L'aide humanitaire devrait commencer à arriver vendredi à Gaza

Des colis d'aide humanitaire pour la bande de Gaza palestinienne déchargés attendent d'être transportés sur le tarmac de l'aéroport égyptien d'el-Arish, dans le nord de la péninsule du Sinaï, le 19 octobre 2023 (Photo, AFP).
Des colis d'aide humanitaire pour la bande de Gaza palestinienne déchargés attendent d'être transportés sur le tarmac de l'aéroport égyptien d'el-Arish, dans le nord de la péninsule du Sinaï, le 19 octobre 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 20 octobre 2023

L'aide humanitaire devrait commencer à arriver vendredi à Gaza

  • Au Caire, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a plaidé pour «un accès humanitaire rapide et sans obstacle»
  • Les convois d'aide humanitaire, qui doivent se rendre sur cette langue de terre exiguë où vivent 2,4 millions de Palestiniens, sont bloqués depuis des jours à Rafah

JÉRUSALEM: L'aide humanitaire tant attendue par les Palestiniens bloqués dans la bande de Gaza devrait commencer à y entrer vendredi, au 13e jour d'une guerre meurtrière entre Israël et le Hamas qui se poursuit en dépit d'une intense activité diplomatique.

L'armée israélienne a continué jeudi de pilonner la bande de Gaza, en riposte à l'attaque menée le 7 octobre sur le sol israélien par le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui contrôle ce territoire d'où des roquettes ont été tirées également sur Israël, selon des journalistes de l'AFP.

Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël par les hommes du Hamas, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations au premier jour de l'attaque, selon les autorités israéliennes. Selon l'armée israélienne, environ 1.500 combattants du Hamas ont été tués dans la contre-offensive.

Le nombre d'otages enlevés par le Hamas a été revu à la hausse à 203 personnes jeudi.

Côté palestinien, 3.785 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, dont au moins 1.524 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas qui a également recensé plus de 12.000 blessés.

La chaîne égyptienne AlQahera News, proche du renseignement égyptien, a affirmé jeudi soir que le point de passage de Rafah, entre l'Egypte et la bande de Gaza, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël, ouvrirait vendredi.

Des avions cargo remplis d'aide sont arrivés jeudi à l'aéroport égyptien d'Al-Arich.

Accès «rapide»

Au Caire, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a plaidé jeudi pour "un accès humanitaire rapide et sans obstacle", appelant à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat".

"Il nous faut de la nourriture, de l'eau, du carburant et des médicaments tout de suite", a-t-il ajouté.

Le président américain, Joe Biden, en visite mercredi en Israël, avait affirmé avoir obtenu du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de "laisser jusqu'à 20 camions traverser", un nombre totalement insuffisant selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les convois d'aide humanitaire, qui doivent se rendre sur cette langue de terre exiguë où vivent 2,4 millions de Palestiniens, sont bloqués depuis des jours à Rafah.

"C'est dur depuis trois nuits, mais la nuit dernière a été la plus dure", a déclaré jeudi à l'AFP une habitante de la ville de Gaza, Umm Mohamed Abu Ziada.

Des quartiers entiers ont été rasés et se retrouvent sans eau, sans nourriture ni électricité, et plus d'un million de personnes ont été déplacées après le siège imposé par Israël le 9 octobre à la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Au terminal de Rafah, des Egyptiens ont réparé jeudi les dégâts des bombardements israéliens en vue du passage des camions d'aide, selon des témoins. Et des dizaines de personnes se sont rassemblées dans l'espoir de sa réouverture.

"On est prêts avec nos sacs", assure Mohammed, 40 ans, qui travaille pour une institution italienne et attend depuis trois jours avec sa famille de pouvoir partir.

 

L'Allemagne débloque une aide de 50 millions d'euros pour les civils de Gaza

L'Allemagne va débloquer avec effet immédiat 50 millions d'euros d'aide supplémentaire pour la population civile de Gaza qui fait face à une situation humanitaire "catastrophique", a annoncé jeudi la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock en visite en Jordanie

"Notre message est clair: nous n'abandonnons pas les mères, les pères et les enfants palestiniens innocents", a déclaré la ministre lors d'une conférence de presse à Amman aux cotés de son homologue jordanien Ayman Safadi, selon des propos transmis par son ministère.

