Marche contre l'antisémitisme: des responsables chrétiens attendus, peu de musulmans

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et son homologue du Sénat Gérard Larcher posent avant une interview sur le plateau de la chaîne de télévision française TF1 à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 8 novembre 2023 (Photo de Ludovic MARIN / AFP).
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et son homologue du Sénat Gérard Larcher posent avant une interview sur le plateau de la chaîne de télévision française TF1 à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 8 novembre 2023 (Photo de Ludovic MARIN / AFP).
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Publié le Samedi 11 novembre 2023

Marche contre l'antisémitisme: des responsables chrétiens attendus, peu de musulmans

  • "La Grande mosquée ne participera pas à la marche prévue dimanche prochain contre l'antisémitisme", a affirmé vendredi l'imam de la Grande mosquée de Paris Abdennour Tahraoui
  • Mercredi déjà le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait estimé que "cette marche qui a comme objectif exclusif de dénoncer l'antisémitisme sans un mot sur l'islamophobie n’est malheureusement pas de nature à rassembler"

PARIS: Plusieurs imams ou organes musulmans ont affirmé qu'ils ne participeraient pas dimanche à la marche contre l'antisémitisme, regrettant qu'elle se tienne "sans un mot sur l'islamophobie", mais de nombreux responsables catholiques et protestants seront présents.

"La Grande mosquée ne participera pas à la marche prévue dimanche prochain contre l'antisémitisme", a affirmé vendredi l'imam de la Grande mosquée de Paris Abdennour Tahraoui lors de son prêche devant les fidèles.

"Pouvons nous faire la même marche pour (les actes) anti-musulmans ?" s'est-il interrogé, en déplorant "le silence glacial de la société française, qui est notre pays d'accueil et notre patrie".

"Nous ne sommes pas antisémites, c'est la stricte vérité", a-t-il ajouté, avant de s'interroger: "Pourquoi ce que nous disons ou faisons est-il perçu comme une agression, une intrusion ou un non-respect des lois de la République, tandis que si un autre insulte ou incite à la haine des musulmans cela devient subitement de la liberté d'expression ? Sommes nous égaux ou bien des Français de seconde zone ?".

Mercredi déjà le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait estimé que "cette marche qui a comme objectif exclusif de dénoncer l'antisémitisme sans un mot sur l'islamophobie n’est malheureusement pas de nature à rassembler". "Elle peut en outre être interprétée par les islamophobes comme un signe d’impunité", avait ajouté l'instance dans un communiqué.

"Si nous condamnons sans réserve l'antisémitisme, nous ne marcherons pas avec des islamophobes notoires et des soutiens inconditionnels d'un État colonial", a également affirmé sur X (ex-Twitter) l’Union des démocrates musulmans français.

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et son homologue du Sénat Gérard Larcher organisent dimanche une "marche civique" en réponse à la recrudescence des actes antisémites en France. L'événement suscite une controverse, notamment en raison de la présence annoncée du Rassemblement national qui fait face à des accusations sur son histoire marquée par l'antisémitisme.

Toulouse: la justice autorise un spectacle de Dieudonné, initialement interdit

Le juge des référés du tribunal administratif de Toulouse a autorisé vendredi un spectacle de l'humoriste controversé Dieudonné, prévu dimanche, que la mairie avait initialement interdit.

Dans sa décision dont l'AFP a pris connaissance, le juge chargé de statuer en urgence a estimé qu'il n'existait "aucune circonstance particulière" permettant de "tenir pour établi le risque allégué de trouble à l'ordre public" mis en avant par la mairie de Toulouse.

Lundi, elle avait décidé d'interdire le spectacle intitulé "Sous bracelet: un spectacle hors du commun" de l'humoriste de 57 ans, condamné à plusieurs reprises pour injures raciales ou incitation à la haine raciale.

L'imam de Bordeaux Tareq Oubrou a estimé sur LCI qu'"il n'y aura pas beaucoup de musulmans dans cette manifestation", en pointant un "conflit d'interprétation de l'initiative". Même si selon lui "vu les circonstances, marcher contre l'antisémitisme est une obligation morale et citoyenne".

L’imam de Drancy Hassen Chalghoumi a lui indiqué qu'il se rendrait à la marche "pour dire haut et fort +non à la haine et l’antisémitisme+".

Côté catholiques, la Conférence des évêques de France (CEF) enverra son directeur du service des relations avec le judaïsme Christophe Le Sourt ainsi que son  secrétaire général Hugues de Woillemont. L'évêque de Nanterre Matthieu Rougé sera également présent.

Le président de la Fédération protestante de France Christian Krieger, qui a été invité par le cabinet de Yaël Braun-Pivet, s'y rendra aussi. Mais "même sans être invité j’y serais allé", a-t-il expliqué à l’AFP.

