Macron lance une collecte pour le patrimoine religieux et se dit «à sa place» à la messe du pape

Le pape François échangeant des cadeaux avec le président français Emmanuel Macron lors d'une audience privée au Vatican (Photo, AFP).
Le pape François échangeant des cadeaux avec le président français Emmanuel Macron lors d'une audience privée au Vatican (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 16 septembre 2023

Macron lance une collecte pour le patrimoine religieux et se dit «à sa place» à la messe du pape

  • Cette collecte vient s'ajouter au Loto du patrimoine, incarné depuis cinq ans par l'animateur Stéphane Bern
  • La présence à une messe papale est une première pour un chef de l'Etat français

PARIS: Une quête avant l'office: Emmanuel Macron a annoncé vendredi une souscription pour restaurer des milliers d'édifices religieux en péril et défendu sa participation, contestée à gauche, à la messe géante du pape François à Marseille dans une semaine.

Depuis la collégiale de Semur-en-Auxois, en Côte-d'Or, chef d'œuvre gothique dont la préservation est justement difficile pour cette commune de 4.200 habitants, le chef de l'Etat a lancé une collecte "pour mobiliser 200 millions d'euros sur quatre ans".

Sur 50.000 lieux de culte en France, environ 2.500 à 3.000 édifices, principalement des églises, seraient dans un état qui fait craindre pour leur sauvegarde. Pour une grande partie, ils appartiennent à des petites communes pour qui "ces investissements sont insoutenables", a rappelé Emmanuel Macron.

"Cela nourrit un sentiment d'indignation chez beaucoup de nos élus et nos habitants parce qu'il y a un attachement à ce patrimoine, que l'on croit ou que l'on ne croit pas", a-t-il estimé.

Cette collecte sera donc destinée uniquement aux communes de moins 10.000 habitants (20.000 en outre-mer). Les dons pourront être faits sur le site de la Fondation du patrimoine et seront déductibles des impôts à 75% (au lieu de 66%) dans la limite de 1.000 euros, comme cela a été le cas pour la reconstruction de Notre-Dame de Paris.

Un détail qui vise "aussi, entre les lignes, à dire aux grandes fortunes" que "l'enjeu est au même niveau d'importance", a glissé à l'AFP la ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, en marge du déplacement bourguignon, ajoutant espérer que les plus riches "comprendront ce message d'eux-mêmes".

Organisatrice de cette souscription, la Fondation du patrimoine sélectionnera les projets "en fonction de l'intérêt patrimonial de l'édifice, l'urgence et aussi la question de l'usage qui doit s'ouvrir aux concerts, expositions, conférences", a expliqué à l'AFP son président Guillaume Poitrinal.

"Cela colle à une réalité, et rejoint des besoins", a affirmé à l'AFP Gautier Mornas, responsable du département Art sacré de la Conférence des évêques de France.

Pour Edouard de Lamaze, président de l'Observatoire du patrimoine religieux, la valeur de ces édifices "dépasse très largement le cadre religieux, et vient s'inscrire dans la vie quotidienne, le passé et l'avenir des Français".

Cette collecte vient s'ajouter au Loto du patrimoine, incarné depuis cinq ans par l'animateur Stéphane Bern. En cinq ans, 230 millions d'euros ont été ainsi recueillis au profit de 862 projets selon l'Elysée. Le président s'est d'ailleurs rendu dans l'après-midi au château de Bussy-Rabutin, lauréat de la première édition de ce loto en 2018.

«C'est ma place»

Selon l'Elysée, la date de ces annonces est liée aux Journées du patrimoine ce weekend et fait suite à des engagements pris par le président lors de sa visite au Mont-Saint-Michel le 5 juin.

Aucun lien donc avec la visite la semaine prochaine du pape François à Marseille, selon la présidence. Face aux critiques de la gauche, Emmanuel Macron a défendu sa décision d'assister à la messe que donnera le pape le 23 septembre.

