Poutine met en garde contre une «guerre civile» en Russie après la «trahison» du chef de Wagner

Des combattants du groupe de mercenaires privés Wagner montent la garde dans une rue près du quartier général du district militaire sud de la ville de Rostov-on-Don, en Russie, le 24 juin 2023. (Reuters)
Des combattants du groupe de mercenaires privés Wagner montent la garde dans une rue près du quartier général du district militaire sud de la ville de Rostov-on-Don, en Russie, le 24 juin 2023. (Reuters)
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Publié le Samedi 24 juin 2023

Poutine met en garde contre une «guerre civile» en Russie après la «trahison» du chef de Wagner

  • «Ce à quoi nous faisons face, ce n'est rien d'autre qu'une trahison. Une trahison provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels» de M. Prigojine, a affirmé Vladimir Poutine
  • Plus tôt, le chef de Wagner avait affirmé tenir le quartier général de l'armée russe à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, et contrôler plusieurs sites militaires

MOSCOU: Le président russe Vladimir Poutine s'est vigoureusement dressé samedi contre la "trahison" du chef du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine, en pointant le risque de "guerre civile".

L'armée russe a commencé à mener "des actions opérationnelles et de combat nécessaires" dans la région de Voronej, frontalière de l'Ukraine, à quelque 600 km au sud de Moscou, a déclaré sur Telegram le gouverneur régional, Alexandre Goussev.

En complet noir, l'air grave et le ton martial, Valdimir Poutine, qui fait face à un défi sans précédent depuis son arrivée au pouvoir fin 1999, s'est adressé à 07H00 GMT sans le nommer à l'homme qui ose le défier, accusant "les traitres" et promettant de les "punir".

"C'est un coup de poignard dans le dos de notre pays et de notre peuple", a déclaré M. Poutine dans une adresse à la nation. "Ce à quoi nous faisons face, ce n'est rien d'autre qu'une trahison. Une trahison provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels" de M. Prigojine, a-t-il affirmé.

Vladimir Poutine "se trompe profondément" et que ses combattants ne se "rendront pas", a rétorqué le chef de Wagner .

"Nous sommes des patriotes. Personne ne va se rendre à la demande du président, des services de sécurité ou de qui que ce soit", a-t-il ajouté en s'en prenant pour la première fois directement au président russe.

Rumeurs

Et alors que des rumeurs sur les réseaux sociaux affirmaient que M. Poutine avait quitté Moscou après la mutinerie, son porte-parole Dmitri Peskov cité par l'agence Ria Novosti, a assuré que "le président travaille au Kremlin".

Plus tôt, Prigojine avait affirmé tenir le quartier général de l'armée russe à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, et contrôler plusieurs sites militaires dont l'aérodrome.

Pour contrebalancer cette rébellion contre Moscou, les dirigeants des deux chambres du Parlement ont appelé à soutenir "la consolidation des forces" ainsi que le "président Vladimir Poutine, le commandant-en-chef", a déclaré sur Telegram le président de la chambre basse, Viatcheslav Volodine.

"La force" de la Russie réside dans "l'unité (...) et notre intolérance historique pour les trahisons et les provocations", a renchéri la présidente de la chambre haute, Valentina Matvienko.

Les dirigeants installés par la Russie dans les régions de Donetsk et de Lougansk (est), ainsi que Zaporijjia et Kherson (sud) ont fait de même, en se déclarant "avec le Président!".

Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a annoncé samedi envoyer ses hommes dans les "zones de tension". "Nous ferons tout pour préserver l'unité de la Russie et protéger son statut d'Etat", a-t-il déclaré sur Telegram.

Les autorités ont renforcé les mesures de sécurité à Moscou où le "régime d'opération antiterroriste" vient d'être instauré, après la menace de Prigojine qui avait lancé sur Telegram: "On continue, on ira jusqu'au bout" et "nous détruirons tout ce qui sera mis sur notre route".

L'armée russe a affirmé samedi avoir repoussé au cours des dernières 24 heures neuf attaques ukraniennes contre ses positions dans le sud et l'est de l'Ukraine. Ces affirmations n'étaient pas vérifiables de source indépendante.

