleil voire déchirer les atomes - dépendra des propriétés de l'énergie sombre, qu'Euclid doit aider à mesurer, souligne Michael Seiffert.

Le télescope embarque deux instruments: un imageur observant en lumière visible (VIS) et un spectro-imageur proche infrarouge (NISP).

Il n'a que son antenne à déployer en vol, et devrait être opérationnel au bout d'environ trois mois.

D'un coût de 1,5 milliard d'euros, la mission européenne doit durer jusqu'en 2029 minimum.

La Nasa prévoit elle aussi de lancer d'ici quelques années une mission dédiée à l'exploration de la matière noire, le télescope spatial Nancy Grace Roman.


Jean Paul Gaultier nomme Ameni Esseibi première ambassadrice régionale de sa gamme de parfums

Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient (Photo,  fournie)
Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient (Photo, fournie)
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  • «Jean Paul Gaultier est plus qu’une marque pour moi», affirme-t-elle dans un communiqué
  • Ameni Esseibi a fait ses débuts internationaux en septembre 2022 en défilant pour la marque française Victor Weinsanto lors de la Fashion Week de Paris

DUBAÏ: La marque de luxe française Jean Paul Gaultier a annoncé que la mannequin tunisienne Ameni Esseibi a été nommée pour la première fois ambassadrice régionale de la gamme de parfums de la marque.

Ameni Esseibi, considérée comme la première mannequin grande taille au Moyen-Orient, a présenté le parfum emblématique Scandal de la marque dans les images de campagne, en portant divers ensembles.

Parmi ces ensembles figurait une robe bleue moulante ornée de motifs floraux roses. Sur un autre cliché, elle est vêtue d’une combinaison de la même couleur, avec des imprimés géométriques jaunes, orange, violets et roses.

Elle a également revêtu une robe noire ainsi qu’une robetransparente beige et or superposée sur une simple base noire.

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Ameni Esseibi a présenté le parfum emblématique Scandal de la marque dans les images de campagne. (Photo fournie)

«Jean Paul Gaultier est plus qu’une marque pour moi», affirme-t-elle dans un communiqué. «C’est un peu comme une famille. Son identité incarne tout ce que je représente: la rébellion, la force, l’audace, l’intrépidité, la sensualité et une touche de scandale.»

«En grandissant, le parfum préféré de ma mère était de la marque Jean Paul Gaultier, ce qui en fait un élément précieux de ma vie. Je suis très honorée d’entrer dans l’Histoire en tant que première ambassadrice arabe dans la région et cette marque fera toujours partie intégrante de ma carrière», ajoute-t-elle.

Ameni Esseibi a fait ses débuts internationaux en septembre 2022 en défilant pour la marque française Victor Weinsanto lors de la Fashion Week de Paris.

Elle a ensuite travaillé avec plusieurs marques réputées, dont H&M, et elle a figuré dans les pages de nombreuses publications.

En 2022, l’Arab Fashion Council, une organisation à but non lucratif représentant l’industrie de la mode au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, a nommé la mannequin basée à Dubaï comme ambassadrice.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Algérie: entre hockey et croquet, un jeu traditionnel pour fêter le printemps

Dans les montagnes du nord de l'Algérie, l'arrivée du printemps vient d'être fêtée avec le "thakourth", un jeu traditionnel, mélange de hockey sur gazon et de croquet, qui sert aussi à résoudre les conflits dans les villages berbères (Photo, AFP).
Dans les montagnes du nord de l'Algérie, l'arrivée du printemps vient d'être fêtée avec le "thakourth", un jeu traditionnel, mélange de hockey sur gazon et de croquet, qui sert aussi à résoudre les conflits dans les villages berbères (Photo, AFP).
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  • Ce jeu qui remonterait à l'Antiquité existe avec des variantes dans toute l'Afrique du nord, du Maroc jusqu'à la Libye
  • Il a aussi une connotation religieuse et la prière de la «Fatiha» est récitée avant chaque partie

BLIDA: Dans les montagnes du nord de l'Algérie, l'arrivée du printemps vient d'être fêtée avec le "thakourth", un jeu traditionnel, mélange de hockey sur gazon et de croquet, qui sert aussi à résoudre les conflits dans les villages berbères.

"Nous l'avons hérité de nos ancêtres, il y a longtemps. Il est pratiqué par nos tribus berbères. Nous y jouons chaque année à l'arrivée du printemps, sept fois pendant le mois de mai", raconte fièrement à l'AFP Ahmed Yettou, 22 ans, un jeune villageois.

Il se joue avec le "medjghaf", mot berbère pour désigner la crosse en bois et une balle ("thakourth") balle taillée dans le bois dur de bruyère.

Ce jeu qui remonterait à l'Antiquité existe avec des variantes dans toute l'Afrique du nord, du Maroc jusqu'à la Libye. Il a aussi une connotation religieuse et la prière de la "Fatiha" est récitée avant chaque partie.