"Je considère que c'est ma place d'y aller. Je n'irai pas en tant que catholique, j'irai comme président de la République qui est en effet laïque. Je n'aurai moi-même pas de pratique religieuse lors de cette messe", a-t-il justifié.

Emmanuel Macron a rappelé que le pape avait le rang de chef d'Etat et que sa présence ne remettait pas en cause la neutralité de l'Etat. "L'Etat est neutre. Les services publics sont neutres et nous préservons l'école aussi", a-t-il ajouté, dans une allusion à l'interdiction dans les établissements scolaires de l'abaya, une robe ample que portent des femmes musulmanes.

Dès mercredi, la possibilité qu'il assiste à cette messe, point d'orgue de la visite papale, avait suscité des critiques indignées de la gauche.

"Non monsieur le président. Ce n'est pas votre place d'aller à la messe du pape. Lui souhaiter la bienvenue à l'arrivée et même à son départ: oui, bien sûr. Mais l'État laïque ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte", a ainsi estimé sur le réseau X (anciennement Twitter) le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. "Pas de cérémonie religieuse pour un élu en France".

La présence à une messe papale est une première pour un chef de l'Etat français depuis celle célébrée en 1980 par Jean-Paul II sur le parvis de Notre-Dame à Paris en présence de Valéry Giscard d'Estaing.

En juin 2017, peu après sa première élection, Emmanuel Macron avait participé à l'iftar (dîner de rupture du jeûne) annuel du Conseil français du culte musulman (CFCM), l'instance représentative de la deuxième religion de France.


Marine Le Pen trouve «  très utile » de débattre avec Macron, mais après les européennes

Elle a été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche (Photo, AFP) .
Elle a été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche (Photo, AFP) .
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  • L'hypothèse de proposer un débat à la leader d'extrême droite avant les européennes circule dans le camp présidentiel
  • Un participant au dîner a confirmé à l'AFP que le sujet avait été abordé au cours de la soirée

PARIS: Marine Le Pen trouve "très utile" de débattre avec Emmanuel Macron, mais "en septembre" après les élections européennes, a-t-elle indiqué dimanche soir dans une déclaration transmise par son entourage à l'AFP.

"Il serait très utile que je puisse débattre avec le président en septembre sur ce qu'il compte faire des trois longues années qui lui restent" à la tête de l'Etat, a-t-elle déclaré.

Un peu plus tôt, la cheffe de file des députés du Rassemblement national avait pu laisser penser dans des médias qu'elle était prête à se plier à cet exercice avant le 9 juin.

Elle a "toujours dit qu'elle était partante pour un débat", avait relevé son entourage à l'AFP, la députée du Pas-de-Calais répondant aussi par l'affirmative dans Le Parisien: "J'ai déjà répondu à cette question et j'ai dit oui".

L'hypothèse de proposer un débat à la leader d'extrême droite avant les européennes circule dans le camp présidentiel, en net retard face au RN dans les sondages.

Elle a notamment été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche. "J'y pense", a répondu le chef de l'Etat, d'après le journal.

Un participant au dîner a confirmé à l'AFP que le sujet avait été abordé au cours de la soirée, ajoutant que le président ne s'était pas prononcé clairement.

"J'ai confiance dans ma tête de liste" Jordan Bardella, a rétorqué dimanche soir Marine Le Pen. "Je trouve très humiliant pour Gabriel Attal de laisser fuiter cette proposition (d'un débat entre le président et moi, NDLR) avant celui qui doit se tenir entre le Premier ministre et Jordan Bardella", le 23 mai. "Cela prouve le peu de confiance qu'Emmanuel Macron a dans son Premier ministre", a-t-elle ajouté.

Un des intérêts pour les macronistes d'un tel exercice aurait été de tenter de mettre la pression sur Marine Le Pen, qui n'avait pas réussi à convaincre lors des débats de 2017 et de 2022 face au candidat Macron.

