Le Niger capable de «surmonter» les sanctions selon le régime militaire, l'Union africaine se réunit

Des personnes se tiennent devant le symbole de l'Union africaine lors de la 39e session ordinaire du conseil exécutif de l'Union africaine, à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 14 octobre 2021. (AFP)
Des personnes se tiennent devant le symbole de l'Union africaine lors de la 39e session ordinaire du conseil exécutif de l'Union africaine, à Addis-Abeba, en Éthiopie, le 14 octobre 2021. (AFP)
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Publié le Lundi 14 août 2023

Le Niger capable de «surmonter» les sanctions selon le régime militaire, l'Union africaine se réunit

  • Pendant ce sommet, les Etats ouest-africains ont annoncé entre autres la suspension des transactions financières et commerciales avec le Niger, dépendant de pays étrangers pour son économie et son approvisionnement énergétique
  • Les auteurs du coup d'Etat au Niger ont donné ce week-end des signaux divers, se disant d'abord ouverts à la négociation avant d'annoncer vouloir poursuivre pour «haute trahison» le président renversé Mohamed Bazoum

NIAMEY: Le Niger est en mesure de "surmonter" les sanctions imposées à la suite du coup d'Etat, a assuré lundi le Premier ministre nommé par le régime militaire à Niamey, au moment où l'Union africaine (UA) a annoncé se réunir à Addis Abeba.

"Nous pensons que même s'il s'agit d'un défi injuste qui nous a été imposé, nous devrions être en mesure de le surmonter. Et nous le surmonterons", a déclaré au média public allemand Deutsche Welle le chef du gouvernement des militaires, Ali Mahaman Lamine Zeine, à propos des mesures prises par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao).

Le Nigeria et la Cedeao sont des partenaires importants, a-t-il également assuré: "Nous avons un grand intérêt à préserver cette relation importante et historique et à faire en sorte que la Cedeao travaille d'abord sur des questions purement économiques".

Il a cependant mis en garde: "Si nous constations que le principe politique et militaire passe au premier plan, à la place de cette solidarité économique, ce serait très regrettable".

Le régime militaire a dénoncé dimanche dans un communiqué "les sanctions illégales, inhumaines et humiliantes de la Cedeao", prises lors d'un sommet de l'organisation le 30 juillet, au cours duquel avait aussi été fixé un ultimatum de 7 jours pour rétablir l'ordre constitutionnel, sous peine d'un recours à la force, non appliqué.

 

Réunion de l'UA 

Pendant ce sommet, les Etats ouest-africains ont annoncé entre autres la suspension des transactions financières et commerciales avec le Niger, dépendant de pays étrangers pour son économie et son approvisionnement énergétique.

Ces sanctions "vont jusqu'à priver le pays de produits pharmaceutiques, de denrées alimentaires" et de "fourniture en courant électrique", ont déploré les militaires dans leur communiqué lu à la télévision nationale.

Lundi également, le Conseil de paix et sécurité, organe en charge des conflits et questions de sécurité au sein de l'Union africaine (UA), a annoncé tenir une réunion à Addis Abeba pour discuter de "l'évolution de la situation au Niger et des efforts pour y remédier".

Une réunion qui se tient après le report samedi d'une rencontre des chefs d'état-major de la Cedeao, qui visait à faire part aux dirigeants "des meilleures options" à la suite de leur décision d'activer et de déployer leur "force en attente", pour rétablir le président Mohamed Bazoum renversé le 26 juillet.

Le calendrier et les modalités d'une éventuelle intervention militaire ouest-africaine n'ont pas été dévoilés. Les dirigeants de la Cedeao avaient toutefois réaffirmé privilégier la voie diplomatique pour une résolution de la crise.

 

«Poursuivre» Bazoum

De leur côté, les auteurs du coup d'Etat soufflent le chaud et le froid, d'abord ouverts à la négociation selon une médiation nigériane en visite à Niamey ce week-end, puis annonçant ensuite vouloir poursuivre pour "haute trahison" le président renversé.

