Arabie saoudite: Le sommet mondial de l'archéologie d'AlUla se dévoile

Une vue de la salle de concert Maraya, le plus grand bâtiment en miroir du monde, à AlUla, un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, le 19 février 2023 (Photo, AFP).
Une vue de la salle de concert Maraya, le plus grand bâtiment en miroir du monde, à AlUla, un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, le 19 février 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 13 septembre 2023

Arabie saoudite: Le sommet mondial de l'archéologie d'AlUla se dévoile

  • Cet événement vise à créer un environnement de collaboration interdisciplinaire et d'échange de connaissances
  • L’Arabie saoudite accueille également la 45e session du Comité du patrimoine mondial de l'Unesco

DHAHRAN : L'Arabie saoudite abrite une multitude de trésors archéologiques qui s'étendent de l'ère néolithique au début du XXe siècle.

Il n'y a donc peut-être pas de meilleur endroit dans la région pour accueillir un rassemblement des plus grands cerveaux du monde en matière de patrimoine et d'antiquité.

L’Arabie saoudite organisera le premier sommet mondial de l'archéologie d'AlUla dans l'ancienne ville-oasis éponyme du 13 au 15 septembre. Organisé par la Commission royale pour AlUla, le sommet se tiendra dans la salle de concert Maraya d'AlUla.

Cet évènement survient alors que le gouvernement saoudien met en œuvre des politiques visant à faciliter l'accès des archéologues étrangers et locaux aux sites du patrimoine culturel qui abondent dans le nord-ouest du pays et à leur permettre de les examiner.

Le sommet réunira 60 conférenciers de tous horizons professionnels et de toutes spécialités – du patrimoine culturel et de l'archéologie aux médias et à l'entrepreneuriat – venus du monde entier.

Vue du ciel de l'oasis d'AlUla (Photo, Commission royale pour AlUla).

Abdel Rahmane Alsuhaibani, directeur exécutif de l'archéologie, de la conservation et des collections de la Commission royale pour AlUla, a déclaré à Arab News : «Le sommet mondial de l'archéologie d'AlUla favorisera un environnement de collaboration interdisciplinaire et d'échange de connaissances.»

«Inspirés par le passé commun de l'humanité, nous nous concentrerons sur des solutions innovantes susceptibles d'avoir un impact durable sur le monde. Nous sommes ravis d'accueillir le sommet inaugural à AlUla, où le monde s'est réuni et où nous nous réunirons à nouveau», a-t-il ajouté.

La Commission royale pour AlUla a été fondée par décret royal en 2017 et chargée de préserver et de développer AlUla conformément au programme de réforme sociale et de diversification économique de l'Arabie saoudite, la Vision 2030.

Alsuhaibani a indiqué que l'événement d’AlUla avait été classé comme un sommet plutôt que comme une simple conférence à cause de l'étendue de l'expertise que les délégués apporteraient à la table.

«Il ne s'agit pas d'une conférence scientifique où l'on discute de problèmes scientifiques liés au domaine de l'archéologie», a-t-il précisé.

«Il s'agit d'un sommet qui vise à permettre à tous les archéologues et à ceux qui travaillent dans d'autres domaines liés à l'archéologie, comme les musées et l'anthropologie – tous les domaines liés à l'archéologie – de se réunir et de collaborer», a-t-il poursuivi.

EN BREF

Au moins 60 experts arriveront en Arabie saoudite pour discuter des développements dans le domaine de l'archéologie.

Le sommet vise à renforcer la coopération entre les archéologues du monde entier.


L'Arabie saoudite possède plusieurs sites patrimoniaux qui étaient jusqu'à présent difficiles à visiter pour les experts étrangers.

Le sommet offrira «une plate-forme et une scène» pour discuter des développements dans ce domaine, non seulement en ce qui concerne l'Arabie saoudite et le Moyen-Orient, mais aussi dans le monde entier.

«Ce sommet doit également permettre de discuter des défis auxquels nous sommes confrontés dans le monde par le biais de l'archéologie et d'autres domaines similaires», a mentionné Alsuhaibani.