Côté ukrainien, le président Volodymyr Zelensky a insisté sur l'"évidente" faiblesse de la Russie, soutenant que son pays protège l'Europe "du mal et du chaos" russe.

Les temps forts de la présidence de Poutine

De son arrivée au Kremlin à la rébellion du chef du groupe paramilitaire Wagner contre l'état-major russe, retour sur les moments-clés de Vladimir Poutine, au pouvoir en Russie depuis plus de deux décennies.

 

Avènement de Poutine

En août 1999, Boris Eltsine, premier président de la Russie après la chute de l'Union soviétique, propulse au poste de Premier ministre un quasi-inconnu, Vladimir Poutine. Cet ancien chef du FSB (ex-KGB) acquiert rapidement une image d'homme fort dans un pays traumatisé par une vague d'attentats attribués aux indépendantistes tchétchènes (près de 300 morts).

Boris Eltsine, miné par l'alcool et la maladie, démissionne le 31 décembre 1999. Son dauphin lui succède définitivement lors de la présidentielle de mars 2000.

 

Guerre en Tchétchénie

De 2000 à 2009, le conflit contre les rebelles tchétchènes et islamistes, marqué par des exactions et le bombardement aveugle de Grozny, fait des dizaines de milliers de victimes.

Parallèlement, des prises d'otages revendiquées par la rébellion se soldent par des assauts sanglants des forces russes, notamment dans un théâtre de Moscou (850 otages et 130 morts) et à Beslan, en Ossétie du nord (plus de 1.000 otages et 330 morts dont 186 enfants).

 

Premier tour de vis

Durant ses deux premiers mandats, Vladimir Poutine renforce son emprise sur le Parlement, place les gouverneurs régionaux sous la coupe de Moscou, renforce le FSB et met au pas les médias, tout comme les puissants et richissimes oligarques. Mikhaïl Khodorkovski, patron déchu du groupe pétrolier Ioukos résiste et sert d'exemple, en restant dix ans derrière les barreaux.

En 2006, le meurtre de la journaliste critique du pouvoir Anna Politkovskaïa, et l'empoisonnement au polonium-210 de l'ex-espion russe Alexandre Litvinenko, provoquent des ondes de choc mondiales.

 

L'intermède Medvedev

La Constitution lui interdisant un troisième mandat consécutif, Vladimir Poutine choisit comme dauphin son subordonné Dmitri Medvedev, élu le 2 mars 2008 sans concurrence réelle. Sans rien perdre de son influence, il devient Premier ministre.

 

Guerre en Géorgie

En août 2008, l'armée russe intervient en Géorgie, ex-république soviétique candidate à l'Otan, après que Tbilissi a voulu reprendre le contrôle d'un territoire séparatiste pro-russe. Moscou écrase l'armée géorgienne.

 

Le retour

Fin 2011, une contestation éclate après des législatives entachées de fraudes selon l'opposition. Des dizaines de milliers de personnes manifestent chaque semaine à Moscou.

Réélu président en mars 2012, Poutine réprime brutalement les manifestations.

 

"Grande Russie"

Vladimir Poutine endosse les habits de restaurateur de la "grande Russie" en annexant en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée, réagissant à une révolution à Kiev fomentée selon lui par l'Occident.

Cette opération est suivie d'une guerre dans l'Est de l'Ukraine avec des séparatistes prorusses. Poutine reste impassible aux sanctions occidentales.

 

Syrie

En 2015, l'armée russe vient au secours du Syrien Bachar al-Assad, dont les forces sont en déroute face aux rebelles et jihadistes.

L'intervention sauve le régime et Poutine installe la puissance russe au Moyen-Orient, au prix de bombardements aveugles et meurtriers, notamment à à Alep.

 

Eradiquer l'opposition

Depuis 2020, le Kremlin est engagé dans une politique de répression systématique. Sa cible principale: Alexeï Navalny, détracteur le plus célèbre de Vladimir Poutine, qui, après avoir survécu de justesse à un empoisonnement qu'il impute au pouvoir, purge une peine de neuf ans de prison et risque 30 années de réclusion dans un nouveau procès en cours.

