Comment les querelles entre deux factions soudanaises sont devenues «l'autre guerre oubliée» de 2023

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Publié le Samedi 30 décembre 2023

Comment les querelles entre deux factions soudanaises sont devenues «l'autre guerre oubliée» de 2023

  • La violence a éclaté entre les forces armées soudanaises et les forces paramilitaires de soutien rapide le 15 avril
  • Malgré la perte de 12 000 vies et le déplacement de plus de 7 millions de personnes, l'attention de la communauté internationale s'est relâchée

NOUAKCHOTT, Mauritanie: Une lutte acharnée pour le pouvoir entre deux factions soudanaises a fait la une des journaux pendant des mois, mais a fini par disparaître des écrans radars, malgré la perte de 12 000 vies à ce jour et le déplacement de plus de 7 millions de personnes.

Le conflit, qui a éclaté le 15 avril, a commencé à perdre de sa force lorsque les puissances mondiales ont reporté leur attention sur la guerre qu'Israël mène contre le groupe militant palestinien Hamas depuis le 7 octobre et sur le conflit en cours en Ukraine.

Par ailleurs, les dirigeants africains, préoccupés par des défis intérieurs considérables, ont tardé à s'attaquer à la crise du Soudan, le troisième plus grand pays d’Afrique.

Bien qu'ils aient organisé des réunions pour mettre fin à la guerre, ils ont eu du mal à maîtriser les parties belligérantes, mettant en péril la stabilité politique et économique de la région.

Les conséquences de cet ensemble de négligence et d'échec deviennent de plus en plus évidentes.

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Les dirigeants africains, préoccupés par des défis intérieurs considérables, ont tardé à s'attaquer à la crise du Soudan, le troisième plus grand pays d’Afrique. (Photo fournie)

Le conflit entre d'anciens alliés − les forces paramilitaires de soutien rapide et les forces armées soudanaises − a dévasté le pays dont ils se sont emparés conjointement en 2021 à l'occasion d'un coup d'état visant à empêcher la transition vers une gouvernance démocratique. 

Le Fonds monétaire international a prévu une contraction de près de 20% de l'économie soudanaise cette année, soulignant l'impact désastreux du conflit. Le Soudan détient désormais la distinction douteuse d'avoir le plus grand nombre de réfugiés internes au monde.

Depuis le seul mois d'avril, 6,3 millions de personnes ont été déplacées, s'ajoutant aux 3,7 millions de Soudanais qui avaient déjà fui leur foyer lors de conflits antérieurs, ainsi qu'aux 1,1 million d'étrangers qui avaient déjà cherché refuge au Soudan.

Plus de 1,4 million de Soudanais ont cherché refuge dans les pays voisins depuis le début du conflit, accentuant la pression sur des États régionaux déjà aux prises avec leurs propres problèmes humanitaires et bouleversements politiques.

Par ailleurs, les agences d'aide préviennent que plus de 6 millions de personnes sont au bord de la famine.

Plus inquiétant encore, des rapports font état d'un nettoyage ethnique dans la région du Darfour, qui rappelle de manière poignante les événements du début des années 2000. Au cours de cette période, les milices Janjawids, précurseurs des forces de soutien rapide, ont mené une campagne de génocide.

Tout au long de l'année 2023, Alice Wairimu Nderitu, conseillère des Nations unies pour la prévention des génocides, a publié des déclarations mettant en lumière une augmentation inquiétante des violences à caractère ethnique au Soudan.

Au milieu de cette catastrophe, Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazirah, située à environ 136 km au sud-est de la capitale du Soudan, Khartoum, est un sombre témoignage de la brutalité implacable du conflit.

Dernière ville en date à tomber aux mains des forces de soutien rapide en décembre, ce centre urbain autrefois animé vit aujourd'hui le cauchemar des pillages, des exactions contre les civils et de la guerre ouverte.

Mohamad Abdel, Soudanais de 32 ans, a révélé que ses proches avaient une fois de plus été contraints de fuir. «L'idée de revivre ce cauchemar à plusieurs reprises est terrible», a-t-il déclaré à Arab News.