L'un des principaux sujets à débattre est l'identité et la manière dont l'archéologie pouvait façonner ou remodeler les perceptions de celle-ci. Le programme principal de l'événement sur invitation seulement se concentrera sur les quatre thèmes de l'identité, de la résilience, des paysages de ruines et de l'accessibilité.

L'événement ne sera pas ouvert au public, mais les principaux thèmes et sujets abordés seront disponibles, ainsi que des extraits vidéo, peu après la fin de l'événement.

L'une des discussions importantes prévues pour le sommet portera sur la manière dont l'archéologie pourrait être utilisée pour faire face aux problèmes mondiaux.

Le sommet mettra également en évidence la manière dont les découvertes archéologiques en Arabie saoudite pourraient faire plus qu'améliorer la compréhension de l'identité et de l'histoire locales, mais aussi améliorer la connaissance et l'appréciation d'une humanité commune partagée.

Le quartier des arts d'Al-Jadidah à AlUla (Photo, Commission royale pour AlUla).

AlUla est un lieu approprié pour accueillir une telle discussion. Les découvertes passées et récentes sur ce riche site archéologique de la province occidentale de Médine, en Arabie saoudite, montrent qu'il a été un carrefour pour diverses cultures anciennes et une voie commerciale mondiale principale reliant l'Orient et l'Occident.

Dans l'Antiquité, AlUla était une ville marchande et faisait partie de la route commerciale de l'encens – un réseau complexe de routes pour le commerce des pierres précieuses, de la soie, des perles, des épices et d'autres produits de luxe qui reliait la région méditerranéenne à l'Inde en passant par l'Égypte, le Levant et, bien sûr, l'Arabie saoudite d'aujourd'hui.

En août, Majed al-Zahoufi, passionné d'astronomie, a expliqué le lien intime entre les sites historiques d'AlUla et le cosmos. Pendant des millénaires, les premières civilisations ont entretenu un lien étroit avec les étoiles, indispensables pour naviguer lors de longs voyages, qui continue d'influencer la région jusqu'à ce jour.

Outre les nombreuses preuves matérielles de l'existence d'une civilisation antique dynamique à AlUla, les histoires racontées par les guides révèlent que la voûte étoilée de la vaste région désertique a joué un rôle essentiel pour guider les voyageurs et les caravanes commerciales à travers les vastes paysages arides.

Tout porte à croire que la région a été une importante route commerciale à travers les âges.

La région d'Al-Gharameel à AlUla est un paradis pour l'observation des étoiles, où l'on peut voir environ 6 000 étoiles scintillantes (Photo fournie).

Les découvertes faites à AlUla et ailleurs en Arabie saoudite au cours des dernières décennies se sont avérées cruciales pour la compréhension archéologique commune de l'humanité. Aujourd'hui, AlUla jouera à nouveau un rôle important dans l'élargissement de cette compréhension grâce au prochain sommet.

Robert Bewley, directeur des projets d'archéologie aérienne en Jordanie et à Oman, et délégué à l'événement prochain, a déclaré à Arab News : «En organisant un sommet, vous réunissez toutes les personnes qui ont travaillé au cours des deux ou trois dernières décennies, et plus particulièrement au cours des cinq dernières années.»

«La raison pour laquelle ce sommet est important, c'est que les archéologues ne peuvent faire leur interprétation que sur la base des preuves qu'ils ont. Ils ont toujours su que l'Arabie saoudite possédait un énorme patrimoine archéologique, mais il était difficile d'y avoir accès.

«Pour moi, ce sommet ouvre une porte qui a été fermée pendant trop longtemps», a estimé Bewley.

Alsuhaiban a souligné qu'AlUla était rapidement devenu l'un des plus grands centres d'activités archéologiques au monde, et a indiqué qu'il y avait actuellement 14 projets de terrain en cours à AlUla.

Les formations rocheuses de Gharameel sont composées de couches sédimentaires façonnées par d'anciens environnements marins et fluviaux (Photo fournie).

