Les Houthis promettent d'attaquer les forces maritimes dirigées par les États-Unis en mer Rouge

Un hélicoptère militaire houthi survole le cargo Galaxy Leader en mer Rouge, le 20 novembre 2023 (Photo, Reuters).
Un hélicoptère militaire houthi survole le cargo Galaxy Leader en mer Rouge, le 20 novembre 2023 (Photo, Reuters).
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Publié le Mercredi 20 décembre 2023

Les Houthis promettent d'attaquer les forces maritimes dirigées par les États-Unis en mer Rouge

  • Lloyd Austin, a annoncé la création d'une force multinationale dirigée par les États-Unis pour protéger les navires naviguant en mer Rouge contre les assauts des Houthis
  • Human Rights Watch accuse les milices d'étendre la répression contre les femmes et les défenseurs des droits de l'homme

AL-MUKALLA: Les Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, ont promis mardi de frapper les troupes maritimes de la mer Rouge dirigées par les États-Unis si elles cherchaient à empêcher la milice d'appliquer son embargo sur tous les navires à destination d'Israël.

Mohammed Abdel Sallam, négociateur principal des Houthis, a déclaré que le groupe continuerait à bloquer la mer Rouge aux navires se dirigeant vers Israël et qu'il attaquerait toutes les forces qui tenteraient d'entraver la milice.

«Quiconque tente d'intensifier la confrontation doit payer les conséquences de ses actes, et la coalition américaine consiste à défendre Israël et à militariser la mer sans raison, et cela n'empêchera pas le Yémen de poursuivre ses activités légales de soutien à Gaza», a-t-il ajouté sur X.

Les Houthis ont tiré des missiles balistiques et des drones sur des navires commerciaux et des bateaux de la marine qui navigueraient vers Israël en mer Rouge. La milice affirme que ses attaques visent à forcer Israël à cesser ses bombardements sur Gaza et à permettre l'entrée de nourriture et d'eau dans la bande assiégée.

Le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, a annoncé lundi la création d'une force multinationale dirigée par les États-Unis pour protéger les navires naviguant en mer Rouge contre les assauts des Houthis.

Le chef des Houthis, Mohammed al-Bukhaiti, a signalé que les troupes internationales n'empêcheraient pas la milice de prendre pour cible les navires en mer Rouge.

«Même si l'Amérique réussit à rallier le monde entier, nos opérations militaires se poursuivront jusqu'à ce que les crimes génocidaires à Gaza cessent et que la nourriture, les médicaments et le carburant soient autorisés à entrer pour son peuple assiégé, quels que soient les sacrifices que cela nous coûtera», a-t-il déclaré.

Les menaces des Houthis ont été proférées le lendemain de la visite d’Aïdarous al-Zoubaïdi, vice-président du Conseil présidentiel du Yémen, reconnu par la communauté internationale et président du Conseil de transition du Sud, favorable à l'indépendance, et de hauts responsables militaires yéménites sur l'île de Mayyun, également connue sous le nom d'île de Perim, d'une importance stratégique, dans le détroit de Bab al-Mandab, à l'entrée sud de la mer Rouge.

Al-Zubaidi aurait déclaré que les troupes «participeront à toute initiative ou coalition multilatérale visant à protéger les routes maritimes mondiales», contredisant apparemment la déclaration du ministère de la Défense selon laquelle le Yémen ne se joindra pas aux forces maritimes dirigées par les États-Unis.

Maltraitances houthies

Human Rights Watch a accusé mardi les Houthis d'étendre la répression à l'encontre des femmes et des militants des droits de l'homme.

Niku Jafarnia, chercheuse sur le Yémen et le Bahreïn à HRW, a déclaré que la répression exercée par les Houthis à l'encontre des militants des droits de l'homme et des défenseurs des droits des femmes dans le nord du Yémen avait atteint des niveaux «terrifiants», citant le cas de la militante Fatima Saleh Mohammed al-Arwali, qui a été condamnée à mort par un tribunal houthi sur la base d'accusations d'espionnage.

Jafarnia a déclaré dans un communiqué: «Les Houthis rendent peu à peu la vie invivable pour les femmes et les défenseurs des droits de l'homme dans leurs territoires.»