Parallèlement, médias, ONG, sites internet et réseaux sociaux sont bloqués.

 

Invasion de l'Ukraine

Le 24 février 2022, Vladimir Poutine lance ses forces armées en Ukraine, prétextant  sauver la minorité russe chez ce voisin qu'il dit vouloir "dénazifier" et présente comme un pion de l'Otan, la menace existentielle pour la Russie.

 

Face à une rébellion armée

Dans une allocution télévisée le 24 juin 2023, il dénonce la "menace mortelle" et le risque de "guerre civile" après une rébellion armée menée par le chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, contre le commandement russe qu'il accuse d'avoir bombardé ses troupes.

Plus tôt, le chef de Wagner avait affirmé tenir le quartier général de l'armée russe à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, et contrôler plusieurs sites militaires.

«Sécurité renforcée»

"Nous sommes tous prêts à mourir, tous les 25.000. Et après il y en aura encore 25.000", avait martelé Prigojine.

Dans la nuit, il avait annoncé être entré à Rostov. Il a aussi assuré que ses troupes avaient abattu un hélicoptère russe qui avait "ouvert le feu sur une colonne civile". Mais il n'a pas apporté de preuves de ces affirmations, dont l'AFP n'a pas pu vérifier la véracité.

Le gouverneur de la région de Rostov a appelé la population à "rester à la maison", et celui de Lipetsk, à 420 km au sud de Moscou, a annoncé "des mesures de sécurité renforcées".

M. Poutine a été forcé d'admettre que la situation à Rostov est "difficile".

Une "enquête pénale" liée à une "tentative d'organiser une mutinerie armée" a été annoncée, selon le porte-parole du Kremlin.

Dans plusieurs messages audio tout au long de la journée, le patron de Wagner avait auparavant affirmé que des frappes russes avaient fait un "très grand nombre de victimes" dans ses rangs. "Un très grand nombre de nos combattants ont été tués", a-t-il dit, accusant le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou d'avoir ordonné ces attaques.

Ces accusations "ne correspondent pas à la réalité et sont une provocation", a rétorqué le ministère de la Défense dans un communiqué.

Le FSB (forces de sécurité) a appelé les combattants de Wagner à arrêter leur chef. Et un influent général, Sergueï Sourovikine, les a exhorté à renoncer à leur révolte.

"Ceux qui ont la responsabilité militaire du pays doivent être stoppés", a aussi dit le patron de Wagner, appelant les Russes à se joindre à ses troupes ou à ne pas leur opposer de résistance.

Evguéni Prigojine, impétueux et imprévisible patron du groupe Wagner

Le conflit en Ukraine a permis à l'imprévisible patron du groupe paramilitaire Wagner de s'imposer comme un acteur de premier plan en Russie. Mais en appelant au soulèvement de l'armée et de la population russes contre l'état-major, Evguéni Prigojine a franchi le Rubicon.

Le président russe Vladimir Poutine a vigoureusement dénoncé samedi la  "trahison" d'Evguéni Prigojine, "provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels", en pointant le risque de "guerre civile".

L'impétueux milliardaire au crâne rasé et aux traits durs a affirmé s'être emparé "sans un coup de feu" du quartier général de l'armée russe à Rostov, centre névralgique des opérations en Ukraine, après avoir accusé la veille l'armée russe d'avoir bombardé des camps de son groupe.

Affirmant disposer de "25.000" combattants "prêts à mourir", le chef mercenaire de 62 ans a appelé l'armée et la population russes à se joindre à lui, tout en se défendant de tout "coup d'Etat militaire".

En réaction, les puissants services de sécurité russes ont ouvert une enquête contre lui pour "appel à la mutinerie armée", une grave accusation qui pourrait en théorie l'envoyer derrière les barreaux pour longtemps.

Mais rien n'est certain lorsqu'il s'agit de M. Prigojine, passé maître dans l'art de la provocation et des revirements.

"Il reste encore à comprendre ce qui est en train de se passer", note l'analyste russe indépendante Tatiana Stanovaïa, pour qui les autorités cherchent "peut-être à mettre Prigojine hors-jeu, avec la participation active de ce dernier".