Avec cette aide supplémentaire, "nous soutenons des organisations internationales comme le Programme alimentaire mondial, l'Unicef et surtout l'Unrwa (agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, ndlr) afin que les habitants de Gaza puissent être approvisionnés en nourriture", a précisé Mme Baerbock.

"Nous nous préparons à pouvoir envoyer des équipes médicales à Gaza", a-t-elle ajouté.

Centaines de frappes

Jeudi, l'armée israélienne a indiqué avoir mené en 24 heures des centaines de frappes aériennes visant selon elle des infrastructures du Hamas.

Le ministère de l'Intérieur du gouvernement du Hamas a affirmé jeudi soir que de nombreux déplacés s'abritant dans l'enceinte d'une église à Gaza avaient été tués et d'autres blessés dans une frappe imputée à Israël.

Le Hamas avait accusé Israël, qui a démenti, d'avoir bombardé mardi l'hôpital Ahli Arab à Gaza. Cette frappe a fait au moins 471 morts, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

Selon une note du renseignement américain dont l'AFP a pu consulter des extraits jeudi, le bilan se situe "probablement dans le bas d'une fourchette comprise entre 100 et 300" morts.

Cette synthèse transmise au Congrès affirme, ainsi que l'avait déclaré mercredi Joe Biden, qu'Israël "n'a probablement pas bombardé l'hôpital de la bande de Gaza".

Les photos et vidéos de l'AFP montrent des dizaines de corps dans des draps, des sacs mortuaires noirs ou sous des couvertures.

Israël a affirmé avoir des "preuves" de la responsabilité du Jihad islamique, un autre mouvement palestinien, dans la frappe sur l'hôpital.

Selon le Jihad islamique, allié du Hamas, classé comme lui organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, c'est une bombe larguée par un avion de l'armée israélienne qui a causé la tragédie.

Le président du Conseil européen appelle à soutenir l'Egypte

Le président du Conseil européen Charles Michel se rendra en Egypte samedi, a-t-il indiqué jeudi à Washington, appelant à soutenir ce pays qui pourrait devoir accueillir des dizaines de milliers de Palestiniens fuyant Gaza en guerre.

"L'Egypte a besoin de soutien, soutenons donc l'Egypte", a déclaré M. Michel, présent à Washington pour participer vendredi à un sommet avec le président américain Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Le responsable européen a encore insisté sur le "défi" que représentait le potentiel afflux de réfugiés en Egypte et dit s'attendre à un "important échange d'informations" vendredi lors du sommet à ce sujet.

«Crime haineux»

Sur le plan diplomatique, plusieurs pays s'activent pour éviter un embrasement régional.

En visite jeudi en Israël, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a exprimé son soutien à ce pays mais a appelé à accélérer l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza.

Il s'est ensuite rendu en Arabie saoudite, où le prince héritier Mohammed ben Salmane a estimé que le fait de "cibler des civils" à Gaza était un crime "haineux", mettant en garde contre les "répercussions dangereuses" sur la sécurité de la région et au-delà.

Le président égyptien et le roi Abdallah II de Jordanie ont réclamé l'"arrêt immédiat" du conflit et accusé Israël d'infliger à la bande de Gaza une "punition collective" visant à "affamer" les Palestiniens et à les "forcer au déplacement", selon Amman.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a, elle, entamé jeudi une nouvelle tournée au Proche-Orient.

Le Pentagone a annoncé qu'un destroyer américain "opérant dans le nord de la mer Rouge" avait abattu jeudi trois missiles sol-sol et plusieurs drones "se dirigeant potentiellement vers des cibles en Israël" et lancés par les rebelles houthis au Yémen.

La tension reste forte aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas.

