Les oppositions ne prennent pas Macron au pied de la lettre

Après leur rencontre marathon le 30 août à Saint-Denis, Emmanuel Macron avait envoyé aux responsables de partis une lettre de six pages à laquelle ils devaient répondre d'ici dimanche soir. (AFP)
Après leur rencontre marathon le 30 août à Saint-Denis, Emmanuel Macron avait envoyé aux responsables de partis une lettre de six pages à laquelle ils devaient répondre d'ici dimanche soir. (AFP)
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Publié le Lundi 11 septembre 2023

Les oppositions ne prennent pas Macron au pied de la lettre

  • Eric Ciotti, le patron des Républicains, dont l'accord serait indispensable pour toute révision constitutionnelle sur le référendum, juge d'emblée l'initiative de Saint-Denis «relativement décevante»
  • La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet adressera, selon son entourage, une réponse axée «sur les travaux du Parlement et les points qui lui semblent importants»

PARIS: Y aura-il une nouvelle rencontre à l'automne entre Emmanuel Macron et les chefs de partis ? Dans leurs réponses à la lettre du chef de l'Etat, les oppositions, de droite comme de gauche, se montrent peu enthousiastes et s'opposent sur un éventuel référendum sur l'immigration.

Après leur rencontre marathon le 30 août à Saint-Denis, Emmanuel Macron avait envoyé aux responsables de partis une lettre de six pages à laquelle ils devaient répondre d'ici dimanche soir. Avec l'idée notamment de faire une proposition "dans les semaines qui viennent" sur une modification du recours au référendum.

La droite pose ses conditions

Eric Ciotti, le patron des Républicains, dont l'accord serait indispensable pour toute révision constitutionnelle sur le référendum, juge d'emblée l'initiative de Saint-Denis "relativement décevante".

Il exige que le chef de l'Etat dise "la suite qu'il va réserver" à ses revendications, dont un référendum sur l'immigration, et demande un "calendrier précis".

Il énumère trois autres points "incontournables" pour son parti: "le pouvoir d’achat", "l’insécurité", et "la libération de la presse".

De son côté, le président LR du Sénat Gérard Larcher n'a pas encore envoyé de réponse car il souhaite au préalable consulter ses présidents de groupe.

L'autre composante de la majorité sénatoriale, l'UDI, n'avait pas encore répondu lundi.

Le RN ne répond pas mais reviendra

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella ne répondra pas au courrier.

"On attend d’avoir des propositions concrètes avant de se positionner sur la suite", explique à l'AFP son entourage. Mais il sera là en cas de prochaine réunion, a assuré le vice-président du parti Sébastien Chenu sur Sud Radio, tout en soulignant qu'il n'irait pas "ad vitam aeternam".

La gauche pas motivée par les sujets

Alors que la Nupes s'était exprimée d'une seule voix avant la réunion, elle a répondu en ordre dispersé, sans se prononcer clairement sur la suite et en mettant l'accent sur ses revendications écologiques et sociales trop peu abordées lors de la première rencontre, selon elle.

Le coordinateur politique de La France insoumise Manuel Bompard laisse entendre qu'il ne reviendra pas, affirmant dans sa lettre que "les débats politiques (...) doivent avoir lieu dans les Assemblées parlementaires" et qu'il "n'a pas l'intention de vous (Emmanuel Macron) accompagner dans cette évolution dangereuse et aveugle des urgences du pays".

La secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier fustige, elle, "l'infime place accordée à l'écologie" avec "deux phrases sur six pages". "S'il y a des réunions où on peut parler d'écologie, j'y serai. Si c'est pour débattre des heures référendum sur l'immigration et assister à la lune de miel entre Macron et l'extrême droite, ça sera sans moi".

Premier à avoir répondu à "ce format inédit", le patron du PCF Fabien Roussel ne dit pas s'il reviendra mais réclame des "réponses inédites", et principalement une remise en cause des contraintes budgétaires européennes.

De son côté, Olivier Faure (PS), qui avait jugé que les sujets institutionnels évoqués par Macron étaient "plutôt secondaires", n'a pas l'intention de se presser. "Nous soumettrons la réponse à nos instances. Macron n’a pas à fixer de deadline", a-t-il dit à l'AFP.

La majorité réservée sur l'extension du référendum 

Si le secrétaire général de Renaissance Stéphane Séjourné salue la rencontre de Saint-Denis comme "un moment rare d'unité et de dépassement politique", il manifeste peu d'enthousiasme sur "la question de l’élargissement du champ du référendum, en particulier à l’immigration", qui lui apparaît "délicate" avec le risque d'une "division supplémentaire de notre société".

Le MoDem n'a pas encore envoyé sa réponse. "Je ne suis pas pour qu'on fasse de l'immigration un sujet qui allume le feu, sur lequel on verse tous les jours de l'essence", a fait valoir dimanche François Bayrou dans Le Parisien.