«Mon père se retrouve une fois de plus sur la route, fuyant les horreurs de la guerre. Puisse quelqu'un mettre enfin un terme à cette guerre», a-t-il ajouté, appelant les parties belligérantes à accepter un cessez-le-feu.

Les villes et les villages de l'État d'Al-Jazirah sont désormais sous le contrôle des forces de soutien rapide, ce qui constitue une avancée stratégique majeure pour la milice. Les tactiques du groupe, caractérisées par une guerre de l'information et des combats minimes, ont modifié la dynamique militaire dans la région.

Ils ont également soulevé des préoccupations concernant la sécurité alimentaire et les systèmes de santé locaux.

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Plus de 1,4 million de Soudanais ont cherché refuge dans les pays voisins depuis le début du conflit. (Photo fournie)

L'État d'Al-Jazirah produit d'importantes quantités de coton, d'arachides et de blé. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies s'est fait l'écho des inquiétudes concernant l'impact potentiel sur l'approvisionnement alimentaire du Soudan et a souligné la nécessité pour l'État de poursuivre ses activités agricoles.

Le syndicat des médecins soudanais a également souligné la situation désastreuse à Wad Madani. Dans un communiqué, le syndicat a déclaré: «Les 22 hôpitaux de la ville ne fonctionnent plus du tout à la suite de l'invasion des forces de soutien rapide.»

Depuis que la violence a éclaté dans les quartiers est de Wad Madani, comme Abu Haraz et Hantoub, de nombreux habitants ne peuvent plus se rendre à Sennar, la zone urbaine la plus proche qui échappe au contrôle des forces de soutien rapide.

Muawiya Abderrahmane, membre du Comité de résistance de Khartoum, un mouvement populaire en faveur de la démocratie, a déclaré à Arab News qu'il avait été refoulé à l'un des nouveaux points de contrôle des forces de soutien rapide.

Il a signalé: «Je ne sais pas où aller ensuite. Nous attendons juste le bon moment pour partir après avoir déterminé notre destination.»

Abderrahmane reste confiné dans le quartier de Maki, où il a été témoin d'un «pillage généralisé, perpétré par des membres de la milice faisant des descentes dans des maisons vides, volant de l'argent, des bijoux et des voitures, en particulier sous le couvert de la nuit».

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Le conflit entre d'anciens alliés − les forces paramilitaires de soutien rapide et les forces armées soudanaises − a dévasté le pays dont ils se sont emparés conjointement en 2021 à l'occasion d'un coup d'état. (Photo, AFP)

Les déplacements d'Abderrahmane étaient déjà limités sous le régime des forces armées soudanaises, période pendant laquelle il craignait les arrestations arbitraires par les factions islamistes et les services de renseignements militaires.

«Cette décision était fondée sur des motifs discriminatoires à l'encontre des personnes originaires de l'ouest du Soudan, notamment du Darfour et du Kordofan», a-t-il ajouté.

Alors que des milliers de personnes fuient vers l'est, vers Gedaref et Kassala, et que beaucoup d'entre elles manquent de nourriture, de médicaments et d'autres produits de première nécessité, le conflit a donné lieu à des épidémies massives.

Les travailleurs humanitaires sur le terrain font état d'une situation désespérée, avec des ressources limitées pour faire face à la crise sanitaire croissante.

Will Carter, directeur pour le Soudan du Conseil norvégien pour les réfugiés, a déclaré à Arab News: «Il s'agit de l'une des interventions humanitaires les moins bien financées au monde.»

«La chute de l'État d'Al-Jazirah a eu un impact très, très profond sur l'opération humanitaire restructurée», a-t-il ajoute.

«C'est une position très précaire, en termes de sécurité et de stabilité, mais aussi en termes de logistique. Cela crée un espace encore plus limité pour aider des millions de personnes actuellement, au moment où elles ont le plus besoin de nous», a-t-il expliqué.

Au-delà des défis logistiques, la chute de Wad Madani a de profondes implications pour le moral du public et la réputation des Forces armées soudanaises, qui ont été accusées d'avoir échoué sur le plan stratégique, de s'appuyer trop lourdement sur les milices alliées et de ne pas disposer de troupes suffisantes malgré leurs campagnes de recrutement.