L'armée libanaise a accusé Israël d'avoir tué jeudi un membre d'une "équipe de journalistes" qui couvrait des tensions à la frontière. Le 14 octobre, un journaliste de Reuters avait été tué, et six autres blessés de l'AFP, de Reuters et d'Al-Jazeera dans le sud du Liban

Selon le syndicat palestinien des journalistes, seize journalistes palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre.


Gaza: l'opération militaire israélienne à Rafah, un «recul» pour les négociations sur une trêve

S'adressant à la séance d'ouverture du Forum économique du Qatar, le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani a déclaré que les attaques contre Rafah avaient retardé les pourparlers de paix. (AFP)
S'adressant à la séance d'ouverture du Forum économique du Qatar, le Premier ministre qatari Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani a déclaré que les attaques contre Rafah avaient retardé les pourparlers de paix. (AFP)
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  • «Nous sommes presque dans une impasse», a déclaré le Premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors du Forum économique du Qatar
  • L'armée israélienne a multiplié tôt mardi ses frappes dans la bande de Gaza dévastée par plus de sept mois de guerre poussant encore la population à fuir pour se réfugier principalement à Rafah

DOHA: L'opération militaire d'Israël à Rafah a "fait reculer" les négociations avec le Hamas palestinien, a déploré mardi le Premier ministre du Qatar, médiateur dans les discussions pour une trêve dans la bande de Gaza, soulignant que les pourparlers étaient "presque dans une impasse".

"Au cours des dernières semaines en particulier, nous avions constaté un certain élan, mais malheureusement, les choses n'ont pas évolué dans la bonne direction, et en ce moment, nous sommes presque dans une impasse", a déclaré le Premier ministre Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, lors du Forum économique du Qatar.

"Bien sûr, ce qui s'est passé à Rafah nous a fait reculer", a-t-il ajouté.

Le Qatar, qui accueille le bureau politique du Hamas à Doha depuis 2012, est engagé -- aux côtés de l'Egypte et des Etats-Unis -- dans une médiation discrète depuis plusieurs mois entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

L'armée israélienne a multiplié tôt mardi ses frappes dans la bande de Gaza dévastée par plus de sept mois de guerre poussant encore la population à fuir pour se réfugier principalement à Rafah, ville à la lisière sud de la bande de Gaza assiégée.

Des frappes ont aussi visé Rafah, où près de 1,4 million de Palestiniens s'entassent. Si la grande majorité de cette population avait trouvé refuge à Rafah pour tenter d'échapper aux frappes et aux combats des derniers mois, une partie d'entre eux désormais fuit désormais cette ville adossée à la frontière fermée de l'Egypte.

"Il n'y a aucune clarté sur la manière d'arrêter la guerre du côté israélien. Je ne pense pas qu'ils envisagent cela comme une option (...), même quand nous parlons d'un accord et de l'éventualité d'un cessez-le-feu," a encore dit le Premier ministre du Qatar.

Israël signale "par ses déclarations qu'il restera là-bas (à Gaza, NDLR), qu'il poursuivra la guerre. Et il n'y a aucune clarté sur ce à quoi Gaza ressemblera après cela", a-t-il ajouté.


Premier employé international de l'ONU tué à Gaza, lors d'une attaque 

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  • Le secrétaire général est "profondément attristé d'apprendre la mort d'un membre du Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies (DSS) et les blessures d'un autre lorsque que leur véhicule de l'ONU a été frappé
  • Il n'a à ce stade pas précisé la nationalité de l'employé décédé et du blessé, et n'a pu donner de détails sur les circonstances

NATIONS-UNIES: Un membre des services de sécurité de l'ONU a été tué lundi lors d'une attaque contre son véhicule à Gaza, a indiqué un porte-parole, précisant qu'il s'agissait du premier employé international des Nations unies tué dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre.

Le secrétaire général est "profondément attristé d'apprendre la mort d'un membre du Département de la sûreté et de la sécurité des Nations unies (DSS) et les blessures d'un autre lorsque que leur véhicule de l'ONU a été frappé, alors qu'ils se rendaient à l'hôpital européen de Rafah ce (lundi) matin", a déclaré Farhan Haq, porte-parole adjoint d'Antonio Guterres.

