L’Algérie au cœur des enjeux gaziers

De son côté, Sonatrach a programmé un nouveau plan quinquennal (2023-2027) d’investissement de 40 milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro) afin de conforter son avantage concurrentiel sur le marché international. (Photo, AFP)
De son côté, Sonatrach a programmé un nouveau plan quinquennal (2023-2027) d’investissement de 40 milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro) afin de conforter son avantage concurrentiel sur le marché international. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 30 mai 2023

L’Algérie au cœur des enjeux gaziers

  • L’Algérie figure en bonne place en raison de sa proximité géographique avec l’Europe, de son potentiel gazier et de sa fiabilité reconnue de tous
  • Les planètes s’alignent pour l’Algérie, qui n’en espérait pas tant

PARIS: Impactée par la crise russo-ukrainienne, notamment dans le domaine énergétique, l’Union européenne (UE) se tourne vers l’Algérie pour remplacer le gaz russe. Cette alternative est-elle envisageable à court terme et dans quelle proportion? 

En se privant de la manne gazière russe, l’UE a frôlé la récession. Malgré les risques prévisibles d’un effet boomerang, elle a misé sur un effondrement rapide de l’économie russe, faisant fi de ses propres vulnérabilités. Surprise par la capacité de résilience de la Russie et sans véritable plan B, l’UE tente dans la précipitation de trouver d’autres possibilités. Cette quête s’est vite heurtée à la réalité d’un marché où l’offre est déjà sous tension. Liés par des contrats à long terme, les producteurs – même réunis – ne disposent pas de capacités supplémentaires suffisantes pour remplacer un flux de 170 milliards de m3 par an, soit 40% des besoins européens.

Parmi les pays convoités, l’Algérie figure en bonne place en raison de sa proximité géographique avec l’Europe, de son potentiel gazier et de sa fiabilité reconnue de tous. Plus de 80% de ses exportations achèvent déjà leur course dans les terminaux européens, la classant au troisième rang des fournisseurs derrière la Russie et la Norvège. Néanmoins et malgré sa position de premier exportateur africain et septième mondial de gaz, l’Algérie ne peut répondre que partiellement à la nouvelle demande européenne, en raison de ses engagements contractuels en cours, de ses besoins internes en hausse et de l’insuffisance des investissements en amont.

Dans l’immédiat, c’est l’Italie qui a remporté la course au gaz algérien en préemptant la quasi-totalité du surplus de production. En plus des 21 milliards de m3 par an qu’elle capte déjà via le gazoduc Enrico Mattei (ou Trans-Mediterranean Pipeline), elle a su négocier une montée en puissance de 9 milliards de m3 en 2023 et autant en 2024. La prouesse de l’Italie n’est pas fortuite, elle résulte du rapprochement exceptionnel des deux pays couronné par la conclusion – entre autres accords – de deux protocoles stratégiques entre la compagnie italienne Eni et la compagnie algérienne Sonatrach en janvier 2023. 

Ce partenariat gagnant-gagnant dépasse la simple fourniture de gaz, la partie italienne s’engageant à investir dans plusieurs projets d’envergure. Outre la prospection et le développement de nouveaux gisements, il vise la réalisation d’un nouveau gazoduc (Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie ou Galsi), l’installation d’un câble électrique sous-marin, ainsi que l’extension de la capacité de liquéfaction du gaz naturel. Un autre volet concerne le développement de projets communs dans la transition énergétique, la décarbonatation, les énergies renouvelables, l’hydrogène vert, ainsi que la capture et de stockage de dioxyde de carbone.

Pionnière mondiale de la liquéfaction, l’Algérie entend également prendre toute sa part dans la production de gaz naturel liquéfié (GNL), un secteur qui remporte un vif succès depuis la crise ukrainienne.

De son côté, Sonatrach a programmé un nouveau plan quinquennal (2023-2027) d’investissement de 40 milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro) afin de conforter son avantage concurrentiel sur le marché international. Cette enveloppe sera principalement consacrée à l'exploration et à la production de gaz avec l'objectif d'augmenter ses capacités à court et à moyen terme.

