Grèce: grève des marins pour protester contre la mort d'un passager jeté à la mer

Les ferries en Grèce sont restés à quai mercredi en raison d'une grève observée par le syndicat des  marins (PNO) après "la mort tragique" d'un passager poussé à l'eau par des membres d'équipage d'un bateau dans le port du Pirée. (Photo d'illustration AFP).
Les ferries en Grèce sont restés à quai mercredi en raison d'une grève observée par le syndicat des  marins (PNO) après "la mort tragique" d'un passager poussé à l'eau par des membres d'équipage d'un bateau dans le port du Pirée. (Photo d'illustration AFP).
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Publié le Mercredi 13 septembre 2023

Grèce: grève des marins pour protester contre la mort d'un passager jeté à la mer

  • Malgré les cris des passagers, le ferry avait quitté le port et aucun membre d'équipage n'avait cherché à porter secours à cet homme qui s'est noyé
  • Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis avait exprimé son "dégoût et son horreur" face à cet "événement choquant"

ATHENES: Les ferries en Grèce sont restés à quai mercredi en raison d'une grève observée par le syndicat des  marins (PNO) après "la mort tragique" d'un passager poussé à l'eau par des membres d'équipage d'un bateau dans le port du Pirée.

"A l'occasion des terribles événements survenus à bord du navire 'Blue Horizon', qui ont entraîné la mort tragique du passager Antonis Karyotis", le PNO a appelé à une grève de 24 heures mercredi, selon un communiqué.

La victime, Antonis Karyotis, 36 ans, était arrivée en courant pour monter in extremis à bord d'un ferry qui s'apprêtait, mardi dernier, à quitter ce port proche d'Athènes et à destination de la Crète.

Mais sur la rampe, des membres de l'équipage avaient tenté de l'empêcher d'embarquer. L'un d'eux l'avait poussé, le faisant tomber dans la mer, selon une vidéo qui a choqué toute la Grèce.

Malgré les cris des passagers, le ferry avait quitté le port et aucun membre d'équipage n'avait cherché à porter secours à cet homme qui s'est noyé.

Le syndicat PNO déplore toutefois "les accusations tous azimuts contre tous les marins grecs", qui travaillent "des heures supplémentaires" en violation du droit de travail, ce qui "conduit mathématiquement à la mise en danger de la sécurité des navires eux-mêmes, des passagers".

L'incident a suscité un immense émoi dans le pays. Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis avait exprimé son "dégoût et son horreur" face à cet "événement choquant".

Le ministre de la Marine marchande a démissionné lundi et quatre membres de l'équipage, dont le capitaine, ont été inculpés pour homicide et complicité de meurtre.

Le directeur général de la compagnie maritime Attica groupe, propriétaire du Blue Horizon, a également démissionné.


Réseaux sociaux : un rapport tire la sonnette d'alarme sur la santé mentale des enfants

Les langues se délient et les révélations se succèdent pour dénoncer des comportements complètement déviants (Photo, AFP)
Les langues se délient et les révélations se succèdent pour dénoncer des comportements complètement déviants (Photo, AFP)
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  • Plus de 14 % des 10-19 ans dans le monde connaissent des problèmes de santé mentale, avec un taux de suicide global moyen de 6 pour 100 000 adolescents âgés de 15 à 19 ans.
  • Dans son rapport pour 2025, KidsRights a identifié une « corrélation troublante » entre la détérioration de la santé mentale des enfants et ce que l'organisation qualifie d'utilisation « problématique » des réseaux sociaux.

AMSTERDAM, PAYS-BAS : La crise de la santé mentale chez les enfants a atteint un point critique, exacerbée par « l'expansion incontrôlée » des réseaux sociaux, selon un rapport du groupe de défense des droits des enfants KidsRights publié mercredi.

Selon les recherches menées par cette organisation basée à Amsterdam et l'université Erasmus de Rotterdam, plus de 14 % des 10-19 ans dans le monde connaissent des problèmes de santé mentale, avec un taux de suicide global moyen de 6 pour 100 000 adolescents âgés de 15 à 19 ans.

« Le rapport de cette année est un signal d'alarme que nous ne pouvons plus ignorer », a déclaré dans un communiqué Marc Dullaert, fondateur et président de KidsRights.

« La crise de la santé mentale et/ou du bien-être de nos enfants a atteint un point de bascule, exacerbé par l'expansion incontrôlée des plateformes de réseaux sociaux qui donnent la priorité à l'engagement plutôt qu'à la sécurité des enfants », a-t-il poursuivi. 