Il s'agit de "la première victime internationale" de l'ONU depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza en représailles à l'attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre, a-t-il précisé, rappelant que quelque 190 employés palestiniens de l'ONU y ont été tués, principalement du personnel de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Le secrétaire général "condamne toutes les attaques contre le personnel de l'ONU et appelle à une enquête complète", a-t-il ajouté.

Il n'a à ce stade pas précisé la nationalité de l'employé décédé et du blessé, et n'a pu donner de détails sur les circonstances.

"Je n'ai pas tous les détails" mais "je crois qu'il s'agissait d'un convoi en mouvement, et que le véhicule du DSS a été touché", a-t-il indiqué, précisant que tous les véhicules étaient identifiés comme appartenant à l'ONU.

Le DSS assure notamment la sécurité des agences et programmes de l'ONU dans plus de 130 pays.


Gaza: Netanyahu assure qu'environ la moitié des morts sont des combattants du Hamas

Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait". (AFP).
Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait". (AFP).
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dans un podcast qu'environ la moitié des personnes tuées à Gaza depuis le début de la guerre étaient "des combattants du Hamas"
  • Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont encore répété lundi soir que l'armée israélienne "peut et doit en faire plus pour assurer la protection des civils", sans donner de chiffres.

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dans un podcast qu'environ la moitié des personnes tuées à Gaza depuis le début de la guerre étaient "des combattants du Hamas", assurant que le bilan global était inférieur à celui annoncé par le mouvement islamiste.

"Même si nous sommes confrontés à un ennemi particulièrement cynique, nous avons réussi à maintenir le ratio civils/combattants tués" à "environ un pour un", a déclaré M. Netanyahu au podcast Call Me Back, lors d'une interview réalisée dimanche.

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont encore répété lundi soir que l'armée israélienne "peut et doit en faire plus pour assurer la protection des civils", sans donner de chiffres.

Mi-avril, le Haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Volker Türk, avait souligné que les enfants "payent de façon disproportionnée le prix ultime de cette guerre".

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza, plus de 35.000 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, ont péri depuis le début de l'offensive israélienne consécutive à l'attaque sanglante menée le 7 octobre par le Hamas dans le sud d'Israël.

Le ministère ne précise pas combien de combattants figurent dans ce bilan.

M. Netanyahu a aussi insisté dans ce podcast sur le fait que le bilan des morts dans la bande de Gaza était en réalité d'environ 30.000 personnes. Environ "14.000 combattants ont été tués et probablement environ 16.000 civils ont été tués", a-t-il affirmé.

Un des objectifs affiché de l'offensive israélienne dans la bande de Gaza est d'"anéantir" le Hamas, dont l'attaque le 7 octobre a entraîné la mort plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 considérées mortes, selon l'armée.

Dans ce podcast, M. Netanyahu répète qu'Israël a fait dès le début "des efforts pour minimiser les pertes civiles comme aucune autre armée ne l'a fait".

Il prend pour preuve les tracts et messages vocaux envoyés à des dizaines de milliers de familles des quartiers de l'est de Rafah, pour les enjoindre d'évacuer avant des bombardements et "opérations ciblées" dans la zone.

Israël affirme que la ville abrite les derniers bataillons du Hamas et martèle son intention d'y mener une opération terrestre d'ampleur. Mais, selon l'ONU, la ville abrite aussi 1,4 million de civils --habitants et Gazaouis déplacés par les combats dans le reste de Gaza--, faisant craindre un carnage.

Depuis une semaine, Israël défie l'opposition de la communauté internationale, notamment celle de son principal allié Washington, et des chars et des troupes mènent des opérations de plus en profondément dans l'est de Rafah, appuyés par des frappes aériennes.

Cela a provoqué l'exode de près de 360.000 personnes de l'est de Rafah, selon l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui a averti qu'"aucun endroit n'est sûr" dans la bande de Gaza, largement dévastée par sept mois de guerre.