Ukraine: Poutine est-il en train de gagner?

Le président russe Vladimir Poutine (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 21 février 2024

Ukraine: Poutine est-il en train de gagner?

  • Face à lui, les dirigeants occidentaux ne cessent de répéter leur refus de voir la Russie gagner en Ukraine
  • L'Ukraine aussi s'inquiète d'une éventuelle deuxième présidence de Donald Trump, qui a assuré l'an dernier vouloir «régler cette guerre en 24 heures» s'il était réélu

PARIS: L'ancien président George W. Bush pensait avoir entrevu une partie de "son âme". L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair estimait qu'il méritait une place à la "table d'honneur" et Emmanuel Macron l'avait convié à de longues heures de discussion dans la résidence estivale des présidents français.

Depuis plus de 24 ans qu'il est au pouvoir en Russie, les dirigeants occidentaux ont souvent pensé comprendre la stratégie de  Vladimir Poutine, et défendu la place de Moscou comme partenaire international.

Cette approche a volé en éclats le 24 février 2022 avec l'invasion de l'Ukraine.

Dans les premiers mois du conflit, l'armée russe a certes échoué à prendre les principales villes ukrainiennes, dans ce qui devait être une offensive éclair.

Mais l'homme fort du Kremlin affiche aujourd'hui une satisfaction croissante, allant jusqu'à assurer début février qu'une défaite stratégique de la Russie est "impossible par définition". Ses troupes ont neutralisé cet été une contre-offensive ukrainienne, et de larges pans de territoires dans le sud et l'est de l'Ukraine restent aux mains de la Russie, tout comme la péninsule de Crimée annexée en 2014. La semaine dernière, Moscou a par ailleurs remporté une victoire symbolique en s'emparant de la ville d'Avdiivka, dans le Donbass.

Soutien vital pour l'Ukraine

Face à lui, les dirigeants occidentaux ne cessent de répéter leur refus de voir la Russie gagner en Ukraine.

"Le président Poutine est persuadé qu'il peut tenir plus longtemps que l'Occident. Il nous incombe donc de faire preuve de détermination pour lui prouver qu'il a tort", commentait récemment un haut responsable occidental, sous couvert d'anonymat.

Mais l'humeur est sombre dans le camp pro-ukrainien, miné par ses divisions et peinant à tenir ses promesses d'aide à Kiev.

Or, seul un soutien accru à une Ukraine bientôt à court de munitions peut changer la donne, estiment nombre d'analystes.  Mais il est loin d'être garanti, au moment où les élus américains se déchirent sur un nouveau programme d'aide, et où l'hypothèse d'un retour de Donald Trump à la Maison Blanche tétanise les Européens. Ses dernières attaques contre les mauvais payeurs de l'OTAN augurent mal de sa solidarité avec les membres de l'Alliance face à une éventuelle agression russe.

Moscou et Kiev "font la course pour reconstruire leur capacité offensive. Si les fonds occidentaux ne sont pas débloqués, si la Russie prend l'avantage d'une manière ou d'une autre, elle aura la possibilité de faire de nouveaux progrès", explique à l'AFP Andrea Kendall Taylor, chercheuse au Center for New american security, basé à Washington.

"La dynamique a changé", estime cette analyste, soulignant que "du point de vue de Poutine, 2024 est une année cruciale".

«Fenêtre d'opportunité» russe

L'Ukraine aussi s'inquiète d'une éventuelle deuxième présidence de Donald Trump, qui a assuré l'an dernier vouloir "régler cette guerre en 24 heures" s'il était réélu. Les partis d'extrême droite, plus souples à l'égard de la Russie, sont par ailleurs en plein essor en France et en Allemagne.

L'année 2024 représente par conséquent pour Vladimir Poutine une "fenêtre d'opportunité" pour tirer parti des faiblesses de l'Occident, analyse Tatiana Stanovaya, fondatrice du cabinet R. Politik consultancy.

Le dirigeant russe mise notamment sur "une limitation temporaire du soutien militaire occidental, la production de munitions ne devant s'accélérer qu'au début de 2025", écrit-elle sur sa chaîne Telegram.