Le KidsRights Index, rapport annuel conduit par la fondation, évalue le degré d'adhésion de 194 pays aux droits des enfants et la manière dont les pays s'efforcent d'améliorer ces droits.

Dans son rapport pour 2025, KidsRights a identifié une « corrélation troublante » entre la détérioration de la santé mentale des enfants et ce que l'organisation qualifie d'utilisation « problématique » des réseaux sociaux, à savoir une utilisation compulsive et addictive des réseaux qui a un impact négatif sur le fonctionnement quotidien de l'utilisateur.

Le manque de données sur la santé mentale des enfants constitue un problème majeur et révèle selon le rapport un « besoin urgent » d'action coordonnée pour prendre en compte l'impact nocif de l'environnement numérique sur les enfants et adolescents. 

« Nous assistons à la lutte des gouvernements pour contenir une crise numérique qui est en train de remodeler fondamentalement l'enfance », a poursuivi M. Dullaert, appelant à accorder la priorité au bien-être des enfants plutôt qu'aux profits des entreprises.

Le rapport met en évidence des variations régionales importantes, faisant de l'Europe la région où les enfants de 13 ans sont le plus exposés au risque d'utilisation problématique des réseaux sociaux (13 %), et où le niveau de dépendance numérique des jeunes de 15 ans est « sans précédent », 39 % d'entre eux étant en contact continu avec leurs amis via les réseaux sociaux. 

Soutenue par la France et l'Espagne, la Grèce a proposé la semaine dernière, lors d'une réunion ministérielle au Luxembourg, d'encadrer l'utilisation des plateformes en ligne par les enfants, face aux inquiétudes concernant leur caractère addictif.

En février, la mini-série Adolescence de Netflix avait révélé notamment les influences toxiques et misogynes auxquelles les jeunes sont exposés en ligne, poussant les gouvernements britannique et français à vouloir intégrer le visionnage du programme dans les écoles.

Adolescence « a mis en lumière les préoccupations mondiales concernant la représentation et la protection des enfants sur les plateformes numériques — mais nous avons besoin d'action, pas seulement d'indignation », a conclu M. Dullaert. 


En cas de désaccord avec la politique du gouvernement britannique à l'égard de Gaza, les fonctionnaires sont invités à démissionner

(Fichier : AFP)
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  • Plus de 300 employés du Foreign Office ont signé une lettre adressée au ministre des affaires étrangères pour lui faire part de leurs inquiétudes.
  • La Grande-Bretagne facilite des "violations potentielles du droit international" en exportant des armes vers Israël

LONDRES : Le personnel du ministère britannique des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement a été invité à quitter son emploi s'il n'est pas d'accord avec la politique du gouvernement à l'égard de Gaza.

Plus de 300 fonctionnaires ont signé une lettre envoyée le mois dernier au ministre des affaires étrangères, David Lammy, pour lui faire part de leurs inquiétudes concernant les ventes d'armes britanniques et leur "complicité" dans le "mépris flagrant [...] du droit international" par l'armée israélienne dans l'enclave palestinienne.

Dans une réponse à la lettre, envoyée par les deux plus hauts fonctionnaires du ministère, Nick Dyer et Sir Oliver Robbins, les signataires ont été informés : "(Si) votre désaccord avec un aspect quelconque de la politique ou de l'action du gouvernement est profond, votre ultime recours est de démissionner de la fonction publique. C'est une solution honorable".

Un fonctionnaire qui a signé la plainte initiale a déclaré à la BBC : "(Il y a) de la frustration et un profond sentiment de déception à l'idée que l'espace de contestation soit de plus en plus réduit".

Cette lettre est le quatrième cas où des fonctionnaires contactent de hauts responsables pour leur faire part de leurs inquiétudes quant à la position du Royaume-Uni sur la guerre à Gaza.

Les signataires de cette lettre, envoyée le 16 mai, comprennent des employés d'ambassades étrangères et des employés basés à Londres.

Parmi les sujets abordés figurent les violations potentielles du droit international, le nombre de morts à Gaza et les activités des colons israéliens en Cisjordanie occupée.

"En juillet 2024, le personnel a exprimé son inquiétude quant aux violations du droit humanitaire international par Israël et à la complicité potentielle du gouvernement britannique. Dans l'intervalle, la réalité du mépris d'Israël pour le droit international est devenue plus criante", indique la lettre.