Dans l'interview à Deutsche Welle, le Premier ministre Zeine a jugé positive la visite de cette délégation de religieux nigérians musulmans.

Dimanche soir, le régime militaire a affirmé avoir réuni les "preuves pour poursuivre devant les instances nationales et internationales compétentes le président déchu et ses complices locaux et étrangers, pour haute trahison et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du Niger".

Il appuie ses accusations sur des "échanges" de M. Bazoum avec des "nationaux", des "chefs d'Etat étrangers", et des "responsables d'organisations internationales".

M. Bazoum, retenu dans sa résidence présidentielle depuis le jour du coup d'Etat avec son fils et sa femme, avait déclaré dans plusieurs médias être un "otage", privé d'électricité et contraint de ne manger que du riz et des pâtes, avant de recevoir la visite de son médecin, qui "n'a soulevé aucun problème quant à son état de santé" selon les militaires.

Parallèlement, la Maison de la presse du Niger, association regroupant les journalistes, s'inquiète de "l'insécurité grandissante" dans laquelle ils exercent leur profession, subissant "pressions, menaces" et "intimidations".

Des membres de la société civile et des partisans du régime militaire se rassemblent régulièrement à Niamey à l'appel du mouvement M62, une coalition d'une dizaine d'associations et d'ONG opposées à la présence des soldats français au Niger.

La Cour d'appel de Niamey a annulé lundi la condamnation à neuf mois de prison du coordonnateur de ce mouvement partisan du régime militaire, Abdoulaye Seydou, pour une affaire en lien avec une attaque jihadiste en 2022.


Frappes en Iran: la fermeture des espaces aériens provoque des annulations de vols

Israël, l'Iran, mais aussi l'Irak et la Jordanie ont fermé leur espace aérien vendredi matin. (AFP)
Israël, l'Iran, mais aussi l'Irak et la Jordanie ont fermé leur espace aérien vendredi matin. (AFP)
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  • Les vols Delhi-Vienne et Bombay-Londres de vendredi matin s'apprêtaient à entrer dans l'espace aérien iranien quand Israël a lancé son attaque, et les avions ont fait demi-tour vers leur aéroport d'origine, selon le site Flight Aware
  • Les compagnies aériennes du Golfe ont quant à elles annulé plusieurs vols en provenance et à destination de l'Irak, la Jordanie, le Liban, l'Iran et la Syrie

PARIS: Air France, Air India, Emirates ou Qatar Airways ont annoncé vendredi la suspension de dizaines de vols vers et depuis le Moyen-Orient, ou prévoyant un survol de la région, après des frappes israéliennes sur le territoire iranien.

Israël, l'Iran, mais aussi l'Irak et la Jordanie ont fermé leur espace aérien vendredi matin.

Air France a annoncé vendredi la suspension de ses vols entre Paris et Tel Aviv "jusqu'à nouvel ordre", mais maintient ses vols vers le Liban et les autres aéroports de la région.

"A cause de la situation en Iran", plusieurs vols d'Air India entre l'Inde et les Etats-Unis ou l'Europe ont dû s'arrêter vendredi matin dans des aéroports européens, saoudiens ou émiratis, a indiqué la compagnie sur son site.

Les vols Delhi-Vienne et Bombay-Londres de vendredi matin s'apprêtaient à entrer dans l'espace aérien iranien quand Israël a lancé son attaque, et les avions ont fait demi-tour vers leur aéroport d'origine, selon le site Flight Aware.

Les compagnies aériennes du Golfe ont quant à elles annulé plusieurs vols en provenance et à destination de l'Irak, la Jordanie, le Liban, l'Iran et la Syrie.

L'aéroport d'Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis, a mis en garde contre "des perturbations de vol" attendues "tout au long de la journée".

Même cas de figure dans les aéroports internationaux de Dubaï, qui font part d'"annulations ou reports en raison des fermetures des espaces aériens en Iran, en Irak et en Syrie", d'après un communiqué posté sur le réseau social X.

