Au Tadjikistan, la vie en suspens des réfugiés afghans

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, estime qu'environ 10 000 réfugiés afghans vivent au Tadjikistan, la plus pauvre des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale. (AFP)
L'agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, estime qu'environ 10 000 réfugiés afghans vivent au Tadjikistan, la plus pauvre des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale. (AFP)
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Publié le Mercredi 04 octobre 2023

Au Tadjikistan, la vie en suspens des réfugiés afghans

  • Bien que le Tadjikistan en accueille depuis le milieu des années 1990, ils ont interdiction de s'installer dans les plus grandes villes du pays
  • Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, quelque 10 000 réfugiés afghans, souvent démunis, résident aujourd'hui au Tadjikistan

VAKHDAT: Laçant ses chaussures de football assorties à son voile orange, Bibikhawa Zaki profite d'un rare moment d'évasion. Comme des milliers d'autres Afghans réfugiés au Tadjikistan, la jeune femme attend d'enfin sortir des limbes de ce pays d'Asie centrale pour refaire sa vie au Canada.

Quelques mois avant la prise de Kaboul par les talibans à l'été 2021, elle a vécu le destin de milliers de familles afghanes qui ont traversé la frontière montagneuse séparant l'Afghanistan et le Tadjikistan.

"Les talibans ont attaqué ma belle-soeur. Ils ont menacé de mort ma famille, nous avons dû partir", confie à l'AFP cette ancienne professeure d'anglais à Kaboul.

"Mais quand je joue au football, je suis heureuse, je ne pense pas au reste", souligne la jeune femme de 25 ans.

Autour d'elle, une cinquantaine de jeunes Afghanes s'entraînent dans ce club fondé par des compatriotes à Vakhdat.

Situé à une demi-heure de la capitale Douchanbé, cette ville abrite l'immense majorité des réfugiés afghans. Bien que le Tadjikistan en accueille depuis le milieu des années 1990, ils ont interdiction de s'installer dans les plus grandes villes du pays.

En Asie centrale, le Tadjikistan reste le principal adversaire des talibans, marqué par sa guerre civile avec des combattants islamistes et de nombreux accrochages transfrontaliers depuis les années 2000 impliquant des groupes djihadistes.

Son président, Emomali Rakhmon s'est aussi érigé en défenseur des droits des minorités en Afghanistan, où les Tadjiks forment le deuxième groupe ethnique.

Si Bibikhawa Zaki fait partie des derniers réfugiés arrivés au Tadjikistan, d'autres naviguent dans un brouillard administratif depuis de longues années.

Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, quelque 10 000 réfugiés afghans, souvent démunis, résident aujourd'hui au Tadjikistan, la plus pauvre des ex-Républiques soviétiques, qui vit en grande partie grâce aux envois de fonds de millions de travailleurs émigrés.

Attente

Et les annonces invitant les Tadjiks à aller travailler en Russie ornent nombre de lampadaires et échoppes de Vakhdat.

Dans un pays qui peine à assurer la subsistance de sa propre population, les Afghans sont obligés de se débrouiller.

Faire valoir des droits n'est en outre pas chose aisé au Tadjikistan, où la liberté d'expression est strictement limitée. Et bien sûr, ils ne peuvent compter sur l'aide de leur ambassade qui aujourd'hui encore représente le gouvernement chassé du pouvoir en 2021 par les talibans.

Le colonel Boïmakhmad Radjazoda, responsable du département des réfugiés au sein du ministère tadjik de l'Intérieur, assure néanmoins que son pays fait tout pour ces déplacés.

"Les réfugiés peuvent jouir de nombreux droits semblables aux citoyens tadjiks", assure-t-il à l'AFP.

"Ils ont accès à des soins médicaux, nous avons ouvert une école pour les Afghans et nous pouvons leur délivrer des vêtements, de la nourriture et des médicaments", ajoute-t-il.

Mais de nombreux réfugiés confient ne pas pouvoir se permettre les dix dollars mensuels requis pour que leurs enfants fréquentent l'école. Ils s'organisent donc entre eux pour les cours.