Elle ajoute que les actions d'Israël, notamment son blocus sur l'aide alimentaire entrant à Gaza, ont conduit "de nombreux experts et organisations humanitaires à accuser Israël d'utiliser la famine comme arme de guerre", et que le Royaume-Uni facilite les "violations potentielles du droit international" en continuant d'exporter des armes vers le pays.

La lettre note également que "le gouvernement israélien a explicitement planifié le transfert forcé de la population de Gaza".

Dans leur réponse, M. Dyer et Sir Oliver ont déclaré qu'il "pourrait être utile" de "rappeler" aux signataires que l'OCFD dispose de systèmes permettant de répondre aux préoccupations du personnel en matière de politique, y compris le "recours ultime" que constitue la démission.

Le "marché au cœur de la fonction publique britannique est que nous nous engageons à mettre en œuvre les politiques du gouvernement du jour de tout cœur, dans les limites imposées par la loi et le code de la fonction publique", ont-ils écrit.

Un ancien fonctionnaire du FCDO a déclaré à la BBC que la réponse rhétorique "fournit simplement au gouvernement une prétendue 'dénégation plausible' pour permettre des violations du droit international".

Le fonctionnaire a ajouté, sous couvert d'anonymat, que l'OCFD n'avait pas tiré les leçons du rapport Chilcot de 2016 sur la guerre d'Irak, qui avait suggéré l'existence de "croyances enracinées" au sein de la fonction publique, nécessitant des systèmes pour remettre en question la "pensée de groupe" à l'avenir.

L'OCFD a déclaré dans un communiqué : "Il existe des systèmes en place qui permettent (au personnel) de faire part de leurs préoccupations s'ils en ont.

Un porte-parole a ajouté : "Depuis le premier jour, ce gouvernement applique rigoureusement le droit international en ce qui concerne la guerre à Gaza.

"L'un des premiers actes de notre gouvernement a été de suspendre les licences d'exportation susceptibles d'être utilisées par les forces de défense israéliennes à Gaza.

"Nous avons suspendu les exportations directes de pièces de F-35 destinées à Israël, et nous n'exportons catégoriquement aucune bombe ou munition susceptible d'être utilisée à Gaza.

Le gouvernement britannique a déjà déclaré qu'il estimait qu'Israël "risquait" d'enfreindre le droit international et humanitaire à Gaza.

En septembre dernier, 30 licences d'exportation d'armes ont été suspendues par crainte d'un "risque évident" d'utilisation illégale, mais plus de 300 sont toujours en vigueur.

La guerre à Gaza a tué plus de 50 000 Palestiniens et en a déplacé des millions d'autres qui n'ont pas accès aux ressources de base.

L'année dernière, la Cour pénale internationale a émis des mandats d'arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et de l'ancien ministre de la défense Yoav Gallant. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


À Srebrenica, 30 ans après le génocide, l'espoir infatigable de retrouver les dernières victimes

Dragana Vucetic, médecin et anthropologue légiste à la Commission internationale pour les personnes disparues (ICMP), pose dans le laboratoire de l'ICMP à Tuzla, le 4 juin 2025.  (Photo par ELVIS BARUKCIC / AFP)
Dragana Vucetic, médecin et anthropologue légiste à la Commission internationale pour les personnes disparues (ICMP), pose dans le laboratoire de l'ICMP à Tuzla, le 4 juin 2025. (Photo par ELVIS BARUKCIC / AFP)
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  • plus de 8 000 hommes et adolescents bosniaques (musulmans) ont été tués en l'espace de quelques jours, après la conquête de l'enclave de Srebrenica, pourtant « zone protégée » de l'ONU.
  • À ce jour, plus de 6 800 victimes, soit environ 80 %, ont été identifiées, détaille la docteure Dragana Vucetic, anthropologue médico-légale au sein de la Commission internationale pour les personnes disparues (ICMP). 

SCEBRENICA, BOSNIE HERZEGOVINE : La joie d'avoir survécu aux massacres de Srebrenica en 1995 n'a pas duré longtemps pour Sadik Selimovic. Lorsqu'il apprend que ses trois frères et son père n'ont pas eu cette chance, sa vie prend la « seule direction possible » : partir à leur recherche.

Trente ans plus tard, cet homme de 62 ans, que la tragédie familiale a poussé à devenir enquêteur à l'Institut bosnien pour les personnes disparues, ne parvient pas à maîtriser son angoisse face au fait que les restes d'environ mille victimes n'ont pas encore été retrouvés.

