Dans la nouvelle bataille pour Bakhmout, les Ukrainiens équipés avec «du vieux»

Un artilleur ukrainien tire un canon-obusier tracté de 152 mm D-20 sur des positions russes sur la ligne de front près de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, le 20 juillet 2023 (Photo, AFP).
Un artilleur ukrainien tire un canon-obusier tracté de 152 mm D-20 sur des positions russes sur la ligne de front près de Bakhmout, dans l'est de l'Ukraine, le 20 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 22 juillet 2023

Dans la nouvelle bataille pour Bakhmout, les Ukrainiens équipés avec «du vieux»

  • Bakhmout a un intérêt plus symbolique que stratégique
  • Le siège de la ville, qui a duré quasiment un an, rappelle certaines des batailles clés de la Seconde guerre mondiale

PRÈS DE BAKHMOUT: Sommairement camouflée dans des sous-bois, la petite unité ukrainienne a eu besoin de trois essais pour viser les positions russes à Bakhmout avec son vieil obusier soviétique : le mécanisme de mise à feu ne cessait de s'enrayer.

La troisième tentative a été la bonne. Quand une voix a annoncé au talkie-walkie, quelques instants plus tard, que la cible avait été touchée, une acclamation s'est élevée parmi les soldats de l'unité.

"Bien sûr, on voudrait quelque chose de plus récent, de plus moderne, pour pouvoir rentrer et sortir (à couvert) rapidement", explique le commandant du groupe, au nom de guerre de Bes ("Démon").

"Avec nos machines, c'est pas tout à fait comme ça que ça marche", ajoute l'homme de 38 ans.

Dans le duel d'artillerie que se livrent la Russie et l'Ukraine depuis le début du conflit, en février 2022, la vitesse est essentielle. Un tir expose la position d'une unité et la réplique est souvent quasi-immédiate.

Mais pour certaines unités, les armes occidentales modernes ne sont qu'un rêve. Leur équipement date souvent des années 1970, il est à la fois difficilement maniable et souvent susceptible de tomber en panne.

"Sur notre partie du front, le soutien occidental n'a eu aucun impact", abonde le soldat Valéri, un ancien docker de 48 ans: "Nous utilisons toujours de vieilles armes soviétiques, et les missiles sont vieux aussi".

Pourtant, l'Ukraine avance. Autour de Bakhmout, ville industrielle capturée par l'armée russe en mai après des mois d'un siège ravageur, l'armée ukrainienne a revendiqué de légers gains ces dernières semaines.

Des succès, malgré les difficultés qui ne rendent pas peu fier Alex. "Nous atteignons environ 80% de nos cibles", sourit le soldat de 27 ans: "Peut-être pas au premier essai, mais généralement au troisième".

Dernière occasion

Stratégiques, les zones d'affectation des armes occidentales sont un secret, même si le désir de Kiev de couper le couloir terrestre liant la Russie à la péninsule annexée de Crimée, dans le sud de l'Ukraine, est bien connu.

Dans l'est du pays, Bakhmout a un intérêt plus symbolique que stratégique. Le siège de la ville, qui a duré quasiment un an, rappelle certaines des batailles clés de la Seconde guerre mondiale.

Dès la chute de la ville, l'armée ukrainienne s'est retranchée dans ses environs et a commencé des opérations pour harceler les forces russes y prenant position, avec l'espoir de pouvoir la reconquérir.

"Bes", le commandant de l'unité d'artillerie, reste prudent sur ce dernier point: "Il semble qu'on ait commencé à faire mieux maintenant, et les Russes sont devenus plus calmes".

"Mais pour ce qui est de finir avant la fin de l'été, je peux pas le dire".

La Bulgarie envoie pour la première fois des blindés en Ukraine

La Bulgarie a décidé vendredi d'envoyer une centaine de blindés en Ukraine, une première pour ce pays des Balkans jusqu'ici réticent à aider directement Kiev du fait de liens historiques forts avec Moscou.

Le Parlement a approuvé à une large majorité (148 pour, 52 contre) cette proposition du nouveau gouverment pro-européen, qui a initié une nouvelle stratégie après de précédents gouvernements intérimaires désireux de ne pas s'immiscer dans le conflit.

Ces véhicules blindés de transport de troupes BTR de conception soviétique, achetés dans les années 1980, n'ont jamais servi.

"La Bulgarie n'a plus besoin de cet équipement qui peut apporter un précieux soutien à l'Ukraine dans sa bataille pour préserver son indépendance et son intégrité territoriale" face à la Russie, écrit le texte.

«Nous continuerons à nous battre jusqu'à la fin»

Inexprimée, la crainte, chez les soldats ukrainiens et les partisans de Kiev, est que cet été soit la dernière occasion de briser les défenses russes, qui prouvent leur solidité depuis le début de la contre-offensive lancée début juin.