Pionnière mondiale de la liquéfaction, l’Algérie entend également prendre toute sa part dans la production de gaz naturel liquéfié (GNL), un secteur qui remporte un vif succès depuis la crise ukrainienne. Il devrait compter pour moitié dans les échanges gaziers internationaux à l’horizon 2050. Pour avoir abrité la première usine de liquéfaction au monde (Arzew, 1964), Sonatrach a acquis une expertise pour opérer les différents procédés de production, du gisement jusqu’au méthanier. Le groupe dispose aujourd’hui de plusieurs complexes de liquéfaction d’une capacité – non saturée – de 56 millions de m3 par an qu’elle prévoit d’étendre. Pour le seul premier trimestre 2023, les exportations de GNL ont enregistré une croissance de 16,3%. Autre atout non négligeable, Sonatrach possède sa propre flotte de méthaniers. Ce qui lui permet de réduire les coûts induits par les affrètements et d’éviter les aléas liés à la disponibilité des navires.

Après une année 2022 faste, l’énergéticien algérien a annoncé la découverte de six gisements, en effort propre, au cours du premier trimestre 2023, dont deux sont déjà en exploitation dans le bassin d’Amguid Messaoud. Une aubaine pour le pays qui compte atteindre progressivement une capacité à l’export de 100 milliards de m3.

À plus long terme, l’Algérie est destinée à devenir le grand hub gazier sud-méditerranéen en recevant le gaz nigérian et nigérien. Cela se concrétisera dès l’achèvement du projet de gazoduc transsaharien (TSGP) qui doit – dans un délai prévu de trois ans – la relier au Nigeria via le Niger. Dans une deuxième phase, la Libye ainsi que de nouveaux entrants comme la Mauritanie et le Sénégal pourraient se connecter aux infrastructures algériennes pour alimenter l’Europe.

Forte de ces nombreux atouts, l’Algérie compte bien tirer profit de la nouvelle donne. Désormais, elle ambitionne de s’affranchir de sa condition de simple exportateur pour devenir un acteur énergétique de premier plan. L’objectif est de multiplier les partenariats sur le modèle de celui noué avec l’Italie. Ses réserves inexploitées, ses facteurs essentiels de succès et l’amélioration du climat des affaires renforcent son pouvoir de négociation avec les grands investisseurs dans le domaine des hydrocarbures comme dans celui de l’énergie verte.

Les planètes s’alignent pour l’Algérie, qui n’en espérait pas tant. Saura-t-elle saisir cette formidable occasion qui, peut-être, ne se représentera jamais?

Partenariat stratégique sino-algérien
Par Cherif Lahdiri -
L'Italie est un marché clé pour l'Algérie
Par Zhor Hadjam -

France: l'Insee confirme une inflation de 2,2% en avril, en léger ralentissement

Un représentant de l'INSEE relève les prix dans une auto-école à Paris, le 21 avril 2023 (Photo, AFP).
Un représentant de l'INSEE relève les prix dans une auto-école à Paris, le 21 avril 2023 (Photo, AFP).
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  • Les prix des produits manufacturés se sont même légèrement repliés, de 0,1% après +0,1% en mars
  • Les gardiens de l'euro s'attendent à un retour de l'inflation à cette cible en 2025, après 2,3% en 2024

PARIS: Les prix ont augmenté de 2,2% en avril sur un an, a indiqué l'Insee mercredi, confirmant sa première estimation d'un léger ralentissement de l'inflation, sur fond d'une hausse plus modérée des prix alimentaires.

Après une inflation de 2,3% en mars, la baisse "résulte du ralentissement sur un an des prix de l'alimentation (+1,2% après +1,7%) et du tabac (+9,0% après +10,7%)", précise l'institut dans un communiqué.

Les prix des produits manufacturés se sont même légèrement repliés, de 0,1% après +0,1% en mars.

Les prix des services, qui représentent près de la moitié de la consommation, ont augmenté sur un an au même rythme qu'en mars, +3%, selon ces données définitives en ligne avec les chiffres provisoires publiés fin avril.