La famille d'Al-Arwali, qui est basée aux Émirats arabes unis, a affirmé au groupe de défense des droits de l'homme que les Houthis l'avaient enlevée, l'avaient maltraitée et lui avaient refusé des médicaments. Les membres de sa famille ont ajouté qu'ils avaient peur de rentrer chez eux à cause des représailles des Houthis.

Mohammed, le frère d'Al-Arwali, a révélé à HRW: «Ma mère est une vieille femme qui voit sa fille unique détenue, torturée et condamnée à mort.  Les enfants de la famille sont choqués par ce qui s'est passé.

«Toute la famille a peur de ce qui arrivera à Fatima et de ce qui nous arrivera si nous rentrons chez nous au Yémen», a-t-il insisté.

Al-Arwali a été enlevée par les Houthis en août 2022 à un poste de contrôle d’Al Hawban, à Taïz, et emmenée à Sanaa, où elle a été détenue pendant des mois avant d'être jugée. Elle a été condamnée à mort par un tribunal de Sanaa dirigé par les Houthis au début du mois pour avoir prétendument travaillé avec la Coalition pour le rétablissement de la légitimité au Yémen.

HRW a demandé aux Houthis de revenir sur leur décision et de cesser de persécuter les militants de la liberté d'expression et des droits de la femme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La France se dit « prête à concourir à la sécurité des distributions alimentaires » à Gaza

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. (Photo AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. (Photo AFP)
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  • La France, ainsi que l'Europe, "se tiennent prêtes à contribuer à la sécurité des distributions alimentaires" dans la bande de Gaza en guerre, a déclaré samedi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur LCI.
  • Le ministre n’a pas précisé la nature exacte de cette assistance, mais a exprimé sa "colère" face aux "500 personnes" ayant perdu la vie lors de distributions alimentaires récentes à Gaza.

PARIS : La France, ainsi que l'Europe, "se tiennent prêtes à contribuer à la sécurité des distributions alimentaires" dans la bande de Gaza en guerre, a déclaré samedi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur LCI.

Cette initiative viserait à répondre à la préoccupation israélienne concernant le détournement de l’aide humanitaire par des groupes armés, faisant allusion au Hamas sans le nommer.

Le ministre n’a pas précisé la nature exacte de cette assistance, mais a exprimé sa "colère" face aux "500 personnes" ayant perdu la vie lors de distributions alimentaires récentes à Gaza.

Israël a partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé depuis début mars, qui avait provoqué de graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens essentiels.

Un mécanisme de distribution piloté par la "Fondation humanitaire de Gaza" (GHF), soutenue par Israël et les États-Unis, a été mis en place, mais ses opérations ont donné lieu à des scènes chaotiques et meurtrières.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, près de 550 personnes ont été tuées et plus de 4 000 blessées dans les files d’attente depuis le lancement des opérations de la GHF fin mai.

La Défense civile de Gaza a par ailleurs rapporté vendredi la mort de 80 personnes dans des frappes ou tirs israéliens, dont 10 tuées alors qu’elles attendaient de l’aide humanitaire. L’armée israélienne nie catégoriquement avoir tiré sur des civils dans ces circonstances et examine ces allégations.

Après un cessez-le-feu entré en vigueur mardi avec l’Iran, le chef d’état-major israélien, le lieutenant-général Eyal Zamir, a indiqué que l’armée restait concentrée sur Gaza "pour ramener les otages et démanteler le régime du Hamas".

La guerre a débuté avec une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d’Israël le 7 octobre 2023, qui a fait 1 219 morts israéliens, principalement civils, selon un décompte AFP basé sur des données officielles. Parmi eux, 49 personnes ont été enlevées à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l’armée israélienne.

De leur côté, plus de 56 412 Palestiniens, majoritairement civils, ont péri lors des représailles militaires israéliennes dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas, chiffres jugés fiables par l’ONU.