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Les agences d'aide préviennent que plus de 6 millions de personnes sont au bord de la famine. (Photo fournie)

Certains analystes craignent que ces faiblesses ne conduisent à la victoire des forces de soutien rapide, ce qui pourrait avoir de graves répercussions sur la sécurité de la Libye voisine, du Tchad, de la République centrafricaine et d'autres pays.

Alors que les Forces armées soudanaises cherchent à punir les commandants responsables du retrait brutal des troupes de l'État d'Al-Jazirah, Carter estime que le désintérêt du monde pour le conflit a été une grave erreur.

«Alors que les conflits dans d'autres parties du monde attirent l'attention de la communauté internationale, la souffrance silencieuse du Soudan reste largement négligée», a-t-il soutenu.

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Le conflit soudanais a éclaté le 15 avril et a largement échappé à l'attention diplomatique internationale depuis le début de la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas. (Photo, AFP)

Il a souligné que l'afflux de réfugiés soudanais dans des régions déjà mal desservies et fragiles, notamment le Sud-Soudan, l'est du Tchad et des régions d'Éthiopie, «fait qu'il est extrêmement difficile d'aider les gens de manière équitable et appropriée compte tenu des ressources extrêmement limitées».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un groupe irakien visé par des frappes israéliennes près de Damas

Des soldats de l'armée israélienne se tiennent debout sur la tourelle d'un char de combat principal positionné dans le sud d'Israël près de la frontière avec la bande de Gaza, le 9 mai 2024. (Photo par Ahmad Gharabli AFP)
Des soldats de l'armée israélienne se tiennent debout sur la tourelle d'un char de combat principal positionné dans le sud d'Israël près de la frontière avec la bande de Gaza, le 9 mai 2024. (Photo par Ahmad Gharabli AFP)
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  • L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, rapporte qu'Israël a frappé un centre culturel et un camp d'entraînement d'Al-Noujaba, membre d'une nébuleuse de groupes armés pro-iraniens
  • Une source au sein d'Al-Noujaba a confirmé qu'un centre culturel du groupe avait été détruit par une frappe israélienne près de Sayyeda Zeinab, mais n'a pas fait état de victimes

BEYROUTH, Liban : Des frappes nocturnes israéliennes ont ciblé le mouvement irakien Al-Noujaba, dans la région de Damas, ont indiqué jeudi le groupe armé pro-iranien et une ONG.

Israël commente rarement les frappes individuelles mais répète régulièrement qu'il ne permettra pas à son ennemi juré, l'Iran, d'accroître sa présence en Syrie.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, rapporte qu'Israël a frappé un centre culturel et un camp d'entraînement d'Al-Noujaba, membre d'une nébuleuse de groupes armés pro-iraniens se faisant appeler «Résistance islamique en Irak».

Des ambulances se sont dirigées vers les zones ciblées, a indiqué l'ONG qui fait état de trois membres d'Al-Noujaba blessés.

Le centre et le camp sont situés dans le quartier de Sayyeda Zeinab, au sud de Damas, où de violentes explosions ont retenti à l'aube selon l'ONG, basée au Royaume-Uni.

Sayyeda Zeinab abrite un important sanctuaire chiite et est défendu par des miliciens pro-iraniens, notamment du Hezbollah, aux côtés de l'armée de Damas, selon l'OSDH.

Une source au sein d'Al-Noujaba a confirmé à l'AFP qu'un centre culturel du groupe avait été détruit par une frappe israélienne près de Sayyeda Zeinab, mais n'a pas fait état de victimes.

Al-Noujaba «n'a pas de base militaire déclarée en Syrie», a ajouté la source.

«Vers 3H20 du matin (00:20 GMT), l'ennemi israélien a mené une agression aérienne depuis le Golan syrien occupé, ciblant un bâtiment dans la région de Damas», a indiqué jeudi matin le ministère syrien de la Défense, cité par l'agence officielle Sana.

«Notre défense antiaérienne a abattu certains missiles», a ajouté le ministère, précisant que l'attaque «a causé quelques dégâts matérielles».

L'armée israélienne a conduit des centaines de frappes en Syrie depuis le déclenchement en 2011 de la guerre civile qui y fait rage, ciblant principalement des positions militaires et des combattants pro-iraniens.

