Cinéma: «L'Empire», la guerre des étoiles version française déjantée

L'actrice algéro-française Lyna Khoudri pose lors d'un shooting pour le film "L'Empire" présenté en compétition à la 74e Berlinale (Photo, AFP).
L'actrice algéro-française Lyna Khoudri pose lors d'un shooting pour le film "L'Empire" présenté en compétition à la 74e Berlinale (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 19 février 2024

Cinéma: «L'Empire», la guerre des étoiles version française déjantée

  • Cet ovni cinématographique est en lice pour l'Ours d'or, qui sera remis samedi prochain à Berlin
  • «L'Empire» ne surprendra pas ceux qui connaissent déjà l'univers singulier développé par Dumont

BERLIN: Vaste blague ou réinvention de la science-fiction ? Le réalisateur français Bruno Dumont déconcerte dans "L'Empire", une relecture déjantée de "La Guerre des étoiles" présentée à la Berlinale.

Cet ovni cinématographique est en lice pour l'Ours d'or, qui sera remis samedi prochain à Berlin.

"Ce n'est pas une parodie de la Guerre des étoiles", la saga culte créée par Georges Lucas, et "il ne s'agit pas de se moquer", a martelé à Berlin Bruno Dumont, un habitué des festivals de cinéma.

Même si le potentiel comique du film repose largement sur le décalage entre les sabres lasers et la vie quotidienne dans une village modeste du nord de la France.

"Il y a quelques citations mais je n'ai pas voulu reprendre l'histoire. Il y a des références aux grands films de science-fiction, incluant +Star wars+, +La planète des singes+", élargit-il: "je voulais faire un film de science-fiction, car j'aime beaucoup les space opera qui sont une façon d'aborder les questions complexes comme l'origine du monde, tout en restant dans mon univers terrestre", a poursuivi l'ancien professeur de philosophie.

Mélange d'acteurs amateurs et de professionnels, semi-improvisation, recherche permanente du décalage, "L'Empire" ne surprendra pas ceux qui connaissent déjà l'univers singulier développé par Dumont.

En y ajoutant une intrigue assez accessoire autour d'un bébé, objet d'une lutte entre les forces du bien et du mal, les "Un" et les "Zéros", avec pour terrain de jeu la Terre et ses humains.

Officiellement, "l'Empire" raconte "les origines du monde, pourquoi sommes nous brassés par le bien et le mal", a résumé Dumont.

Pas classique 

"Il y a à la fois des superhéros qui viennent de l'espace, pour lesquels il était pertinent de prendre des acteurs professionnels, qui sont des héros de cinéma, et pour représenter les (humains), des anti-héros, de prendre des non-professionnels", a-t-il détaillé.

Le film réunit Fabrice Luchini en incarnation du mal absolu, ainsi que les actrices Anamaria Vartolomei ("L’Evénement", Lion d'or à Venise en 2021), Lyna Khoudri ("Les Trois Mousquetaires") et Camille Cottin ("Dix pour cent", "Stillwater").

Figure inclassable du 7e art, du sulfureux "Twentynine Palms" en 2003 jusqu'au mystique "Jeanne", sur la vie de Jeanne d'Arc, Bruno Dumont parvient à attirer dans son univers les plus grandes stars françaises, de Juliette Binoche ("Camille Claudel, 1915") à Léa Seydoux ("France").

Adèle Haenel, la "jeune fille en feu" du film de Céline Sciamma, a un temps fait partie de la distribution de "L'Empire", avant de claquer la porte jugeant le contenu du film "sexiste et raciste", rapportait en 2023 le magazine français Télérama.

Sur le tournage, "il n'y avait pas de scénario au sens classique, c'est très littéraire, comme un roman", a témoigné à Berlin Lyna Khoudri, désarçonnée d'ignorer parfois qui d'elle, ou de son partenaire de jeu, était censé déclamer une réplique.

Côté amateurs, "on ne lit pas de scénario, pour garder cette part d'innocence et de nature qu'on a chez nous", acte Brandon Vlieghe, qui a rejoint cette troupe.

Pour la production de ce film d'1H50, Dumont a voulu éviter l'effet carton-pâte, avec des moyens conséquents. Dont des vaisseaux spatiaux dérivés de merveilles de l'architecture: la Sainte Chapelle pour le camp du bien, le Palais de Caserte à Naples pour ses adversaires.


