Guerre au Soudan: l'arrêt d'un oléoduc menace d'ébranler le fragile Soudan du Sud

Des combattants du Mouvement de libération du Soudan, un groupe rebelle soudanais actif dans l'État du Darfour, qui soutient le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan, assistent à une cérémonie de remise de diplômes dans l'État de Gedaref, dans le sud-est du pays, le 28 mars 2024. (AFP).
Des combattants du Mouvement de libération du Soudan, un groupe rebelle soudanais actif dans l'État du Darfour, qui soutient le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan, assistent à une cérémonie de remise de diplômes dans l'État de Gedaref, dans le sud-est du pays, le 28 mars 2024. (AFP).
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Publié le Vendredi 29 mars 2024

Guerre au Soudan: l'arrêt d'un oléoduc menace d'ébranler le fragile Soudan du Sud

  • L'arrêt d'un oléoduc stratégique dans le Soudan en guerre menace de déstabiliser son voisin sud-soudanais, privé de revenus pétroliers cruciaux pour la gestion du pays
  • La nouvelle a filtré avec la révélation d'un courrier daté du 16 mars adressé par le ministre soudanais de l'Energie et du Pétrole à ses partenaires chinois et malaisien

JUBA: L'arrêt d'un oléoduc stratégique dans le Soudan en guerre menace de déstabiliser son voisin sud-soudanais, privé de revenus pétroliers cruciaux pour la gestion du pays, l'un des plus pauvres au monde en proie à l'instabilité et aux violences politico-ethniques chroniques, estiment des experts.

La nouvelle a filtré avec la révélation d'un courrier daté du 16 mars adressé par le ministre soudanais de l'Energie et du Pétrole à ses partenaires chinois et malaisien, annonçant qu'"une rupture majeure" avait été constatée dans l'oléoduc transportant du pétrole brut depuis le Soudan du Sud jusqu'à la ville soudanaise de Port-Soudan.

Cette "rupture", qui remonte à février, a eu lieu dans une "zone d'opérations militaires" du conflit qui oppose depuis le 15 avril 2023 l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, précise la lettre consultée par l'AFP.

"La résolution de ces problèmes est compliquée par les conditions de guerre actuelles" et "en tant que tel, le gouvernement du Soudan déclare un cas de force majeure qui nous empêche de remplir notre obligation de livrer du pétrole brut dans et via" l'oléoduc, concluait le ministre.

La "force majeure" consiste en une circonstance exceptionnelle, étrangère à la personne touchée, qui l'empêche d'honorer un contrat.

Le gouvernement sud-soudanais est jusqu'à présent resté silencieux sur cet épisode, qui vient pourtant ébranler le fragile équilibre du pays.

Le secteur pétrolier contribue à 90% de ses revenus et représente quasiment l'intégralité de ses exportations, selon la Banque mondiale.

« Crise économique imminente »

Mardi, le député Boutros Magaya, chef de la sous-commission parlementaire sur le pétrole, a sonné l'alarme.

"Nous sommes confrontés à une crise économique imminente à la suite de la récente déclaration de force majeure et l'arrêt de l'oléoduc par le gouvernement soudanais", a-t-il alerté dans un communiqué, faisant état d'informations indiquant que "cette fermeture pourrait s'étendre sur une période d'un an".

"Avec la perte de la majorité de notre revenu national, nous sommes confrontés à la sombre perspective d'un désastre humanitaire, d'une instabilité politique et de troubles de la sécurité dans notre État déjà fragile", ajoute-t-il.

Selon M. Magaya, la perte pourrait s'élever à au moins 100 millions de dollars par mois (92 millions d'euros).

"Cela entraînera d'importantes pertes de revenus, une augmentation des prix du marché, des pénuries de carburant, des pannes d'électricité prolongées, des perturbations dans les transports et d'autres services essentiels vitaux pour le bien-être de nos citoyens", insiste-t-il.

Cela pourrait également mener à une dépréciation de la monnaie, la livre sud-soudanaise, souligne le directeur du département d'économie de l'Université de Juba, Akol Maduok: "La situation va s'aggraver dans les deux ou trois prochains mois parce que la banque centrale pourrait manquer de réserves de change et ne pas être en mesure d'approvisionner le marché en devises fortes".

Cet épisode est une nouvelle conséquence du conflit chez le voisin soudanais, qui a fait des milliers de morts et contraint huit millions de personnes à fuir depuis un an.

Plus de 500.000 d'entre eux ont trouvé refuge au Soudan du Sud, venant aggraver une situation humanitaire déjà dramatique.

Environ 9 millions de personnes ont besoin d'assistance dans le pays, selon l'agence humanitaire de l'ONU.