Le nombre de frappes s'est accru depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, lorsque le mouvement islamiste palestinien a mené une attaque meurtrière sans précédent contre Israël.

Le 13 avril, l'Iran a mené une attaque inédite contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays. Téhéran a dit avoir agi en «légitime défense» après l'attaque meurtrière, attribuée à Israël, qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril.


Les forces armées saoudiennes participent à un exercice militaire en Turquie

L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances et de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes
L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances et de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes
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  • Dès leur arrivée en Turquie, avant la phase d’exercices sur le terrain de l’EFES 2024, les unités saoudiennes ont été accueillies par l’attaché militaire à l’ambassade d’Arabie saoudite à Ankara, le commodore Adel al-Kalthami
  • L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances, de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes dans divers environnements et d’accroître leur efficacité au combat

RIYAD: Les forces armées saoudiennes participent à un exercice militaire multinational dans la ville turque d’Izmir, a annoncé, mercredi, le ministère de la Défense du Royaume.

Dès leur arrivée en Turquie, avant la phase d’exercices sur le terrain de l’EFES 2024, les unités saoudiennes ont été accueillies par l’attaché militaire à l’ambassade d’Arabie saoudite à Ankara, le commodore Adel al-Kalthami, directeur des exercices du Royaume, le général Nasser al-Suhaimi et des officiers des divisions des forces armées.

L’exercice comprend deux phases principales. La première est un exercice de centre de commandement au Centre multinational de guerre d’Istanbul et au Centre de formation de commandement conjoint d’Izmir, qui a commencé le 25 avril et a pris fin mercredi. La deuxième phase, qui comprend des exercices de tir réel dans la zone de Doganbey à Izmir, commence vendredi et se poursuit jusqu’au 30 mai.

Le chef de l’Autorité saoudienne d’éducation et de formation des forces armées, le général de division Adel al-Balawi, a déclaré que la participation des forces nationales à l’exercice reflète l’attention et le soutien accordés par les dirigeants saoudiens au développement de leurs capacités et au renforcement de leur organisation, de la formation et des compétences en armement.

L’exercice offre aux forces des pays participants l’occasion d’échanger des connaissances, de s’entraîner ensemble à la planification et à la coordination d’opérations conjointes dans divers environnements, d’accroître leur efficacité au combat et de renforcer la coopération militaire, a-t-il ajouté.

Au cours de l’exercice, les unités saoudiennes et leurs homologues d’autres pays effectueront de nombreuses manœuvres par voies terrestre et maritime, notamment des opérations d’atterrissage en mer, des missions de recherche et de sauvetage et des réponses aux menaces posées par les drones, en utilisant des armes légères chargées de balles réelles et d’autres armes, conclut M. Al-Balawi.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Au Maghreb, le soutien aux Palestiniens se crie dans les stades

Des manifestants pro-palestiniens tiennent un grand drapeau palestinien lors d'une manifestation à Rabat le 10 décembre 2017 contre la déclaration du président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël. (Photo Fadel Senna AFP)
Des manifestants pro-palestiniens tiennent un grand drapeau palestinien lors d'une manifestation à Rabat le 10 décembre 2017 contre la déclaration du président américain Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël. (Photo Fadel Senna AFP)
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  • Chômage, inégalités, corruption: les ultras scandent des slogans qui ont largement disparu de la rue depuis qu'une vague de répression a balayé les mouvements de contestation, dans la foulée du Printemps arabe
  • Entre les banderoles réclamant plus de liberté, il y a les drapeaux palestiniens, omniprésents depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza

CASABLANCA, Maroc : «Ô Palestine ma bien aimée, Résiste!» Au Maghreb, la solidarité avec les Palestiniens s'affiche surtout, depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, dans les stades de football, rares théâtres d'expression où les ultras crient les colères et les frustrations de la jeunesse.

Chômage, inégalités, corruption: les ultras scandent des slogans qui ont largement disparu de la rue depuis qu'une vague de répression a balayé les mouvements de contestation, dans la foulée du Printemps arabe, dénoncent des organisations de défense des droits humains.