Dans ce génocide, comme l'a jugé la justice internationale, commis en juillet 1995 par les forces serbes de Bosnie, plus de 8 000 hommes et adolescents bosniaques (musulmans) ont été tués en l'espace de quelques jours, après la conquête de l'enclave de Srebrenica, pourtant « zone protégée » de l'ONU.

« Au cours des trois dernières années, nous avons mené des recherches dans 62 endroits », espérant découvrir des fosses communes, « mais nous n'avons pas trouvé le moindre corps », explique Sadik Selimovic dans un entretien avec l'AFP. 

« Ceux qui savent où se trouvent les charniers ne veulent pas le dire », poursuit cet homme qui passe son temps à chercher des témoins parmi les Serbes qui vivent dans la région de Srebrenica, souvent ses voisins, ses amis d'école ou ceux avec qui il a travaillé avant la guerre (1992-1995) dans l'usine de batteries de Potocari, aujourd'hui centre mémorial du génocide.

« Comment peuvent-ils vivre avec ce qu'ils savent ? », s'interroge-t-il. « Je ne comprends pas. Mais il y a des gens qui ont parlé. Il faut aussi le dire. »

La dernière fosse commune, avec dix victimes de Srebrenica, a été découverte en 2021 dans la région de Dobro Polje, à 180 km au sud-ouest de la ville.

À ce jour, plus de 6 800 victimes, soit environ 80 %, ont été identifiées, détaille la docteure Dragana Vucetic, anthropologue médico-légale au sein de la Commission internationale pour les personnes disparues (ICMP). 

Dans la morgue de l'ICMP et de la Commission bosnienne pour les personnes disparues à Tuzla, dans le nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine, se trouvent encore les restes de « 90 personnes dont l'empreinte génétique (ADN) a été isolée », mais qui n'ont pas encore pu être identifiées.

On y trouve également une cinquantaine de victimes identifiées. « Mais les familles ne souhaitent toujours pas valider l'identification et autoriser l'inhumation. Le plus souvent, parce que les restes squelettiques sont incomplets », explique cette experte qui travaille depuis plus de vingt ans au centre d'identification.

Dans un premier temps, les bourreaux ont jeté les corps des victimes dans de grandes fosses communes à proximité des « cinq lieux d'exécutions de masse ». 

- Fosses communes -

« Quelques mois plus tard, ces fosses ont été ouvertes et les cadavres, déjà au premier stade de décomposition, ont été transportés vers d'autres endroits, parfois à une centaine de kilomètres de distance », raconte le Dr Vucetic.

C'est là que les cadavres ont été « déchirés en morceaux » par des pelles mécaniques et des bulldozers, puis transportés souvent à deux ou trois endroits différents, dans une tentative de dissimuler le crime.

« Lors des exhumations, nous avons retrouvé des corps complets dans seulement 10 % des cas », précise Dragana Vucetic. Grâce à des tests ADN, il a été possible de recomposer certains squelettes dont des parties ont été retrouvées dans quatre fosses communes différentes. 

Entre 2012 et 2022, environ 6 000 personnes ont été identifiées, puis les identifications se sont raréfiées, avec seulement trois cas depuis début 2025.

Mevlida Omerovic, 69 ans, espère depuis 2013 que le squelette de son mari, Hasib, tué à l'âge de 33 ans avec son frère Hasan, soit exhumé afin que les trois corps soient enterrés ensemble au mémorial de Srebrenica.

« Il ne reste que sa mâchoire, mais j'ai maintenant décidé de le faire enterrer », a-t-elle déclaré lors des commémorations du 30^e anniversaire du génocide, le 11 juillet. « Nous saurons où se trouve sa tombe et nous pourrons nous y rendre pour prier », dit Mme Omerovic. Son frère Senad, tué à l'âge de 17 ans, n'a jamais été retrouvé.

L'enquêteur Sadik Selimovic a retrouvé les restes de ses frères et de son père. Le dernier qu'il a retrouvé est son petit frère Sabahudin, enterré en 2023.

Mais il n'a pas l'intention de s'arrêter là. « C'est ce qui me maintient en vie. Je sais ce que c'est que d'apprendre que l'on a retrouvé un proche », dit-il.

Alors, il lit les témoignages, sillonne la zone et retourne des dizaines de fois aux mêmes endroits pour les examiner attentivement.

Mais ce qui l'inquiète, c'est la Drina, le fleuve qui marque la frontière naturelle entre la Bosnie et la Serbie et qui coule non loin de Srebrenica. « Je crains que la Drina ne soit la plus grande fosse commune. Personne ne retrouvera jamais ceux qui y ont trouvé la mort ».