Afghanistan: le chef des talibans fustige la communauté internationale

Des fidèles musulmans offrent les prières de l'Aïd al-Fitr, marquant la fin du mois sacré du Ramadan, à Kaboul le 10 avril 2024. (Photo de Ahmad SAHEL ARMAN / AFP)
Des fidèles musulmans offrent les prières de l'Aïd al-Fitr, marquant la fin du mois sacré du Ramadan, à Kaboul le 10 avril 2024. (Photo de Ahmad SAHEL ARMAN / AFP)
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Publié le Mercredi 10 avril 2024

Afghanistan: le chef des talibans fustige la communauté internationale

  • Une seule photo du chef suprême est connue, qui le montre portant un turban et une longue barbe grise et fixant l'objectif
  • Le dirigeant gère le pays par décrets depuis Kandahar, tandis que le gouvernement taliban est basé à Kaboul

KABOUL: Le chef suprême des talibans, dont les apparitions en public sont très rares, a fustigé mercredi lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan la communauté internationale pour ses attaques contre l'Afghanistan.

Le mystérieux mollah Hibatullah Akhundzada a conduit en matinée la prière marquant la fin du mois du jeûne musulman devant des milliers de fidèles à Kandahar, fief des talibans dans le Sud, a rapporté le gouvernement, avant de diffuser son discours.

L'émir n'a fait que de très rares apparitions en public depuis son accession à la fonction de chef suprême, en 2016.

"Aujourd'hui ils veulent nous diviser", a-t-il lancé, au sujet des pays ayant occupé l'Afghanistan pendant 20 ans, Etats-Unis en tête, jusqu'au retour des talibans au pouvoir en août 2021.

"Ils veulent montrer que l'islam est défaillant, que les dirigeants ne sont pas capables de gouverner", a-t-il ajouté. "Restez en alerte, ne laissez pas ces corrompus vous piéger".

Le discours de 35 minutes, attribué au mollah, a été transmis par haut-parleur. Des responsables talibans ont déclaré sur le réseau social X avoir pu voir le chef suprême.

Mais un témoin qui se trouvait dans la foule de milliers de fidèles présents a indiqué à l'AFP que ceux-ci n'avaient pas pu apercevoir Hibatullah Akhundzada en raison du nombre très élevé de membres de la sécurité.

Les fidèles avaient été tenus à l'écart de l'édifice principal de la mosquée, mais ils ont pu prier sur le site.

Une seule photo du chef suprême est connue, qui le montre portant un turban et une longue barbe grise et fixant l'objectif.

Le dirigeant gère le pays par décrets depuis Kandahar, tandis que le gouvernement taliban est basé à Kaboul.

En ce jour d'Aïd, la sécurité était maximale dans toutes les villes d'Afghanistan, trois semaines après un attentat meurtrier à Kandahar revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et qui a fait 20 morts, de source hospitalière.

A Kaboul en particulier, la sécurité était très élevée, plus que pour les deux Aïd el-Fitr célébrés depuis le retour au pouvoir des talibans, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Des unités du renseignement et de la police ont interdit à ceux-ci de photographier ou filmer dans une demi-douzaine de mosquées de la capitale, où les fidèles étaient venus très nombreux.

Faute d’espace suffisant dans les mosquées, des hommes priaient sur les trottoirs ou la chaussée. Ici ou là des ambulances se tenaient prêtes. Aucun incident n'avait été rapporté en début d'après-midi.

De nouveaux points de contrôle avec des hommes armés avaient été mis en place à Kaboul, qui en compte déjà beaucoup, et des artères interdites à la circulation.

Loi islamique ultra-rigoriste

Les communications par téléphone portable avaient été interrompues, dans la crainte d'attentats, avant d'être rétablies en milieu de matinée, quelques heures après la prière de l'Aïd.

Le chef suprême s'exprime dans de rares messages à la population, notamment lors de célébrations religieuses.

Dans son message le plus récent, samedi, il avait exhorté les Afghans à observer la loi islamique imposée par son gouvernement d'une manière ultra-rigoriste.

Il avait également appelé "toutes les nations" à rétablir leurs liens avec l'Afghanistan, qui n'est reconnu par aucun pays à ce jour.

L'isolement de l'Afghanistan est essentiellement la conséquence des nombreuses mesures liberticides prises par les talibans à l'encontre des femmes, dont l'accès à l'éducation comme à l'espace public a été drastiquement restreint.

Le chef suprême, qui doit également maintenir la cohésion du régime, avait aussi appelé dans son message de samedi les "responsables" talibans à "l'unité" et à "éviter les désaccords".

