Mali: des groupes armés du nord disent se préparer aux hostilités

Cette image vidéo obtenue par l'AFP auprès de l'Office de la Radio et Télévision du Mali (ORTM) montre le colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement malien, lisant une déclaration à la télévision le 31 juillet 2023. (Photo ORTM / AFP)
Cette image vidéo obtenue par l'AFP auprès de l'Office de la Radio et Télévision du Mali (ORTM) montre le colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement malien, lisant une déclaration à la télévision le 31 juillet 2023. (Photo ORTM / AFP)
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Publié le Lundi 11 septembre 2023

Mali: des groupes armés du nord disent se préparer aux hostilités

  • Ces développements interviennent dans un contexte de tension grandissante dans cette région du Mali où opère une multitude d'acteurs armés se disputant le contrôle du territoire
  • Ces tensions font plus que jamais redouter la réouverture du front entre l'armée malienne et les groupes à dominante touareg qui ont combattu l'Etat central à partir de 2012 avant d'accepter un cessez-le-feu en 2014

BAMAKO: Des groupes armés signataires d'un important accord de paix dans le nord du Mali ont déclaré dimanche se préparer à se défendre militairement contre la junte au pouvoir à Bamako, faisant craindre une reprise des hostilités ouvertes.

Le Cadre stratégique permanent (CSP) qui réunit ces groupes a appelé dans un communiqué les civils à s'éloigner des installations et des lieux d'activités militaires.

Toujours dans le nord, le gouvernorat de la région de Gao, où les attaques et accrochages se sont multipliés ces dernières semaines, a instauré un couvre-feu nocturne de 30 jours de 20H00 du soir à 6H00 du matin (locale et GMT) jusqu'au 9 octobre inclus. Seuls les véhicules des forces de sécurité sont exemptés, dit le texte consulté par l'AFP.

Ces développements interviennent dans un contexte de tension grandissante dans cette région du Mali où opère une multitude d'acteurs armés se disputant le contrôle du territoire: armée nationale, groupes à dominante touareg, groupes jihadistes, sans parler des bandits.

Ces tensions font plus que jamais redouter la réouverture du front entre l'armée malienne et les groupes à dominante touareg qui ont combattu l'Etat central à partir de 2012 avant d'accepter un cessez-le-feu en 2014 et de signer en 2015 l'accord de paix dit d'Alger.

Les djihadistes, qui avaient d'abord combattu les forces maliennes avec les rebelles touareg et arabes avant de se retourner contre eux, ne sont pas concernés par l'accord d'Alger, et ont depuis étendu leurs agissements au centre du pays et au Burkina Faso et Niger voisins sous la bannière d'Al-Qaïda ou de l'organisation Etat islamique.

La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), qui fait partie du CSP, a affirmé samedi soir avoir abattu un avion de l'armée malienne après un bombardement sur ses positions dans la région de Gao.

La mise hors de combat d'un avion de l'armée malienne par les groupes armés du nord serait un acte inédit au cours des dernières années.

Le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Alou Boi Diarra, a assuré à la télévision d'Etat dimanche soir que l'appareil, en mission non précisée, avait connu "quelques problèmes techniques qui ont forcé l'équipage à abandonner le bord, c'est-à-dire à s'éjecter de l'appareil qui s'est écrasé". L'équipage "a été récupéré sain et sauf", a-t-il dit.

Les régions de Gao et Tombouctou sont le théâtre depuis quelques semaines d'une succession d'attaques jihadistes, mais aussi d'accrochages impliquant armée malienne et groupes signataires de l'accord d'Alger.

Une double attaque imputée aux jihadistes a tué 64 civils et soldats entre Tombouctou et Gao jeudi selon un bilan gouvernemental. Mais différentes sources indiquent que les pertes humaines sont en fait beaucoup plus lourdes.

Ces évènements coïncident avec le désengagement en cours de la mission de l'ONU déployée au Mali depuis 2013 et poussée vers la sortie par la junte en 2023.

«Prétexte»

Le Cadre stratégique permanent a accusé la junte dimanche dans un communiqué d'une série de violations du cessez-le-feu de 2014 et de l'accord de paix de 2015. Il prête à la junte au pouvoir depuis 2020 une stratégie de rupture du cessez-le-feu.

Il "déclare adopter dorénavant toutes mesures de légitime défense contre les forces de cette junte partout sur l'ensemble du territoire de l'Azawad", le nord du Mali objet d'anciennes revendications indépendantistes touareg.

