Lampedusa : les arrivées de migrants en baisse, Paris et Berlin tendent la main à l'Italie

Des migrants se rassemblent dans le port de l'île italienne de Lampedusa, avant d'être transférés à Porto Empedocle, dans la région de Sicile, dans le sud de l'Italie, par le navire militaire italien Cassiopea, le 15 septembre 2023 (Photo d'Alessandro Serrano, AFP).
Des migrants se rassemblent dans le port de l'île italienne de Lampedusa, avant d'être transférés à Porto Empedocle, dans la région de Sicile, dans le sud de l'Italie, par le navire militaire italien Cassiopea, le 15 septembre 2023 (Photo d'Alessandro Serrano, AFP).
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Publié le Vendredi 15 septembre 2023

Lampedusa : les arrivées de migrants en baisse, Paris et Berlin tendent la main à l'Italie

  • La France et l'Italie veulent agir ensemble au niveau européen pour renforcer la «prévention des départs de migrants» et lutter «contre les passeurs»
  • Un total de plus de 127 000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, près du double par rapport à la même période en 2022

LAMPEDUSA: L'afflux de migrants à Lampedusa a diminué vendredi et les autorités italiennes transfèrent vers la Sicile et le continent des milliers de personnes arrivées cette semaine par la mer sur cette île de la Méditerranée proche des côtes nord-africaines.

En dépit de cette accalmie, la cheffe du gouvernement italien de droite et d'extrême droite Giorgia Meloni a estimé vendredi soir que la pression migratoire subie par son pays était "insoutenable" du fait d'une "conjoncture internationale difficile" essentiellement en Afrique.

Elle a demandé à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen de venir à Lampedusa constater la situation et au président du Conseil européen Charles Michel, de mettre la question migratoire à l'ordre du jour du sommet de l'UE en octobre, tout en annonçant que son gouvernement avait l'intention de prendre des mesures extraordinaires.

Le président français Emmanuel Macron a défendu le même jour un "devoir de solidarité européenne" avec l'Italie alors que Berlin vient de suspendre l'accueil volontaire de demandeurs d'asile en provenance de ce pays en raison d'une "forte pression migratoire" et du refus de Rome d'appliquer des accords européens.

L'Allemagne semble toutefois également prête à tendre la main à Rome, sous condition : les relocalisations prévues par le "mécanisme volontaire de solidarité européen" pourront être remises en oeuvre "à tout moment si l'Italie remplit son obligation de reprendre les réfugiés" conformément aux règles de l'UE, a assuré vendredi un porte-parole du gouvernement allemand.

«Nous sommes tellement nombreux ici»

Située à moins de 150 km du littoral tunisien, Lampedusa est l'une des premières escales pour les migrants qui franchissent la Méditerranée en espérant gagner l'Europe. Chaque année, pendant l'été, ils sont des dizaines de milliers à prendre la mer sur des embarcations souvent vétustes, pour tenter cette périlleuse traversée dans laquelle plus de 2 000 d'entre eux ont déjà trouvé la mort depuis janvier.

La situation n'a cependant jamais été aussi tendue à Lampedusa, où sont arrivés la majorité des 11 000 migrants parvenus depuis lundi sur le territoire italien, selon le ministère de l'Intérieur, saturant le centre d'accueil géré par la Croix-Rouge italienne (CRI) dont la capacité est de 400 places.

Federico Fossi, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), a déclaré à l'AFP que 8.512 personnes avaient débarqué sur l'île entre lundi et mercredi, un nombre supérieur à celui de la population locale.

Faute de place dans le centre d'accueil, des centaines de personnes ont dû dormir dehors, dans la rue, bénéficiant parfois de la générosité des habitants qui leur ont apporté de l'eau et de la nourriture.

Un total de plus de 127 000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes depuis le début de l'année, près du double par rapport à la même période en 2022.

Les chiffres n'ont toutefois pas encore dépassé ceux de 2016, lorsque plus de 181 000 personnes, dont beaucoup de Syriens qui fuyaient la guerre, étaient parvenues en Italie.

Inquiétudes en Europe

Ces arrivées ont provoqué de nombreuses réactions politiques, tant en Italie que dans les pays voisins.

La situation à Lampedusa montre que "les approches strictement nationalistes ont leurs limites", a lancé Emmanuel Macron vendredi, souhaitant ne pas "laisser seule l'Italie avec ce qu'elle vit aujourd'hui".

Les relations entre les deux pays s'étaient crispées en novembre 2022, lorsque l'Italie avait refusé d'accueillir le navire humanitaire Ocean Viking et les 230 migrants à son bord, poussant Paris à le laisser accoster à Toulon, tout en dénonçant le comportement "inacceptable" de Rome.

Mme Meloni, à la tête du parti post-fasciste Fratelli d'Italia, reproche aux autres Etats européens de ne pas prendre leur part dans l'accueil des migrants, alors que l'Italie est en première ligne.

De fait, les Européens ne doivent "pas laisser l'Italie seule face à ce qu'elle vit", a insisté M. Macron, invoquant "la responsabilité de l'Union européenne tout entière".