En janvier, un enregistrement audio attribué à l'émir avait fait surface dans lequel il promettait de réinstaurer les châtiments pratiqués sous le premier gouvernement taliban, de 1996 à 2001.


Nucléaire : la Maison Blanche juge sa proposition dans le « meilleur intérêt » de l'Iran selon les médias

Trois cycles de négociations indirectes entre les États-Unis et l'Iran ont eu lieu à Oman et en Italie, et d'autres sont prévus (Archive/AFP)
Trois cycles de négociations indirectes entre les États-Unis et l'Iran ont eu lieu à Oman et en Italie, et d'autres sont prévus (Archive/AFP)
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  • « L'envoyé spécial (Steve) Witkoff a envoyé une proposition détaillée et acceptable au régime iranien, et c'est dans leur meilleur intérêt de l'accepter », a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, citée par le New York Times.
  • D'après le New York Times, qui cite des responsables au fait des échanges diplomatiques, la proposition a été décrite comme une série de points à puces plutôt qu'un projet complet. 

WASHINGTON : Selon des médias américains, la Maison Blanche a rapporté samedi que la proposition américaine pour un accord nucléaire avec l'Iran était « acceptable » et « dans le meilleur intérêt » de Téhéran.

Samedi, l'Iran a déclaré avoir reçu des « éléments » d'une proposition américaine à l'issue de cinq cycles de négociations menés sous l'égide d'Oman et a affirmé, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, qu'il y répondrait de manière appropriée.

« L'envoyé spécial (Steve) Witkoff a envoyé une proposition détaillée et acceptable au régime iranien, et c'est dans leur meilleur intérêt de l'accepter », a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison Blanche, citée par le New York Times.

D'après le New York Times, qui cite des responsables au fait des échanges diplomatiques, la proposition a été décrite comme une série de points à puces plutôt qu'un projet complet. 

Elle appelle l'Iran à cesser tout enrichissement d'uranium et propose la création d'un groupe régional pour produire de l'énergie nucléaire, qui inclurait l'Iran, l'Arabie saoudite, d'autres États arabes, ainsi que les États-Unis.

Depuis plusieurs semaines, Washington et Téhéran mènent des discussions dans l'espoir de conclure un nouvel accord sur le nucléaire.

Selon un rapport confidentiel de l'AIEA jugé « politique » samedi par l'Iran, l'Iran aurait encore accéléré son rythme de production d'uranium hautement enrichi.

Vendredi, le président américain Donald Trump estimait qu'Iran et États-Unis étaient « assez proches d'un accord », un optimisme toutefois tempéré par M. Araghchi, qui n'est « pas sûr » de l'« imminence » d'un accord.

Les négociations achoppent pour l'heure sur la question de l'enrichissement d'uranium : les États-Unis demandent que l'Iran y renonce totalement, tandis que Téhéran refuse catégoriquement. 


Sanctions contre Moscou, Paris rappelle la nécessité d'une « coordination » avec les États-Unis

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (à gauche), le Premier ministre français François Bayrou et le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Éric Lombard quittent l'Élysée à Paris après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 9 avril 2025. (Photo : ALAIN JOCARD / AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (à gauche), le Premier ministre français François Bayrou et le ministre français de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Éric Lombard quittent l'Élysée à Paris après la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le 9 avril 2025. (Photo : ALAIN JOCARD / AFP)
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  • Les ministres français des Finances et des Affaires étrangères ont rappelé samedi « la nécessaire coordination » entre les États-Unis et l'Europe pour mettre fin au conflit en Ukraine.
  • L'Union européenne prépare un 18e paquet de sanctions à l'encontre de la Russie pour la convaincre d'accepter un cessez-le-feu.

PARIS : Les ministres français des Finances et des Affaires étrangères ont rappelé samedi « la nécessaire coordination » entre les États-Unis et l'Europe pour mettre fin au conflit en Ukraine, en recevant des sénateurs américains porteurs d'un projet de sanctions contre Moscou.

Le gouvernement français indique dans un communiqué qu'Éric Lombard et Jean-Noël Barrot ont reçu les sénateurs républicain Lindsey Graham et démocrate Richard Blumenthal.

Les deux parlementaires incitent le Congrès à adopter des sanctions dites « secondaires » extrêmement strictes, avec notamment des droits de douane allant jusqu'à 500 % sur les pays qui importent des hydrocarbures et des matières premières russes.

« Les ministres ont insisté sur la nécessaire coordination entre les États-Unis et l'Europe pour que les efforts en cours aboutissent à une paix juste et durable », affirme-t-il.