La junte "prétexte la décision de retrait de la mission onusienne" pour réoccuper des zones dont le contrôle devrait revenir aux groupes armés en vertu des arrangements de 2014 et 2015, accuse le CSP.

La junte a fait du rétablissement de la souveraineté un de ses mantras, un objectif qui se heurte aux différents groupes armés, qui contrôlent de vastes étendues de territoire.

La remise du camp de Ber par la mission de l'ONU à l'armée mi-août a donné lieu à des combats entre soldats et jihadistes, mais aussi à des accrochages entre armée et CMA.

Le CSP assure que le transfert et la prise de la localité de Ber par l'armée malienne et les hommes du groupe paramilitaire russe Wagner ont été accompagnés d'un "lot de violations, de saccages, d'arrestations arbitraires, d'exécutions sommaires perpétrées sur des civils".

Après avoir poussé au départ la force antijihadiste française, la junte au pouvoir à Bamako est considérée par beaucoup comme s'étant assuré les services de Wagner, malgré ses démentis.

Le CSP a été créé en mai 2021 par les principaux groupes armés du nord, notamment ceux de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rebelles) et de la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger (communément appelée Plateforme, loyalistes).


Trump assure qu'un cessez-le-feu à Gaza est "proche", peut-être dès "la semaine prochaine"

Un convoi de camions transportant de l'aide roule après être entré dans la bande de Gaza par le point de passage de Zikim, contrôlé par Israël, à l'ouest de Beit Lahia, dans le nord du territoire palestinien assiégé, le 25 juin 2025. (AFP)
Un convoi de camions transportant de l'aide roule après être entré dans la bande de Gaza par le point de passage de Zikim, contrôlé par Israël, à l'ouest de Beit Lahia, dans le nord du territoire palestinien assiégé, le 25 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump a assuré vendredi qu'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza était "proche" et pourrait intervenir dès "la semaine prochaine"
  • Il a par ailleurs abordé la question de l'aide humanitaire, sujet sur lequel le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a dénoncé vendredi un système "militarisé" de distribution qui "tue des gens"

Gaza, Territoires palestiniens: Donald Trump a assuré vendredi qu'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza était "proche" et pourrait intervenir dès "la semaine prochaine" pour mettre fin à la guerre dévastatrice qui fait rage depuis plus de vingt mois dans le territoire palestinien.

"Nous pensons que nous aurons un cessez-le-feu dès la semaine prochaine", a déclaré vendredi le président américain, qui avait déjà estimé mercredi que de "grands progrès" avaient été réalisés.

Il a par ailleurs abordé la question de l'aide humanitaire, sujet sur lequel le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a dénoncé vendredi un système "militarisé" de distribution qui "tue des gens".

"Nous fournissons, comme vous le savez, beaucoup d'argent et de nourriture à cette zone", a fait valoir Donald Trump, évoquant "ces foules de gens qui n'ont rien à manger".

Israël a imposé début mars au territoire palestinien un blocus humanitaire qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité. Celui-ci n'a été que partiellement assoupli fin mai, date à laquelle la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par Israël et les Etats-Unis, a commencé ses distributions dans des centres.

Washington a annoncé jeudi avoir débloqué 30 millions de dollars pour financer cette fondation, dont les opérations de distribution d'aide donnent lieu régulièrement à des scènes chaotiques et meurtrières, une situation dénoncée vendredi par

La Défense civile dans le territoire palestinien a annoncé vendredi la mort de 80 personnes dans des frappes ou tirs de l'armée israélienne, dont 10 tuées une fois de plus en attendant de l'aide humanitaire.

Jeudi, ce sont 65 Palestiniens qui avaient été tués par des tirs israéliens, selon les secours, dont sept venus chercher de l'assistance dans un centre de GHF.

"Les gens sont tués simplement en essayant de nourrir leurs familles et eux-mêmes. Aller chercher de la nourriture ne doit jamais être une condamnation à mort", a tonné devant la presse à New York le secrétaire général de l'ONU. La GHF a "fourni directement plus de 46 millions de repas aux civils palestiniens" depuis le début de ses distributions fin mai, a réagi le ministère israélien des Affaires étrangères, "pourtant, l'ONU fait tout ce qu'elle peut pour s'opposer à cet effort", et ce ce faisant elle "s'aligne sur le Hamas".

