Dans le massif montagneux du Bugey, gérer la forêt face à «l'incendie climatique»

Au coeur d'une futaie du Haut-Bugey, devant deux rangées de bois dépéris fraîchement coupés, un forestier a collecté des petits insectes dans un récipient en plastique. (AFP)
Au coeur d'une futaie du Haut-Bugey, devant deux rangées de bois dépéris fraîchement coupés, un forestier a collecté des petits insectes dans un récipient en plastique. (AFP)
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Publié le Dimanche 18 juin 2023

Dans le massif montagneux du Bugey, gérer la forêt face à «l'incendie climatique»

  • «Les scolytes, ça a toujours existé», explique Nicolas Micoud, responsable de l'unité territoriale du Bugey à l'Office national des forêts (ONF)
  • «Avec les nouvelles conditions de chaleur, qui leur sont favorables, il y a trois ou quatre pontes par an, et l'arbre finit par ne plus s'alimenter en sève», constate-t-il

CORMARANCHE-EN-BUGEY: Au coeur d'une futaie du Haut-Bugey, devant deux rangées de bois dépéris fraîchement coupés, un forestier a collecté des petits insectes dans un récipient en plastique: des scolytes, ces tueurs d'arbres proliférant avec le réchauffement climatique qui oblige à repenser toute la gestion de la forêt.

"Les scolytes, ça a toujours existé", explique Nicolas Micoud, responsable de l'unité territoriale du Bugey à l'Office national des forêts (ONF), en ouvrant la boîte où grouillent ces sortes de scarabées d'environ 5 mm qui colonisent l'écorce et creusent des galeries dans les troncs. Mais selon lui, tout a changé avec "l'incendie climatique".

"Avec les nouvelles conditions de chaleur, qui leur sont favorables, il y a trois ou quatre pontes par an, et l'arbre finit par ne plus s'alimenter en sève", constate ce fonctionnaire de terrain.

"Chaque matin, on remarque un nouvel arbre qui rougit", observe-t-il encore, un brin dépité. Comme ce sapin pectiné, à l'aspect rabougri, qu'il montre du doigt, dans un concert de tronçonneuses. Le même sort que les 50 m3 de troncs entreposés le long d'un chemin de la forêt communale de Cormaranche-en-Bugey (Ain) l'attend: une coupe. Les bois le mieux conservés serviront à la charpente, les secs à l'emballage.

Le Bugey, poumon vert, "est probablement le massif le plus touché par le réchauffement climatique en Auvergne-Rhône-Alpes. Les choses se sont accélérées depuis 2017 et on considère que 40% des espèces qu'on gère sont en inconfort climatique", c'est-à-dire promis à un abattage plus précoce, résume Nicolas Karr, directeur régional de l'ONF. Au point qu'environ 80% des récoltes sont aujourd'hui composées de bois dépérissant, contre 10% seulement en 2017!

Un simple survol par drone de la forêt communale de Cormaranche-en-Bugey, à 1000 m d'altitude, suffit pour mesurer l'ampleur des dégâts: des tâches brunes aisément repérables trahissent les dégradations en cours, principalement d'épicéas. Leur position localisée par GPS, ne reste plus qu'à envoyer une équipe pour tronçonner.

Parfois, c'est toute une surface qui fait l'objet d'une "coupe sanitaire". Comme dans ce coin de la forêt de Cormaranche où 4 hectares d'hêtraie-sapinière en dépérissement ont été rasés depuis 2019. On vient d'y replanter du mélèze et du douglas. De petites touffes de 20 cm encore, protégés de l'appétit du chevreuil par des manchons en plastique.

«Encaisser la chaleur»

Cette trouée aux airs de friche "peut paraître choquante aux yeux des visiteurs, des touristes, des habitants", reconnait M. Karr. Mais les nouvelles espèces, retenues pour leur capacités présumées à mieux encaisser chaleur et sécheresse, composeront, espère-t-il, une forêt plus adaptée.

A ses côtés, le maire délégué de Cormaranche, Jacques Drhouin, grince un peu: "nous enregistrons une baisse des recettes de coupe dans notre budget communal", provenant des ventes faites par l'ONF, "car le bois sec vaut bien moins cher que le bois vert". Le manque à gagner s'établit "entre 200 et 250.000 euros" par an.

L'Etat a certes débloqué des aides pour la forêt via plusieurs dispositifs récents - 23.000 euros sur les 44.000 de ces nouvelles plantations - mais la commune a dû aussi compenser. "La forêt, c'est notre ADN", souligne l'élu. Scieries, écoles, centres de formation, c'est tout un écosystème qui dépend ici de l'avenir de la filière bois-forêt.

"La plantation n'est toutefois pas la seule solution, il y a d'autres options, plus diffuses, moins spectaculaires", expliquent les responsables de l'ONF.