"Je trouve contradictoire de proposer un débat de présidentielle alors que (le camp macroniste) nous reproche en permanence de nationaliser le débat", a encore déclaré Marine Le Pen.

De son côté, Gabriel Attal a déclaré dimanche soir dans un entretien au Progrès avoir souhaité débattre avec la leader d'extrême droite.

"La logique institutionnelle aurait voulu que je débatte avec Marine Le Pen. En tant que Premier ministre, je suis responsable devant le Parlement national et la présidente du premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, c’est elle", a-t-il expliqué.

Mais, "elle a peur des débats" et "a choisi la fuite", a-t-il ajouté, relevant qu'il avait alors accepté l'exercice avec Jordan Bardella.


Choose France: huit projets d'investissements qui seront officialisés lundi

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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  • Les terres rares sont indispensables aux moteurs des voitures électriques
  • L'investissement pourrait à terme atteindre 100 millions d'euros, selon lui

PARIS: Le gouvernement a levé le voile dimanche sur plusieurs annonces attendues autour d'Emmanuel Macron lors du 7e sommet Choose France, lundi au château de Versailles, destiné à promouvoir les investissements étrangers, sans confirmer les informations ayant déjà filtré sur d'autres projets.

Plusieurs entreprises devraient annoncer vouloir investir dans l'intelligence artificielle et l'informatique en France, mais le ministère de l'Economie a pour l'instant mis en avant cinq projets dans diverses industries (engrais, nickel, aviation, robots ménagers, chimie) et trois autres de banques qui vont embaucher à Paris.

Engrais 

Le plus gros projet à ce stade, en euros, concerne une potentielle usine d'engrais qui réduirait fortement les rejets de dioxyde de carbone, le premier gaz à réchauffer l'atmosphère. Le consortium européen FertigHy va annoncer envisager d'investir 1,3 milliard d'euros d'investissement pour une usine dans la Somme, à Languevoisin, selon Roland Lescure dans la Tribune Dimanche.

L'usine produirait des engrais azotés sans utiliser de gaz naturel, qui est l'ingrédient historique. De l'hydrogène extrait de l'eau dans un électrolyseur permettra de remplacer un gaz que les Européens importaient autrefois largement de Russie.

Le projet, dont la décision finale d'investissement est attendue fin 2026, est une "feuille de route pour la souveraineté européenne", a dit à l'AFP Jose Antonio de las Heras Alonso, directeur général de FertigHy.

Nickel et terres rares 

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé de son côté la création d'une usine de raffinage de nickel sur les communes de Blanquefort/Parempuyre (Nouvelle Aquitaine) par l'entreprise KL1 basée en Suisse.

Le site de Blanquefort, "avait été très marqué par la fermeture de Ford", a rappelé le ministre lors d'une communication téléphonique avec la presse. Montant de l'investissement: 300 millions d'euros, pour 200 emplois, selon lui. Le début de l'activité est prévu en 2027.

"Avec cet investissement la France sera en mesure d'avoir l'intégralité de la chaîne de valeur du véhicule électrique: mine, raffinage, cathodes, batterie, véhicule électrique", a-t-il assuré.

A fortiori car le groupe chimique belge Solvay va reconvertir son usine de La Rochelle pour "lancer prochainement la première phase d’une unité de production à grande échelle de terres rares", a annoncé Roland Lescure.

Les terres rares sont indispensables aux moteurs des voitures électriques. L'investissement pourrait à terme atteindre 100 millions d'euros, selon lui.

Aviation et Thermomix 

Bruno Le Maire a également annoncé une future usine aéronautique avec la société allemande Lilium "dans un site qui reste à déterminer mais qui sera en Nouvelle Aquitaine, pour produire un avion régional électrique et le reconditionnement des batteries de cet avion régional électrique".

"L'investissement se monte à 400 millions d'euros, représente 850 emplois et l'entrée en service de l'usine est prévue en 2026", a-t-il poursuivi. Lilium développe en Allemagne des appareils à décollage et atterrissage verticaux.