- "Simulacre de distribution" -

L'ONG Médecins sans frontières (MSF), présente à Gaza, avait réclamé plus tôt le démantèlement de la GHF, l'accusant d'être "un simulacre de distribution alimentaire qui produit des massacres à la chaîne".

Dans un communiqué, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté des "mensonges malveillants" du journal de gauche Haaretz, selon lequel des soldats auraient reçu ordre de tirer sur des civils désarmés attendant de recevoir cette aide humanitaire.

M. Netanyahu a rejeté tout aussi "catégoriquement les accusations odieuses de meurtre rituel" publiées dans le même journal.

Le "meurtre rituel" est une calomnie antisémite remontant au moins au Moyen-Age selon laquelle les juifs assassineraient des enfants non juifs pour les besoins de leur culte.

Sur les 80 personnes tuées vendredi, dix "attendaient de l'aide humanitaire" dans trois endroits différents du territoire palestinien, d'après un porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle examinait les informations de la Défense civile mais a nié catégoriquement que ses soldats aient ouvert le feu sur des personnes attendant de l'aide dans le centre de la bande de Gaza, où M. Bassal a fait état d'un mort.

Six autres ont perdu la vie dans le sud en tentant de gagner un site de distribution de colis-repas de la GHF, et trois en attendant de l'aide au sud-ouest de Gaza-ville (nord), toujours selon la Défense civile.

- 550 morts depuis fin mai -

Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, près de 550 personnes ont été tuées et plus de 4.000 blessées dans des queues immenses se formant en vue d'atteindre divers centres de distribution d'aide humanitaire depuis que la GHF y a commencé ses opérations fin mai.

Cette dernière nie que des tirs meurtriers surviennent à proximité immédiate de ses points de distribution.

Sur le terrain, les combats continuent de faire rage entre l'armée israélienne et les groupes armés palestiniens.

D'eux d'entre eux, les Brigades al-Qassam, branche armée du mouvement islamiste Hamas, et les Brigades al-Quds, branche armée du Jihad islamique, mouvement allié au Hamas, ont revendiqué des tirs contre des soldats israéliens.

Israël poursuit ses opérations à Gaza dans le cadre d'une offensive visant selon lui à anéantir le Hamas, en représailles à l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023.

Le 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

L'opération de représailles israéliennes a entraîné la mort de 56.331 Palestiniens, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.


L'Union africaine salue l'accord RDC-Rwanda, une "étape importante" pour la paix dans la région

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence des Nations Unies (OCHA), Tom Fletcher (à droite), assiste à une réunion avec Betra Bisimwa (en haut, 2e à gauche), Coordonnateur adjoint pour les affaires politiques et diplomatiques de l'Alliance du fleuve Congo (AFC) - M23 et Corneille Nangaa (en haut, à gauche), chef de l'Alliance du fleuve Congo, à Goma, le 26 juin 2025. (AFP)
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence des Nations Unies (OCHA), Tom Fletcher (à droite), assiste à une réunion avec Betra Bisimwa (en haut, 2e à gauche), Coordonnateur adjoint pour les affaires politiques et diplomatiques de l'Alliance du fleuve Congo (AFC) - M23 et Corneille Nangaa (en haut, à gauche), chef de l'Alliance du fleuve Congo, à Goma, le 26 juin 2025. (AFP)
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  • L'Union africaine (UA) a salué samedi la signature d'un accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda comme une "étape importante" pour mettre fin au conflit dans l'est de la RDC
  • Le texte a été formellement signé vendredi sous les auspices des Etats-Unis lors d'une cérémonie à Washington, en présence du secrétaire d'Etat américain Marco Rubio et de ses homologues de la RDC et du Rwanda

Nairobi, Kenya: L'Union africaine (UA) a salué samedi la signature d'un accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda comme une "étape importante" pour mettre fin au conflit dans l'est de la RDC, région riche en minerais en proie aux violences depuis 30 ans.

Le texte a été formellement signé vendredi sous les auspices des Etats-Unis lors d'une cérémonie à Washington, en présence du secrétaire d'Etat américain Marco Rubio et de ses homologues de la RDC et du Rwanda, Thérèse Kayikwamba Wagner et Olivier Nduhungirehe.