Le Conseil national des évangéliques de France (CNEF) a lui invité dans un communiqué à se joindre à la marche, à laquelle participera son président Erwan Cloarec.


Vandalisme à Paris : l'ambassade d'Israël évoque un contexte de « discorde » entre la France et Israël

Cette photo montre de la peinture verte jetée sur les murs de la synagogue des Tournelles à Paris, le 31 mai 2025. Le Mémorial de la Shoah, deux synagogues et un restaurant du centre de Paris ont été recouverts de peinture verte dans la nuit du 30 mai 2025, selon des sources policières. (Photo de Thibaud MORITZ / AFP)
Cette photo montre de la peinture verte jetée sur les murs de la synagogue des Tournelles à Paris, le 31 mai 2025. Le Mémorial de la Shoah, deux synagogues et un restaurant du centre de Paris ont été recouverts de peinture verte dans la nuit du 30 mai 2025, selon des sources policières. (Photo de Thibaud MORITZ / AFP)
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  • L'ambassade d'Israël en France s'est dite samedi "horrifiée par l'attaque antisémite coordonnée" contre des synagogues, un restaurant et le Mémorial de la Shoah à Paris.
  • Les relations entre la France et Israël connaissent un nouvel épisode de tensions avec la volonté affichée par Paris de la reconnaissance d'un Etat palestinien.

PARIS : L'ambassade d'Israël en France s'est dite samedi "horrifiée par l'attaque antisémite coordonnée" contre des synagogues, un restaurant et le Mémorial de la Shoah à Paris, mettant en avant un contexte de "discorde problématique" entre "certains" responsables français et Israël.

"Nous sommes solidaires de la communauté juive et avons pleinement confiance dans les autorités françaises, qui sauront retrouver et traduire les auteurs en justice", affirme l'ambassade dans un communiqué.

"Parallèlement, nous ne pouvons ignorer la discorde problématique observée ces deux dernières semaines chez certains dirigeants et élus. Les mots comptent, et la discorde actuelle contre l'État juif n'est pas sans conséquences, non seulement pour Israël, mais aussi pour les communautés juives du monde entier", estime-t-elle.

"Israël est confronté au terrorisme sous ses formes les plus odieuses, et nous avons besoin plus que jamais de nos alliés et amis pour nous aider à le combattre", ajoute l'ambassade.

Les relations entre la France et Israël connaissent un nouvel épisode de tensions avec la volonté affichée par Paris de la reconnaissance d'un Etat palestinien et une possible suspension de l'accord d'association entre l'Union européenne (UE) et Israël. 

Vendredi, le président français Emmanuel Macron a appelé à « durcir la position collective » de l'UE contre Israël « s'il n'y a pas une réponse à la hauteur de la situation humanitaire dans les prochaines heures et les prochains jours » dans la bande de Gaza, dévastée par 20 mois de guerre.

Le ministère israélien des Affaires étrangères l'a alors accusé d'être « en croisade contre l'État juif ».

Dans la nuit de vendredi à samedi, à Paris, le Mémorial de la Shoah, trois synagogues et un restaurant ont été aspergés de peinture verte. Le parquet de Paris a indiqué avoir chargé la Sûreté territoriale d'une enquête pour « dégradations commises en raison de la religion ».


Prisons : plus de 83 000 détenus au 1er mai, un record inégalé

Cette photographie montre un mur et un mirador de la prison Remire-Montjoly, prise en marge du voyage officiel du ministre français de la Justice en Guyane française, le 19 mai 2025.  (Photo de Ronan LIETAR / AFP)
Cette photographie montre un mur et un mirador de la prison Remire-Montjoly, prise en marge du voyage officiel du ministre français de la Justice en Guyane française, le 19 mai 2025. (Photo de Ronan LIETAR / AFP)
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  • Au 1er mai, seules 62 570 places étaient opérationnelles, soit une densité carcérale globale de 133,7 %, contre 125,3 % le 1er mai 2022.
  • La densité carcérale dépassait les 200 % dans 23 établissements ou quartiers pénitentiaires, selon ces mêmes données.

PARIS : Le nombre de détenus dans les prisons françaises était de 83 681 au 1er mai, un chiffre sans précédent qui illustre dramatiquement le problème de la surpopulation carcérale, selon des données obtenues samedi auprès du ministère de la Justice.

Au 1er mai, seules 62 570 places étaient opérationnelles, soit une densité carcérale globale de 133,7 %, contre 125,3 % le 1er mai 2022. En l'espace d'un an, le nombre de détenus a augmenté de 6 000 personnes.

La densité carcérale dépassait les 200 % dans 23 établissements ou quartiers pénitentiaires, selon ces mêmes données.