Sur un mois, l'inflation accélère toutefois, à 0,5% (contre 0,2% en mars), indique l'Insee, confirmant là aussi sa première estimation - une évolution due notamment à la hausse des prix des services (+1%, après une stabilité en mars).

Baisse des taux directeurs 

A contrario, "les prix des produits manufacturés et du tabac sont stables" sur un mois.

Sur un an, l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH, qui permet les comparaisons avec les autres pays de l'UE et intéresse particulièrement la Banque centrale européenne pour sa politique monétaire) augmente de 2,4% en avril 2024, comme en mars, et de 0,6% sur le mois, après +0,2% en mars. Ces chiffres sont également conformes aux premières estimations.

Lors de sa dernière réunion en avril, la BCE a jugé "plausible" de commencer à baisser ses taux directeurs - actuellement à leur plus haut - en juin si les données confirment d'ici là le retour anticipé de l'inflation dans le zone euro à la cible de 2%, selon le compte rendu publié la semaine passée.

Les gardiens de l'euro s'attendent à un retour de l'inflation à cette cible en 2025, après 2,3% en 2024.


Un commerce bilatéral saoudo-britannique évalué à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030

Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030. (Photo AN/Loai Elkellawy)
Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030. (Photo AN/Loai Elkellawy)
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  • La conférence Great Futures, organisée le 14 mai dans le quartier financier du roi Abdallah, comprend quarante-sept sessions et ateliers avec cent vingt-sept intervenants des secteurs public et privé
  • Elle vise à renforcer les partenariats entre l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni dans treize secteurs tels que le tourisme, la culture, l’éducation, la santé et les sports, entre autres

RIYAD: Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling (1 livre sterling = 1,16 euro) d’ici à 2030.

«L’idée de cette conférence est de servir de vitrine pour montrer les possibilités qui s’offrent à nos deux pays. Je pense qu’il existe des occasions considérables pour renforcer le commerce et les investissements», déclare-t-il.

«Nous nous sommes fixé un objectif ambitieux de 30 milliards de livres sterling pour le commerce bilatéral d’ici à 2030. La croissance est déjà impressionnante. Elle représente quelque 17 milliards de livres sterling. Je pense que nous pouvons atteindre notre but.»

La conférence de deux jours, organisée le 14 mai dans le quartier financier du roi Abdallah, comprend quarante-sept sessions et ateliers avec cent vingt-sept intervenants des secteurs public et privé.

Cette conférence vise à renforcer les partenariats entre l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni dans treize secteurs tels que le tourisme, la culture, l’éducation, la santé, les sports, l’investissement, le commerce et les services financiers.

Elle a accueilli quatre cent cinquante représentants britanniques et chefs d’entreprise venus rencontrer des entreprises et des responsables saoudiens.

M. Dowden pense que «la relation entre nos deux pays est plus forte qu’elle ne l’a jamais été».

«Elle repose sur des bases très solides, qu’il s’agisse de relations diplomatiques, militaires ou même des liens entre Sa Majesté, le roi Charles III, et le prince héritier, Mohammed ben Salmane, au sein de la famille royale d’Arabie saoudite.»

Oliver Dowden soutient qu’il a été témoin, lors de la conférence Great Futures et des visites précédentes, de «possibilités considérables pour l’avenir».

«Le prince héritier a défini la vision pour 2030. Les entreprises britanniques veulent faire partie de cette vision et c’est pour cette raison que je suis accompagné, en Arabie saoudite, de la plus grande délégation commerciale que le Royaume-Uni ait jamais envoyée dans un pays au cours de la dernière décennie», précise-t-il.

Dans le discours d’ouverture du premier jour, le vice-Premier ministre s’est exprimé lors d’une table ronde aux côtés du Dr Majid ben Abdallah al-Qasabi, le ministre saoudien du Commerce.

Il soutient que les deux pays pouvaient collaborer de façon encore plus active dans les domaines de la technologie et de l’intelligence artificielle.

«Je pense que notre coopération pourrait être beaucoup plus importante, car l’Arabie saoudite possède une grande expertise en matière d’intelligence artificielle», déclare M. Dowden.