Le président de la Commission de l'UA, Mahamoud Ali Youssouf, s'est félicité samedi dans un communiqué "de cette étape importante et a salué tous les efforts visant à faire progresser la paix, la stabilité et la réconciliation dans la région". Il a également souligné "le rôle constructif et de soutien joué par les Etats-Unis et le Qatar pour faciliter le dialogue".

De son côté, le président américain Donald Trump a salué "un nouveau chapitre d'espoir". "Aujourd'hui, la violence et la destruction prennent fin et toute la région entame un nouveau chapitre d'espoir et d'opportunités, d'harmonie, de prospérité et de paix".

"C'est un jour merveilleux", a-t-il ajouté après la signature de l'accord qui doit également déboucher, selon lui, sur l'obtention par les Etats-Unis de droits miniers en RDC.

Premier producteur mondial de cobalt, le pays détient aussi dans les sous-sols de sa partie orientale d'importantes réserves de coltan, minerai stratégique pour l'industrie électronique.

- un accord qui "récompense l'agression" -

Prix Nobel de la Paix et candidat à la présidentielle congolaise de 2024, Denis Mukwege, a dénoncé un accord qui "légitimise le pillage des ressources naturelles congolaises" et "récompense l'agression."

Il a en outre dénoncé "l’approche bilatérale privilégiée par Washington face à une crise dont la dimension est largement régionale, avec la présence de diverses armées étrangères sur le territoire congolais, dont celles de l’Ouganda et du Burundi, et entretenue par des intérêts géostratégiques qui touchent au fonctionnement de l’économie mondiale".

L'accord de paix prévoit des dispositions sur "le respect de l'intégrité territoriale et l'arrêt des hostilités" dans l'est de la RDC, dont le Rwanda est frontalier. Mais il n'aborde pas explicitement les gains territoriaux du M23.

Le groupe armé M23, soutenu militairement par le Rwanda selon l'ONU et les Etats-Unis, s'est emparé au début de l'année de pans entiers de l'est congolais, notamment des grandes villes de Goma et Bukavu.

Kigali affirme que sa sécurité est depuis longtemps menacée par des groupes armés, notamment les FDLR, créées par d'anciens dirigeants hutus liés au génocide rwandais de 1994 et installés depuis en RDC.

"La première chose à faire est de commencer à mettre en œuvre le concept d'opérations pour la neutralisation des FDLR, qui s'accompagnera d'une levée des mesures défensives du Rwanda", a déclaré le chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe.

- "Omissions majeures" -

De son côté, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a évoqué une "étape importante vers la désescalade, la paix et la stabilité", appelant les parties à "respecter pleinement les engagements qu'elles ont pris".

De multiples accords de cessez-le-feu ont été conclus et violés depuis la reprise des opérations du M23 en 2021. Le groupe, comme les milices locales qu’il combat, n'a jamais officiellement reconnu ces accords.

Les affrontements ont déplacé des centaines de milliers de personnes et provoqué une vaste crise humanitaire. Le front s’est stabilisé depuis février, mais les combats se poursuivent entre le M23 et une myriade de milices locales plus ou moins autonomes, qui mènent des actions de guérilla. Le groupe antigouvernemental peine à contrôler les vastes pans de territoires dont il s’est emparé.

Human Rights Watch a accusé début juin le M23 d'exécutions sommaires de civils dans les zones occupées, notamment à travers des rafles menées dans Goma.

Pour l'ONG Physicians for Human Rights, qui a travaillé en RDC, l'accord comporte des "omissions majeures", notamment en ce qui concerne l'obligation de rendre compte des violations des droits humains.


Détente commerciale entre Etats-Unis et Chine, mais Trump rompt avec le Canada

Le Premier ministre canadien Mark Carney et le président américain Donald Trump arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney et le président américain Donald Trump arrivent pour une photo de famille lors du sommet du Groupe des Sept (G7) au Kananaskis Country Golf Course à Kananaskis, Alberta, Canada, le 16 juin 2025. (AFP)
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  • Chine et Etats-Unis se sont accordés sur un cadre général pour lisser leurs différends commerciaux, mais Donald Trump a ouvert un nouveau front vendredi en annonçant la rupture des négociations avec le Canada
  • Le président américain a justifié l'arrêt des discussions avec son voisin du nord par l'entrée en vigueur prochaine (30 juin), d'une nouvelle taxe sur les services numériques (TSN)

NEW YORK: Chine et Etats-Unis se sont accordés sur un cadre général pour lisser leurs différends commerciaux, mais Donald Trump a ouvert un nouveau front vendredi en annonçant la rupture des négociations avec le Canada.

