Arrestations en Tunisie: le président Saied s'insurge contre les critiques étrangères

Des manifestants brandissent des drapeaux et des pancartes lors d'une manifestation exigeant la libération de journalistes, militants et personnalités de l'opposition emprisonnés à Tunis lundi (Photo, Reuters).
Des manifestants brandissent des drapeaux et des pancartes lors d'une manifestation exigeant la libération de journalistes, militants et personnalités de l'opposition emprisonnés à Tunis lundi (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 16 mai 2024

Arrestations en Tunisie: le président Saied s'insurge contre les critiques étrangères

  • «Nous ne sommes pas intervenus dans leurs affaires quand ils ont arrêté des manifestants qui dénonçaient la guerre de génocide contre le peuple palestinien»
  • Samedi, l'avocate Sonia Dahmani, également chroniqueuse et voix critique notoire du président Saied, a été emmenée de force par des policiers encagoulés

TUNIS: Le président tunisien Kais Saied a dénoncé jeudi comme une "ingérence étrangère inacceptable" les inquiétudes exprimées par l'Union européenne, la France et les Etats-Unis après une vague d'arrestations d'avocats, de journalistes et de figures de la société civile.

Le chef de l'Etat, qui concentre tous les pouvoirs depuis l'été 2021, a ordonné au ministère des Affaires étrangères de "convoquer dès que possible les ambassadeurs d'un certain nombre de pays étrangers" pour leur transmettre sa "vive protestation contre une ingérence flagrante et inacceptable dans nos affaires intérieures".

"Nous ne sommes pas intervenus dans leurs affaires quand ils ont arrêté des manifestants qui dénonçaient la guerre de génocide contre le peuple palestinien", a ajouté M. Saied, dans une vidéo diffusée par la présidence avant l'aube.

Depuis une dizaine de jours, des figures de la société civile comme la militante antiraciste Saadia Mosbah, plusieurs avocats ainsi que des chroniqueurs à la radio et la télévision ont fait l'objet d'interpellations, souvent musclées.

Samedi, l'avocate Sonia Dahmani, également chroniqueuse et voix critique notoire du président Saied, a été emmenée de force par des policiers encagoulés alors qu'elle s'était réfugiée dans un bâtiment de l'Ordre des avocats. Lundi soir, cela a été au tour d'un autre avocat Mehdi Zagrouba d'y être interpellé.

Il a été hospitalisé en urgence dans la nuit de mercredi à jeudi, après avoir été frappé en détention et s'être évanoui, selon plusieurs avocats. Le président de la Ligue de défense des droits de l'homme Bassem Trifi a dit avoir constaté "avec le bâtonnier et des confrères des traces évidentes de violence et torture sur son corps".

Mardi, la France avait exprimé sa "préoccupation" après l'interpellation de Mme Dahmani dans un "contexte d'autres arrestations et interpellations, notamment de journalistes et membres d'associations".

Les Etats-Unis ont également critiqué la vague d'arrestations, jugeant ce "type d'agissement en contradiction avec ce que nous pensons être les droits universels explicitement garantis par la Constitution tunisienne".

L'Union européenne a exprimé son "inquiétude", soulignant que la liberté d'expression et l'indépendance de la justice constituaient "le socle" de son partenariat privilégié avec Tunis.

Depuis que le président Kais Saied, élu en octobre 2019 pour cinq ans devant se terminer à l'automne prochain, s'est octroyé les pleins pouvoirs lors d'un coup de force en juillet 2021, des ONG tunisiennes et internationales déplorent une régression des droits dans le pays berceau du Printemps arabe.


Gaza: Israël rappelle ses chefs négociateurs, laisse une équipe à Doha

Israël a accepté une "proposition américaine pour le retour des otages" qui a "été transmise au Hamas par les médiateurs" (Egypte et Qatar), mais "le Hamas campe sur son refus", indique un communiqué du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, sans détailler cette proposition américaine. (AFP)
Israël a accepté une "proposition américaine pour le retour des otages" qui a "été transmise au Hamas par les médiateurs" (Egypte et Qatar), mais "le Hamas campe sur son refus", indique un communiqué du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, sans détailler cette proposition américaine. (AFP)
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  • "Après environ une semaine de contacts intenses à Doha, les chefs négociateurs vont rentrer au pays pour consultation, laissant à Doha, une équipe de travail."
  • Le Forum des familles d'otages a réagi en faisant part de son inquiétude, dans un communiqué

JERUSALEM: Israël a annoncé mardi le rappel "pour consultation" de ses hauts responsables chargés des négociations à Doha en vue d'un accord sur la libération d'otages en échange d'un cessez-le-feu à Gaza, et le maintien d'une équipe de travail dans la capitale qatarie.

Israël a accepté une "proposition américaine pour le retour des otages" qui a "été transmise au Hamas par les médiateurs" (Egypte et Qatar), mais "le Hamas campe sur son refus", indique un communiqué du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu, sans détailler cette proposition américaine.

"Après environ une semaine de contacts intenses à Doha, les chefs négociateurs vont rentrer au pays pour consultation, laissant à Doha, une équipe de travail."

Le Forum des familles d'otages a réagi en faisant part de son inquiétude, dans un communiqué.

"Nous, les familles des otages retenus à Gaza, sommes profondément inquiètes et dévastées par la décision du Premier ministre Netanyahu de rappeler la délégation", indique le texte.

Sur les 251 personnes enlevées en Israël lors de l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, 57 restent retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.


