Migrations et changement climatique: lien évident, conséquences fluctuantes

Vue aérienne du " Refuge Santa Rosa ", un camp de maisons de paille et de tentes précaires, installé en 2017 par la Défense civile sur le bord de l'autoroute panaméricaine, à 980 km à Piura au nord de Lima, le 17 octobre 2021. Des milliers de migrants climatiques qui ont perdu leurs maisons et leurs moyens de subsistance à cause du phénomène El Nino Costero vivent dans des camps précaires dans le désert du nord du Pérou. (AFP)
Vue aérienne du " Refuge Santa Rosa ", un camp de maisons de paille et de tentes précaires, installé en 2017 par la Défense civile sur le bord de l'autoroute panaméricaine, à 980 km à Piura au nord de Lima, le 17 octobre 2021. Des milliers de migrants climatiques qui ont perdu leurs maisons et leurs moyens de subsistance à cause du phénomène El Nino Costero vivent dans des camps précaires dans le désert du nord du Pérou. (AFP)
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Publié le Samedi 23 septembre 2023

Migrations et changement climatique: lien évident, conséquences fluctuantes

  • Pour l'heure, la migration est plutôt une forme d'«adaptation» au changement climatique, qui donne des résultats «paradoxaux», observe pour sa part le démographe François Héran, qui dirige la chaire migrations du Collège de France
  • «Une hausse de la température dans les pays les plus pauvres tend plutôt à baisser la migration internationale», les personnes concernées se déplaçant plutôt dans leur propre pays, confirme l'économiste Katti Millock

PARIS: Le climat, futur moteur des migrations ? Pas si simple, jugent les spécialistes du sujet: le changement climatique est certes déjà à l’œuvre dans les déplacements de populations, mais il explique rarement à lui-seul des flux migratoires, qu'il peut même contribuer à freiner.

Un constat partagé par de nombreux experts français et internationaux réunis vendredi par l'Institut convergences migrations (ICM) en banlieue parisienne. Ces derniers se sont accordés, lors d'une journée scientifique sur ce thème, pour balayer les projections alarmistes de certaines organisations comme la Banque mondiale, qui chiffre à plus de 200 millions le nombre de personnes qui seront poussées à l'exode en 2050 en raison des impacts du changement climatique.

C'est aussi cet horizon lointain qui a fait débat.

"La migration climatique est systématiquement présentée comme un phénomène futur. Cela nous rend aveugles quant au fait qu'il y a déjà des millions de déplacés en raison de catastrophes climatiques ou d'impact plus lent du changement climatique", relève François Gemenne, membre du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) et spécialiste des migrations.

L'essentiel de ces personnes ne quittent pas des pays pauvres pour s'installer dans des pays occidentaux, mais sont généralement des déplacés dans leur propre pays.

Facteur aggravant

Parmi les 60 millions de "déplacés internes" recensés au 31 décembre 2022 par l'International displacement monitoring centre (IDMC), qui fait référence, 32,6 millions l'étaient en raison d'événements naturels, dont un quart à cause des inondations au Pakistan ou encore plus d'un million après les épisodes de sécheresse en Somalie.

Des chiffres qui montrent qu'il y avait "davantage de déplacés internes en raison de catastrophes naturelles que pour des conflits ou des violences", souligne le professeur de géopolitique de l'environnement à Sciences Po.

Toutefois, il est difficile d'"isoler" le facteur climatique dans les migrations internationales, explique François Gemenne. "L'environnement pèse dans la décision de migrer et s'intègre aux différents facteurs qui poussent à l'exil", insiste-t-il.

"Quand on sait que dans les pays du Sahel 70% des ménages dépendent de l'agriculture de subsistance, très vulnérable aux variations de pluviométrie ou de température, il est certain que la dégradation de l'environnement a un impact direct sur les ressources des familles. Dans ces cas-là, les facteurs économiques ou climatiques de la migration, cela revient un peu au même", ajoute l'expert du Giec, soulignant que parmi les personnes récemment débarquées sur l'île italienne de Lampedusa se trouvent "potentiellement des migrants dits +climatiques+".