Le président américain a justifié l'arrêt des discussions avec son voisin du nord par l'entrée en vigueur prochaine (30 juin), d'une nouvelle taxe sur les services numériques (TSN).

Cette ponction de 3% sur les revenus tirés de la publicité en ligne, des plateformes de vente, des réseaux sociaux ou de la vente de données personnelles va toucher particulièrement les géants américains de la tech.

Donald Trump a qualifié cette taxe de "scandaleuse" sur son application Truth Social et indiqué que les Etats-Unis communiqueraient, dans les sept jours, au Canada le niveau des droits de douane qui lui sera imposé.

"Nous allons continuer à mener ces négociations complexes, dans l'intérêt supérieur des Canadiens", a promis le Premier ministre canadien Mark Carney.

La sortie du chef de l'Etat américain a douché les marchés financiers et propulsé Wall Street dans le rouge, alors que deux de ses trois principaux indices venaient d'enregistrer de nouveaux records.

Les investisseurs s'étaient initialement réjouis vendredi de voir Pékin confirmer qu'un consensus avait été trouvé avec les Etats-Unis pour éviter une guerre commerciale entre les deux premières économies mondiales.

Après des pourparlers à Genève (Suisse) en mai, Washington et Pékin étaient convenus d'un cessez-le-feu commercial et avaient accepté de réduire temporairement les droits de douane prohibitifs sur leurs produits respectifs.

La Chine s'était également engagée à alléger certaines contremesures non douanières. Mais des responsables américains ont ensuite accusé Pékin de violer l'accord, et notamment de traîner des pieds pour délivrer des licences d'exportation de terres rares.

Les terres rares sont des métaux utilisés dans une large variété de produits tels que les smartphones, les turbines des éoliennes ou les véhicules électriques. Elles sont essentielles à l'économie mondiale moderne.

- 25% pour les autres ? -

Mi-juin, Washington et Pékin s'étaient finalement accordés, lors de nouvelles discussions à Londres, pour remettre l'accord trouvé à Genève sur les rails.

C'est cet accord, portant notamment sur l'accélération des expéditions de terres rares vers les États-Unis, que Donald Trump s'est félicité jeudi d'avoir "signé", avant que la Chine en fasse également état, vendredi.

L'humeur était d'autant plus positive que l'exécutif américain a semblé disposé à reporter la date butoir pour les négociations sur les droits de douane avec les autres partenaires commerciaux des Etats-Unis, pour l'instant fixée au 9 juillet.

Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, a déclaré vendredi sur la chaîne Fox Business que les pourparlers pourraient se conclure "d'ici Labor Day", la fête du travail qui tombe, cette année, le 1er septembre.

Mais, une fois encore, Donald Trump a pris tout le monde à contre-pied en prévenant qu'un renvoi de juillet à septembre n'était pas acté.

"On pourrait allonger les délais, mais aussi les raccourcir", a-t-il dit lors d'un point de presse. "J'aimerais bien faire plus court et envoyer à tout le monde une lettre pour leur dire: félicitations, vous allez payer 25%" de droits de douane.

Ce taux serait nettement supérieur aux 10% appliqués à l'ensemble des pays qui exportent aux Etats-Unis, à l'exception de la Chine, et que de nombreuses nations espéraient conserver.

"La Chine espère que les Etats-Unis avanceront dans le même sens qu'elle", a indiqué dans un communiqué le ministère chinois du Commerce, en confirmant que Pékin et Washington avaient scellé leur accord.

"La Chine procédera en vertu de la loi à l'examen et à l'approbation des demandes d'exportations relatives aux articles soumis à contrôle qui satisfont aux exigences", a-t-on poursuivi de même source.

"Les États-Unis, en conséquence, vont lever une série de mesures restrictives à l'égard de la Chine", a complété le ministère chinois.

Aucune précision supplémentaire n'a été apportée dans l'immédiat.

La priorité absolue pour les États-Unis était de garantir leur accès aux terres rares. La Chine en est le premier producteur mondial.

Mais les flux chinois en direction des entreprises étrangères ont ralenti depuis début avril, lorsque Pékin a commencé à imposer aux producteurs nationaux l'obtention d'un permis pour pouvoir exporter sept types de terres rares.

La décision a été largement perçue comme une mesure de rétorsion face aux droits de douane américains sur les biens chinois.