La France et l'Italie veulent agir ensemble au niveau européen pour renforcer la "prévention des départs de migrants" et lutter "contre les passeurs", a déclaré vendredi le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Matteo Piantedosi, son homologue italien, s'est entretenu avec lui vendredi et ils ont convenu qu'il fallait "avant tout un renforcement rapide de la coopération opérationnelle" avec les pays de départ, afin de "bloquer" les nouvelles traversées.

L'UE et la Tunisie ont signé en juillet un accord en ce sens, en échange d'une aide financière à ce pays nord-africain confronté à de graves difficultés économiques, mais celle-ci n'a pas encore été versée, selon Mme Meloni.

La Ligue, le parti anti-immigration de Matteo Salvini, membre de la coalition au pouvoir, a tiré à boulets rouges ces dernières heures sur cet accord. Pour le député Andrea Crippa, "le gouvernement de la Tunisie, c'est évident, a déclaré la guerre à l'Italie" en laissant partir un grand nombre de bateaux en peu de temps.


Au procès de son braquage, Kim Kardashian «pardonne» malgré «le traumatisme»

C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir. (AFP)
C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir. (AFP)
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  • Cela fait deux heures qu'elle est à la barre de la cour d'assises de Paris, restée droite comme un i, mains croisées sur le pupitre dans sa longue robe fourreau noire à épaulettes et volants, chignon serré avec deux mèches encadrant son visage...
  • Le président David De Pas veut lui parler des 10 accusés qui l'entourent. Le principal d'entre eux, Aomar Aït Khedache, 69 ans, lui avait écrit une lettre quelques mois après le braquage parisien d'octobre 2016. L'avait-elle reçue ? "Non"

PARIS: C'est une lettre d'excuses qu'elle n'avait jamais lue, et qui la fait fondre en larmes. "Je vous pardonne", déclare Kim Kardashian au principal accusé au procès de son braquage parisien. Mais "ça ne change rien au traumatisme", précise la star américaine qui vient de raconter cette nuit où elle a cru mourir.

Cela fait deux heures qu'elle est à la barre de la cour d'assises de Paris, restée droite comme un i, mains croisées sur le pupitre dans sa longue robe fourreau noire à épaulettes et volants, chignon serré avec deux mèches encadrant son visage... et nombreux diamants brillant autour de son cou.

Le président David De Pas veut lui parler des 10 accusés qui l'entourent.

Le principal d'entre eux, Aomar Aït Khedache, 69 ans, lui avait écrit une lettre quelques mois après le braquage parisien d'octobre 2016. L'avait-elle reçue ? "Non". Le président la lit.

"Madame, c'est après vous avoir vue dans une émission", après "avoir constaté votre émotion et réalisé les dégâts psychologiques que je vous ai infligé que j'ai décidé de vous écrire", avait rédigé l'accusé, aujourd'hui sourd et muet et qui suit les débats sur un écran d'ordinateur.

"Pas dans le but d'obtenir de vous quelconque indulgence, j'assume ce que j'ai fait", mais pour "venir vers vous en tant qu'être humain pour vous dire combien je regrette mon geste", lit encore le président.

"Ca a tout changé" 

Kim Kardashian se met à pleurer à la barre, essuie ses larmes. "Naturellement c'est très émouvant", surtout que la reine des influenceuses veut "devenir avocate" et se bat aux Etats-Unis pour les droits des prisonniers, précise-t-elle. "Je crois à la deuxième chance", affirme la star via une interprète.

Puis elle se tourne, presque solennelle dans sa robe haute-couture, vers le vieux malfrat récidiviste au k-way sur le dos et crâne dégarni, qu'elle avait suivi du regard quand il était entré dans la salle d'audience précédé du cliquetis de sa canne.

"Je vous pardonne", lui dit-elle, avant de préciser qu'elle se "bat aussi pour les victimes", qu'elle veut "être entendue et comprise", et que "ça ne change rien au traumatisme".

Aomar Aït Khedache écrit sa réponse sur un bout de papier, que le président lit: "Ce pardon est un soleil. Je vous remercie. Voilà 10 ans que le remords et le regret m'usent au sens propre du mot".

L'accusé a reconnu avoir été l'un des hommes montés cagoulés dans la chambre d'hôtel cette nuit du 2 au 3 octobre 2016. Au début de son audition, la cour a demandé à Kim Kardashian d'en faire son récit.

"J'avais l'habitude de marcher dans les rues de Paris, même vers 3H00 du matin. Je me sentais toujours en sécurité dans cette ville, c'était un endroit magique", commence la star. Mais après cette Fashion week 2016, "ça a tout changé".

Elle laisse couler quelques larmes qu'elle essuie au mouchoir puis se reprend. Raconte comment ce soir-là, elle avait décidé de ne pas ressortir de son hôtel après minuit, et faisait ses bagages pour son vol de retour le lendemain.

"Certaine de mourir" 

"J'ai entendu des bruits de pas dans les escaliers, j'ai appelé ma mère, ma soeur, mais personne ne répondait". La porte de sa chambre s'ouvre, entrent deux hommes pistolet au poing qu'elle prend pour des policiers: ils en ont la tenue. Avec eux, le réceptionniste de l'hôtel, menotté.

