Les Palestiniens estiment le coût des dégâts à Jénine en millions de dollars

Des personnes se tiennent près des décombres et des restes d'un véhicule détruit à l'extérieur d'une mosquée dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 5 juillet 2023 (Photo, AFP).
Des personnes se tiennent près des décombres et des restes d'un véhicule détruit à l'extérieur d'une mosquée dans la ville de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 5 juillet 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 07 juillet 2023

Les Palestiniens estiment le coût des dégâts à Jénine en millions de dollars

  • Des routes rasées au bulldozer, des bâtiments sur le point de s'effondrer et des rues jonchées de décombres entravant la circulation
  • Des campagnes populaires ont été lancées dans les villes de Cisjordanie pour apporter aide et soutien à la population de Jénine et de son camp

RAMALLAH: Les Palestiniens ont commencé jeudi à estimer le coût des dégâts infligés par l'offensive israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine et ses infrastructures.

L'opération militaire israélienne la plus intense menée en Cisjordanie occupée depuis près de vingt ans a laissé des traces de rues dévastées et de voitures incendiées, et a suscité la fureur du monde arabe.

Les habitants palestiniens ont été confrontés à des scènes de destruction généralisée lorsqu'ils sont sortis de chez eux et sont revenus des abris voisins.

L'offensive israélienne a détruit les infrastructures du camp de Jénine, tuant 12 civils et en blessant 100.

Le ministre des Travaux publics et du Logement, Mohammed Ziyara, a déclaré qu'un calendrier serait établi pour le processus de reconstruction.

Les infrastructures telles que les routes ont besoin d'une courte période pour être réparées, jusqu'à un maximum de trois mois, a-t-il ajouté.

Les bâtiments nécessitent une période plus longue et pourraient durer environ neuf mois, a indiqué le ministre.

L'ampleur des dégâts dans la ville de Jénine et son camp comprend quatre bâtiments entièrement détruits, et le coût de la reconstruction s'élève à 1,5 million de dollars (1 dollar = 0,91 euro), a révélé Ziyara.

Le nombre de bâtiments endommagés à moyenne ou grande échelle mais pas en état d'effondrement s'élève à 25, et le coût de la reconstruction à 2 millions de dollars.

Le nombre d'unités résidentielles partiellement endommagées a atteint 250 unités et le coût de la reconstruction s'élève à 2,5 millions de dollars.

Le nombre de bâtiments commerciaux et de services endommagés s'élève à 150 et le coût de la reconstruction à 5 millions de dollars.

Ziyara a confirmé que des comités spécialisés ont évalué les dégâts et soumis des rapports au Premier ministre afin de fournir une vue d'ensemble.

Les travaux ont été divisés en plusieurs phases, a-t-il précisé.

Le ministre des Collectivités locales, Majdi al-Saleh, a déclaré que l'ampleur des dégâts initiaux dans le camp de Jénine était estimée à des millions de shekels (1 nouveau shekel israélien = 0,24 euro).

Chami al-Chami, un des principaux dirigeants du mouvement Fatah à Jénine, a déclaré que le président des Émirats arabes unis, le cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, avait demandé aux autorités de son pays de répondre à tous les besoins du camp de Jénine.

Il a indiqué que les Émirats arabes unis s'étaient engagés à verser 15 millions de dollars pour aider à la reconstruction du camp de réfugiés de Jénine.

L'argent sera versé à l'Unrwa, l'agence des Nations unies qui aide les réfugiés palestiniens, afin de reconstruire les maisons et les entreprises endommagées et pour les services de l'agence.

Le président a demandé une évaluation de l'étendue des dégâts dans le camp et des coûts de sa réhabilitation, a ajouté Al-Chami.

Le Premier ministre, Mohammed Chtayyeh a demandé aux ministères et institutions de l'Autorité palestinienne de fournir les budgets nécessaires à l'aide et à la reconstruction du camp de Jénine, a déclaré Ibrahim Melhem, porte-parole du gouvernement palestinien.

Les efforts de reconstruction ont été planifiés en dépit de la crise financière complexe à laquelle le gouvernement est confronté, a précisé Melhem à Arab News.

Rami al-Junaidi, chef du syndicat des travailleurs de la municipalité d'Hébron, a déclaré que l'étendue des destructions causées par l'agression israélienne sur Jénine était énorme.