L'autre question est de savoir si l'Occident - en particulier Washington - sera en mesure de continuer à aider l'Ukraine plus longtemps. La pression reposerait alors sur les épaules des combattants ukrainiens, motivés mais épuisés.

Avec ou sans armes occidentales, Volodymyr assure que ça ne changerait rien. A 33 ans, il a fêté son troisième anniversaire consécutif sur la ligne de front.

Lors de son premier anniversaire militaire, avant l'invasion russe, l'Ukraine luttait alors dans une guerre de moindre intensité contre des séparatistes pro-russes, Moscou assurant à l'époque ne pas avoir de soldats en Ukraine.

De sa voix douce, Volodymyr se souvient de la façon dont l'armée ukrainienne a ensuite repoussé l'assaut russe sur Kiev, dans les premières semaines suivant l'invasion lancée en février 2022.

L'aide occidentale était quasiment inexistante et beaucoup d'Ukrainiens se battaient avec ce qu'ils avaient sous la main.

"S'ils cessent de nous donner des armes, des missiles, je pense que nous continuerons à nous battre jusqu'à la fin", dit Volodymyr en nettoyant son fusil. "Comme au tout début".


Roumanie : Macron dénonce des «ingérences» qui «sapent l'intégrité de nos démocraties»

Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron (à droite) s'expriment avant le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), à Tirana, le 16 mai 2025. (AFP)
Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron (à droite) s'expriment avant le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), à Tirana, le 16 mai 2025. (AFP)
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  • En Pologne, les sites du parti centriste du Premier ministre Donald Tusk étaient hors service vendredi en raison d'une cyberattaque, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.
  • "La Moldavie (est) victime chaque jour des ingérences russes (..) Les échéances électorales en cours, là aussi, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences", a martelé le président français

TIRANA: Le président français Emmanuel Macron a dénoncé vendredi des "ingérences" dans les élections à venir en Europe, notamment en Roumanie, estimant qu'elles "sapent l'intégrité de nos démocraties".

"Nous voyons à travers nos élections, la Roumanie le vit en ce moment, la Moldavie l'a vécue il y a très peu de temps, (que) nous avons très clairement des menaces qui sapent l'intégrité de nos démocraties, qui minent leur résilience", a-t-il dit en ouverture d'un sommet de la Communauté politique européenne (CPE) à Tirana.

Le candidat d'extrême droite George Simion fait figure de favori du second tour de la présidentielle qui se tiendra dimanche en Roumanie.

Un scrutin scruté de près après l'annulation du vote du 24 novembre sur des suspicions d'ingérence russe en faveur du précédent candidat d'extrême droite, critique de l'UE et de l'Otan, Calin Georgescu.

En Pologne, les sites du parti centriste du Premier ministre Donald Tusk étaient hors service vendredi en raison d'une cyberattaque, à deux jours du premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.

"La Moldavie (est) victime chaque jour des ingérences russes (..) Les échéances électorales en cours, là aussi, on le sait très bien, font l'objet de telles ingérences", a martelé le président français.

"Nous subissons des manipulations lors des périodes électorales, mais (aussi) des ingérences informationnelles étrangères à peu près tout le temps. Et c'est quelque chose qui sape la sécurité démocratique de notre Europe", a-t-il poursuivi.

Le chef de l'Etat a appelé les dirigeants du continent européen, réunis à Tirana, à "mieux protéger les infrastructures critiques face aux cyberattaques", à renforcer les "cadres réglementaires sur les contenus illicites en ligne" et à "traquer les flux financiers qui alimentent ces actions hybrides".

"Sinon, en particulier la Russie, ils continueront de déstabiliser nos opinions publiques pour bouger les lignes", a-t-il dit.


L'administration Trump dénonce les «menaces» d'un ancien patron du FBI et ouvre une enquête

Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain. (AFP)
Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain. (AFP)
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  • "L'ancien directeur déshonoré du FBI James Comey vient d'appeler à l'assassinat du président Trump", a écrit sur X la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem
  • Elle a ajouté que son ministère ainsi que le Secret Service, le service chargé de la protection du président, "mènent l'enquête sur cette menace"

WASHINGTON: Les autorités fédérales américaines ont annoncé jeudi enquêter sur la "menace" formulée selon eux contre Donald Trump par James Comey, ancien patron du FBI devenu bête noire du président américain.

Dans une publication Instagram depuis retirée, James Comey a partagé une photo montrant des coquillages former le message "86 47" dans le sable, le premier chiffre étant parfois utilisé pour signifier le souhait de faire partir, voire de tuer, quelqu'un, le second pouvant se référer à Donald Trump, 47e président des Etats-Unis.

"L'ancien directeur déshonoré du FBI James Comey vient d'appeler à l'assassinat du président Trump", a écrit sur X la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem.