«Pas de déferlement»

En tout état de cause, "il n'y aura pas de déferlement de migrants climatiques" en Europe, estime le géographe Etienne Piguet, de l'université de Neuchâtel (Suisse). Pour lui, "l'essentiel" des déplacements devraient rester internes ou "Sud-Sud".

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ces pays ne sont pas plus favorables que les Occidentaux à la création d'un statut de réfugié climatique, notion qui a fait irruption depuis quelques années dans le débat public mais exclue sur la scène internationale, le statut de réfugié restant intimement liée au risque de persécution politique.

Pour l'heure, la migration est plutôt une forme d'"adaptation" au changement climatique, qui donne des résultats "paradoxaux", observe pour sa part le démographe François Héran, qui dirige la chaire migrations du Collège de France: "Si la sécheresse sévit dans un pays, cela diminue les ressources des personnes, ce qui restreint la possibilité de migrer", illustre-t-il.

"Une hausse de la température dans les pays les plus pauvres tend plutôt à baisser la migration internationale", les personnes concernées se déplaçant plutôt dans leur propre pays, confirme l'économiste Katti Millock.

Cette dernière convient qu'il n'existe pas de "consensus" scientifique sur la relation de cause à effet entre migration et changement climatique, à ce stade.

Voilà pourquoi le débat autour du statut de réfugié climatique est "une fausse piste", reprend le démographe Etienne Piguet. Vu la "multicausalité" du phénomène, avec le climat qui se superpose progressivement aux conflits et à la pauvreté, dit-il, il s'agirait plutôt d'explorer l'idée d'un "réfugié de survie".


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.


Londres accuse Israël d'avoir refoulé deux députés travaillistes britanniques

Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy s'exprime lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 15 août 2024. (Photo d'archives AFP)
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy s'exprime lors d'une conférence de presse à Jérusalem le 15 août 2024. (Photo d'archives AFP)
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  • Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a accusé  Dans la nuit de samedi à dimanche, Israël d'avoir refoulé deux députées travaillistes à leur entrée à l'aéroport international de l'État hébreu.
  • « Il est inacceptable, contre-productif et profondément inquiétant que deux membres du Parlement britannique, aient été interpellés et se soient vu refuser l'entrée par les autorités israéliennes », a tonné le chef de la diplomatie.

LONDRES : Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a accusé  Dans la nuit de samedi à dimanche, Israël d'avoir refoulé deux députées travaillistes à leur entrée à l'aéroport international de l'État hébreu, dans le cadre d'un voyage officiel.

« Il est inacceptable, contre-productif et profondément inquiétant que deux membres du Parlement britannique, dans le cadre d'une délégation parlementaire en Israël, aient été interpellés et se soient vu refuser l'entrée par les autorités israéliennes », a tonné le chef de la diplomatie dans un communiqué de son ministère publié sur X.

« J'ai clairement fait savoir à mes homologues du gouvernement israélien que nous n'accepterions pas un tel traitement réservé à des parlementaires britanniques avec qui nous sommes en contact et à qui nous apportons notre soutien », a insisté M. Lammy.

Le ministre a rappelé que « le gouvernement du Royaume-Uni restait focalisé sur la reprise du cessez-le-feu et des négociations pour mettre fin à l'effusion de sang, ainsi que sur la libération des otages et la fin du conflit dans la bande de Gaza ».

La diplomatie britannique n'a dévoilé aucun détail supplémentaire.

S'appuyant sur un communiqué du ministère israélien de l'Immigration cité par la chaîne de télévision Sky News, le journal The Guardian indique que les parlementaires refoulées à l'aéroport Ben Gourion, près de Tel-Aviv, sont deux femmes, Yuan Yang et Abtisam Mohamed. Elles sont soupçonnées d'avoir voulu « documenter les activités des forces de sécurité (israéliennes) et diffuser une haine contre Israël ».

Mercredi dernier, Hamish Falconer, sous-secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, a dénoncé l'élargissement des opérations militaires d'Israël dans la bande de Gaza, se disant « profondément préoccupé » par la reprise des hostilités.

« La politique du gouvernement britannique et celle du gouvernement israélien diffèrent. Ces divergences persisteront jusqu'à ce que nous retrouvions la voie d'une solution à deux États », avait déclaré M. Falconer devant la commission des Affaires étrangères du Parlement britannique.