Mohammed al-Turki assiste à la première de « Mission : Impossible - The Final Reckoning » à Cannes

Mohammed Al-Turki portait pour l'occasion un ensemble Berluti bleu nuit. (Fourni)
Mohammed Al-Turki portait pour l'occasion un ensemble Berluti bleu nuit. (Fourni)
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  • Le producteur de films saoudien Mohammed Al-Turki a foulé le tapis rouge mercredi, à l'occasion de la première de « Mission : Impossible – The Final Reckoning », lors de la 78e édition du Festival de Cannes

DUBAÏ : Le producteur de films saoudien Mohammed Al-Turki a foulé le tapis rouge mercredi, à l'occasion de la première de « Mission : Impossible – The Final Reckoning », lors de la 78e édition du Festival de Cannes.

M. Al-Turki, ancien PDG du Festival international du film de la mer Rouge, s’est distingué sur le tapis rouge avec une tenue signée Berluti. Pour l’occasion, il arborait un smoking trois pièces en satin et laine Super 200s à micro motifs, dans un élégant bleu nuit. Il avait assorti son nœud papillon et sa chemise en coton à la teinte de son costume, complétant l’ensemble avec des mocassins noirs en cuir verni. 

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M. Al-Turki a posé pour des photos aux côtés de l'actrice égyptienne Yousra avant la projection du film. (Getty Images)

Avant la projection, il a partagé le tapis rouge avec la célèbre actrice égyptienne Yousra.

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L'acteur américain Greg Tarzan Davis, l'actrice américaine Angela Bassett, l'acteur et producteur américain Tom Cruise, l'actrice française Pom Klementieff, le réalisateur et scénariste américain Christopher McQuarrie quittent la salle après la projection du film 'Mission : Impossible - The Final Reckoning' lors de la 78ème édition du Festival de Cannes à Cannes. (Getty Images)

« Mission : Impossible - The Final Reckoning » met en scène Tom Cruise, Hayley Atwell et Ving Rhames, et poursuit l'histoire du film « Dead Reckoning - Part One », sorti en 2023. La suite suit Ethan Hunt et son équipe dans leur lutte contre l'Entité, une IA malveillante qui menace la sécurité mondiale. Le précédent volet n'ayant pas eu de succès au box-office, ce chapitre est considéré comme une sortie cruciale pour la franchise.

La sortie du film est prévue pour le 22 mai.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Hoda Barakat, lauréate du Zayed Book Award et porte-voix des oubliés

Née à Beyrouth, Hoda Barakat vit en France depuis 1989. Son œuvre, publiée notamment chez Actes Sud, a été récompensée à maintes reprises: Prix Naguib Mahfouz en 2000, Prix Al-Owais en 2017 pour l’ensemble de son œuvre, et Prix international de la fiction arabe en 2019 pour Le Cours de l’amour et de la mort. (AFP)
Née à Beyrouth, Hoda Barakat vit en France depuis 1989. Son œuvre, publiée notamment chez Actes Sud, a été récompensée à maintes reprises: Prix Naguib Mahfouz en 2000, Prix Al-Owais en 2017 pour l’ensemble de son œuvre, et Prix international de la fiction arabe en 2019 pour Le Cours de l’amour et de la mort. (AFP)
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  • Son écriture naît d’un processus d’écoute intérieure, elle ne commence pas un roman avec une trame claire, mais avec une voix
  • Les histoires se construisent au fil des pages, comme des révélations, dans une langue qui épouse les failles et les silences

PARIS: Ouvrir un livre de l’écrivaine franco-libanaise Hoda Barakat, c’est comme entrer dans un lieu étrange, atypique.

Aller vers l’inconnu à la rencontre de personnes que nous côtoyons tous les jours sans les voir ni les entendre.

Partager des vies, des quotidiens que nous nous efforçons d’ignorer – par dégoût, par superstition ou par peur d’y reconnaître, en miroir, l’être humain que nous sommes, à l’état brut.

Cet être que nous tentons d’enfouir sous les couches de diplômes, de réussites professionnelles ou sociales, mais que la plume de Barakat met à nu avec une intensité captivante.