Entre les banderoles réclamant plus de liberté, il y a les drapeaux palestiniens, omniprésents depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

Dès le 8 octobre, au lendemain de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien qui a déclenché une offensive militaire israélienne meurtrière, retentissait dans le stade Mohammed-V de Casablanca une chanson des ultras de l'un des clubs phares de la capitale économique marocaine.

«Ô Palestine ma bien aimée, où sont les Arabes? Ils sont endormis, Ô toi le plus beau pays, Résiste!», dit l'air écrit par les ultras du Raja et repris depuis des années à travers le monde arabe.

A Alger en novembre, c'est un tifo représentant un Palestinien masqué, avec pour sous-titre «Je me sacrifie pour toi, terre des révolutionnaires», qui était déployé.

«La question palestinienne fédère tout le monde», note Abderrahim Bourkia, sociologue marocain, qui a écrit «Des ultras dans la ville».

«Les ultras se placent de manière générale du côté des opprimés. Pour eux, ça va de soi de chanter la Palestine», détaille-t-il.

- «Devoir» -

En Algérie et en Tunisie, des banderoles clament qu'«A Gaza, la faim et la soif c'est tous les jours», promettent que «Nous vengerons les enfants (palestiniens)», quand le Wydad Casablanca salue les «résistants au coeur des tunnels», en référence aux combattants du Hamas terrés sous Gaza, bombardé par Israël.

Pour Seif*, ultra du groupe «Zapatista» de l'Espérance de Tunis, la cause palestinienne fait partie des sujets que les ultras «partagent», comme «la corruption dans le sport» et la quête de liberté.

«Transmettre un message est le moins que l'on puisse faire», lance Ali*, un autre ultra espérantiste.

«Ne pas défendre les gens les plus proches de toi, tes frères, est-ce que ça paraît correct?», interroge-t-il: «La cause palestinienne n'est pas une tendance, c'est un devoir».

Les ultras interrogés par l'AFP indiquent qu'ils se sentent plus à l'aise dans les tribunes qu'ailleurs pour exprimer des opinions politiques.

«Le stade demeure le seul lieu» où épancher les émotions «est toléré», relève M. Bourkia.

Au Maroc, les manifestations pro-palestiniennes dénonçant les «massacres» à Gaza et la normalisation entre le royaume et Israël sont fréquentes, mais largement encadrées par les forces de l'ordre, comme ailleurs dans la région.

Hamza*, ultra du Wydad, estime que si son groupe organisait une marche pro-palestinienne, «les autorités stopperaient ça dès le premier instant».

«C'est beaucoup plus simple de le dire dans un stade», où l'«effet de foule» permet de «se défouler», ajoute l'étudiant en communication de 21 ans.

- «La vérité sort toujours des stades» -

Selon M. Bourkia, la jeunesse, qui se sent marginalisée, «semble avoir trouvé dans les ultras un porte-voix, un canal de liberté d'expression et l'opportunité de se former et de s'adonner à un travail collectif engagé».

«Nous ne faisons pas de politique mais la vérité sort toujours des stades (...). C'est la voix des quartiers populaires», affirme à l'AFP Abdelhamid*, un ultra du Mouloudia d'Alger.

Les ultras «veulent montrer qu'ils agissent, qu'ils ne sont pas simplement un groupe de supporters casse-cou et qu'ils ont, eux aussi, un avis», analyse le sociologue tunisien Mohamed Jouili.

Comme les autres ultras rencontrés par l'AFP, Hamza* à Casablanca se défend de tout hooliganisme et regrette que les autorités prononcent des peines contre certains -- allant jusqu'à l'emprisonnement -- pour «calmer» l'ensemble du groupe, dit-il.

Ces dernières années, des émeutes ont éclaté entre ultras lors de matches, donnant lieu à des sanctions contre des clubs.

«Mettre autant de pression sur cette population qui veut juste s'exprimer, ce n'est pas la bonne solution. Ca me motive encore plus», assure-t-il: «On n'arrêtera pas de scander ce qu'on veut scander et on n'arrêtera pas de chanter (pour la Palestine)».

 

*les prénoms ont été modifiés