LONDRES : Le personnel du ministère britannique des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement a été invité à quitter son emploi s'il n'est pas d'accord avec la politique du gouvernement à l'égard de Gaza.
Plus de 300 fonctionnaires ont signé une lettre envoyée le mois dernier au ministre des affaires étrangères, David Lammy, pour lui faire part de leurs inquiétudes concernant les ventes d'armes britanniques et leur "complicité" dans le "mépris flagrant [...] du droit international" par l'armée israélienne dans l'enclave palestinienne.
Dans une réponse à la lettre, envoyée par les deux plus hauts fonctionnaires du ministère, Nick Dyer et Sir Oliver Robbins, les signataires ont été informés : "(Si) votre désaccord avec un aspect quelconque de la politique ou de l'action du gouvernement est profond, votre ultime recours est de démissionner de la fonction publique. C'est une solution honorable".
Un fonctionnaire qui a signé la plainte initiale a déclaré à la BBC : "(Il y a) de la frustration et un profond sentiment de déception à l'idée que l'espace de contestation soit de plus en plus réduit".
Cette lettre est le quatrième cas où des fonctionnaires contactent de hauts responsables pour leur faire part de leurs inquiétudes quant à la position du Royaume-Uni sur la guerre à Gaza.
Les signataires de cette lettre, envoyée le 16 mai, comprennent des employés d'ambassades étrangères et des employés basés à Londres.
Parmi les sujets abordés figurent les violations potentielles du droit international, le nombre de morts à Gaza et les activités des colons israéliens en Cisjordanie occupée.
"En juillet 2024, le personnel a exprimé son inquiétude quant aux violations du droit humanitaire international par Israël et à la complicité potentielle du gouvernement britannique. Dans l'intervalle, la réalité du mépris d'Israël pour le droit international est devenue plus criante", indique la lettre.
Elle ajoute que les actions d'Israël, notamment son blocus sur l'aide alimentaire entrant à Gaza, ont conduit "de nombreux experts et organisations humanitaires à accuser Israël d'utiliser la famine comme arme de guerre", et que le Royaume-Uni facilite les "violations potentielles du droit international" en continuant d'exporter des armes vers le pays.
La lettre note également que "le gouvernement israélien a explicitement planifié le transfert forcé de la population de Gaza".
Dans leur réponse, M. Dyer et Sir Oliver ont déclaré qu'il "pourrait être utile" de "rappeler" aux signataires que l'OCFD dispose de systèmes permettant de répondre aux préoccupations du personnel en matière de politique, y compris le "recours ultime" que constitue la démission.
Le "marché au cœur de la fonction publique britannique est que nous nous engageons à mettre en œuvre les politiques du gouvernement du jour de tout cœur, dans les limites imposées par la loi et le code de la fonction publique", ont-ils écrit.
Un ancien fonctionnaire du FCDO a déclaré à la BBC que la réponse rhétorique "fournit simplement au gouvernement une prétendue 'dénégation plausible' pour permettre des violations du droit international".
Le fonctionnaire a ajouté, sous couvert d'anonymat, que l'OCFD n'avait pas tiré les leçons du rapport Chilcot de 2016 sur la guerre d'Irak, qui avait suggéré l'existence de "croyances enracinées" au sein de la fonction publique, nécessitant des systèmes pour remettre en question la "pensée de groupe" à l'avenir.
L'OCFD a déclaré dans un communiqué : "Il existe des systèmes en place qui permettent (au personnel) de faire part de leurs préoccupations s'ils en ont.
Un porte-parole a ajouté : "Depuis le premier jour, ce gouvernement applique rigoureusement le droit international en ce qui concerne la guerre à Gaza.
"L'un des premiers actes de notre gouvernement a été de suspendre les licences d'exportation susceptibles d'être utilisées par les forces de défense israéliennes à Gaza.
"Nous avons suspendu les exportations directes de pièces de F-35 destinées à Israël, et nous n'exportons catégoriquement aucune bombe ou munition susceptible d'être utilisée à Gaza.
Le gouvernement britannique a déjà déclaré qu'il estimait qu'Israël "risquait" d'enfreindre le droit international et humanitaire à Gaza.
En septembre dernier, 30 licences d'exportation d'armes ont été suspendues par crainte d'un "risque évident" d'utilisation illégale, mais plus de 300 sont toujours en vigueur.
La guerre à Gaza a tué plus de 50 000 Palestiniens et en a déplacé des millions d'autres qui n'ont pas accès aux ressources de base.
L'année dernière, la Cour pénale internationale a émis des mandats d'arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de l'ancien ministre de la défense Yoav Gallant.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com