L'oeil rivé sur les différents scenarii du climat futur, avec leur lot d'incertitudes, ils soutiennent ainsi les essences les plus résilientes par des opérations dites de "dégagement de régénération naturelle".

Dans un autre coin de forêt tout escarpé, on a par exemple fait de la place à un tilleul que les noisetiers et les alisiers blancs empêchaient de grandir à sa guise et de prendre la lumière nécessaire. "Il y a 15-20 ans, on aurait coupé le tilleul pour le sapin, qui aujourd'hui tourne de l'oeil. On va miser sur le tilleul, plus adapté aux climats méridionaux", conclut M. Karr.


Expulsions de fonctionnaires français d'Algérie: la France répondra «de manière immédiate», «ferme» et «proportionnée» 

 La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
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  • La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien
  • "C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest)

PONT-L'EVEQUE: La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest). "Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts (...) C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a-t-il ajouté.

 


Macron tous azimuts, Bayrou encalminé: semaine à deux vitesses pour l'exécutif

Vent dans les voiles après son weekend à Kiev, Emmanuel Macron plonge de plain-pied cette semaine dans la politique intérieure, avec en point d'orgue deux heures d'émission télévisée mardi soir. (AFP)
Vent dans les voiles après son weekend à Kiev, Emmanuel Macron plonge de plain-pied cette semaine dans la politique intérieure, avec en point d'orgue deux heures d'émission télévisée mardi soir. (AFP)
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  • Samedi avec Volodymyr Zelensky jouant la paix en Ukraine, mardi répondant aux questions du youtubeur Tibo InShape: Emmanuel Macron se démultiplie, quitte à tenter tous les grands écarts
  • Il s'est illustré à la manœuvre samedi à Kiev, lors d'un voyage commun avec les dirigeants allemand Friedrich Merz, britannique Keir Starmer et polonais Donald Tusk, plaidant pour un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours entre l'Ukraine et la Russie

PARIS: Vent dans les voiles après son weekend à Kiev, Emmanuel Macron plonge de plain-pied cette semaine dans la politique intérieure, avec en point d'orgue deux heures d'émission télévisée mardi soir. Offrant un contraste saisissant avec son Premier ministre, englué dans l'affaire Bétharram.

Samedi avec Volodymyr Zelensky jouant la paix en Ukraine, mardi répondant aux questions du youtubeur Tibo InShape: Emmanuel Macron se démultiplie, quitte à tenter tous les grands écarts.

Il s'est illustré à la manœuvre samedi à Kiev, lors d'un voyage commun avec les dirigeants allemand Friedrich Merz, britannique Keir Starmer et polonais Donald Tusk, plaidant pour un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours entre l'Ukraine et la Russie.

Après huit ans d'activité sur la scène internationale, et aux côtés de leaders moins expérimentés, le chef de l'Etat français a su aussi habilement gérer la mise en scène individuelle: dîner en tête-à-tête avec M. Zelensky et photo marquante des dirigeants debriefant avec Donald Trump autour du téléphone du Français sur haut-parleur.

Des gains politiques que M. Macron espère faire fructifier à domicile, après avoir atteint à l'automne dernier des records personnels d'impopularité, dans le sillage d'une dissolution ratée.

"Ce n'est pas la remontada" dans les sondages "et il ne peut pas se permettre de rester sur son Aventin", juge un ministre. Le même, constatant l'appétit retrouvé du président pour les moindres détails de la vie politique intérieure, glisse: "chassez le naturel, il revient au galop".

Lundi matin, il doit se rendre à Wissous (Essonne), pour l'inauguration d'un "laboratoire d'excellence" de l'entreprise franco-italienne EssilorLuxottica, leader mondial de l'optique. Un déplacement dans le cadre du raout annuel Choose France sur l'attractivité économique du pays, que M. Macron a initié et qu'il présidera le 19 mai.

Et si mercredi il devrait être sur le terrain dans le cadre des commémorations de l'attaque du péage d'Incarville qui avait coûté la vie à deux agents pénitentiaires, l'attention se concentre sur ses deux heures d'émission spéciale, titrée "Les défis de la France", mardi soir sur TF1.

Il y débattra notamment avec la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet et le maire de Béziers Robert Ménard, répondra à des questions de Français, ou à des interpellations du YouTubeur Tibo InShape ou du journaliste Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot.

Fraîcheur 

L'occasion de défendre le bilan, mais aussi de dresser "des perspectives car il reste deux ans de mandat", fait valoir son entourage. "Il a cette volonté de travailler jusqu'au dernier jour du quinquennat", complète une ministre de poids.