D'octobre à décembre de cette année, plus de 150 archéologues du monde entier devraient effectuer des travaux de terrain dans la région.

En ce qui concerne la place de la péninsule arabique dans l'histoire du monde, Bewley a souligné sa «connectivité» en tant que carrefour des civilisations.

«Si l'on renverse la Méditerranée et qu'au lieu de regarder vers le nord et le sud et de voir la Méditerranée comme l'Est et l'Ouest, on peut voir qu'il y a eu une quantité massive d'échanges et de mouvements entre les peuples, de l'Afrique à l'Inde, puis jusqu'à la péninsule arabique», a-t-il expliqué.

Par conséquent, les sociétés modernes réparties en Europe, en Afrique et en Asie sont davantage liées par le sang et par la culture qu'elles ne le croient ou ne le réalisent – un point que le sommet d'AlUla espérait faire ressortir.

«L'histoire et la culture anciennes dépassent nos frontières nationales actuelles. C'est pourquoi ce sommet est si important, car je suis sûr que nous pourrons avoir ces conversations», a ajouté Bewley.

Paysage de l'oasis d'AlUla (Photo, Commission royale pour AlUla).

Le sommet mondial de l'archéologie d'AlUla reflétera également les objectifs des réformes de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, qui visent à développer les secteurs et les industries non pétroliers du pays, notamment la recherche universitaire, les sciences, la conservation et le tourisme patrimonial.

Le sommet coïncidera également avec l'accueil de la 45e session du Comité du patrimoine mondial de l'Unesco par l'Arabie saoudite, un événement organisé pour la première fois par l’Arabie saoudite. La session a débuté dans la capitale Riyad le 10 septembre et s'achèvera le 25 septembre.

Ces deux événements montrent que le pays est en train de devenir une plaque tournante pour les discussions de haut niveau et les événements culturels dans la région et au-delà.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Richard Gere, le retour du charme zen

A 74 ans, il tient le rôle crépusculaire d'un opposant à la guerre du Vietnam qui a fui les Etats-Unis et qui, en fin de vie, se confie à un jeune journaliste. (AFP).
A 74 ans, il tient le rôle crépusculaire d'un opposant à la guerre du Vietnam qui a fui les Etats-Unis et qui, en fin de vie, se confie à un jeune journaliste. (AFP).
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  • L'acteur qui a toujours gardé une distance avec son métier, privilégiant sa foi bouddhiste et la cause tibétaine, retrouve le réalisateur d'"American Gigolo" (1980)
  • A 74 ans, il tient le rôle crépusculaire d'un opposant à la guerre du Vietnam qui a fui les Etats-Unis et qui, en fin de vie, se confie à un jeune journaliste

PARIS: Prince charmant d'Hollywood des années 80 et 90 devenu discret au cinéma, Richard Gere fait son retour sur les tapis rouges en présentant vendredi à Cannes "Oh, Canada" de Paul Schrader, en lice pour la Palme d'or.

L'acteur qui a toujours gardé une distance avec son métier, privilégiant sa foi bouddhiste et la cause tibétaine, retrouve le réalisateur d'"American Gigolo" (1980), film qui l'a propulsé sex symbol.

A 74 ans, il tient le rôle crépusculaire d'un opposant à la guerre du Vietnam qui a fui les Etats-Unis et qui, en fin de vie, se confie à un jeune journaliste.

Outre Schrader, le comédien, qui a débuté au théâtre, a tourné avec les plus grands cinéastes: Richard Brooks ("A la recherche de M. Goodbar), Terrence Malick ("Les Moissons du ciel"), Coppola ("Cotton Club"), Lumet ou Altman.

Après "American Gigolo" et "Officier et Gentleman" (1982), c'est "Pretty woman" (1990), un film où il s'engage à reculons, qui le range définitivement dans la catégorie des grands séducteurs du cinéma.