"Pour le FSB et l'état-major, c'est clairement du pain bénit. Au bas mot, Prigojine va se prendre un coup sur la tête", ajoute-t-elle.

Maître de la provocation 

Le conflit en Ukraine semblait pourtant avoir fourni une occasion en or à l'homme d'affaires de sortir de l'ombre d'où il opérait depuis des années, pour enfin s'affirmer comme un acteur de premier plan en Russie.

En mai 2023, après des mois de durs et sanglants combats, M. Prigojine atteint la consécration en revendiquant la prise par Wagner de Bakhmout (est de l'Ukraine), célébrant une rare victoire sur le champ de bataille pour les forces russes.

Mais c'est aussi à l'occasion de cette bataille que les tensions avec l'état-major s'accentuent: M. Prigojine l'accuse de priver Wagner de munitions et multiplie les vidéos dans lesquelles il insulte les commandants russes.

Impensable pour n'importe qui d'autre en Russie, dans un contexte de répression totale.

Son passage de l'ombre à la lumière a débuté en septembre, au moment où l'armée russe subissait revers sur revers en Ukraine, une humiliation pour les va-t-en-guerre dont il fait partie.

Il sort alors du bois en admettant, pour la première fois, qu'il est bien le fondateur en 2014 du groupe paramilitaire Wagner, actif en Ukraine comme en Syrie, mais aussi en Afrique. Et s'impose comme un meneur.

"Ces gars, des héros, ont défendu le peuple syrien, d'autres peuples de pays arabes, les démunis africains et latino-américains, ils sont devenus un pilier de notre patrie", revendique-t-il.

En octobre, il pousse cette logique de réclame plus loin encore, installant en grande pompe dans un immeuble de verre de Saint-Pétersbourg (nord-ouest) le siège de la "compagnie militaire privée Wagner".

Maître de la provocation, il publie en février une vidéo le montrant à bord d'un avion de guerre où il propose au président ukrainien Volodymyr Zelensky de décider le sort de Bakhmout au cours d'un duel aérien.

Milliardaire 

Pour se doter d'une armée à la hauteur de ses ambitions, M. Prigojine, natif comme M. Poutine de Saint-Pétersbourg, recrute des milliers de détenus pour combattre en Ukraine, en échange d'une amnistie.

L'univers de la prison, Evguéni Prigojine le connaît bien, ayant lui-même passé neuf ans en détention à l'époque soviétique pour des délits de droit commun.

Il sort en 1990, alors que l'URSS est en train de s'effondrer, et monte une affaire à succès de vente de hot-dogs.

Il monte ensuite en gamme, jusqu'à ouvrir un restaurant de luxe qui devient l'un des plus courus de Saint-Pétersbourg, où Vladimir Poutine connaît en parallèle sa propre ascension politique.

Après l'accession en 2000 de Vladimir Poutine à la présidence, son groupe de restauration officie au Kremlin, ce qui lui vaut le surnom de "cuisinier de Poutine" et la réputation d'être devenu milliardaire grâce aux contrats publics.

C'est cet argent qu'il aurait donc utilisé pour fonder Wagner, armée privée d'abord composée de vétérans endurcis de l'armée et des services spéciaux russes.

En 2018, alors que ce groupe, déjà remarqué en Ukraine, Syrie et Libye, est soupçonné de prendre pied en Afrique, trois journalistes russes enquêtant sur les affaires de la société paramilitaire sont tués en Centrafrique.

«Cadeau»

La Maison Blanche et l'Union européenne ont dit suivre de près la situation et les chefs de la diplomatie du G7 se sont entretenus pour un "échange de vues".

Rishi Sunak, le Premier ministre britannique a appelé toutes les parties à être "responsables" et à "protéger les civils"

L'opposant russe en exil à Londres et homme d'affaires Mikhaïl Khodorkovski a appelé sur Telegram à soutenir Evguéni Prigojine face à Vladimir Poutine: "Oui, même le diable il faudrait l'aider s'il décidait d'aller contre ce régime!".

"Il n'y a pas de succès militaires" russes, avait déploré vendredi Prigojine, suggérant que l'armée russe subit de lourdes pertes en Ukraine.