"Un des hommes m'a dit avec un accent français +ring ring+, en me montrant son annulaire".

Elle comprend qu'il veut sa bague de fiançailles, un gros diamant évalué à 3,5 millions d'euros posé sur sa table de nuit. Ils le prennent, puis découvrent sa boîte à bijoux. "Le grand a dit 'ah, ah!' comme s'il était content". Montant total du butin - jamais retrouvé - emporté par les malfaiteurs: 9 millions d'euros.

"Ils m'ont jetée sur le lit, et le plus petit a commencé à attacher mes mains avec un Serflex (collier de serrage, NDLR) j'étais complètement hystérique, je répétais au réceptionniste +qu'est-ce qu'il va nous arriver ? Ils peuvent tout prendre mais faut que je puisse rentrer chez moi, j'ai des bébés SVP+", se souvient-elle, sa voix se cassant à nouveau.

"Vous avez pensé mourir, Madame ?", demande le président de la cour d'assises.

"Absolument, j'étais certaine que j'allais mourir".

Les malfrats avaient pris la fuite en voyant que le garde du corps, prévenu par la styliste cachée dans sa chambre, avait essayé de joindre Kim Kardashian.

Depuis, admet Kim Kardashian, sa vie n'est plus la même. Fini les partages en direct de ses moindres mouvements sur les réseaux sociaux, les gardes du corps sont plusieurs et présents tout le temps. "Je ne peux pas dormir la nuit si je ne suis pas certaine que mon personnel de sécurité n'est pas présent à la maison".

Sa déposition se poursuit.


Etat palestinien: «personne ne dictera sa position à la France» affirme Barrot

Etat palestinien: «personne ne dictera sa position à la France» affirme Barrot
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  • "Personne ne dictera sa position à la France" sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, a lancé mardi le chef de la diplomatie française, son homologue israélien ayant menacé les pays qui feraient ce choix
  • "La France le fera parce que la France croit à une solution politique durable pour la région, dans l'intérêt de la sécurité d'Israël comme dans l'intérêt de la sécurité des Palestiniens"

PARIS: "Personne ne dictera sa position à la France" sur la reconnaissance d'un Etat palestinien, a lancé mardi le chef de la diplomatie française, son homologue israélien ayant menacé les pays qui feraient ce choix.

"La France le fera parce que la France croit à une solution politique durable pour la région, dans l'intérêt de la sécurité d'Israël comme dans l'intérêt de la sécurité des Palestiniens", a justifié le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à l'Assemblée nationale.

"Toute tentative (de reconnaissance) unilatérale (...) ne fera que nuire aux perspectives futures d'un processus bilatéral et nous poussera à prendre des mesures unilatérales en réponse", avait averti dimanche le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, à l'issue d'une rencontre avec son homologue allemand, Johann Wadephul, à Jérusalem.

Près de 150 pays reconnaissent l'Etat palestinien. En mai 2024, l'Irlande, la Norvège et l'Espagne ont franchi le pas, suivis par la Slovénie en juin.

Le président français Emmanuel Macron doit coprésider en juin avec l'Arabie saoudite une conférence internationale aux Nations unies pour relancer la solution à deux Etats, palestinien et israélien.

Il espère à cette occasion "déclencher une série de reconnaissances" d'un Etat palestinien, notamment par la France, mais aussi d'Israël par plusieurs pays du monde arabo-musulman.

"Notre objectif est de réunir le plus grand nombre possible de pays qui pourraient reconnaître l'Etat de Palestine et d'autres qui pourraient normaliser leurs relations avec Israël pour que cette décision qui appartient à la France rendent possible l'existence même d'un État de Palestine", a souligné Jean-Noël Barrot mardi.


Guillaume Ancel: Gaza, « un champ de la mort » avec une complaisance internationale

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
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  • Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël
  • Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps

PARIS: L’opération « Chariots de Gédéon » validée il y a presque une semaine par le gouvernement israélien est bel et bien en marche dans Gaza.

L’objectif affiché de l’opération a été précisé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la plateforme X.

« Nous avons décidé d’intensifier l’opération à Gaza, selon la recommandation du chef d'État-major pour aller vers la défaite du Hamas » écrit-il.

Détruire le Hamas, n’est pas nouveau puisque cet objectif a été brandi par le premier ministre dès le lendemain du 7 octobre, et l'élément nouveau de cette opération est l’occupation pure et simple de l’enclave.

Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël.

Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps.

D’autre part, Israël maintient son blocus hermétique qui affame les habitants de la bande, alors que l’armée israélienne s’adonne au quotidien à des bombardements meurtriers.

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, Guillaume Ancel répond à Arab News en français. Il confie avoir espéré « ne plus jamais voir, ou avoir à témoigner » sur pareilles horreurs.

Mais le voilà de nouveau face à la guerre de Gaza, qu’il décrit dans un article publié sur son blog comme étant « le champ de la mort », depuis l’attaque du 7 octobre.