Conte de fées

Toujours la même élégance et ce sourire plissé énigmatique, il y campe un milliardaire qui s'éprend d'une jeune prostituée (Julia Roberts). Enorme succès au box office pour ce couple de conte de fées.

Mais "l'homme le plus sexy du monde", dixit le magazine People en 1999, a connu une carrière à éclipses. Au fil des années, l'acteur, converti au bouddhisme à 25 ans, se passionne plutôt pour la méditation -au moins une heure par jour-, devient un proche du Dalaï-Lama et milite activement pour les droits du Tibet.

Il décroche un Golden Globe pour "Chicago" (2002) mais reste snobé par les Oscars, qui l'excluent même en 1993 pour un discours anti-Chine.

"Je me moque d'être un acteur. C'est un très beau métier mais seulement un métier", balayait-il. "C'est le bouddhisme qui m'a ouvert le coeur..."

Né le 29 août 1949 à Philadelphie dans une famille méthodiste modeste, fils d'un fermier devenu représentant en assurances, Richard Gere est le deuxième d'une fratrie de cinq enfants.

Mélomane (il joue de la trompette, de la guitare et du piano), il entame des études de philosophie avant de bifurquer vers le théâtre. Il joue Danny Zuko dans "Grease" à Londres et à Broadway.

Si John Travolta est choisi pour l'adaptation de la comédie musicale, c'est lui qui décroche "American Gigolo", rôle initialement dévolu à... Travolta.

Proverbes bouddhistes

Il est dès lors l'un des acteurs en vue d'Hollywood. Au début des années 1990, son mariage avec la top modèle Cindy Crawford attire paparazzi et rumeurs sur la réalité de leur couple. Agacés, les époux se paient une pleine page de Time pour clamer leur amour. Mais divorcent en 1994.

Richard Gere se remarie avec l'actrice Carey Lowell, bouddhiste comme lui et mère de son premier enfant, Homer. Puis avec l'activiste espagnole Alejandra Silva, de 33 ans sa cadette et mère de ses deux autres fils.

Tenant désormais les tabloïds à distance et vivant en pleine nature, il réserve ses interventions publiques à ses engagements. Très tôt impliqué dans la lutte anti-sida, il cofonde par ailleurs en 1987 la Tibet House à New York puis crée la Gere Foundation, toujours en faveur du Tibet.

Ses charges contre Pékin -il appelle au boycott des JO de 2008- contribuent à l'éloigner d'Hollywood, à l'heure où le marché chinois est devenu un Eldorado pour les studios américains.

"Il y a des films dans lesquels je ne peux pas jouer car les Chinois diront +pas avec lui+", lâche-t-il en 2017 au Hollywood Reporter.

Pas de quoi démoraliser l'acteur zen, très détaché du cinéma et qui adore émailler ses interviews de proverbes bouddhistes.

"Lorsque le démon de l'amour de soi vous tient", mettait-il ainsi en garde en 2012 dans Le Figaro, "les autres démons font la queue à la porte, la gueule ouverte".


Mois de l’Europe : Wojciech Waleczek est parvenu à partager avec son public la diversité et la splendeur de la musique européenne

Concert de musique classique dirigé par Wojciech Waleczek au Centre saoudien de la musique
Concert de musique classique dirigé par Wojciech Waleczek au Centre saoudien de la musique
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  • Cet évènement musical, dirigé par Wojciech Waleczek, pianiste polonais de renommée internationale.
  • « C’est la première fois que je viens en Arabie saoudite. Je n'y suis jamais allé ni en tant que musicien ni en tant que touriste(Fournie)

RIYAD : La Délégation de l'Union européenne en Arabie saoudite, en étroite collaboration avec les ambassades des pays de l'Union européenne et les instituts culturels a organisé dans le cadre des cérémonies du Mois de l’Europe, un concert de musique classique au Centre saoudien de la musique (Saudi Music Hub) le 14 mai à Riyad.

Cet évènement musical, dirigé par Wojciech Waleczek, pianiste polonais de renommée internationale. Wojciech Waleczek est professeur d'arts musicaux, c’est un artiste connu pour son approche sans compromis des arts du spectacle.