Vendredi peu après le lancement de l'attaque israélienne sur plusieurs villes iraniennes, la Jordanie et l'Irak ont annoncé la fermeture de leur espace aérien et la suspension des vols dans leurs aéroports.

L'armée israélienne a indiqué qu'environ 200 avions de combat avaient participé à cette opération qui a visé une centaine de cibles, des installations nucléaires et des sites militaires à travers la République islamique d'Iran.

Elle a aussi indiqué qu'elle tentait d'intercepter "environ 100 drones" lancés par l'Iran en représailles vers le territoire israélien.

 


Trump dit avoir été prévenu à l'avance des frappes israéliennes sur l'Iran

"L'Iran ne peut pas pas avoir la bombe nucléaire et nous espérons revenir à la table des négociations. Nous verrons", a déclaré M. Trump, cité vendredi par la chaîne de télévision américaine sur son site. (AFP)
"L'Iran ne peut pas pas avoir la bombe nucléaire et nous espérons revenir à la table des négociations. Nous verrons", a déclaré M. Trump, cité vendredi par la chaîne de télévision américaine sur son site. (AFP)
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  • "L'administration Trump a contacté au moins un allié clé au Moyen-Orient pour prendre acte que la frappe allait se produire, mais les Etats-Unis n'étaient pas impliqués dans les frappes", d'après la chaîne
  • Donald Trump a dit surveiller toutes les représailles et le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) est en état d'alerte élevé, toujours selon Fox News

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a dit avoir eu connaissance qu'Israël allait conduire des frappes en Iran, et affirmé que Téhéran ne devait pas obtenir l'arme nucléaire, dans une déclaration à Fox News

"L'Iran ne peut pas pas avoir la bombe nucléaire et nous espérons revenir à la table des négociations. Nous verrons", a déclaré M. Trump, cité vendredi par la chaîne de télévision américaine sur son site.

"Il a souligné que les Etats-Unis étaient prêts à se défendre et à défendre Israël si l'Iran ripostait", poursuit la chaîne. Donald Trump a dit surveiller toutes les représailles et le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) est en état d'alerte élevé, toujours selon Fox News.

"L'administration Trump a contacté au moins un allié clé au Moyen-Orient pour prendre acte que la frappe allait se produire, mais les Etats-Unis n'étaient pas impliqués dans les frappes", d'après la chaîne.

Plus tôt, le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio avait souligné que les Etats-Unis n'étaient pas impliqués dans l'attaque et assuré que la "priorité" de son pays était de protéger ses forces dans la région.

Israël a dit aux Etats-Unis que frapper l'Iran était "nécessaire pour sa défense", a déclaré M. Rubio dans un communiqué, prévenant l'Iran de ne pas "cibler les intérêts américains" en représailles.

Donald Trump réunira vendredi son conseil de sécurité nationale, à 11H00  (15H00 GMT) à la Maison Blanche, à Washington.


Israël frappe des sites militaires et nucléaires iraniens

Israël mène des attaques de grande envergure dans tout l'Iran. (Reuters)
Israël mène des attaques de grande envergure dans tout l'Iran. (Reuters)
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  • Israël a mené vendredi des frappes contre l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique, qui ont visé un site d'enrichissement d'uranium et tué le chef des Gardiens de la Révolution
  • Cette attaque intervient au moment où les négociations entre les Etats-Unis et la République islamique sur le nucléaire iranien sont dans l'impasse

TEHERAN: Israël a mené vendredi des frappes contre l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique, qui ont visé un site d'enrichissement d'uranium et tué le chef des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique du régime.

Cette attaque intervient au moment où les négociations entre les Etats-Unis et la République islamique sur le nucléaire iranien sont dans l'impasse. Les craintes d'une frappe imminente d'Israël contre des sites iraniens grandissaient depuis quelques jours.

Selon une source militaire israélienne, Israël a mené "des dizaines" de frappes sur des installations du programme nucléaire iranien et d'autres sites militaires à travers la pays.

Le site d'enrichissement d'uranium de Natanz (centre) a ainsi été visé "plusieurs fois", selon la télévision d'Etat iranienne qui a montré une épaisse fumée noire s'élevant de l'installation.

