Libérer les opportunités pour stimuler les échanges commerciaux entre les pays du Brics

 Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s'exprime lors du BRICS Business Council avant la 11e édition du sommet des BRICS, à Brasilia, le 13 novembre 2019 (Photo, AFP).
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa s'exprime lors du BRICS Business Council avant la 11e édition du sommet des BRICS, à Brasilia, le 13 novembre 2019 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 06 septembre 2023

Libérer les opportunités pour stimuler les échanges commerciaux entre les pays du Brics

Libérer les opportunités pour stimuler les échanges commerciaux entre les pays du Brics
  • Cette année, l’Afrique du Sud a pris la présidence du Brics, à un moment de bouleversements majeurs dans la géopolitique mondiale
  • La composition des modèles commerciaux sur tous les marchés du Brics devrait être notre principale priorité

Lorsque Nelson Mandela est devenu président de l’Afrique du Sud, il a relevé le fait que «l’Afrique du Sud ne pouvait pas être une île de prospérité dans un océan de pauvreté». Cette déclaration est devenue une force motrice dans notre diplomatie économique, ainsi que dans notre focalisation sur l’amélioration non seulement des relations sud-sud, mais essentiellement sur l’amélioration des conditions de vie dans les pays du Sud, qui ont été négativement marqués par les politiques économiques du colonialisme.

Cette année, l’Afrique du Sud a pris la présidence du Brics, à un moment de bouleversements majeurs dans la géopolitique mondiale, sous le thème «Brics et l’Afrique: un partenariat pour une croissance mutuellement accélérée, un développement durable et un multilatéralisme inclusif.» Cela est au cœur des principes fondateurs du Conseil des affaires des Brics, qui visent à faire progresser nos intérêts économiques communs et à assurer une croissance constante et soutenue pour tous nos pays. Il s’agit également du prolongement de l’important travail initié par la Chine en 2022, lorsque l’accent a été mis sur l’ouverture d’une nouvelle ère pour le développement mondial.

Ensemble, les membres principaux ont forgé un partenariat stratégique global qui cherche à débloquer des financements en vue de répondre à des impératifs immédiats tels que la construction d'infrastructures, la croissance des chaînes de valeur régionales et la localisation de la production.

Étant à la présidence, l’Afrique du Sud a conçu un programme ancré dans les caractéristiques de ce thème. Il comprend le développement d’un partenariat en vue d’une transition équitable et juste; la transformation de l'éducation et le développement des compétences pour l'avenir; le déblocage des opportunités grâce à la Zone de libre-échange continentale africaine; le renforcement de la reprise socio-économique postpandémique et la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030; et l'amélioration du multilatéralisme, en œuvrant en faveur d'une réforme réelle des institutions de gouvernance mondiale et en renforçant la participation effective des femmes aux processus de paix.

Si l’agenda économique est au cœur du partenariat des Brics, ses membres principaux sont également engagés dans un programme de transformation visant à mettre en place un système de gouvernance mondiale plus équitable, équilibré et représentatif.

Les obstacles auxquels nous sommes confrontés comprennent un unilatéralisme croissant, des rivalités géopolitiques, des violations du droit international ainsi que l’application de deux poids, deux mesures. Il y a également eu une prolifération de forums alternatifs en dehors des processus multilatéraux établis, où les décisions sont prises par quelques-uns, privant ainsi la majorité du droit de vote. 

Les cinq membres principaux du Brics contribuent à hauteur de 31,5% au produit intérieur brut (PIB) mondial, tandis que le G7 y contribue à hauteur de 30%. Les pays du Brics devraient contribuer à plus de 50% du PIB mondial d’ici 2030, et cela pourrait se produire encore plus tôt avec l’élargissement du groupe.

«Les pays du Brics continuent de jouer un rôle central dans les pays du Sud et sont désormais reconnus comme l’un des principaux blocs commerciaux du monde.»

Mogobo David Magabe

L’intérêt pour rejoindre le Brics a considérablement augmenté. Bien que plusieurs autres pays aient manifesté leur intérêt en ce sens, 23 ont officiellement déposé leur candidature. Il s’agit de l’Algérie, l’Argentine, le Bangladesh, Bahreïn, la Biélorussie, la Bolivie, Cuba, l’Égypte, l’Éthiopie, le Honduras, l’Indonésie, l’Iran, le Kazakhstan, le Koweït, le Maroc, le Nigéria, la Palestine, l’Arabie saoudite, le Sénégal, la Thaïlande, les Émirats arabes unis, le Venezuela et le Vietnam.

Les succès communs partagés au cours de la dernière décennie parlent d’eux-mêmes. Les pays du Brics continuent de jouer un rôle central dans les pays du Sud et sont désormais reconnus comme l’un des principaux blocs commerciaux du monde. Avec la Chine et l’Inde en tête, les pays du Brics ont vu leur influence économique devenir un moteur de la croissance mondiale, du commerce et de l’investissement au cours des deux dernières décennies.

Cependant, nous devons encore faire face à une conjoncture mondiale instable et à la lenteur de la reprise socio-économique de certaines économies, comme celle de l’Afrique du Sud.

La prochaine décennie nécessitera une approche plus pragmatique alors que nous nous efforçons de garantir un «dividende du partenariat des Brics» et des résultats mutuellement bénéfiques pour tous les États membres. L’Afrique du Sud reste engagée en faveur de l’avancée du programme économique de l’Afrique pendant son mandat à la présidence, comme elle l’a fait par le passé.

La composition des modèles commerciaux sur tous les marchés du Brics devrait être notre principale priorité, en mettant l’accent sur l'équilibrage des échanges commerciaux à travers des accords bilatéraux au sein du Brics, et sur l'étude des opportunités de la chaîne de valeur de Brics-Afrique, conformément aux objectifs de la stratégie d'entreprise privée de la Zone de libre-échange continentale africaine.

Ouvrir la porte aux opportunités d’accroissement des échanges commerciaux entre les pays du Brics et l’Afrique nous aidera à générer des dividendes de partenariat tangibles pour nos pays respectifs, sachant que nous sommes convaincus que, lorsque le Brésil occupera la présidence en 2024, il continuera à se concentrer sur la recherche de solutions aux problèmes complexes auxquels le monde en développement est confronté.

Ainsi, alors que l’Afrique du Sud – et par extension nos partenaires du Brics – continue de travailler à notre propre croissance économique, elle le fait avec l’idée que nous avons besoin que «l’océan» du Sud grandisse avec nous.

 

Mogobo David Magabe est ambassadeur de la république d'Afrique du Sud auprès du royaume d'Arabie saoudite.
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com