De retour d'Ukraine, les deux sénateurs ont fait part de leur intention de prendre des « dispositions législatives » pour « obtenir le retour en Ukraine des milliers d'enfants déportés par la Russie », ajoute le gouvernement.

L'Union européenne prépare un 18e paquet de sanctions à l'encontre de la Russie pour la convaincre d'accepter un cessez-le-feu. Le président américain Donald Trump affiche de son côté une attitude ambivalente, faisant preuve d'impatience et brandissant la menace de sanctions, sans pour autant passer à l'acte.

Au cours de leur entretien, les ministres et sénateurs ont par ailleurs évoqué l'Iran, qui « ne peut en aucun cas et d'aucune manière disposer de l’arme nucléaire », ainsi que le « dialogue exigeant avec le président intérimaire de Syrie Ahmad al-Chareh.


L'arme nucléaire est « inacceptable » a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères

Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araqchi participe à une conférence de presse à Moscou, en Russie, le 18 avril 2025. (Reuters)
Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araqchi participe à une conférence de presse à Moscou, en Russie, le 18 avril 2025. (Reuters)
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  • Les deux pays s'écharpent sur la question de l'enrichissement d'uranium : les États-Unis exigent que l'Iran y renonce totalement, tandis que Téhéran refuse catégoriquement.
  • « Si le problème concerne les armes nucléaires, alors nous considérons également que ce type d'arme est inacceptable », a déclaré Abbas Araghchi lors d'un discours télévisé.

TEHERAN : Alors que son pays est engagé dans de délicats pourparlers sur le nucléaire avec les États-Unis, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a jugé samedi « inacceptable » l'arme atomique.

Les deux pays s'écharpent sur la question de l'enrichissement d'uranium : les États-Unis exigent que l'Iran y renonce totalement, tandis que Téhéran refuse catégoriquement, arguant de son droit de disposer de capacités nucléaires civiles.

« Si le problème concerne les armes nucléaires, alors nous considérons également que ce type d'arme est inacceptable », a déclaré Abbas Araghchi lors d'un discours télévisé.

« Nous sommes d'accord avec eux sur cette question », a-t-il ajouté en référence à la position américaine.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, et Israël, ennemi juré de l'Iran et considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire.

Téhéran se défend d'avoir de telles ambitions militaires mais souligne son droit au nucléaire civil, notamment pour l'énergie, en vertu des dispositions du Traité de non-prolifération (TNP) dont l'Iran est signataire. 

Le pays est toutefois le seul État non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium à un niveau élevé (60 %), selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

« Ils ne peuvent pas avoir d'armes nucléaires », a réitéré vendredi le président américain Donald Trump, estimant qu'Iran et États-Unis étaient « assez proches d'un accord ».

Abbas Araghchi a toutefois tempéré tout optimisme américain dans un message publié jeudi sur X, dans lequel il affirme ne pas être « sûr » de l'« imminence » d'un accord. 

Ennemis depuis quatre décennies, Téhéran et Washington ont tenu le 23 mai à Rome un cinquième cycle de pourparlers sous l'égide du sultanat d'Oman.

Les négociateurs iranien Abbas Araghchi et américain Steve Witkoff se sont quittés sans avancée notable, mais se disent prêts à de nouvelles discussions. Aucune date n'a pour le moment été fixée.

En cas d'accord avec Washington, l'Iran a affirmé mercredi qu'il pourrait autoriser des inspecteurs américains de l'AIEA (l'agence onusienne du nucléaire) à travailler sur son sol.

« Si des questions sont soulevées, qu'un accord est conclu et que les demandes de l'Iran sont prises en compte, alors nous reconsidérerons la possibilité d'accepter des inspecteurs américains », a déclaré Mohammad Eslami, le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA). 

Selon Ali Vaez, chercheur spécialiste de l'Iran à l'International Crisis Group, un cercle de réflexion américain, cela constituerait une première depuis la Révolution islamique de 1979.

Durant son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait retiré unilatéralement son pays d'un accord international sur le nucléaire conclu avec l'Iran en 2015 et avait rétabli de lourdes sanctions américaines à l'encontre de Téhéran.

En guise de représailles, l'Iran s'est affranchi de certaines obligations, accélérant notamment l'enrichissement d'uranium bien au-delà de la limite de 3,67 % fixée par l'accord.

M. Trump, qui cherche dorénavant à négocier un nouveau texte, menace d'avoir recours à l'option militaire si la diplomatie échoue.