Au menu, des possibles référendums, alors qu'Emmanuel Macron avait indiqué lors de ses vœux pour 2025 que les Français seraient amenés à "trancher" sur des sujets déterminants. L'éventail de thèmes que le chef de l'Etat pourrait soumettre à consultation est large, de l'utilisation des écrans chez les jeunes à l'organisation territoriale, la droite poussant ardemment pour mettre sur la table l'immigration.

François Bayrou, lui, a proposé d'interroger les citoyens sur la trajectoire à venir des finances publiques, trois Français sur cinq s'y montrant favorables selon un sondage Elabe dimanche.

"C'est un des plus importants sujets que la nation a devant elle aujourd'hui. Je ne crois pas que la classe politique le traitera spontanément", fait-il valoir auprès de l'AFP, s'en remettant donc au "peuple des citoyens".

La suggestion de M. Bayrou a reçu un accueil tiède dans l'entourage de M. Macron, rappelant que le référendum reste une prérogative présidentielle. Signe de la fraîcheur d'une relation au sommet de l'exécutif faite de "hauts et de bas", dixit un proche du Premier ministre.

Difficile à ce titre de ne pas regarder les deux heures d'émission de M. Macron à l'aune de ce qui attend M. Bayrou le lendemain: son audition par une commission d'enquête de l'Assemblée sur les violences dans les établissements scolaires. En toile de fond, l'affaire Betharram qui lui colle aux doigts comme le sparadrap du capitaine Haddock, puisqu'il devra se défendre de sa connaissance de faits de violences sexuelles et physiques dans cet établissement au cœur de son fief des Pyrénées-Atlantiques.

Ce dossier mobilise son énergie - il dénonce des "accusations scandaleuses" - plombe sa popularité et alimente son procès en immobilisme. Une situation que semble vouloir exploiter le chef de l'Etat: "Bayrou dans ses tergiversations et sa lenteur, il donne de l’air à Macron", glisse un de ses fidèles.


Paris estime que la demande de révision de l'accord entre l'Union européenne et Israël est « légitime »

Des drapeaux palestiniens flottent au vent sur la place du Dam avec le Palais royal d'Amsterdam en arrière-plan (Paleis op de Dam), à Amsterdam, le 15 novembre 2024. (Photo de Simon Wohlfahrt / AFP)
Des drapeaux palestiniens flottent au vent sur la place du Dam avec le Palais royal d'Amsterdam en arrière-plan (Paleis op de Dam), à Amsterdam, le 15 novembre 2024. (Photo de Simon Wohlfahrt / AFP)
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  • « Les Pays-Bas ont demandé à la Commission européenne d'analyser le respect par le gouvernement israélien de l'article 2 de cet accord d'association avec Israël », a rappelé Jean-Noël Barrot, invité de France Info/Le Monde.
  • « C'est une demande légitime que j'invite la Commission européenne à instruire », a-t-il ajouté. 

PARIS : Invité de France Info/Le Monde, le ministre français des Relations avec le Parlement a estimé que la demande des Pays-Bas de réviser l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël était « légitime », invitant « la Commission européenne à instruire le dossier », alors que l'aide humanitaire ne parvient plus à Gaza depuis plus de deux mois.

« Les Pays-Bas ont demandé à la Commission européenne d'analyser le respect par le gouvernement israélien de l'article 2 de cet accord d'association avec Israël », a rappelé Jean-Noël Barrot, invité de France Info/Le Monde.

Celui-ci précise que les relations entre l'UE et Israël sont basées sur le respect des droits humains et des principes démocratiques.

« C'est une demande légitime que j'invite la Commission européenne à instruire », a-t-il ajouté. 

Interrogé sur le fait que cela signifiait-il que la France était favorable à la remise en question de cet accord, le ministre a répondu : « Attendons l'analyse que fera la Commission européenne du respect ou non par Israël de l'article 2 de cet accord. »

Le ministre a insisté sur la situation humanitaire catastrophique à Gaza.

« Je crois qu'il faut mettre des mots sur la réalité. La réalité, c'est que les Palestiniens de Gaza sont affamés, assoiffés, et qu'ils manquent de tout ; la bande de Gaza est aujourd'hui au bord du chaos et de la famine », a-t-il dénoncé.

« Je crois que tout le monde s'en aperçoit », a-t-il poursuivi. « On entend, y compris dans la communauté juive, des voix s'émouvoir de cette attitude incompréhensible du gouvernement israélien », a-t-il dit. « Et c'est en donnant de la voix qu'on peut espérer infléchir la position des Israéliens. » 

Mercredi, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a proposé à Israël de l'aider à acheminer l'aide humanitaire à Gaza.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, lui a adressé une lettre dans laquelle il réclame une révision de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël, conformément à son article 2.

« Je voudrais demander un examen du respect par Israël de l'article 2 dans les plus brefs délais », a écrit le ministre dans cette lettre.