Le chef de Wagner au Bélarus, l'Otan met en garde Minsk et Moscou

Le ministère russe de la Défense, bête noire du groupe Wagner, avait annoncé que "des préparatifs (étaient) en cours pour le transfert des équipements militaires lourds de Wagner aux unités actives des forces armées" régulières (Photo, AFP).
Le ministère russe de la Défense, bête noire du groupe Wagner, avait annoncé que "des préparatifs (étaient) en cours pour le transfert des équipements militaires lourds de Wagner aux unités actives des forces armées" régulières (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 28 juin 2023

Le chef de Wagner au Bélarus, l'Otan met en garde Minsk et Moscou

  • M. Poutine a remercié mardi les militaires qui ont, selon lui, empêché une «guerre civile» de se produire
  • La mine grave, la tête baissée, il a ensuite fait observer une minute de silence en hommage à des pilotes de l'armée tués par les mutins de Wagner

MOSCOU: Le chef du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine a été accueilli au Bélarus dans le cadre d'un accord ayant mis fin à sa rébellion en Russie, amenant l'Otan à affirmer qu'elle se défendra contre "toute menace" provenant de Moscou ou de Minsk.

"Prigojine est déjà en train de voyager en avion. Oui, en effet, il est au Bélarus aujourd'hui", a annoncé mardi le président bélarusse Alexandre Loukachenko, dans une déclaration ambiguë rapportée par l'agence de presse officielle Belta. Des médias bélarusses ont rapporté qu'un jet privé appartenant à M. Prigojine avait atterri à Minsk mardi matin.

Le tempétueux patron de Wagner s'était volatilisé depuis l'annonce de la fin de sa rébellion samedi soir, après 24 heures de chaos qui ont vu ses hommes s'emparer de bases militaires et marcher sur Moscou, avant de faire soudain volte-face.

Si l'onde de choc de la révolte conduite par les hommes de cet ex-allié de Vladimir Poutine reste à mesurer, le Kremlin a d'ores et déjà nié que le président russe soit sorti affaibli de cette crise, pourtant la pire en plus de deux décennies de règne.

M. Poutine a remercié mardi les militaires qui ont, selon lui, empêché une "guerre civile" de se produire.

"Vous vous êtes opposés à ces troubles dont le résultat aurait inévitablement été le chaos", a-t-il salué lors d'une cérémonie dans l'enceinte du Kremlin.

La mine grave, la tête baissée, il a ensuite fait observer une minute de silence en hommage à des pilotes de l'armée tués par les mutins alors qu'ils "accomplissaient leur devoir avec honneur".

La rébellion a conduit la société à "se consolider autour du président", a assuré le Kremlin. "L'armée et le peuple n'étaient pas (du) côté" des mutins, a renchéri M. Poutine.

Désarmer Wagner 

Plus tôt, le ministère russe de la Défense, bête noire du groupe Wagner, avait annoncé que "des préparatifs (étaient) en cours pour le transfert des équipements militaires lourds de Wagner aux unités actives des forces armées" régulières.

Une telle mesure semble destinée à neutraliser le groupe paramilitaire, qui était jusque-là chargé d'accomplir les basses œuvres du Kremlin en Ukraine, en Syrie et dans plusieurs pays d'Afrique.

Alors que les autorités russes niaient autrefois tout lien avec Wagner, M. Poutine a reconnu mardi que l'Etat avait "complètement financé" cette armée privée, lui versant près d'un milliard d'euros au cours de l'année écoulée.

Lundi soir, le président russe avait dénoncé avec colère une "trahison" de M. Prigojine, tout en assurant que les membres de Wagner pouvaient intégrer l'armée régulière ou se rendre au Bélarus, dont le dirigeant a servi de médiateur pour stopper la crise.

Critiquant implicitement M. Poutine, M. Loukachenko a estimé que la rébellion était le résultat d'une mauvaise gestion des rivalités entre Wagner et l'armée russe qui n'ont cessé de croître depuis le début du conflit en Ukraine.