Elections menacées 

Plus largement, c'est la stabilité du pays qui est menacée, prévient Boboya James Edimond, directeur exécutif de l'Institut pour la politique et la recherche sociale (ISPR), centre de réflexion basé à Juba, la capitale sud-soudanaise.

"Le gouvernement n'a pas été en mesure de payer les salaires des fonctionnaires depuis près de neuf mois quand le pétrole circulait", souligne-t-il, évoquant un scénario alarmiste: "Si le pétrole ne circule pas, il y aura un effondrement du gouvernement qui pourrait amener les citoyens à manifester et les militaires (qui n'ont pas non plus été payés depuis des mois, ndlr) sont susceptibles de les rejoindre".

La manne pétrolière est aussi très largement détournée à des fins politiques et d'enrichissement dans ce pays classé parmi les plus touchés par la corruption par l'ONG Transparency International (177e sur 180).

Alors que le pays doit tenir en décembre des élections déjà repoussées à plusieurs reprises, l'absence de ressources pour les organiser rend "très probable" l'hypothèse d'un nouveau report, estime Andrew Smith, analyste pour l'Afrique au cabinet de conseil en évaluation des risques Verisk Maplecroft.

"Tous les fonds qu'il (le gouvernement) recevra pour combler le déficit des revenus pétroliers seront désormais probablement destinés à apaiser l'élite politique, et non aux préparatifs électoraux qui manquaient déjà de ressources", estime-t-il.


Gaza: un hôpital affirme que les forces israéliennes procèdent à une «évacuation forcée» des locaux

Un enfant blessé reçoit des soins médicaux à l'hôpital Al-Awda dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, suite à une frappe israélienne, jeudi. (AFP)
Un enfant blessé reçoit des soins médicaux à l'hôpital Al-Awda dans le camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, suite à une frappe israélienne, jeudi. (AFP)
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  • L'hôpital Al-Awda, dans le nord de la bande de Gaza, a affirmé jeudi que les forces israéliennes procédaient à une évacuation forcée de ses locaux
  • L'hôpital Al-Awda de Tel al-Zaatar est le seul hôpital encore en activité dans le nord de la bande de Gaza"

GAZA: L'hôpital Al-Awda, dans le nord de la bande de Gaza, a affirmé jeudi que les forces israéliennes procédaient à une évacuation forcée de ses locaux dans le territoire palestinien où l'armée poursuit son offensive.

"Les forces d'occupation israéliennes procèdent actuellement à l'évacuation forcée des patients et du personnel médical à l'intérieur de l'hôpital Al-Awda de Tel al-Zaatar, le seul hôpital encore en activité dans le nord de la bande de Gaza", a déclaré l'hôpital dans un communiqué. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas réagi dans l'immédiat.


L'envoyé spécial américain pour la Syrie à Damas

Depuis la chute d'Assad, les relations entre le nouveau pouvoir syrien et les Etats-Unis se sont progressivement améliorées. Fin décembre, une délégation américaine conduite par Barbara Leaf, responsable du Moyen-Orient au sein du département d'Etat, s'était rendue à Damas pour un premier contact avec les nouveaux dirigeants syriens. (AFP)
Depuis la chute d'Assad, les relations entre le nouveau pouvoir syrien et les Etats-Unis se sont progressivement améliorées. Fin décembre, une délégation américaine conduite par Barbara Leaf, responsable du Moyen-Orient au sein du département d'Etat, s'était rendue à Damas pour un premier contact avec les nouveaux dirigeants syriens. (AFP)
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  • Les photographes de l'AFP ont vu la bannière étoilée hissée à l'intérieur de la résidence de l'ambassadeur, située à quelques centaines de mètres de l'ambassade américaine dans le quartier d'Abou Roummaneh, au milieu de strictes mesures de sécurité
  • L'ambassade américaine en Syrie avait été fermée lors de la répression par Assad d'un soulèvement pacifique en 2011 qui a dégénéré en guerre civile

DAMAS: L'émissaire américain pour la Syrie, Thomas Barrack, est arrivé jeudi à Damas, selon l'agence officielle Sana, une nouvelle étape dans le rapprochement entre les deux pays après la chute de Bachar al-Assad.

M. Barrack, également ambassadeur en Turquie, a inauguré avec le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, la résidence de l'ambassadeur américain dans la capitale syrienne, a indiqué Sana.

Les photographes de l'AFP ont vu la bannière étoilée hissée à l'intérieur de la résidence de l'ambassadeur, située à quelques centaines de mètres de l'ambassade américaine dans le quartier d'Abou Roummaneh, au milieu de strictes mesures de sécurité.

L'ambassade américaine en Syrie avait été fermée lors de la répression par Assad d'un soulèvement pacifique en 2011 qui a dégénéré en guerre civile.

L'envoyé spécial du président Donald Trump pour la Syrie avait rencontré le 24 mai à Istanbul le président syrien par intérim Ahmad al-Chareh, après la levée des sanctions américaines envers Damas.