"Ce jeu, nous l'avons appris de nos pères et grands-pères dès notre enfance. Aujourd'hui nous cherchons à le faire connaître à la nouvelle génération", confie Rabeh Zaghmim, 68 ans, un joueur de thakourth.

Extension de la nature 

"Nous préparons manuellement les +Medjghaf+, ces bâtons utilisés pour jouer (de taille différente) selon les âges et (qui restent) légers afin que tout le monde puisse jouer confortablement. Si Dieu le veut, eux (les jeunes) et leurs proches continueront à s'entraîner et à jouer", explique M. Zaghmim.

"Nous préférons les petits troncs car ils sont faciles à manipuler, contrairement aux grands", explique Omar Darbal, 50 ans, un autre joueur, qui fabrique "six ou sept balles (par saison) selon le nombre de semaines de jeu".

Le but du jeu, qui se pratique avec une équipe se trouvant à l'est d'un terrain et l'autre à l'ouest, est de ramener la balle dans le camp adverse. Il exige une grande force physique pour courir et frapper fort avec le "Medjghaf" dans la balle en bois.

Le contact direct est interdit mais il est possible de frapper la crosse de l'adversaire. Si un joueur parvient à faire s'envoler la balle et à l'attraper pour l'envoyer dans le camp adverse, son équipe marque le point. Ainsi de suite jusqu'au score de sept points.

"Ce jeu est une extension de la nature, il symbolise l'accueil et la joie à l'arrivée du printemps", souligne l’historienne et chercheuse en patrimoine, Radhia Beljedoui.

Le jeu peut aussi servir à résoudre des problèmes entre des gens "qui passent parfois un an sans se voir", souligne Omar Hamadouch, 76 ans.


Le film Everybody Loves Touda, présenté à Cannes, est un brillant exemple du travail de Nabil Ayouch

Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire (Photo, fournie).
Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire (Photo, fournie).
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  • La projection du film s’est terminée par une standing ovation
  • Comme les autres films de Nabil Ayouch, Everybody Loves Touda fait preuve d’un réalisme fascinant qui peut parfois sembler un peu trop dur

CANNES: Le film Everybody Loves Touda, réalisé par Nabil Ayouch et projeté dans le cadre du festival de Cannes, raconte l’histoire d’une mère célibataire, Touda (Nisrin Erradi), qui estime que «tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir».

Dans la petite ville dans laquelle elle habite, elle apporte de la musique et de la gaieté, et ses danses répandent la bonne humeur parmi son public. Cependant, elle fait bientôt l'objet d'une attention non désirée.

La projection du film s’est terminée par une standing ovation et la quatrième participation de M. Ayouch au festival a semblé susciter bien plus d'intérêt de la part du public que les années précédentes. En 2012, son drame Les Chevaux de Dieu, acclamé par la critique, a été présenté dans la section «Un certain regard», deuxième en importance après la compétition principale et largement considérée comme une plate-forme pour le cinéma expérimental. Mais Nabil Ayouch a également présenté un film dans la section «En compétition» pour la très convoitée Palme d’or : sorti en 2021, son long-métrage Haut et Fort, le premier film marocain depuis 1962 à concourir pour cette distinction, a fait sensation.

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Maryam Touzani et Nabil Ayouch lors de la séance photo du film Everybody Loves Touda au 77e festival de Cannes. (Getty Images)

Comme les autres films de Nabil Ayouch, Everybody Loves Touda fait preuve d’un réalisme fascinant qui peut parfois sembler un peu trop dur. Bien que M. Ayouch ait écrit le scénario avec Maryam Touzani (Le Bleu du caftan), afin probablement d’adoucir son histoire, Touda se caractérise par une détermination exceptionnelle. Cherchant à s’installer à Casablanca, où son fils sourd aurait une meilleure scolarité et où elle pourrait elle-même trouver de meilleures opportunités, Touda se met à chanter dans les boîtes de nuit des villages, supportant avec un sourire le regard lubrique des hommes ivres d’illusion.

Ce n’est pas la première fois que Nabil Ayouch dépeint les femmes dans des situations aussi précaires. Son film Whatever Lola Wants, sorti en 2008, raconte les épreuves d’une employée des postes à New York qui rêve de devenir danseuse orientale en Égypte. Quant à Much Loved (qui a été présenté dans la section «La Quinzaine des cinéastes»), il a déclenché un tollé en raison de son exploration de la prostitution au Maroc.

La musique du film, composée par Flemming Nordkrog, est très entraînante, mais Touda chante aussi des chansons folkloriques sur la libération et sur d’autres formes de droits de la femme. La performance captivante de l’actrice fait briller le récit: Nisrin Erradi a une présence remarquable à l’écran, ce qui rend le film particulièrement agréable à regarder.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com