«Comme après le 11-Septembre»: pour des Arabes et musulmans américains, la crainte de la stigmatisation

Des contre-manifestants pro-israéliens scandent en direction d'une veillée organisée par des étudiants de NYU en soutien aux Palestiniens au Washington Square Park à New York le 17 octobre 2023, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le Hamas. (Photo, AFP)
Des contre-manifestants pro-israéliens scandent en direction d'une veillée organisée par des étudiants de NYU en soutien aux Palestiniens au Washington Square Park à New York le 17 octobre 2023, dans le contexte du conflit en cours entre Israël et le Hamas. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 18 octobre 2023

«Comme après le 11-Septembre»: pour des Arabes et musulmans américains, la crainte de la stigmatisation

  • Wadea Al-Fayoume, six ans, a été poignardé 26 fois samedi par le septuagénaire qui louait un logement à sa famille, selon les autorités qui l'ont inculpé de crime motivé par la haine
  • D'après la police, Wadea et sa mère ont été ciblés "parce qu'ils sont musulmans et en raison du conflit en cours au Proche-Orient impliquant le Hamas et les Israéliens"

WASHINGTON: Dans les jours suivant la sanglante attaque du Hamas contre Israël, de nombreux Arabes ou musulmans américains disaient déjà voir les signes d'un retour à l'ère du soupçon qui a prévalu après les attentats du 11 septembre 2001. Puis un petit garçon d'origine palestinienne a été tué à coups de couteau dans l'Illinois.

Wadea Al-Fayoume, six ans, a été poignardé 26 fois samedi par le septuagénaire qui louait un logement à sa famille, selon les autorités qui l'ont inculpé de crime motivé par la haine. L'homme a crié "vous, les musulmans, vous devez mourir" à la mère de l'enfant, qui a été grièvement blessée, selon des SMS de cette dernière au père, cités par le Conseil sur les relations américano-islamiques (CAIR).

D'après la police, Wadea et sa mère ont été ciblés "parce qu'ils sont musulmans et en raison du conflit en cours au Proche-Orient impliquant le Hamas et les Israéliens". Le président Joe Biden, qui a apporté son soutien sans faille à Israël, s'est dit "horrifié" et a souligné son rejet de l'islamophobie.

Le petit garçon "a payé le prix de l'atmosphère de haine et de déshumanisation", a dénoncé Ahmed Rehab, responsable du bureau du CAIR à Chicago.

"Nous avions mis en garde contre le fait de refaire la même erreur qu'après le 11-Septembre (...). Mais nous y voilà", a-t-il déploré.

Anxiété
Sarah Suzuki Harvard, 30 ans, a grandi à Plainfield, là où Wadea Al-Fayoume a été tué.

"Nous sommes en train de revenir aux niveaux d'islamophobie du 11-Septembre, et ça ne va faire qu'empirer", a-t-elle écrit sur X (ex-Twitter).

Cette ancienne journaliste devenue humoriste, dont le père est marocain et la mère japonaise, dit à l'AFP se souvenir d'une atmosphère difficile dans les années qui ont suivi les attentats de 2001 contre les tours jumelles de New York, et du "harcèlement" dont elle a été témoin enfant. A tel point, explique-t-elle, que sa famille a décidé de changer de patronyme pour éviter la discrimination.

Quand elle a appris le meurtre du petit garçon, elle dit avoir ressenti "tellement de douleur et de chagrin". "Puis j'ai eu peur, parce que ma famille habite là-bas", poursuit-elle. "J'ai envoyé un SMS à mon père, en lui disant +fais attention s'il te plaît quand tu vas à la mosquée, je t'aime, et dis la même chose à ma tante et à mon oncle+".

Zenjabela, une New-Yorkaise d'origine palestinienne de 23 ans qui préfère ne pas donner son nom complet, affirme avoir senti de l'"hostilité" vis-à-vis de sa personne, et raconte avoir vu dans son quartier des personnes être prises à partie pour avoir dit "Assalamou Alaykom" - salutation en arabe voulant dire "Que la paix soit sur vous".

"Je n'ai jamais été aussi anxieuse au sujet de la perception des musulmans, des Palestiniens et des Arabes en général", témoigne-t-elle auprès de l'AFP.

«Tous antisémites»

Dans ce climat tendu, certains responsables se sont fait remarquer par des déclarations jugées incendiaires.

"Les Etats-Unis ne devraient pas participer à l'aide à Gaza pour la même raison qu'ils n'ont pas fourni d'aide à l'Allemagne nazie", a écrit sur X le sénateur de droite de l'Arkansas Tom Cotton.

Le gouverneur républicain de Floride Ron DeSantis, candidat à la Maison-Blanche, a lui jugé que les Etats-Unis ne pouvaient pas accepter de réfugiés originaires de la bande de Gaza parce qu'"ils sont tous antisémites".

"Quel discours incroyablement dangereux et destructeur", a commenté sur CNN l'élue de gauche Alexandria Ocasio-Cortez. "Nous venons d'avoir un garçon de six ans poignardé 26 fois à cause de discours comme celui-ci (...). C'est inacceptable. Aucun dirigeant aux Etats- Unis ne devrait amplifier un tel message", a-t-elle insisté.

Aya Hijazi, militante américaine pour la justice sociale de 36 ans, née d'une mère égyptienne et d'un père libanais, dit se sentir "réduite au silence et diabolisée".

"En gros, il faut prouver que nous ne sommes pas des terroristes", affirme-t-elle à l'AFP.

Et alors qu'elle "adore porter le keffieh", l'écharpe blanche et noire symbole de la cause palestinienne, elle dit y réfléchir à deux fois depuis le meurtre de Wadea Al-Fayoume.

"Je suis mère maintenant, est-ce que je suis en train de mettre ma fille en danger?", s'interroge cette résidente de Virginie.


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
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  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
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  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.