La France entend jouer "un rôle central" sur le nucléaire iranien

Des amendements ont assoupli le texte initial, en permettant que les drapeaux puissent être hissés à proximité des mairies ou sur leurs toits et surtout en exemptant les communes de moins de 1 500 habitants de l'obligation de pavoisement, pour des raisons financières (Photo, AFP).
Des amendements ont assoupli le texte initial, en permettant que les drapeaux puissent être hissés à proximité des mairies ou sur leurs toits et surtout en exemptant les communes de moins de 1 500 habitants de l'obligation de pavoisement, pour des raisons financières (Photo, AFP).
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  • "Si l'Iran refuse de négocier de bonne foi un encadrement strict et durable de son programme nucléaire,a déclaré le ministre.
  • Le mécanisme de réimposition des sanctions expirera le 18 octobre 2025.

PARIS : La France et ses principaux partenaires européens entendent jouer "un rôle central" dans les négociations sur le nucléaire iranien, en raison notamment de leur capacité à réimposer des sanctions contre Téhéran, a averti samedi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur LCI.

"Si l'Iran refuse de négocier de bonne foi un encadrement strict et durable de son programme nucléaire, la France, avec ses partenaires européens, peut, par une simple lettre, rétablir l'embargo mondial sur les armes, les équipements nucléaires, ainsi que sur les banques et les assurances", a-t-il déclaré.

Ce pouvoir de réactiver les sanctions appartient à chacun des signataires de l'accord de Vienne de 2015, appelé JCPOA ("Joint Comprehensive Plan of Action"), à savoir la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Chine et la Russie ,à l’exclusion des États-Unis, qui s'en sont retirés en 2018 sous la présidence de Donald Trump.

"C'est pourquoi nous jouons un rôle central dans ces négociations", a insisté M. Barrot, exprimant le souhait qu’un dialogue s’instaure entre l’Iran et les États-Unis, "qui tienne compte des exigences qui sont les nôtres" concernant l’activité nucléaire iranienne, soupçonnée par une grande partie de la communauté internationale de viser l’arme nucléaire, ce que Téhéran dément.

Le mécanisme de réimposition des sanctions expirera le 18 octobre 2025.

M. Barrot a également souligné que "ces derniers mois, le sort de nos otages a été au cœur des discussions avec les autorités iraniennes", en référence à Cécile Kohler, 40 ans, et à son compagnon Jacques Paris, arrêtés en mai 2022 à la fin d’un voyage touristique en Iran et accusés d’espionnage. Paris les considère comme des "otages" et réclame leur libération immédiate.

"J'ai demandé récemment qu’un contact soit établi avec eux, par notre consulat ou leurs familles. J’attends toujours une réponse claire, et je dois dire que je commence à m’impatienter", a-t-il ajouté. "Nous continuerons à accentuer la pression. Et comme vous avez sans doute pu le constater, nous disposons de leviers considérables vis-à-vis de l'Iran", a conclu le ministre.


Au Maroc, un projet ambitieux pour connecter le Sahel à l'Atlantique

Construction du port atlantique de Dakhla, situé à 40 km au nord de la ville de Dakhla, dans une zone relevant de la compétence de la commune rurale d'El-Argoub à Dakhla, dans le Sahara occidental contesté, principalement contrôlé par le Maroc, le 26 mai 2025 (Photo par Abdel Majid BZIOUAT / AFP)
Construction du port atlantique de Dakhla, situé à 40 km au nord de la ville de Dakhla, dans une zone relevant de la compétence de la commune rurale d'El-Argoub à Dakhla, dans le Sahara occidental contesté, principalement contrôlé par le Maroc, le 26 mai 2025 (Photo par Abdel Majid BZIOUAT / AFP)
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  • L'« Initiative Atlantique », annoncée en novembre 2023 par le roi du Maroc, vise à donner au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad, tous enclavés, un accès à l'océan.
  • Cette annonce intervient dans un contexte géopolitique mouvant : entre 2020 et 2023, des coups d'État ont frappé ces trois pays.

MAROC : Le projet colossal de permettre aux pays du Sahel d'accéder à sa façade atlantique via des milliers de kilomètres de corridors logistiques terrestres est poursuivi par le Maroc, non sans défis, dans une région en pleine recomposition et minée par les violences jihadistes.

L'« Initiative Atlantique », annoncée en novembre 2023 par le roi du Maroc, vise à donner au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad, tous enclavés, un accès à l'océan. Un projet qui, selon Mohammed VI, « transformera substantiellement l'économie de ces pays et de toute la région ».