Les Occidentaux, eux, parient sur les faiblesses intérieures de la Russie, avec une économie à la remorque de la guerre, une démographie déclinante, de premiers signes de lassitude vis-à-vis du conflit dans l'opinion publique russe et l'ampleur des pertes humaines que des sources occidentales estiment à 350.000 tués ou blessés côté russe.

"Le maintien de la stabilité intérieure absorbe une grande partie de la bande passante de Poutine", pointe Dara Massicot, chercheuse pour la Fondation Carnegie pour la paix internationale, qui voit un "excès de confiance" dans le ton actuel des responsables russes.

Mais sans un soutien occidental significatif, "je ne sais pas dans quelle position de négociation les Ukrainiens se trouveraient. Celle-ci serait terrible", analyse-t-elle.


Attaque dans le Colorado: Israël dénonce un acte antisémite favorisé par «les médias»

Le ministre israélien des Affaires étrangères a dénoncé lundi comme un acte antisémite favorisé "par les médias" l'attaque contre une manifestation pour la libération des otages israéliens à Gaza ayant fait plusieurs blessés dimanche dans l'Etat du Colorado (ouest des Etats-Unis). (AFP)
Le ministre israélien des Affaires étrangères a dénoncé lundi comme un acte antisémite favorisé "par les médias" l'attaque contre une manifestation pour la libération des otages israéliens à Gaza ayant fait plusieurs blessés dimanche dans l'Etat du Colorado (ouest des Etats-Unis). (AFP)
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  • "Les attaques antisémites dans le monde sont le résultat direct des accusations de meurtres rituels contre l'Etat et le peuple juifs, et il faut y mettre un terme", a-t-il ajouté
  • Le chef de l'opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid, a déploré "un nouvel acte de violence antisémite"

JERUSALEM: Le ministre israélien des Affaires étrangères a dénoncé lundi comme un acte antisémite favorisé "par les médias" l'attaque contre une manifestation pour la libération des otages israéliens à Gaza ayant fait plusieurs blessés dimanche dans l'Etat du Colorado (ouest des Etats-Unis).

"Choqué par ce terrible attentat terroriste antisémite visant des Juifs à Boulder, Colorado", écrit Gideon Saar sur son compte X. "C'est de l'antisémitisme à l'état pur, alimenté par les accusations de meurtres rituels [contre les Juifs] propagées dans les médias", écrit-il.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a lui dénoncé une attaque visant "des personnes pacifiques qui souhaitaient exprimer leur solidarité avec les otages retenus par le Hamas, simplement parce qu'elles étaient juives", dans un communiqué de son bureau.

"Les attaques antisémites dans le monde sont le résultat direct des accusations de meurtres rituels contre l'Etat et le peuple juifs, et il faut y mettre un terme", a-t-il ajouté.

Le chef de l'opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid, a déploré "un nouvel acte de violence antisémite".

"Nous sommes tous horrifiés par la violente attaque terroriste perpétrée au Colorado contre des manifestants pacifiques qui réclamaient simplement la libération de nos otages. Il s'agit d'un nouvel acte de violence antisémite, conséquence directe de la rhétorique extrême qui a attisé les flammes de l'antisémitisme", a-t-il écrit sur son compte X.

Dimanche, six personnes ont été blessées dans le Colorado par un homme armé d'engins incendiaires dans une attaque que la police fédérale américaine (FBI) a qualifiée de "terroriste", lors d'une manifestation pour la libération des otages israéliens retenus dans la bande de Gaza.

Sur 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023 lors de l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas ayant déclenché la guerre avec Israël, 57 restent retenues dans la bande de Gaza, au moins 34 d'entre elles étant mortes, selon les autorités israéliennes.

Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien où la situation humanitaire est désastreuse.