Si ces déplacés sont reconnaissants de l'accueil que le Tadjikistan leur a réservé, ce n'est pas ici que la plupart comptent refaire leurs vies.

Leur espoir: rejoindre le Canada, qui s'est engagé à accueillir 40n000 Afghans. Mais les délais sont longs.

"Nous avons fait les démarches pour aller au Canada, mais nous n'avons toujours pas de réponse", regrette Bibikhawa Zaki.

Dans l'attente d'un retour et faute de travail, la jeune femme s'efforce de tromper l'ennui. Elle se rend à ses trois entraînements hebdomadaires de football et lit, en anglais, pour entretenir son niveau.

La famille de Jawid Sharif, père de cinq enfants, survit comme elle peut grâce à l'argent de la vente de leur maison à Kaboul.

Sa fille Tamkin, footballeuse et peintre en herbe de 14 ans, rêve de poursuivre des études artistiques.

"Un jour, je serai une grande artiste", affirme-t-elle en montrant l'une de ses oeuvres, accrochée sur le mur de la cuisine: un portrait en chemise jaune d'Ahmad Zahir, un célèbre chanteur afghan.


Allemagne : un ex-milicien syrien pro-Assad condamné pour crimes contre l'humanité

L'accusé est décrit par la justice comme le chef d'une milice musulmane chiite qui fut active à Bosra al-Sham, une ville dans le sud du pays, et soutenue par le mouvement islamiste Hezbollah, basé au Liban. (AFP)
L'accusé est décrit par la justice comme le chef d'une milice musulmane chiite qui fut active à Bosra al-Sham, une ville dans le sud du pays, et soutenue par le mouvement islamiste Hezbollah, basé au Liban. (AFP)
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  • Cet homme de 33 ans a été reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014, au terme d'un procès qui s'est tenu devant le tribunal de Stuttgart, dans le sud-ouest de l'Allemagne
  • Les audiences, depuis le 15 octobre 2024, ont permis d'entendre 30 témoins, pour la plupart originaires de Syrie et venus du monde entier dont certains du Brésil, de Belgique, des Pays-Bas et de toutes les régions d'Allemagne, a précisé la Cour

BERLIN: La justice allemande a condamné mardi un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad à la prison à vie "pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité" perpétrés pendant la guerre civile en Syrie.

Cet homme de 33 ans a été reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014, au terme d'un procès qui s'est tenu devant le tribunal de Stuttgart, dans le sud-ouest de l'Allemagne.

Les audiences, depuis le 15 octobre 2024, ont permis d'entendre 30 témoins, pour la plupart originaires de Syrie et venus du monde entier dont certains du Brésil, de Belgique, des Pays-Bas et de toutes les régions d'Allemagne, a précisé la Cour dans un communiqué.

L'accusé est décrit par la justice comme le chef d'une milice musulmane chiite qui fut active à Bosra al-Sham, une ville dans le sud du pays, et soutenue par le mouvement islamiste Hezbollah, basé au Liban.

Ce groupe de combattants a, selon le tribunal, activement soutenu le régime de l'ancien dictateur Bachar el-Assad, tombé en décembre dernier, "en commettant plusieurs agressions, en terrorisant la population civile sunnite locale, considérée comme opposée au régime, afin de l'intimider et de la chasser de la ville de manière aussi définitive que possible".

Le Syrien a notamment été condamné pour avoir, lors d'une attaque en août 2012, abattu un étudiant âgé de 21 ans dont la maison a également été pillée, saccagée et incendiée.