Plus modeste, le fabricant allemand du luxueux robot ménager Thermomix, Vorwerk, va selon Roland Lescure créer 50 emplois dans la région de Châteaudun, où elle a déjà une usine (72 millions seront investis).

"Demain, ce seront 1,8 million de Thermomix produits par an en France, dont 85 % destinés à l’export", dit Roland Lescure.

Le spécialiste allemand des équipements électriques Hager, déjà implanté à Obernai et Bischwiller (Bas-Rhin), va investir "plusieurs dizaines de millions d'euros" en France, a par ailleurs indiqué vendredi une source proche du dossier à l'AFP, confirmant une information du Monde.

Banques 

Enfin, Bruno Le Maire a annoncé que la banque américaine Morgan Stanley, passée en trois ans de 150 à 400 salariés en France, accueillerait son nouveau campus européen à Paris (100 emplois supplémentaires).

La First Abu Dhabi Bank, principale banque émiratie, et la Zenith Bank, banque nigériane devenue l’une des principales banques panafricaines, vont s'installer à Paris, selon la même source.

"Ce qui est intéressant c'est de voir la confirmation des investissements anglo-saxons mais aussi le déploiement des investisseurs financiers en dehors de pays anglo-saxons", a estimé Bruno Le Maire qui déjeunera lundi avec les représentants de grandes banques internationales.

Le cabinet du ministre a refusé de confirmer les informations ayant circulé dans la presse concernant d'autres investissements, notamment du géant Amazon.


La France appelle Israël à cesser «sans délai» son opération à Rafah

Cette image prise à partir de séquences diffusées par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre les chars de l'équipe de combat de la 401e brigade entrant du côté palestinien du passage frontalier de Rafah entre Gaza et l'Égypte dans le sud de la bande de Gaza le 7 mai 2024. (Photo de Fayez Nureldine / Armée israélienne / AFP)
Cette image prise à partir de séquences diffusées par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre les chars de l'équipe de combat de la 401e brigade entrant du côté palestinien du passage frontalier de Rafah entre Gaza et l'Égypte dans le sud de la bande de Gaza le 7 mai 2024. (Photo de Fayez Nureldine / Armée israélienne / AFP)
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  • Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah, et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitair
  • «Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire sans délai et à reprendre la voie des négociations », a indiqué le Quai d'Orsay

PARIS : La France appelle Israël à cesser «sans délai» son opération militaire à Rafah qui menace de créer une «situation catastrophique» pour la population de la bande de Gaza, a indiqué son ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur X dans la nuit de vendredi à samedi.

«Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire sans délai et à reprendre la voie des négociations, seule voie possible pour conduire à la libération immédiate des otages et obtenir un cessez-le-feu durable», a indiqué le Quai d'Orsay à propos de la situation à Rafah.

«Une telle opération menace de provoquer une situation catastrophique pour les populations civiles de Gaza, déjà déplacées à de multiples reprises», poursuit le communiqué de la diplomatie française.

Afin de «vaincre» le Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu juge nécessaire une opération à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza où se retranchent selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste mais où s'entassent également 1,4 million de Palestiniens, la majorité déplacés par les violences.

Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah, et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitaire.

L'armée a indiqué vendredi poursuivre son «opération antiterroriste de précision» dans certains secteurs de l'est de Rafah, et avoir «éliminé des cellules terroristes».

Les Etats-Unis «observent avec préoccupation» l'opération militaire à Rafah, mais ne jugent pas qu'elle soit «majeure», a dit vendredi un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.

«La France appelle Israël à rouvrir immédiatement le point de passage de Rafah vers l’Egypte, qui est indispensable tant pour l'accès de l’aide humanitaire à la population civile que pour permettre aux personnes les plus vulnérables de quitter la bande de Gaza», a indiqué dans la nuit la diplomatie française.