 


A Cannes, les plans de Trump pour sauver Hollywood font grincer des dents

Donald Trump veut sauver un Hollywood "mourant à une vitesse fulgurante" en imposant des droits de douane de 100% sur les films produits à l'étranger. Mauvaise idée répondent unanimement les représentants de l'industrie américaine du cinéma présents au Festival de Cannes. (AFP)
Donald Trump veut sauver un Hollywood "mourant à une vitesse fulgurante" en imposant des droits de douane de 100% sur les films produits à l'étranger. Mauvaise idée répondent unanimement les représentants de l'industrie américaine du cinéma présents au Festival de Cannes. (AFP)
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  • "Je ne vois aucun avantage à ce qu'il essaie de faire. C'est quelque chose qui pourrait vraiment nous faire du mal", estime Scott Jones, patron du distributeur Artist View Entertainment
  • "Beaucoup de gens sont sans travail en ce moment et cela ne va pas améliorer les choses", poursuit le producteur, qui présente sur la Croisette une épopée sur la guerre civile américaine tournée dans l'Etat du Tennessee

CANNES: Donald Trump veut sauver un Hollywood "mourant à une vitesse fulgurante" en imposant des droits de douane de 100% sur les films produits à l'étranger. Mauvaise idée répondent unanimement les représentants de l'industrie américaine du cinéma présents au Festival de Cannes.

"Je ne vois aucun avantage à ce qu'il essaie de faire. C'est quelque chose qui pourrait vraiment nous faire du mal", estime Scott Jones, patron du distributeur Artist View Entertainment, rencontré par l'AFP au Marché du film.

"Beaucoup de gens sont sans travail en ce moment et cela ne va pas améliorer les choses", poursuit le producteur, qui présente sur la Croisette une épopée sur la guerre civile américaine tournée dans l'Etat du Tennessee.

Les grands studios hollywoodiens, plusieurs syndicats professionnels de l'audiovisuel américain mais aussi les "ambassadeurs spéciaux" de Trump pour le cinéma, les acteurs Jon Voight et Sylvester Stallone, ont publié mardi une lettre remerciant le président pour son "soutien" mais lui demandant plutôt des avantages fiscaux pour tourner des films et des séries aux Etats-Unis. "Plus de 80 pays offrent des incitations fiscales à la production et, par conséquent, de nombreuses productions qui auraient pu être tournées aux USA se sont plutôt installées ailleurs", argumentent-ils.

Quel meilleur exemple de ce phénomène que "Mission: Impossible - The Final Reckoning" avec Tom Cruise, plus grand film américain projeté à Cannes, tourné principalement en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud.

"Inapplicable" 

"Les films hollywoodiens sont réalisés partout dans le monde," confirme Louise Lantagne, directrice de Quebecreatif, qui soutient l'industrie cinématographique canadienne.

Les productions américaines migrent vers le Canada depuis des décennies "parce que nous sommes moins chers et que nous avons des crédits d'impôt, d'excellentes installations et des véritables techniciens de talent", ajoute-t-elle.

"Bien sûr, ce sera l'enfer si (les droits de douane) sont mis en place," prophétise Louise Lantagne, mais "pour le moment, ce n'est qu'un tweet - même si tout le monde est vraiment stressé par ces déclarations."

Beaucoup, comme Monique White, agent commercial du distributeur California Pictures, pensent que la mesure est "inapplicable" et que Trump laissera retomber l'idée.

C'est "légalement et techniquement impossible sans changer la loi, ce qui ne semble pas probable", explique-t-elle.

D'autres craignent toutefois qu'il ne soit trop tard.

"Il nous tue" 

Cette simple menace est déjà "catastrophique en terme de confiance", affirme ce producteur vétéran, deux fois électeur de Trump, mais préférant conserver l'anonymat. "Les investisseurs, particulièrement étrangers, ne veulent pas se brûler les ailes sur le long terme. Il (Trump) nous tue", lâche-t-il.

Même si le président américain parvenait à faire appliquer cette mesure, Louise Lantagne soutient que décider ce qui est ou non un film américain serait un "cauchemar bureaucratique" car les financements et les compétences sont internationalisées.

Sylvain Bellemare, qui a remporté l'Oscar du montage sonore pour "Premier Contact" de Denis Villeneuve en 2017, l'illustre avec deux exemples récents. "Splitsville" avec Dakota Johnson, pour lequel il est présent à Cannes cette année, a été "entièrement tourné au Québec" mais avec de l'argent américain. Et l'an dernier, Novocaïne, distribué par Paramount, a été tourné en Afrique du Sud et post-produit au Québec, alors que l'intrigue se déroule à San Diego. Les producteurs américains "n'ont plus l'argent nécessaire pour tourner aux États-Unis comme ils le faisaient en Californie, c'est tellement cher", conclut-il.

Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a doublé non sans mal les allégements fiscaux pour l'industrie du cinéma à 750 millions de dollars annuel (670 millions d'euros) pour freiner la fuite - une somme que White qualifie de "toujours beaucoup trop petite".