Cette rencontre était intervenue à la suite de la réunion à Ryad entre Donald Trump et Ahmad al-Chareh, qui avait renversé, à la tête d'une coalition islamiste, le pouvoir de Bachar al-Assad en décembre.

"Tom comprend qu'il y a un grand potentiel à travailler avec la Syrie pour stopper le radicalisme, améliorer les relations et assurer la paix au Moyen-Orient", a affirmé le président américain dans un post sur X du Département d'Etat jeudi.

Le dernier ambassadeur en poste en Syrie, Robert Ford, avait été déclaré persona non grata après avoir défié le pouvoir syrien en se rendant en 2011 à Hama, ville assiégée par l'armée à 210 km au nord de Damas, et théâtre d'une manifestation monstre contre le régime.

Depuis la chute d'Assad, les relations entre le nouveau pouvoir syrien et les Etats-Unis se sont progressivement améliorées. Fin décembre, une délégation américaine conduite par Barbara Leaf, responsable du Moyen-Orient au sein du département d'Etat, s'était rendue à Damas pour un premier contact avec les nouveaux dirigeants syriens.


Trêve à Gaza: la proposition américaine acceptée par Israël ne répond pas aux demandes du Hamas

Selon deux sources proches des négociations, la nouvelle proposition américaine porte sur une trêve de 60 jours pouvant être étendue jusqu'à 70, et la remise par le Hamas de 10 otages vivants et 9 morts en échanges de la libération de prisonniers palestiniens au cours de la première semaine, et un deuxième échange sur le même nombre d'otages vivants et morts au cours de la deuxième semaine. (AFP)
Selon deux sources proches des négociations, la nouvelle proposition américaine porte sur une trêve de 60 jours pouvant être étendue jusqu'à 70, et la remise par le Hamas de 10 otages vivants et 9 morts en échanges de la libération de prisonniers palestiniens au cours de la première semaine, et un deuxième échange sur le même nombre d'otages vivants et morts au cours de la deuxième semaine. (AFP)
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  • La proposition américaine de trêve à Gaza à laquelle Washington dit avoir reçu l'assentiment d'Israël "ne répond pas aux demandes de notre peuple", a déclaré jeudi soir à l'AFP Bassem Naïm, un des dirigeants en exil du Hamas
  • "Israël a signé cette proposition avant qu'elle ne soit envoyée au Hamas" et "les discussions se poursuivent"

GAZA: La proposition américaine de trêve à Gaza à laquelle Washington dit avoir reçu l'assentiment d'Israël "ne répond pas aux demandes de notre peuple", a déclaré jeudi soir à l'AFP Bassem Naïm, un des dirigeants en exil du Hamas.

"La réponse de l'occupation (Israël, NDLR) signifie, en essence, la perpétuation de l'occupation, la poursuite des meurtres et de la famine (même pendant la période de trêve temporaire), et ne répond à aucune des demandes de notre peuple, notamment l'arrêt de la guerre et de la famine", a déclaré M. Naïm, ajoutant néanmoins que "la direction du mouvement examin(ait), avec un grand sens de la responsabilité et du patriotisme, la réponse à donner à cette proposition".

"Je peux confirmer que l'envoyé spécial (du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient Steve) Witkoff et le président ont soumis au Hamas une proposition de cessez-le-feu que Israël a approuvée et soutenue", a déclaré jeudi à Washington la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt.

"Israël a signé cette proposition avant qu'elle ne soit envoyée au Hamas" et "les discussions se poursuivent", a-t-elle ajouté.

Mais selon source proche du Hamas, "la nouvelle proposition (...) Witkoff, reçue par le Hamas via les médiateurs (l'Egypte et le Qatar, NDLR), est considérée comme un recul par rapport à la proposition (...) soumise au Hamas il y a plusieurs jours et acceptée" par le mouvement, laquelle "contenait un engagement américain concernant des négociations en vue d'un cessez-le-feu permanent."

"Il est difficile pour le Hamas d'accepter la (nouvelle) proposition tant qu'elle ne contient pas des garanties américaines (sur) des négociations en vue d'un cessez-le-feu permanent pendant la période de trêve temporaire", a ajouté cette source.

Selon deux sources proches des négociations, la nouvelle proposition américaine porte sur une trêve de 60 jours pouvant être étendue jusqu'à 70, et la remise par le Hamas de 10 otages vivants et 9 morts en échanges de la libération de prisonniers palestiniens au cours de la première semaine, et un deuxième échange sur le même nombre d'otages vivants et morts au cours de la deuxième semaine.

De mêmes sources, le Hamas avait accepté la semaine précédente deux échanges aux mêmes conditions, mais l'un au cours de la première semaine de la trêve et l'autre au cours de la dernière semaine.