Rabat ferait ainsi d'une pierre plusieurs coups : étendre son influence en Afrique, développer le territoire disputé du Sahara occidental dont la majeure partie est contrôlée par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l'Algérie, et damer le pion à Alger dont les relations avec le Mali, le Niger et le Burkina se sont dégradées.

Cette annonce intervient dans un contexte géopolitique mouvant : entre 2020 et 2023, des coups d'État ont frappé ces trois pays, et les régimes militaires qui y ont pris le pouvoir ont tourné le dos à l'Occident pour se rapprocher de la Russie.

Au même moment, certaines décisions de l'Union africaine et d'organismes régionaux comme la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) contribuaient à isoler les nouveaux régimes.

Or, fin avril à Rabat, le ministre des Affaires étrangères du Niger, Bakary Yaou Sangaré, a affirmé que le Maroc était « l'un des tout premiers pays auprès de qui on a trouvé la compréhension, au moment où la CEDEAO et d'autres pays étaient sur le point de nous livrer la guerre ».

Au regard de la situation, « l'initiative royale est une aubaine pour nos pays », a-t-il assuré après avoir été reçu par Mohammed VI en compagnie des ministres des Affaires étrangères du Burkina et du Mali. 

Actuellement, pour ses échanges commerciaux, l'AES s'appuie sur des ports situés dans plusieurs pays de la CEDEAO (Bénin, Togo, Sénégal, Côte d'Ivoire, Ghana), mais les tensions régionales peuvent compliquer l'accès à ces ports.

Le projet intervient également à un moment où les relations entre l'AES et son voisin algérien se tendent : les pays de l'alliance ont récemment rappelé leurs ambassadeurs à Alger, accusant les autorités algériennes d'avoir abattu un drone malien.

En outre, selon Beatriz Mesa, professeure à l'université internationale de Rabat, les mécanismes sécuritaires européens tels que Barkhane ou Takuba ont « échoué » en Afrique.

Le Maroc, qui se positionne dans une « triangularité » avec l'Afrique et l'Occident, est en train de « rentabiliser ces échecs en se positionnant comme partenaire fiable de l'Europe dans le Sud global », analyse-t-elle.

Après les grandes annonces, reste la question de la faisabilité et du financement. 

D'après la revue Afrique(s) en mouvement, qui réunit plusieurs experts, des pays comme les États-Unis, la France ou des États du Golfe, qui ont publiquement soutenu l'initiative marocaine, sont de potentiels bailleurs pour ce projet colossal.

Selon Abdelmalek Alaoui, président de l'Institut marocain d'intelligence stratégique (Imis), un réseau terrestre entre le Maroc et le Tchad, qui passerait par la Mauritanie, pourrait coûter près d'un milliard de dollars (environ 930 millions d'euros).

Le tracé reste pour l'instant flou, mais le Tchad, qui semble « un peu en retrait » dans le projet par rapport à l'AES, est distant de quelque 3 000 kilomètres du Maroc, souligne Seidik Abba, président du Centre international d'études et de réflexions sur le Sahel (CIRES). 

Il y a donc « encore des étapes à franchir », puisque pour l'instant, le « réseau routier ou ferroviaire n'existe pas », dit cet expert nigérien, relevant aussi le manque de parc automobile dans la région.

Selon Rida Lyammouri du Policy Center for the New South, un groupe de réflexion marocain, « une nouvelle route terrestre » entre le Maroc et la Mauritanie est « presque finalisée », et Nouakchott mène des travaux sur son territoire pour garantir la continuité du corridor.

Mais la question des routes dépend surtout de la sécurité au Sahel. « Si vous avez des escarmouches, de facto, vos travaux s'arrêtent », pointe M. Alaoui, alors que la région est en proie à des attaques persistantes de groupes jihadistes.

Concernant l'import-export, le futur port en eau profonde « Dakhla Atlantique », conçu dans le cadre du développement du Sahara occidental, sera mis à disposition de l'initiative marocaine.

Lancé fin 2021, ce chantier de 1,2 milliard d'euros, situé à El Argoub, au cœur du territoire, affiche un taux d'avancement de 38 %. La fin des travaux est prévue pour 2028.