Au cours de son entretien avec Arab News, Oliver Dowden a également souligné que le nord-est de l’Angleterre était sur le point de recevoir des investissements d’une valeur de 3 milliards de livres sterling de la part du Royaume.

«Prenez le nord-est de l’Angleterre, qui ne représente qu’une partie du Royaume-Uni. Nous sommes convenus d’un investissement de 3 milliards de livres sterling qui soutiendra deux mille emplois. Je pense que nous pouvons faire encore beaucoup plus», poursuit-il.

Avant la conférence, le vice-Premier ministre a insisté sur l’importance de cet événement dans l’établissement de partenariats entre les secteurs commerciaux de l’Arabie saoudite et du Royaume-Uni.

«La conférence Great Futures permet également aux entreprises britanniques de se familiariser avec les réglementations commerciales, les incitations et les avantages liés à la conduite des affaires en Arabie saoudite», conclut M. Dowden.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Qatar Investment Authority s’engage à soutenir le secteur français des semi-conducteurs

Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire dans la société japonaise Kokusai Electric Corp. (Shutterstock)
Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire dans la société japonaise Kokusai Electric Corp. (Shutterstock)
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  • Grâce à cette initiative, la Qatar Investment Authority (QIA) contribuera à un fonds thématique novateur destiné à renforcer l’industrie des semi-conducteurs en Europe
  • Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’investissement plus large de la QIA, qui consiste à s’engager auprès d’entreprises de premier plan à la pointe de l’innovation

RIYAD: Le Qatar va se lancer dans l’industrie technologique française, un grand organisme d'investissement qui a annoncé son intention de s’engager financièrement dans Ardian Semiconductor.

Grâce à cette initiative, la Qatar Investment Authority (QIA) contribuera à un fonds thématique novateur destiné à renforcer l’industrie des semi-conducteurs en Europe. Cela confirme son rôle de partenaire financier privilégié dans les sous-secteurs technologiques clés, notamment dans le développement de la chaîne d’approvisionnement.

Selon un communiqué officiel, l’attention stratégique que la QIA accorde à ce secteur reflète sa conviction du rôle essentiel que jouent les semi-conducteurs dans la stimulation des transformations numériques et écologiques dans des industries vitales telles que l’intelligence artificielle, la mobilité et la technologie grand public.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’investissement plus large de la QIA, qui consiste à s’engager auprès d’entreprises de premier plan à la pointe de l’innovation.

Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire prise en juin 2023 dans la société japonaise Kokusai Electric Corp., leader dans la fabrication de semi-conducteurs. Cela témoigne de l’engagement continu de la QIA à réaliser des investissements importants dans ce domaine à l’échelle mondiale.

En outre, le 13 mai, la QIA a annoncé son intention de porter son partenariat d'investissement avec Bpifrance à 300 millions d’euros, renforçant ainsi leur engagement commun à stimuler la croissance économique et l’innovation en France. Cela marque un tournant dans leur collaboration, initialement établie dans le cadre de la coentreprise Future French Champions.

Lors de la première phase de ce partenariat, qui s’est achevée en 2021, près de 300 millions d’euros ont été consacrés à la création d’emplois, au développement économique et, plus particulièrement, au renforcement du secteur des petites et moyennes entreprises françaises.

Fortes de ces réalisations, les deux entités sont passées à la deuxième phase de leur collaboration en janvier 2023, s’engageant à verser 300 millions d’euros supplémentaires.

Ils prévoient désormais d’entamer une troisième phase, en promettant jusqu’à 300 nouveaux millions d’euros une fois que les fonds actuels auront été entièrement déployés.

Le partenariat renouvelé se focalisera sur des priorités stratégiques telles que l’intelligence artificielle, les semi-conducteurs, l’informatique quantique, les soins de santé, le secteur aérospatial et la transition énergétique.

Ces investissements sont destinés à faire progresser les capacités technologiques, à améliorer la compétitivité dans divers secteurs et à promouvoir une croissance durable, reflétant ainsi l’engagement des deux parties à promouvoir des innovations importantes et à soutenir les objectifs économiques à long terme de la France.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com