Horizons, le parti d'Edouard Philippe, ne pouvait dire lundi s'il répondrait. De son côté, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet adressera, selon son entourage, une réponse axée "sur les travaux du Parlement et les points qui lui semblent importants".


La France remet en chantier la très impopulaire réforme des retraites

Le Premier ministre français François Bayrou quitte la salle après avoir prononcé un discours à l'issue d'une réunion du Comité interministériel de contrôle de l'immigration (CICI) à l'hôtel Matignon à Paris, le 26 février 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou quitte la salle après avoir prononcé un discours à l'issue d'une réunion du Comité interministériel de contrôle de l'immigration (CICI) à l'hôtel Matignon à Paris, le 26 février 2025. (AFP)
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  • La France a remis en chantier jeudi la très impopulaire réforme des retraites voulue par le président Emmanuel Macron et qui a reporté l'âge de départ de 62 à 64 ans
  • Pour échapper à la censure, le Premier ministre François Bayrou avait consenti mi-janvier à rouvrir ce dossier, après la très forte contestation de la réforme de 2023, mais à condition que cela aille vite et que syndicats et au patronat parviennent d'ici

PARIS: La France a remis en chantier jeudi la très impopulaire réforme des retraites voulue par le président Emmanuel Macron et qui a reporté l'âge de départ de 62 à 64 ans, le gouvernement laissant cependant seulement trois mois et une marge de manoeuvre étroite aux partenaires sociaux pour négocier.

Pour échapper à la censure, le Premier ministre François Bayrou avait consenti mi-janvier à rouvrir ce dossier, après la très forte contestation de la réforme de 2023, mais à condition que cela aille vite et que syndicats et au patronat parviennent d'ici "fin mai" à un accord.

Après avoir initialement exigé des partenaires sociaux qu'ils ne retouchent le texte sans dégrader l'équilibre financier du système de retraites, il leur a même demandé, dans une lettre mercredi soir, de "rétablir l'équilibre financier" du système dès 2030.

Cette obligation de trouver des économies supplémentaires ne va pas faciliter la tâche aux partenaires sociaux, réunis à partir de 14H00 dans des locaux des services du Premier ministre.

Dans la salle du Conseil d'orientation des retraites siègeront les cinq syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC) et les trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P)représentatifs au niveau interprofessionnel, mais aussi la FNSEA (agriculture) et le syndicat Unsa.

Une configuration critiquée qui exclut un syndicat plus à gauche, Solidaires, la FSU pour la fonction publique, ou encore l'Udes (employeurs de l'économie sociale et solidaire.

Premier syndicat, la CFDT voit dans ce chantier de réforme de la réforme "une vraie opportunité", selon son numéro deux Yvan Ricordeau. Elle espère des amélioration notamment sur "la prise en compte de la pénibilité et le renforcement du droit des femmes".

La CGT a notamment demandé de chiffrer le coût d'un retour de l'âge de départ à 62 ans.

Les propositions financières du patronat devraient diverger fortement de celles présentées par les syndicats. Pour le négociateur de la CGT Denis Gravouil, "le patronat mène une campagne de pub extrêmement puissante sur la retraite par capitalisation".

Le système de retraites français fonctionne actuellement par répartition, les actifs cotisant pour leurs aînés partis en retraite.

Jeudi, côté patronal, le président du Medef Patrick Martin qui fait du report de l'âge de départ une condition sine qua non de la viabilité du système, s'est dit "pessimiste" quand à l'issue des négociations.

La Cour des comptes a évalué la semaine dernière, dans un rapport qui doit servir de base aux discussions, que le déficit du système de retraites devrait atteindre 6,6 milliards d'euros en 2025, et se "stabiliser" jusqu'en 2030 avant de se creuser davantage.

Le gouvernement s'est engagé à ce que tout accord, même partiel, sera soumis au Parlement.


Restrictions d'accès par la France : l'Algérie exprime sa « surprise » selon le ministère

Drapeau de l'Algérie (Photo, AFP)
Drapeau de l'Algérie (Photo, AFP)
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  • Alger n'a « aucunement été informé » de ces mesures visant des « ressortissants algériens titulaires de documents de voyage spéciaux les exemptant de formalités de visa », a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères.
  • Le minstre algérien a également souligné que « toute mesure attentatoire aux intérêts de l'Algérie fera l'objet de mesures réciproques, strictes et immédiates ».

ALGER : L'Algérie a fait part mercredi de sa « surprise » et de son « étonnement » après l'annonce la veille par Paris de mesures de restriction d'accès à la France pour certains dignitaires algériens, en dénonçant une nouvelle « provocation ».