Elle a ajouté que son ministère ainsi que le Secret Service, le service chargé de la protection du président, "mènent l'enquête sur cette menace."

"Cela nous inquiète tous gravement, et doit être pris au sérieux", a dit sur X Taylor Budowich, un chef de cabinet adjoint de la Maison Blanche.

James Comey -- brutalement limogé par Donald Trump en 2017 pendant qu'il enquêtait sur des soupçons d'ingérences étrangères -- a ensuite partagé un message sur son compte Instagram.

"J'ai publié plus tôt une photo de coquillages que j'ai vus ce matin lors d'une balade sur la plage, et j'ai estimé que c'était un message politique. Je ne m'étais pas rendu compte que certaines personnes associaient ces chiffres avec de la violence. Je n'ai jamais eu cela à l'esprit, mais je m'oppose à toute force de violence, et j'ai donc retiré la publication", a-t-il écrit.

Donald Trump a réchappé en juillet dernier à une tentative d'assassinat lors d'un meeting de campagne en Pennsylvanie.


Détention de Sansal: ses filles «impuissantes» en République tchèque

Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien. (AFP)
Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien. (AFP)
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  • "Il est triste que des personnes soient emprisonnées pour avoir librement exprimé leur opinion et malheureusement, notre père est l'une de ces personnes", a déclaré l'aînée après avoir reçu la distinction
  • "Dieu seul sait dans quel état mental il se trouve", car il est "isolé sans aucune information", a-t-elle ensuite déploré auprès de l'AFP

PRAGUE: Les deux filles de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison, ont fait part à l'AFP de leur "sentiment d'impuissance totale", depuis la République tchèque où elles habitent, pour obtenir la libération de leur père.

Rencontrées à l'ouverture du salon du livre de Prague, Nawal, 53 ans, et Sabeha, 50 ans, ont réceptionné jeudi un prix pour la promotion de la liberté d'expression décerné à leur père.

"Il est triste que des personnes soient emprisonnées pour avoir librement exprimé leur opinion et malheureusement, notre père est l'une de ces personnes", a déclaré l'aînée après avoir reçu la distinction.

"Dieu seul sait dans quel état mental il se trouve", car il est "isolé sans aucune information", a-t-elle ensuite déploré auprès de l'AFP.

"La seule personne autorisée à lui rendre visite, c'est probablement sa femme, mais nous ne savons rien" et elle est surveillée, a-t-elle ajouté.

Alors que le dissident, atteint d'un cancer, suit "actuellement un traitement de radiothérapie", ses filles ont échangé pour la dernière fois par courrier électronique avec lui en 2023 et n'ont aucune nouvelle, à part des coupures de presse que leur font passer l'ambassade tchèque à Alger.

Elles ont adressé une lettre ouverte au président français Emmanuel Macron et écrit à son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune. "Nous avons aussi écrit à mon père. Mais nous n'avons pas reçu de réponse, il ne s'est rien passé", explique Nawal.

"Monnaie d'échange" 

Perdue face aux méandres du système algérien, cette spécialiste en informatique s'est tournée vers l'interface d'intelligence artificielle ChatGPT et sur ses conseils, elle envisage de contacter des organisations comme Amnesty International pour accentuer la pression.

Nées en Algérie, les filles de Boualem Sansal ont vécu en Tchécoslovaquie, le pays de leur mère, après la séparation dans leur petite enfance de leurs parents, qui s'étaient rencontrés dans le cadre d'un échange universitaire.

Le régime communiste les surveillait, comme toutes les personnes ayant de la famille à l'étranger, et si elles ont passé leurs vacances à Alger chaque année, Nawal n'y est plus retournée depuis l'âge de 20 ans et n'a pas revu son père depuis.

Sa soeur et elle habitent toujours près de Prague.

Arrêté mi-novembre à l'aéroport d'Alger, l'écrivain âgé de 80 ans a été condamné fin mars à cinq ans de prison pour, entre autres, atteinte à l'intégrité du territoire algérien.

Il lui est reproché d'avoir repris à son compte la position du Maroc, selon laquelle le territoire de ce pays aurait été tronqué sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Il a fait appel.

"Je crois que mon père est un pion ou une monnaie d'échange, une sorte d'otage, parce qu'ils essaient probablement d'obtenir la libération de certains terroristes condamnés en France", a détaillé Nawal, sa soeur Sabeha saluant en lui "un vrai patriote".

L'Algérie et la France traversent depuis l'été dernier une crise diplomatique marquée ces derniers jours par une nouvelle série d'expulsions de fonctionnaires de part et d'autre. Toutes les coopérations sont gelées.

Athée, Boualem Sansal est critique d'un pouvoir qui, selon lui, se maintient depuis trop longtemps contre la volonté des Algériens. "Il contrôle totalement le pays et dispose de tous les moyens", estimait-il dans Le Figaro en 2019.