Les médias d'Etat iraniens ont aussi rapporté des "fortes explosions" dans la capitale, avec des morts civils dans des immeubles résidentiels, et des flammes sortant du centre de commandement des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique du régime.

Au moins deux dirigeants de ce corps d'élite dont son chef, le général Hossein Salami, et le général Gholam Ali Rachid, ainsi que deux scientifiques du programme nucléaire iranien, Mohammad Mehdi Tehranchi and Fereydoun Abbasi, ont été tués selon les médias locaux.

Les Forces armées iraniennes ont pour leur part promis une "réponse forte" à l'attaque d'Israël.

L'Iran a fermé son espace aérien après avoir interrompu le trafic à l'aéroport international Imam-Khomeini, mais la défense anti-aérienne fonctionne "à 100% de sa capacité", a souligné la télévision iranienne.

L'Irak, voisin de l'Iran, a également fermé son espace aérien et suspendu le trafic dans tous ses aéroports.

- Représailles attendues -

Israël "a frappé au coeur du programme de missiles balistiques de l'Iran", a affirmé dans une déclaration vidéo le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Si la "première phase" de l'opération est terminée, selon une source militaire, elle durera "autant de jours que nécessaire", a mis en garde M. Netanyahu.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré l'état d'urgence sur tout le territoire après ces "frappes préventives", affirmant qu'une "attaque de missiles et de drones" sur Israël était attendue "dans un avenir immédiat".

Le chef d'état-major israélien, Eyal Zamir, a également mis en garde contre des représailles iraniennes. "Je ne peux pas promettre un succès absolu" de l'opération baptisée "Lion dressé", a-t-il souligné.

Les cours du pétrole ont flambé de plus de 12%, faisant redouter de fortes perturbations sur les approvisionnements d'or noir.

Le président américain Donald Trump, allié indéfectible d'Israël, va réunir son conseil de sécurité après les frappes, dans lesquelles Washington n'a pas été impliqué, a souligné un responsable américain.

Israël a expliqué aux Etats-Unis que frapper l'Iran était "nécessaire pour sa défense", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, prévenant Téhéran de ne pas riposter contre "les intérêts américains".

Donald Trump, qui a repris mi-avril les discussions indirectes avec l'Iran sur son programme nucléaire, avait averti jeudi qu'Israël pourrait bientôt frapper les sites nucléaires iraniens.

Face au risque d'un "conflit massif" au Moyen-Orient, Washington a réduit son personnel diplomatique dans la région, en Irak notamment.

Téhéran ne reconnaît pas Israël et son programme nucléaire est considéré comme une menace existentielle par l'Etat hébreu.

- Droit "non négociable" -

Téhéran avait menacé mercredi de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit après un éventuel échec des négociations, dont un sixième cycle est prévu dimanche à Mascate sous médiation omanaise.

Les Occidentaux et Israël accusent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran dément, assurant que son programme nucléaire est uniquement à usage civil.

L'enrichissement de l'uranium est la principale pierre d'achoppement dans ces discussions visant à encadrer le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des lourdes sanctions imposées au pays.

Washington exige que l'Iran y renonce totalement, ce que Téhéran refuse, y voyant un droit "non négociable".

Téhéran s'est dit déterminé à augmenter de manière "significative" sa production d'uranium enrichi, annonçant la prochaine construction d'un nouveau site d'enrichissement, en réponse à l'adoption jeudi par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'une résolution le condamnant pour "non-respect" de ses obligations en matière nucléaire.

L'Iran est le seul Etat non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium au niveau de 60%, selon l'AIEA, proche du seuil de 90% nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique.

En 2015, l'Iran et les grandes puissances avaient conclu un accord historique après près de trois ans d'âpres négociations. La République islamique avait renoncé à son programme d'enrichissement d'uranium en échange de la levée des sanctions internationales qui avaient mis son économie à genoux. Mais Donald Trump avait unilatéralement dénoncé cet accord en 2018, lors de son premier mandat.