Invérifiables de source indépendante, ces propos contredisent ceux de Poutine, selon qui l'armée russe "repousse" tous les assauts ukrainiens.

Le Kremlin a assuré que le président Poutine a reçu le "plein soutien" de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

Et la diplomatie bélarusse, a affirmé que la rébellion de Wagner était un "cadeau" fait à l'Occident.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.


Londres accuse Israël d'avoir refoulé deux députés travaillistes britanniques

Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy s'exprime lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 15 août 2024. (Photo d'archives AFP)
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy s'exprime lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 15 août 2024. (Photo d'archives AFP)
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  • Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a accusé  Dans la nuit de samedi à dimanche, Israël d'avoir refoulé deux députées travaillistes à leur entrée à l'aéroport international de l'État hébreu.
  • « Il est inacceptable, contre-productif et profondément inquiétant que deux membres du Parlement britannique, aient été interpellés et se soient vu refuser l'entrée par les autorités israéliennes », a tonné le chef de la diplomatie.

LONDRES : Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a accusé  Dans la nuit de samedi à dimanche, Israël d'avoir refoulé deux députées travaillistes à leur entrée à l'aéroport international de l'État hébreu, dans le cadre d'un voyage officiel.

« Il est inacceptable, contre-productif et profondément inquiétant que deux membres du Parlement britannique, dans le cadre d'une délégation parlementaire en Israël, aient été interpellés et se soient vu refuser l'entrée par les autorités israéliennes », a tonné le chef de la diplomatie dans un communiqué de son ministère publié sur X.

« J'ai clairement fait savoir à mes homologues du gouvernement israélien que nous n'accepterions pas un tel traitement réservé à des parlementaires britanniques avec qui nous sommes en contact et à qui nous apportons notre soutien », a insisté M. Lammy.

Le ministre a rappelé que « le gouvernement du Royaume-Uni restait focalisé sur la reprise du cessez-le-feu et des négociations pour mettre fin à l'effusion de sang, ainsi que sur la libération des otages et la fin du conflit dans la bande de Gaza ».

La diplomatie britannique n'a dévoilé aucun détail supplémentaire.

S'appuyant sur un communiqué du ministère israélien de l'Immigration cité par la chaîne de télévision Sky News, le journal The Guardian indique que les parlementaires refoulées à l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, sont deux femmes, Yuan Yang et Abtisam Mohamed. Elles sont soupçonnées d'avoir voulu « documenter les activités des forces de sécurité (israéliennes) et diffuser une haine contre Israël ».

Mercredi dernier, Hamish Falconer, sous-secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, a dénoncé l'élargissement des opérations militaires d'Israël dans la bande de Gaza, se disant « profondément préoccupé » par la reprise des hostilités.

« La politique du gouvernement britannique et celle du gouvernement israélien diffèrent. Ces divergences persisteront jusqu'à ce que nous retrouvions la voie d'une solution à deux États », avait déclaré M. Falconer devant la commission des Affaires étrangères du Parlement britannique.


Amnesty International exhorte la Belgique à mettre fin aux violations des droits des demandeurs d'asile

Des demandeurs d'asile dorment dans une rue du centre de Bruxelles, en Belgique, le 28 octobre 2022. (Reuters)
Des demandeurs d'asile dorment dans une rue du centre de Bruxelles, en Belgique, le 28 octobre 2022. (Reuters)
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  • La Belgique fabrique activement une crise du sans-abrisme. Sans intervention urgente, cette crise va s'aggraver
  • L'organisation a interrogé des personnes, dont des Palestiniens, qui naviguent dans le système d'asile du pays.

LONDRES : Amnesty International a condamné jeudi la Belgique pour avoir rejeté les demandes d'asile de milliers de personnes, les "forçant à devenir des sans-abri".

Amnesty a accusé ce pays membre de l'UE de "discrimination à l'encontre des hommes célibataires racialisés", ce qui a eu "un impact sur la vie, la dignité et les droits de l'homme des demandeurs d'asile".

L'organisation a ajouté : "À ce jour, les tribunaux nationaux et internationaux ont ordonné plus de 12 000 fois aux autorités belges d'accueillir des demandeurs d'asile.