Né en 1980, il mène de nombreuses activités de concert depuis plus de vingt-cinq ans, donnant des récitals de piano, des concerts symphoniques et de chambre dans 27 pays européens, ainsi qu'au Kazakhstan, au Kirghizistan, en Ouzbékistan. Il s’est également produit dans bien d’autres pays (Jordanie, Palestine, Algérie, Tunisie, Iran et Irak, Japon, Brésil, Argentine, Uruguay, Guyane, Suriname, Canada, États-Unis).

Le public a durant le concert effectué un voyage musical à travers des siècles de musique classique grâce à vingt-cinq chefs-d'œuvre de compositeurs européens emblématiques tels que Mozart, Dvořák, Bach, Liszt, Chopin et bien d'autres encore interprétés par Waleczek

Wojciech Waleczek a déclaré à Arab News en français : « J'ai essayé aujourd'hui de montrer la culture européenne, la variété et le mélange des cultures des nombreux pays de l'Union européenne. J'ai également essayé de montrer de nombreux styles de musique, du baroque au contemporain, en passant par l'afro-classique et le romantique. Comme je ne pouvais donc pas jouer morceaux longs, j’ai choisi de jouer des extraits de tous les pays européens. C'est pourquoi j'ai sélectionné quelques-unes des plus grandes œuvres. » 

En évoquant son court séjour à Riyad Waleczek a confié à Arab News : « C’est la première fois que je viens en Arabie saoudite. Je n'y suis jamais allé ni en tant que musicien ni en tant que touriste.  J'ai été aujourd’hui au musée national, j'ai pu découvrir l'histoire et la culture de l'Arabie saoudite. C'était très intéressant pour moi. Et c'est formidable qu'aujourd'hui, il soit possible de découvrir le pays et sa culture.    C’était très intéressant pour moi. Je pense qu'il est très important de rencontrer de nouvelles cultures et d'être ouvert à de nombreuses cultures. »

Des trésors classiques aux mélodies enchanteresses, Wojciech Waleczek, grâce à son talent est parvenu à partager avec son public la diversité et la splendeur de la musique européenne.


Jeux paralympiques de Paris: pour une athlète d'Irak, de l'or plein les yeux

L'athlète paralympique irakienne de tennis de table Najlah Imad s'entraîne dans les locaux du club Al-Mawaheb à Baqubah, le 26 février 2024 (Photo, AFP).
L'athlète paralympique irakienne de tennis de table Najlah Imad s'entraîne dans les locaux du club Al-Mawaheb à Baqubah, le 26 février 2024 (Photo, AFP).
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  • Elle avait trois ans, le 19 avril 2008, quand elle a perdu ses deux jambes et son avant-bras droit, dans l'explosion d'un engin explosif fixé à la voiture de son père, ex-militaire
  • Cette histoire familiale, elle la raconte d'un ton presque détaché, tant des expériences semblables ont accompagné les générations ayant grandi dans un Irak déchiré

BAQOUBA: Quand Najlah Imad s'initiait au tennis de table, son entourage en Irak pensait qu'avec son handicap elle s'épuiserait pour rien. Une décennie plus tard, la championne n'a rien perdu en ténacité: qualifiée pour les Jeux paralympiques de Paris, elle vise une médaille d'or.

"Ce sport a changé ma vie. J'y consacre tout mon temps", confie-t-elle à l'AFP, dans la cour d'un centre sportif délabré de sa bourgade de Baqouba, au nord-est de Bagdad, où l'athlète multimédaillée s'entraîne toujours,

Elle avait trois ans, le 19 avril 2008, quand elle a perdu ses deux jambes et son avant-bras droit, dans l'explosion d'un engin explosif fixé à la voiture de son père, ex-militaire. Cette histoire familiale, elle la raconte d'un ton presque détaché, tant des expériences semblables ont accompagné les générations ayant grandi dans un Irak déchiré par des décennies de guerre.