L'Ukraine mène une vaste attaque contre l'aviation russe, jusqu'en Sibérie

 L'Ukraine a mené dimanche une vaste attaque coordonnée de drones contre des aérodromes militaires en Russie, jusqu'en Sibérie, Moscou confirmant ensuite que plusieurs avions avaient "pris feu", à la veille de pourparlers attendus à Istanbul. (AFP)
L'Ukraine a mené dimanche une vaste attaque coordonnée de drones contre des aérodromes militaires en Russie, jusqu'en Sibérie, Moscou confirmant ensuite que plusieurs avions avaient "pris feu", à la veille de pourparlers attendus à Istanbul. (AFP)
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  • Dimanche, l'Ukraine a mené une "opération spéciale d'ampleur" contre quatre aérodromes militaires russes, dont certains à des milliers de kilomètres du front, selon une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU)
  • Quelque 41 avions utilisés pour "bombarder les villes ukrainiennes" ont été touchés, a-t-elle indiqué, citant notamment des bombardiers stratégiques Tu-95 et Tu-22 et des appareils radar A-50

KIEV: L'Ukraine a mené dimanche une vaste attaque coordonnée de drones contre des aérodromes militaires en Russie, jusqu'en Sibérie, Moscou confirmant ensuite que plusieurs avions avaient "pris feu", à la veille de pourparlers attendus à Istanbul.

Des délégations russe et ukrainienne sont attendues en Turquie lundi pour un nouveau cycle de négociations, plus de trois ans après le début de l'invasion russe.

Dimanche, l'Ukraine a mené une "opération spéciale d'ampleur" contre quatre aérodromes militaires russes, dont certains à des milliers de kilomètres du front, selon une source au sein des services de sécurité ukrainiens (SBU).

Quelque 41 avions utilisés pour "bombarder les villes ukrainiennes" ont été touchés, a-t-elle indiqué, citant notamment des bombardiers stratégiques Tu-95 et Tu-22 et des appareils radar A-50.

Le ministère russe de la Défense a confirmé que "plusieurs appareils aériens ont pris feu" après une attaque de drones dans des aérodromes des régions de Mourmansk et d'Irkoutsk, respectivement dans l'Arctique russe et en Sibérie orientale.

Il n'y a pas eu de victimes, selon le ministère.

Le premier des deux aérodromes cités, Olenia, est à près de 1.900 kilomètres de l'Ukraine, et le deuxième, Belaïa, à environ 4.300 kilomètres de l'Ukraine.

Les services ukrainiens ont publié une vidéo censée montrer la base de Belaïa, dans laquelle on peut voir plusieurs appareils en flammes, des panaches de fumée noire s'en élevant.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué les résultats "brillants" de cette attaque ayant mobilisé 117 drones, affirmant que son pays n'avait jamais mené d'opération à si "longue portée".

L'Ukraine envoie régulièrement des drones en Russie, en réponse aux attaques aériennes contre son territoire, mais a utilisé cette fois un mode opératoire entièrement différent.

Le ministère russe a indiqué que les drones avaient été lancés depuis des lieux se trouvant "à proximité immédiate des aérodromes".

"Toile d'araignée" 

L'Ukraine a fait passer clandestinement des drones en Russie, cachés dans des structures en bois dans le plafond de containers de transport, selon la source ukrainienne.

Les toits de ces structures ont ensuite été ouverts à distance pour laisser s'envoler les engins, selon elle.

Volodymyr Zelensky a aussi affirmé qu'un des lieux depuis lesquels l'attaque a été mise au point est situé "juste à côté" d'un des bureaux des services de sécurité russes (FSB).

Des agents travaillaient dans plusieurs régions russes, selon lui.

L'opération, au nom de code "toile d'araignée", a été préparée pendant plus d'un an et demi et supervisée par Volodymyr Zelensky, selon la source ukrainienne.

Elle a visé d'autres aérodromes, dont l'un dans l'Extrême-Orient russe, mais ces attaques ont été repoussées, a assuré le ministère russe.

La Russie a dit avoir arrêté des suspects, notamment le conducteur d'un camion d'où un drone avait décollé, selon les agences d'Etat.

Volodymyr Zelensky a lui assuré que les personnes impliquées dans la préparation de l'attaque ont été "extraites du territoire russe à temps".

Il a salué des résultats "absolument brillants" et dignes des "livres d'Histoire", tout comme d'autres responsables ukrainiens.