Il est également jugé coupable d'avoir capturé et maltraité physiquement des résidents sunnites au cours des deux années suivantes, et de les avoir remis aux services de renseignements militaires syriens qui les ont par la suite torturés.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Des procès sur les abus commis par le régime syrien ou des groupes qui lui sont liés ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

 


Nucléaire: Trump ne veut «aucun enrichissement d'uranium» , Téhéran exclut d'en être privé

Le ministre égyptien des affaires étrangères Badr Abdelatty (à droite) et Rafael Grossi (à gauche), directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, participent à une conférence de presse conjointe au Caire, le 2 juin 2025. Le 2 juin, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a appelé l'Iran à plus de transparence après la fuite d'un rapport de l'agence montrant que Téhéran avait intensifié l'enrichissement de l'uranium. (AFP)
Le ministre égyptien des affaires étrangères Badr Abdelatty (à droite) et Rafael Grossi (à gauche), directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, participent à une conférence de presse conjointe au Caire, le 2 juin 2025. Le 2 juin, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a appelé l'Iran à plus de transparence après la fuite d'un rapport de l'agence montrant que Téhéran avait intensifié l'enrichissement de l'uranium. (AFP)
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  • Donald Trump s'est opposé lundi à tout "enrichissement d'uranium" dans le cadre d'un éventuel accord sur le nucléaire iranien, après que Téhéran a exclu de se voir privé de ses "activités pacifiques"
  • L'Iran avait indiqué avoir reçu des "éléments" d'une proposition américaine pour un nouvel accord sur son programme nucléaire à l'issue de cinq cycles de négociations menés sous la médiation d'Oman

WASHINGTON: Donald Trump s'est opposé lundi à tout "enrichissement d'uranium" dans le cadre d'un éventuel accord sur le nucléaire iranien, après que Téhéran a exclu de se voir privé de ses "activités pacifiques", les négociations entre les deux pays butant sur ce point clé.

"Nous n'autoriserons aucun enrichissement d'uranium dans le cadre d'un potentiel accord" avec l'Iran, a assuré Donald Trump sur son réseau Truth Social.

Le message du président américain arrive après que le site Axios a révélé que la dernière proposition faite par les Américains, samedi, permettait aux Iraniens de procéder à un enrichissement d'uranium limité, ce que le gouvernement américain a toujours exclu jusqu'ici.

L'Iran avait indiqué avoir reçu des "éléments" d'une proposition américaine pour un nouvel accord sur son programme nucléaire à l'issue de cinq cycles de négociations menés sous la médiation d'Oman.

"Si l'objectif des négociations est de garantir que l'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, alors un accord me semble possible", a affirmé lundi le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi.

Mais si "le but est de priver l'Iran de ses activités pacifiques, alors il n'y aura certainement aucun accord", a-t-il insisté au Caire, avant une réunion tripartite avec son homologue égyptien Badr Abelatty et le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi.

Ce dernier a de son côté appelé l'Iran à "plus de transparence".

En vue d'un éventuel accord, Téhéran veut "des garanties que les sanctions soient bien levées", a par ailleurs déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne Esmaïl Baghaï. "Jusqu'à présent, la partie américaine n'a pas voulu clarifier cette question".

- "Rien à cacher" -

Selon le New York Times, la proposition américaine prône la création d'un groupe régional pour produire de l'énergie nucléaire au bénéfice de l'Iran.

Un projet "acceptable" et dans le "meilleur intérêt" des Iraniens, a estimé la Maison Blanche, citée samedi par les médias américains.

Les pays occidentaux et Israël, ennemi juré de l'Iran et considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire.

L'Iran nie avoir de telles ambitions militaires mais insiste sur son droit au nucléaire civil notamment pour l'énergie, en vertu du Traité de non-prolifération (TNP) dont il est signataire.

Après la divulgation samedi d'un rapport de l'AIEA montrant que l'Iran a intensifié sa production d'uranium enrichi à 60% - un niveau proche des 90% nécessaires à la fabrication d'armes atomiques - Abbas Araghchi a aussi affirmé au Caire que son pays n'avait "rien à cacher" sur son "programme nucléaire pacifique".

"Il faut plus de transparence - c'est très, très clair - en Iran, et rien ne nous apportera cette confiance (à part) des explications complètes d'un certain nombre d'activités", venait d'affirmer Rafael Grossi.

Il a défendu le rapport "impartial" de son agence, dont l'Iran avait rejeté les conclusions, les qualifiant de "politiques" et fondées sur des informations "non fiables et trompeuses".

- "Guerre régionale" -

L'AIEA doit tenir du 9 au 13 juin à Vienne, en Autriche, un Conseil des gouverneurs, une importante réunion trimestrielle durant laquelle seront notamment passées en revue les activités nucléaires de l'Iran.