«Les routes ont été complètement rasées et certains bâtiments étaient sur le point de s'effondrer, les décombres remplissaient les rues et entravaient la circulation», a-t-il affirmé.

«Jénine n'est pas seule»

L'économiste palestinien Samir Hulileh a déclaré qu'un autre type d'infrastructure devait être construit dans le camp de Jénine.

«Des abris où les citoyens pourraient se réfugier pour échapper aux bombardements israéliens devraient être inclus afin que nous ne voyions pas la scène de leur déplacement forcé à l'extérieur du camp, comme lors de chaque invasion militaire israélienne du camp», a-t-il souligné à Arab News.

Hulileh a évoqué le fardeau financier et le coût de la reconstruction du camp de Jénine à un moment où l'Unrwa et l'Autorité palestinienne «sont paralysés par des conditions financières très difficiles».

Nasr Abdel Karim, professeur d'économie à l'université arabo-américaine, a déclaré à Arab News que le camp de Jénine avait subi des dommages économiques directs et indirects, l'économie de Jénine ayant été négativement affectée par l'opération militaire israélienne.

Des campagnes populaires ont été lancées dans les villes de Cisjordanie pour apporter aide et soutien à la population de Jénine et de son camp.

Hanadi al-Barghouti, coordinatrice de la campagne de Ramallah, a souligné les efforts déployés pour soutenir «notre peuple dans le camp de Jénine».

Il a signalé que la campagne avait reçu un accueil très favorable.

Le premier jour de l'attaque, deux camions sont arrivés au camp de Jénine et tous les colis ont été distribués aux familles touchées.

Mercredi, un autre camion chargé de produits de première nécessité, notamment de nourriture et de fournitures, de vêtements, de couvertures, de médicaments et d'argent, a été donné.

Bakr Abd al-Haq, coordinateur de la campagne de Naplouse, a déclaré qu'il s'agit d'une réponse aux scènes de déplacement, aux agressions contre les familles et aux appels à l'aide provenant du cœur du camp.

Il a indiqué que 57 camions, bus et véhicules avaient livré des marchandises. Trois bus étaient chargés de fournitures médicales et d'autres de nourriture, d'eau minérale et de fournitures pour enfants.

«La campagne reflète la cohésion et l'unité sur le terrain entre Jénine et Naplouse», a assuré le coordinateur.

«Il y a deux ans, lors de toutes les incursions et attaques, Jénine a été l'une des premières villes à soutenir Naplouse. Aujourd'hui, c'est au tour de Naplouse de rendre une partie de la gratitude et de délivrer un message à l'occupation», a-t-il mentionné.

«Jénine n'est pas seule. Naplouse est présente avec l'aide, à ses côtés», a-t-il soutenu.

La Maison-Blanche a quant à elle exhorté son allié Israël à reconstruire les infrastructures civiles à Jénine.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Echec des pourparlers pour Gaza: le Hamas accuse le médiateur américain de revirement

Le Premier ministre israélien a estimé plus tard jeudi que M. Witkoff avait "vu juste" dans ses déclarations sur les négociations et que "le Hamas [était] l'obstacle à un accord de libération des otages". (AFP)
Le Premier ministre israélien a estimé plus tard jeudi que M. Witkoff avait "vu juste" dans ses déclarations sur les négociations et que "le Hamas [était] l'obstacle à un accord de libération des otages". (AFP)
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  • Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu sont dans l'impasse, plus de deux semaines après avoir commencé
  • L'émissaire américain Steve Witkoff a acté jeudi l'échec de ces pourparlers menés à Doha sous médiation qatarie, américaine et égyptienne, et annoncé le rappel pour consultation de l'équipe américaine, mettant en cause la bonne foi du Hamas

GAZA: Un responsable du Hamas a accusé vendredi l'émissaire américain Steve Witkoff de revirement après que ce dernier a acté l'échec des négociations indirectes entre le mouvement islamiste et Israël pour une trêve à Gaza.

"Les déclarations négatives de l'émissaire américain Witkoff vont complètement à l'encontre du contexte dans lequel s'est déroulé le dernier cycle de négociations – et il le sait parfaitement", a déclaré Bassem Naïm, important membre du bureau politique du Hamas, lors d'un entretien avec l'AFP.

"Elles s'inscrivent dans une logique de soutien à la position israélienne", a-t-il ajouté.

Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu sont dans l'impasse, plus de deux semaines après avoir commencé.

L'émissaire américain Steve Witkoff a acté jeudi l'échec de ces pourparlers menés à Doha sous médiation qatarie, américaine et égyptienne, et annoncé le rappel pour consultation de l'équipe américaine, mettant en cause la bonne foi du Hamas.

M. Naïm a accusé M. Witkoff d'avoir changé d'avis en expliquant que l'émissaire américain avait estimé "il y a seulement quelques jours" que les échanges étaient positifs.

"Les médiateurs ont accueilli très positivement la réponse du Hamas, qu'ils ont considérée comme constructive et susceptible de mener à un accord, d'autant qu'elle se rapproche largement de la proposition soumise par les médiateurs aux deux parties", a affirmé M. Naïm.

Les dernières discussions devaient porter selon lui sur les détails du retrait de l'armée israélienne de la bande de Gaza.

Il a même déclaré qu'un "accord de principe" avait été trouvé pour "une formule" d'échange entre personnes prises en otages en Israël le 7 octobre 2023, et prisonniers palestiniens détenus par Israël.

M. Naïm a appelé l'émissaire américain à "faire pression" sur le gouvernement israélien qui n'a pas l'intention de parvenir à un accord de trêve, selon lui.

Le Premier ministre israélien a estimé plus tard jeudi que M. Witkoff avait "vu juste" dans ses déclarations sur les négociations et que "le Hamas [était] l'obstacle à un accord de libération des otages".

 


Gaza: la malnutrition touche un quart des jeunes enfants examinés par MSF la semaine dernière

Caroline Willemen, coordinatrice de projet à la clinique MSF dans la ville de Gaza, explique qu'ils enregistrent "désormais 25 nouveaux patients souffrant de malnutrition chaque jour".  Dans cette clinique, le nombre de personnes souffrant de malnutrition a quadruplé depuis le 18 mai et le taux de malnutrition sévère chez les enfants de moins de cinq ans a triplé au cours des deux dernières semaines. (AFP)
Caroline Willemen, coordinatrice de projet à la clinique MSF dans la ville de Gaza, explique qu'ils enregistrent "désormais 25 nouveaux patients souffrant de malnutrition chaque jour". Dans cette clinique, le nombre de personnes souffrant de malnutrition a quadruplé depuis le 18 mai et le taux de malnutrition sévère chez les enfants de moins de cinq ans a triplé au cours des deux dernières semaines. (AFP)
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  • "L'utilisation délibérée de la faim comme arme de guerre par les autorités israéliennes à Gaza a atteint des niveaux sans précédent, les patients et les professionnels de santé souffrant eux-mêmes de la faim", alerte MSF
  • Caroline Willemen, coordinatrice de projet à la clinique MSF dans la ville de Gaza, explique qu'ils enregistrent "désormais 25 nouveaux patients souffrant de malnutrition chaque jour"

GENEVE: Un quart des enfants âgés de six mois à cinq ans et des femmes enceintes et allaitantes examinés la semaine dernière dans les installations de Médecins sans frontières (MSF) à Gaza souffrent de malnutrition, a dénoncé l'ONG vendredi.

"L'utilisation délibérée de la faim comme arme de guerre par les autorités israéliennes à Gaza a atteint des niveaux sans précédent, les patients et les professionnels de santé souffrant eux-mêmes de la faim", alerte MSF dans un communiqué.

Caroline Willemen, coordinatrice de projet à la clinique MSF dans la ville de Gaza, explique qu'ils enregistrent "désormais 25 nouveaux patients souffrant de malnutrition chaque jour".

Dans cette clinique, le nombre de personnes souffrant de malnutrition a quadruplé depuis le 18 mai et le taux de malnutrition sévère chez les enfants de moins de cinq ans a triplé au cours des deux dernières semaines.

"Il s'agit d'une famine délibérée, provoquée par les autorités israéliennes dans le cadre de la campagne génocidaire en cours. Affamer, tuer et blesser des personnes qui cherchent désespérément de l'aide est inacceptable", dénonce MSF.

Israël, dont l'offensive a débuté au lendemain de l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023, fait face à une pression internationale croissante concernant la situation humanitaire dramatique de Gaza. Il a très partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé début mars à l'enclave palestinienne, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.