Petite brune de 19 ans, le visage encadré par des cheveux noirs sagement coupés au carré, Najlah Imad exhibe un sourire à toute épreuve, qui ne la quitte que quand elle empoigne sa raquette de ping-pong. Elle se concentre alors sur ses coups, ses sourcils se froncent et l'éclat de ses yeux rieurs durcit.

"En me lançant dans le sport, j'ai rencontré d'autres joueurs avec des handicaps, qui pratiquaient même s'il leur manquait un membre", poursuit-elle. "Ils avaient tellement d'énergie positive, ça m'a encouragée."

«Surprise»

Quand elle a dix ans, un entraîneur cherchant à monter une équipe paralympique se rend visite dans sa maison. Six mois d'entraînement, et Najlah Imad participe à son premier championnat, rassemblant toutes les provinces irakiennes. Elle gagne.

"J'étais la surprise de la compétition", se souvient-elle, d'une fierté candide.

A l'étage de la maison familiale, une étagère croule sous les trophées et médailles, glanés au fil de la trentaine de compétitions internationales auxquelles elle a participé.

Elle était à Tokyo en 2021 pour les JO paralympiques, avant de remporter en 2023 une médaille d'or en Chine au championnat paralympique d'Asie.

Généralement, elle s'entraîne quatre jours par semaine, dont deux à Bagdad, où elle se rend accompagnée de son père. Pour mieux préparer les rencontres internationales, elle s'envole vers l'étranger afin de profiter d'infrastructures sportives de pointe --au Qatar par exemple, où elle était en mars, en vue des Jeux paralympiques de Paris, du 28 août au 8 septembre.

Etoile montante du sport, elle bénéficie de subventions mensuelles --modestes-- du comité paralympique irakien, outre la prise en charge de certains voyages pour les compétitions.

Malgré les succès, son quotidien reste lié à Baqouba et à son centre sportif. Dans une salle poussiéreuse aux vitres cassées, quatre tables de ping-pong mangent tout l'espace. Le cliquetis incessant des balles résonne tandis que s'affrontent huit joueurs, femmes et hommes, l'un d'eux en fauteuil roulant.

"Les tables sur lesquelles on s'entraîne, c'est de la seconde main. On a dû les réparer pour les utiliser", confie à l'AFP l'entraîneur Hossam al-Bayati.

Même cette salle sommaire menace de leur être retirée, assure celui qui a rejoint en 2016 les entraîneurs de l'équipe nationale de tennis de table paralympique.

Un discours qui ne surprend pas, dans un pays pourtant riche en pétrole, mais miné par la corruption et des politiques publiques défaillantes: les professionnels du sport déplorent régulièrement infrastructures et équipements déficients ainsi que des subventions insuffisantes.

«Défier le monde»

Sur son moignon droit, la sportive enfile un tissu noir avant de fixer sa prothèse, qui l'aide à s'appuyer sur sa béquille. De sa main gauche tenant sa raquette, elle lance la balle dans les airs, l'expédie par dessus le filet.

A ses débuts, la famille était réticente.

"C'est un sport impliquant du mouvement, moi il me manque trois membres, j'étais jeune", se souvient-elle. "Mes proches, la société, disaient +C'est pas possible, tu vas te fatiguer pour rien+".

Après sa première victoire son père Emad Lafta réalise qu'il faut la soutenir, tant elle était "passionnée".

"Elle a persévéré. Elle a surmonté un défi personnel, et elle a défié le monde", reconnaît M. Lafta, qui a sept enfants en tout.

Avec le ping-pong, "elle se sent mieux psychologiquement, le regard de la société a changé", se réjouit-il. "Les gens nous félicitent, dans la rue il y a des filles qui veulent se photographier avec elle".

Lycéenne, Najlah Imad rêve d'être présentatrice. "Même quand elle voyage elle prend ses livres pour réviser pendant son temps libre. Durant le trajet pour Bagdad, elle étudie".

A Paris, l'objectif c'est la médaille d'or, espère le sexagénaire. "Quand elle nous promet quelque chose, elle s'y tient".