Le dirigeant bélarusse a aussi assuré avoir déconseillé à M. Poutine de "buter" M. Prigojine, et estimé que le Bélarus pourrait profiter de l'"expérience" des combattants de Wagner qui viendront s'y réfugier.

Une crise qui prouve, selon l'opposant russe emprisonné Alexeï Navalny, que le régime russe est "si dangereux pour le pays que même son effondrement inévitable constitue une menace de guerre civile".

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a mis en garde Moscou et Minsk contre toute "menace" qu'engendrerait la présence du patron de Wagner au Bélarus, frontalier avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, trois pays membres de l'alliance.

"Nous avons envoyé un message clair à Moscou et à Minsk: l'Otan est là pour protéger chaque allié et chaque parcelle du territoire de l'Otan", a-t-il affirmé à La Haye après un dîner avec sept chefs d'Etat ou de gouvernement des pays de l'alliance. "Il n'y a donc aucune place pour un malentendu à Moscou ou à Minsk quant à notre capacité à défendre les alliés contre toute menace potentielle".

Dans un message audio diffusé lundi, M. Prigojine s'était défendu d'avoir tenté de "renverser le pouvoir", affirmant seulement vouloir "sauver" son groupe menacé d'être absorbé par l'armée régulière.

Frappes contre Kramatorsk 

Signe en tout cas qu'un accord semble bien avoir été trouvé entre M. Prigojine et le Kremlin, les services de sécurité (FSB) ont annoncé mardi l'abandon des poursuites contre Wagner pour "mutinerie armée".

Cette mansuétude, malgré la mort d'un nombre inconnu de pilotes de l'armée admise par M. Poutine, contraste avec l'implacable répression visant opposants et anonymes dénonçant l'offensive militaire en Ukraine.

Certains analystes estiment que cette crise pourrait affaiblir les forces russes en Ukraine et profiter à Kiev dans sa contre-offensive.

Le Pentagone a annoncé mardi une nouvelle tranche d'aide militaire de 500 millions de dollars à l'Ukraine, comprenant notamment des défenses antiaériennes et des véhicules blindés.

M. Poutine avait lui affirmé auparavant qu'il n'avait "pas eu à retirer les unités de combat" pour les redéployer en Russie pendant la mutinerie.

En Ukraine, une frappe a visé le cœur de Kramatorsk (est), dernière grande agglomération sous contrôle ukrainien dans l'est du pays, s'abattant sur un restaurant bondé en faisant au moins quatre morts et 47 blessés.


Trump annonce des discussions «directes» avec l'Iran sur le nucléaire

Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir. (AFP)
Short Url
  • "Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain
  • Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau"

WASHINGTON: Donald Trump a créé la surprise en annonçant que Washington menait des discussions "directes" avec l'Iran sur son programme nucléaire, en recevant lundi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, reparti sans les concessions commerciales qu'il espérait obtenir.

"Nous avons des discussions directes avec l'Iran. Elles ont commencé, elles se poursuivront samedi, nous aurons une très grande réunion", a déclaré à la presse le président américain.

Il a ensuite assuré que cette rencontre se tiendrait samedi "à très haut niveau" et même "quasiment au plus haut niveau".

Il s'agit d'une annonce spectaculaire de la part du président américain, notoirement peu friand de tractations diplomatiques complexes impliquant plus de deux parties, alors que l'Iran avait rejeté dimanche tout dialogue direct avec Washington.

Téhéran a confirmé sa position après cette annonce.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doit avoir samedi à Oman des "entretiens indirects" avec l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a annoncé mardi l'agence iranienne Tasnim.

"Il s'agit autant d'une opportunité que d'un test. La balle est dans le camp de l'Amérique", avait écrit plus tôt M. Araghchi sur le résau social X, en annonçant la tenue de discussions "de haut niveau indirectes".

Proches alliés durant la monarchie Pahlavi, les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980 et la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.