Gaza: L'ONU autorisée à faire entrer «environ 100» camions d'aide 

Quatre des 5 premiers camions sont gérés par le Programme alimentaire mondial (PAM) et un par l'Unicef. (AFP)
Quatre des 5 premiers camions sont gérés par le Programme alimentaire mondial (PAM) et un par l'Unicef. (AFP)
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  • Une fois que les forces israéliennes ont laissé passer les camions dans la bande de Gaza, ils sont récupérés par les équipes de l'ONU qui se chargent ensuite de les acheminer pour pouvoir distribuer l'aide
  • Quatre des 5 premiers camions sont gérés par le Programme alimentaire mondial (PAM) et un par l'Unicef

GENEVE: L'ONU a été autorisée par Israël à faire entrer "environ 100" camions d'aide dans le territoire palestinien assiégé et affamé de Gaza, a annoncé mardi un porte-parole à Genève.

Neuf camions d'aide humanitaire des Nations unies avaient été autorisés à entrer lundi dans la bande de Gaza, le chef des opérations humanitaires de l'ONU parlant d'une "goutte d'eau dans l'océan" après 11 semaines de blocage total par Israël.

Cinq d'entre eux ont pour l'instant traversé le point de passage de Kerem Shalom, et l'ONU a reçu mardi l'autorisation de les récupérer, a déclaré un porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Une fois que les forces israéliennes ont laissé passer les camions dans la bande de Gaza, ils sont récupérés par les équipes de l'ONU qui se chargent ensuite de les acheminer pour pouvoir distribuer l'aide.

Quatre des 5 premiers camions sont gérés par le Programme alimentaire mondial (PAM) et un par l'Unicef.

"La prochaine étape consiste à les collecter, puis à les distribuer par le biais du système existant, celui qui a fait ses preuves", a indiqué M. Laerke.

Par ailleurs, a-t-il dit, "nous avons demandé et reçu l'autorisation de faire entrer beaucoup plus de camions aujourd'hui (...) et nous nous attendons à ce qu'un grand nombre d'entre eux, et nous espérons que tous, traversent aujourd'hui la frontière", a indiqué M. Laerke aux journalistes.

Il a précisé qu'il s'agissait d'"environ 100" camions, mais toutefois sans savoir précisément quand ces camions pourraient entrer dans la bande de Gaza.

Les Nations unies, comme les organisations d'aide internationale opérant dans la bande de Gaza dénoncent les pénuries depuis des semaines.

Le territoire côtier est confronté à un "risque critique de famine", selon le rapport IPC (Cadre Intégré de Classification de la sécurité alimentaire) publié le 12 mai.

Le chef de l'Organisation mondiale de la santé a affirmé lundi que "deux millions de personnes (étaient) affamées" à Gaza alors que des "tonnes de nourriture sont bloquées à la frontière".

Mis sous pression à l'étranger pour le blocus qui affame les Palestiniens de Gaza, Israël a annoncé dimanche autoriser une reprise limitée de l'aide humanitaire, parallèlement au lancement d'"opérations terrestres de grande envergure" à Gaza.

Mais face à l'immensité des besoins de la population, les organisations humanitaires estiment qu'il faudrait bien plus que des dizaines de camions.

"Cela fait 11 semaines que la bande de Gaza est assiégée" et "tout ce que nous faisons aujourd'hui, c'est essayer de réparer les dégâts qui ont déjà été causés à de nombreuses personnes", a indiqué pendant le point de presse une porte-parole de l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Louise Wateridge.

"Pour beaucoup, il est trop tard", a-t-elle averti, en liaison vidéo depuis Amman.

 


L'UE prête à lever toutes les sanctions économiques contre la Syrie 

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  • Cette levée des sanctions que l'UE avait décidé à l'encontre du régime du président déchu Bachar al-Assad, prévoit également un dégel des avoirs de la banque centrale syrienne, selon ces diplomates
  • La décision européenne fait suite à celle de Washington la semaine dernière

BRUXELLES: L'Union européenne est prête à lever toutes les sanctions économiques encore en vigueur contre la Syrie, ont indiqué mardi plusieurs diplomates européens.

Ces sanctions concernent essentiellement le système bancaire syrien, jusque là interdit d'accès au marché international des capitaux, selon ces diplomates, qui précisent que cet accord de principe des ambassadeurs de l'UE doit encore être formellement approuvé mardi par les ministres des Affaires étrangères des 27 réunis à Bruxelles.

Cette levée des sanctions que l'UE avait décidé à l'encontre du régime du président déchu Bachar al-Assad, prévoit également un dégel des avoirs de la banque centrale syrienne, selon ces diplomates.

La décision européenne fait suite à celle de Washington la semaine dernière.

Donald Trump avait créé la surprise mardi dernier en annonçant depuis Ryad qu'il levait les sanctions américaines contre la Syrie, à la veille de rencontrer brièvement le président syrien Ahmad al-Chareh en Arabie saoudite.

Les 27 n'excluent pas toutefois de nouvelles sanctions contre les responsables des violences conte la communauté alaouite en Syrie ces dernières semaines.

D'autres mesures visant le régime Assad et interdisant la vente d'armes ou d'équipements susceptibles d'être utilisés pour la répression vont rester en place.

Cette levée de sanctions contre la Syrie fait suite à une première mesure prise en février, qui consistait à suspendre certaines sanctions imposées à des secteurs économiques clés de la Syrie. Selon des responsables européens, ces mesures pourraient être réimposées si les nouveaux dirigeants syriens ne tenaient pas leur promesse de respecter les droits des minorités et de progresser sur le chemin de la démocratie.