"La Belgique a toujours refusé de se conformer pleinement aux jugements, bien que ceux-ci soient définitifs et juridiquement contraignants.

Amnesty a interrogé des personnes qui se sont retrouvées sans domicile fixe alors qu'elles naviguaient dans le système d'asile belge depuis 2021. Nombre d'entre elles ont déclaré qu'en plus de se voir refuser un logement, l'accès aux soins de santé est un problème majeur.

Sayed, qui a voyagé depuis l'Afghanistan, a passé du temps dans un squat à Bruxelles avec d'autres migrants sans-abri d'octobre 2022 à 2023.

"Au début, c'était assez bien, il y avait des toilettes et des douches, et certaines personnes apportaient de la nourriture l'après-midi ", a-t-il expliqué à Amnesty.

"Mais peu à peu, le centre s'est complètement transformé en cimetière. Les douches et les toilettes étaient cassées, avec le temps... L'urine arrivait jusqu'à l'endroit où l'on dormait."

Selon lui, les Belges ordinaires et les organisations caritatives locales ont été accueillants, mais l'État ne l'a pas été. "Les gens ressentaient notre douleur, mais pas les autorités", a-t-il ajouté.

Les réfugiés palestiniens Ahmet et Baraa, qui ont fui la guerre de Gaza l'année dernière, ont également été contraints de vivre dans un squat.

"Il faisait froid... Vous pouvez être affamé et personne ne le saura. Personne ne vous aidera", a déclaré Ahmet. "J'ai perdu beaucoup de parents et d'amis (à Gaza). Ma mère est gravement blessée, ainsi que mes frères et ma sœur. Je me suis mis à leur place : Je dois juste survivre."

Baraa a déclaré qu'il souhaitait simplement "une vie simple, des droits fondamentaux, un travail, de la nourriture dans (mon) estomac et vivre comme une personne normale. Nous avions une vie à Gaza, mais nous n'avions pas la sécurité nécessaire et c'est pour cela que nous sommes partis. C'est pourquoi nous sommes venus ici : pour trouver un endroit sûr".

Amnesty International craint que la Belgique ne continue d'exacerber le problème après que son nouveau gouvernement se soit engagé à adopter "la politique migratoire la plus stricte possible".

Amnesty a exhorté le gouvernement à "fournir immédiatement des places d'accueil en nombre suffisant et à veiller à ce que toutes les personnes demandant l'asile bénéficient d'un logement adéquat".

"Il doit veiller à ce que les personnes aient accès à des services de santé adéquats, y compris à un soutien psychologique spécialisé, quelle que soit leur situation en matière de logement.

L'organisation a également demandé à l'Union européenne de "veiller à ce que la Belgique rétablisse le respect" de ses obligations légales à l'égard des demandeurs d'asile, "notamment en lançant des procédures d'infraction si nécessaire".

Eva Davidova, porte-parole d'Amnesty International Belgique, a déclaré que "l'incapacité du pays à fournir un accueil n'est pas due à un manque de ressources mais à un manque de volonté politique".

Elle a ajouté : "Le gouvernement précédent a eu amplement le temps de résoudre la situation des sans-abri et ne l'a pas fait.

"Le gouvernement actuel se préoccupe davantage de réduire le nombre de personnes qui reçoivent l'asile que de s'attaquer aux préjudices réels infligés aux demandeurs d'asile qui se trouvent actuellement dans le pays.

"L'ampleur et la durée du mépris persistant de la Belgique pour les décisions de justice soulèvent des questions quant à la manière dont les détenteurs de droits peuvent espérer demander des comptes au gouvernement belge, en particulier les personnes marginalisées et racialisées comme celles qui sont affectées par cette situation.

Mme Davidova poursuit : "La Belgique fabrique activement une crise du sans-abrisme qui aura un impact négatif durable sur la vie et la dignité des personnes, tandis que la société civile est laissée à elle-même pour ramasser les morceaux.

"Sans une intervention urgente, cette crise s'aggravera, violant davantage les droits des demandeurs d'asile et érodant à la fois les pays et l'engagement de l'UE en faveur des droits de l'homme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com