Alger n'a « aucunement été informé » de ces mesures visant des « ressortissants algériens titulaires de documents de voyage spéciaux les exemptant de formalités de visa », a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué cité par l'agence APS.

Cette annonce « s'inscrit dans la longue liste des provocations, des intimidations et des menaces dirigées contre l'Algérie », a-t-il affirmé.

Mardi soir, en pleine crise avec Alger, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a révélé que des « mesures de restriction de circulation et d'accès au territoire national pour certains dignitaires algériens » avaient été prises.

M. Barrot s'est également dit « prêt à en faire davantage » si la coopération franco-algérienne « n'est pas relancée ».

Les relations avec Alger, déjà très tendues, se sont encore dégradées après l'attentat meurtrier commis samedi à Mulhouse, dans l'est de la France. Un Algérien de 37 ans en situation irrégulière est accusé d'avoir tué à l'arme blanche un Portugais de 69 ans et d'avoir blessé sept autres personnes.

Les déclarations de M. Barrot interviennent alors que la position à adopter vis-à-vis d'Alger divise profondément le gouvernement français, entre les partisans du « rapport de force », comme le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, et ceux qui plaident pour la voie diplomatique, comme Jean-Noël Barrot.

Le ministère algérien des Affaires étrangères a estimé que l'Algérie était « manifestement devenue l'enjeu de querelles politiques intra-françaises où tous les coups bas politiciens sont permis dans le cadre d'une compétition, dont l'extrême droite est l'instigateur, le référent et le donneur d'ordres ».

Le ministère a déclaré que cela pourrait « avoir des conséquences incalculables sur la relation algéro-française dans toutes ses dimensions ». Il a également souligné que « toute mesure attentatoire à ses intérêts (de l'Algérie, ndlr) fera l'objet de mesures réciproques, strictes et immédiates ».


Algérie : le ministre de la Fonction publique favorable à la révision du traité de 1968

Le ministre français de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, Laurent Marcangeli, quitte le palais présidentiel de l'Élysée après le conseil des ministres hebdomadaire, à Paris, le 19 février 2025. (Photo : Ludovic Marin / AFP)
Le ministre français de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, Laurent Marcangeli, quitte le palais présidentiel de l'Élysée après le conseil des ministres hebdomadaire, à Paris, le 19 février 2025. (Photo : Ludovic Marin / AFP)
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  • Le ministre de la Fonction publique, Laurent Marcangeli, s'est prononcé mercredi pour une révision du traité franco -algérien de 1968.
  • « Évidemment qu'il va être question notamment de notre rapport avec l'Algérie », a indiqué M. Marcangeli.

PARIS : Le ministre de la Fonction publique, Laurent Marcangeli, s'est prononcé mercredi pour une révision du traité franco -algérien de 1968, alors qu'un conseil interministériel sur l'immigration se tiendra dans la journée autour de François Bayrou.

Ce traité établit entre autres un régime des visas favorable pour l'Algérie.

« Évidemment qu'il va être question notamment de notre rapport avec l'Algérie », a indiqué M. Marcangeli sur France Info.

« Il y a peu de temps, j'étais encore parlementaire, président du groupe Horizons (à l'Assemblée nationale, NDLR), proche d'Édouard Philippe et je fais partie de ceux qui pensent qu'il faut revoir le traité franco-algérien de 1968 », a affirmé le ministre.

Certains politiques ont régulièrement souhaité ces derniers mois la remise en cause du traité de 1968, à la suite de différentes affaires, comme l'incarcération en Algérie depuis mi-novembre de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal ou la tentative avortée de renvoi en Algérie de l'influenceur algérien Doualemn en janvier, aussitôt renvoyé en France par les autorités algériennes.

Samedi, un Algérien faisant l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), que le Premier ministre, François Bayrou, a dit avoir été refusé par Alger à dix reprises, est accusé d'avoir tué à l'arme blanche une personne et d'en avoir blessé sept autres à Mulhouse.

Mardi, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a indiqué que « des mesures de restriction de circulation et d'accès au territoire national pour certains dignitaires algériens avaient été prises ».

« Les dignitaires algériens se caractérisent souvent par des prises de positions particulièrement dures à l'égard de la France, qui peuvent également entraîner des réactions de la France », a commenté M. Marcangeli.

« Il y a le traité, qui n'a pas été revu depuis plus de 24 ans, il y a la question des dignitaires, la question des visas, bref, toute une panoplie de mesures. À la fin du comité interministériel, le Premier ministre fera un certain nombre d'annonces qui concerneront très certainement l'Algérie », a déclaré le ministre.

Par ailleurs, interrogé sur la réforme des retraites, M. Marcangeli a estimé que « remettre en cause un certain nombre d'équilibres définis par la loi Borne de 2023 ne lui semblait pas être une bonne politique ».