Dénonçant des "pressions exercées sur l'Agence par certains pays européens", Abbas Araghchi les avait menacés dimanche d'"une réponse proportionnée de la part de l'Iran", s'ils voulaient "exploiter davantage ce rapport politique".

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont avec la Russie et la Chine membres de l'accord pour encadrer le programme nucléaire iranien conclu avec la République islamique en 2015. Les Etats-Unis s'en sont retirés unilatéralement trois ans plus tard durant le premier mandat de Donald Trump.

Abbas Araghchi et Rafael Grossi ont tous deux rencontré lundi le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, qui, selon son porte-parole, a appelé à la "désescalade" pour éviter "une guerre régionale généralisée".

"La région en a assez des crises et des défis sécuritaires", a aussi mis en avant le chef de la diplomatie égyptienne, alors que le président Donald Trump a à plusieurs reprises menacé l'Iran d'un recours à l'option militaire en cas d'échec des pourparlers sur ce dossier.


Attaque dans le Colorado: Israël dénonce un acte antisémite favorisé par «les médias»

Le ministre israélien des Affaires étrangères a dénoncé lundi comme un acte antisémite favorisé "par les médias" l'attaque contre une manifestation pour la libération des otages israéliens à Gaza ayant fait plusieurs blessés dimanche dans l'Etat du Colorado (ouest des Etats-Unis). (AFP)
Le ministre israélien des Affaires étrangères a dénoncé lundi comme un acte antisémite favorisé "par les médias" l'attaque contre une manifestation pour la libération des otages israéliens à Gaza ayant fait plusieurs blessés dimanche dans l'Etat du Colorado (ouest des Etats-Unis). (AFP)
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  • "Les attaques antisémites dans le monde sont le résultat direct des accusations de meurtres rituels contre l'Etat et le peuple juifs, et il faut y mettre un terme", a-t-il ajouté
  • Le chef de l'opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid, a déploré "un nouvel acte de violence antisémite"

JERUSALEM: Le ministre israélien des Affaires étrangères a dénoncé lundi comme un acte antisémite favorisé "par les médias" l'attaque contre une manifestation pour la libération des otages israéliens à Gaza ayant fait plusieurs blessés dimanche dans l'Etat du Colorado (ouest des Etats-Unis).

"Choqué par ce terrible attentat terroriste antisémite visant des Juifs à Boulder, Colorado", écrit Gideon Saar sur son compte X. "C'est de l'antisémitisme à l'état pur, alimenté par les accusations de meurtres rituels [contre les Juifs] propagées dans les médias", écrit-il.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a lui dénoncé une attaque visant "des personnes pacifiques qui souhaitaient exprimer leur solidarité avec les otages retenus par le Hamas, simplement parce qu'elles étaient juives", dans un communiqué de son bureau.

"Les attaques antisémites dans le monde sont le résultat direct des accusations de meurtres rituels contre l'Etat et le peuple juifs, et il faut y mettre un terme", a-t-il ajouté.

Le chef de l'opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid, a déploré "un nouvel acte de violence antisémite".

"Nous sommes tous horrifiés par la violente attaque terroriste perpétrée au Colorado contre des manifestants pacifiques qui réclamaient simplement la libération de nos otages. Il s'agit d'un nouvel acte de violence antisémite, conséquence directe de la rhétorique extrême qui a attisé les flammes de l'antisémitisme", a-t-il écrit sur son compte X.

Dimanche, six personnes ont été blessées dans le Colorado par un homme armé d'engins incendiaires dans une attaque que la police fédérale américaine (FBI) a qualifiée de "terroriste", lors d'une manifestation pour la libération des otages israéliens retenus dans la bande de Gaza.

Sur 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023 lors de l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas ayant déclenché la guerre avec Israël, 57 restent retenues dans la bande de Gaza, au moins 34 d'entre elles étant mortes, selon les autorités israéliennes.

Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin à la guerre dans le territoire palestinien où la situation humanitaire est désastreuse.