Des blogueurs militaires russes ont déploré à l'inverse un "jour noir pour l'aviation" de leur pays.

La chaîne Telegram Rybar, proche de l'armée russe, a estimé qu'"il s'agit sans exagération d'un coup très dur", dénonçant de "graves erreurs" des services spéciaux russes.

Effondrement de ponts 

Les conséquences de cette attaque sur les capacités militaires de la Russie sont difficiles à prédire, mais sa portée symbolique est importante dans le contexte des négociations.

L'Ukraine est à la peine sur le champ de bataille, son armée moins nombreuse et bien armée que celle de la Russie.

Cette attaque spectaculaire survient à la veille de négociations attendues entre Russie et Ukraine en Turquie, proposées par Moscou.

Le président Volodymyr Zelensky a annoncé dimanche qu'une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi.

Volodymyr Zelensky a notamment appelé à un "cessez-le-feu complet et inconditionnel", que Moscou refuse pour l'instant.

Les délégations russe et ukrainienne ont déjà tenu des pourparlers peu fructueux à Istanbul le 16 mai.

Malgré les efforts diplomatiques, leurs positions restent inconciliables.

Les autorités russes ont en outre dit enquêter sur des "actes de terrorisme", après l'effondrement de deux ponts dans les régions de Koursk et Briansk.

Cela a provoqué des accidents de train, dont l'un a fait au moins sept morts.

Les autorités d'investigation russes n'ont à ce stade fait aucun lien avec le conflit en Ukraine, laquelle n'a pas officiellement commenté l'effondrement des ponts.


Une délégation ukrainienne se rendra à Istanbul lundi pour y tenir des pourparlers avec la Russie

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé dimanche qu'une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi (Photo AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé dimanche qu'une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi (Photo AFP)
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  • « J'ai également défini nos positions avant la réunion de lundi à Istanbul », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
  • Les priorités de l'Ukraine étaient d'obtenir « un cessez-le-feu complet et inconditionnel », ainsi que « le retour des prisonniers » et des enfants ukrainiens que Kiev accuse Moscou d'avoir enlevés.

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé dimanche qu'une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi pour des pourparlers attendus avec la Russie.

« J'ai également défini nos positions avant la réunion de lundi à Istanbul », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux, ajoutant que la délégation serait dirigée par M. Oumerov, comme c'était le cas lors du premier cycle de négociations en mai.

Il a ajouté que les priorités de l'Ukraine étaient d'obtenir « un cessez-le-feu complet et inconditionnel », ainsi que « le retour des prisonniers » et des enfants ukrainiens que Kiev accuse Moscou d'avoir enlevés.

Les délégations russe et ukrainienne ont déjà tenu des pourparlers à Istanbul le 16 mai, afin de mettre fin à la guerre déclenchée par l'invasion russe de février 2022. 

Mais cette réunion avait été peu fructueuse, les deux pays ne s'étant accordés que sur un échange d'ampleur de prisonniers.

La Russie avait proposé un nouveau rendez-vous à Istanbul lundi, mais l'Ukraine avait pour l'heure laissé planer le doute sur sa participation.

Volodymyr Zelensky avait notamment accusé Moscou vendredi de saborder les négociations en refusant de transmettre à l'avance son « mémorandum » détaillant ses conditions pour un accord de paix.

Malgré les efforts diplomatiques, les positions des deux pays restent opposées.

Moscou exige notamment que Kiev renonce définitivement à rejoindre l'OTAN et lui cède les cinq régions dont elle revendique l'annexion.

Ces conditions sont inacceptables pour Kiev, qui exige en retour un retrait pur et simple des troupes russes de son territoire.

Moscou refuse également le cessez-le-feu inconditionnel exigé par Kiev, Washington et les Européens.

Volodymyr Zelensky a aussi appelé dimanche à « préparer une réunion au plus haut niveau », c'est-à-dire avec le président russe Vladimir Poutine.

Il avait déjà proposé à Vladimir Poutine d'organiser un entretien, mais le maître du Kremlin n'avait pas donné suite.