Personne ne conteste la surpopulation carcérale, qui contraint 5 234 détenus à dormir sur des matelas posés à même le sol.

Interrogé régulièrement sur ce sujet, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a convenu que cette situation était « inacceptable ».

La densité carcérale atteint 163,2 % en maison d'arrêt, où sont incarcérés les détenus en attente de jugement, donc présumés innocents, ainsi que ceux condamnés à de courtes peines.

Selon les données du ministère, 54 960 détenus étaient incarcérés au 1er mai dans une structure avec une densité supérieure à 120 %, et 45 513 dans une structure avec une densité supérieure à 150 %.

Le seuil des 80 000 détenus a été franchi pour la première fois au 1^(er) novembre 2024 (80 130). Il n'a cessé depuis de grimper, sauf au 1^(er) janvier où l'on avait enregistré un léger tassement (80 669 détenus contre 80 792 au 1^(er) décembre), pas inhabituel à cette période de l'année. 

La surpopulation carcérale est « mauvaise pour absolument tout le monde, pour les détenus eux-mêmes, évidemment, qui sont obligés de vivre dans des conditions indignes, mais aussi pour les agents pénitentiaires qui subissent une insécurité et une violence », expliquait récemment M. Darmanin, qui propose, comme ses prédécesseurs, de construire de nouvelles prisons pour lutter contre ce fléau.

Parmi les personnes incarcérées au 1er mai, 21 957 sont des prévenus, incarcérés en attendant leur jugement définitif.

Au total, 102 116 personnes étaient placées sous écrou au 1^(er) mai, un nombre qui ne cesse d'augmenter également. Parmi elles, on compte 18 435 personnes non détenues faisant l'objet d'un placement sous bracelet électronique ou d'un placement à l'extérieur.

Selon une étude publiée en juin 2024 par le Conseil de l'Europe, la France figure parmi les mauvais élèves en Europe en matière de surpopulation carcérale, en troisième position derrière Chypre et la Roumanie.


La reconnaissance d'un Etat palestinien est «un devoir moral» et «une exigence politique», dit Macron

Lors d'une conférence de presse à Singapour, Emmanuel Macron a affirmé que les Européens devaient "durcir la position collective" contre Israël. (AFP)
Lors d'une conférence de presse à Singapour, Emmanuel Macron a affirmé que les Européens devaient "durcir la position collective" contre Israël. (AFP)
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  • La France copréside avec l'Arabie saoudite du 17 au 20 juin à l'ONU, à New York, une conférence internationale sur la solution dite à deux Etats, israélien et palestinien
  • Sans dire clairement s'il reconnaîtrait un Etat palestinien à cette occasion, Emmanuel Macron a estimé vendredi que "la création d'un Etat palestinien" sous conditions était "pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique"

SINGAPOUR: Le président français Emmanuel Macron a déclaré vendredi que la reconnaissance d'un Etat palestinien n'était "pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique", tout en énumérant plusieurs conditions pour franchir le pas, avant une conférence à l'ONU sur le sujet à laquelle il participera le 18 juin.

Lors d'une conférence de presse à Singapour, il a aussi affirmé que les Européens devaient "durcir la position collective" contre Israël, "s'il n'y a pas une réponse qui est à la hauteur de la situation humanitaire qui est apportée dans les prochaines heures et les prochains jours" dans la bande de Gaza.

Dans ce cas, l'Union européenne devra "appliquer" ses "règles", "c'est-à-dire mettre un termes à des processus qui supposent le respect des droits de l'Homme, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, et appliquer des sanctions", a-t-il estimé, en référence à l'accord d'association entre les Vingt-Sept et Israël, qui va être réexaminé.

"Et donc oui, nous devons durcir notre position parce que c'est aujourd'hui une nécessité, mais j'ai encore l'espoir que le gouvernement d'Israël infléchira la sienne et que nous aurons enfin une réponse humanitaire", a-t-il ajouté.

La France copréside avec l'Arabie saoudite du 17 au 20 juin à l'ONU, à New York, une conférence internationale sur la solution dite à deux Etats, israélien et palestinien.

Sans dire clairement s'il reconnaîtrait un Etat palestinien à cette occasion, Emmanuel Macron a estimé vendredi que "la création d'un Etat palestinien" sous conditions était "pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique".

Il en a énuméré les conditions : "libération des otages" détenus par le Hamas, "démilitarisation" du mouvement islamiste palestinien, sa "non-participation" à la gouvernance de cet Etat, une "réforme de l'Autorité palestinienne", la reconnaissance, par le futur Etat, d'Israël et de "son droit à vivre en sécurité", et la "création d'une architecture de sécurité dans toute la région".

"C'est ce que nous essaierons de consacrer par un moment important le 18 juin ensemble, et j'y serai", a-t-il dit au sujet de la conférence à l'ONU.