Israël accuse de son côté le mouvement islamiste Hamas d'exploiter la souffrance des civils, notamment en volant la nourriture distribuée pour la revendre à des prix exorbitants ou en tirant sur les personnes qui attendent l'aide.

"Crimes de guerre" 

Pendant ce temps, alerte MSF, "les attaques se poursuivent sur les sites de distribution alimentaire, où le mécanisme de distribution sponsorisé par les autorités israéliennes à travers la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), tue de façon répétée les personnes qui cherchent désespérément à obtenir de l'aide".

L'ONU a accusé mardi l'armée israélienne d'avoir tué à Gaza depuis fin mai plus de 1.000 personnes qui cherchaient à obtenir de l'aide humanitaire, dont la grande majorité près de centres de cette fondation, soutenue aussi par les Etats-Unis.

"Ces distributions alimentaires ne sont pas de l'aide humanitaire, ce sont des crimes de guerre commis au grand jour et sous couvert de compassion. Ceux qui se rendent aux distributions alimentaires de la GHF savent qu'ils ont autant de chances de recevoir un sac de farine que de repartir avec une balle dans la tête", déclare le Dr Mohammed Abu Mughaisib, coordinateur médical adjoint de MSF à Gaza.

En plus des personnes blessées sur les sites de distribution de la GHF, les équipes de MSF ont soigné des dizaines de personnes blessées par l'armée israélienne alors qu'elles attendaient le passage de camions transportant de la farine.

Le 20 juillet, les équipes médicales de MSF et du ministère de la Santé de la clinique Sheikh Radwan dans le nord de Gaza ont soigné 122 personnes blessées par balle alors qu'elles attendaient une distribution de farine, et 46 personnes étaient déjà mortes à leur arrivée.

Le 3 juillet, un employé de MSF a été tué dans un incident similaire à Khan Younès.


L'Arabie saoudite se félicite de l'annonce par Macron de la reconnaissance par la France de l'État palestinien

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  • Le royaume renouvelle son appel aux autres pays qui n'ont pas encore reconnu un État palestinien à prendre des mesures similaires pour le faire
  • L'Arabie saoudite renouvelle également son appel aux autres pays qui ne l'ont pas encore fait à reconnaître un État palestinien, a déclaré le ministère des affaires étrangères

RIYADH : L'Arabie saoudite a salué la déclaration du président français Emmanuel Macron selon laquelle son pays reconnaîtrait un État palestinien lors de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

"Fidèle à son engagement historique en faveur d'une paix juste et durable au Moyen-Orient, j'ai décidé que la France reconnaîtra l'État de Palestine", a posté M. Macron sur les médias sociaux jeudi soir.

Le ministère des affaires étrangères de l'Arabie saoudite a réagi dans un communiqué vendredi : "Le Royaume salue cette décision historique, qui réaffirme le consensus de la communauté internationale sur le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à établir son État indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale."

"Le Royaume souligne l'importance des efforts continus déployés par les États pour mettre en œuvre les résolutions internationales et faire respecter le droit international.

L'Arabie saoudite renouvelle également son appel aux autres pays qui ne l'ont pas encore fait à reconnaître un État palestinien, a déclaré le ministère des affaires étrangères.

Au total, 142 pays soutiennent désormais la création d'un État palestinien, selon un décompte de l'AFP.

Cette décision intervient dans le contexte de l'assaut dévastateur du régime israélien sur Gaza, qui a fait des milliers de morts et des millions de déplacés, et qui fait l'objet d'accusations de crimes de guerre et de génocide, y compris de famine.

Une organisation de distribution d'aide soutenue par Israël a été accusée d'avoir tiré sur des civils non armés qui tentaient d'obtenir de la nourriture.

Les Nations unies ont déclaré que 875 personnes avaient été tuées au cours des six dernières semaines près des sites d'aide créés par Israël.

Les négociations de paix visant à mettre fin à la guerre et à échanger des prisonniers et des otages semblaient avoir échoué jeudi soir, après que le président américain Donald Trump a rappelé ses négociateurs.

L'envoyé américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a déclaré : "Nous allons maintenant envisager d'autres options pour ramener les otages à la maison et essayer de créer un environnement plus stable pour la population de Gaza."

Le Hamas a déclaré qu'il était surpris par les commentaires de M. Witkoff, mais qu'il était prêt à poursuivre les négociations.