Mais ils échangent indirectement par le biais de l'ambassade de Suisse à Téhéran. Le sultanat d'Oman a plusieurs fois joué un rôle de médiateur, et le Qatar dans une moindre mesure.

"Grand danger" 

"Nous traitons directement avec eux. Et peut-être que nous aurons un accord", a dit lundi le président américain, qui avait retiré avec fracas les Etats-Unis d'un accord international avec l'Iran lors de son premier mandat, en 2018.

Cet accord, conclu en 2015, prévoyait la levée de certaines sanctions en échange d'un encadrement des activités nucléaires iraniennes.

Donald Trump a dit lundi que si un nouvel accord était trouvé, il serait "différent et peut-être beaucoup plus robuste". Mais il a ajouté que l'Iran serait "en grand danger" si les discussions n'aboutissaient pas.

En attendant, l'Iran doit mener mardi à Moscou des consultations sur ce même dossier avec ses proches partenaires, la Russie et la Chine.

Benjamin Netanyahu, tenant d'une ligne dure face à Téhéran, a appelé à ce que l'Iran ne produise "jamais" d'arme nucléaire. Il a plaidé pour que les tractations diplomatiques débouchent sur un démantèlement "complet", évoquant l'exemple de la Libye.

Concernant les droits de douane, autre enjeu de sa visite, le Premier ministre israélien a promis d'"éliminer le déficit commercial des Etats-Unis" vis-à-vis d'Israël.

Il est le premier dirigeant étranger reçu par le président américain depuis l'annonce la semaine dernière des nouveaux droits de douane, qui ont provoqué un coup de tabac sur les places financières mondiales.

"Un autre cessez-le-feu" 

Le dirigeant israélien est reparti sans promesse d'exemption ou de réduction des droits de douane de 17%, qui seront imposés sur les importations en provenance de son pays à compter de mercredi.

Un journaliste a demandé à Donald Trump s'il comptait revenir sur cette taxe, et il a répondu: "Peut-être pas. N'oubliez pas que nous aidons beaucoup Israël".

Israël avait tenté en vain d'échapper aux nouvelles taxes en levant mardi la totalité des droits de douane restants sur les 1% de marchandises américaines encore concernées.

Benjamin Netanyahu a par ailleurs déclaré que Israël oeuvrait à un nouvel "accord" sur la libération des otages retenus par le Hamas à Gaza.

"Nous faisons tout notre possible pour faire sortir les otages. Nous envisageons un autre cessez-le-feu, nous verrons bien ce qui se passera", a renchéri Donald Trump.

Après deux mois d'une trêve fragile, l'armée israélienne a repris le 18 mars son offensive militaire dans la bande de Gaza, d'où le mouvement palestinien avait lancé une attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël.

La récente trêve a permis le retour de 33 otages israéliens, dont huit sont décédés, en échange de la libération de quelque 1.800 Palestiniens détenus par Israël.

Sur les 251 otages enlevés lors de l'attaque du Hamas, 58 sont toujours retenus dans le territoire palestinien, dont 34 sont morts selon l'armée israélienne.


L'Iran refuse de négocier directement avec les États-Unis

Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Un Iranien marche sous une bannière du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, lors d'une journée pluvieuse à Téhéran, le 5 avril 2025. (Photo ATTA KENARE / AFP)
Short Url
  • Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire
  • « Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.

TEHERAN : L'Iran a rejeté dimanche tout dialogue direct avec les États-Unis, estimant que cela « n'aurait aucun sens », alors que le président américain Donald Trump suggère des pourparlers directs et menace de bombarder le pays en cas d'échec de la diplomatie.

Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire depuis des décennies. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités nucléaires n'ont qu'une finalité civile, notamment en matière d'énergie.

Le mois dernier, Donald Trump a adressé une lettre aux dirigeants iraniens dans laquelle il propose d'engager des négociations sur leur programme nucléaire. Mais le président américain a également menacé de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie et a pris des sanctions supplémentaires à l'encontre du secteur pétrolier iranien. 

« Des négociations directes avec une partie qui menace constamment de recourir à la force (...) et dont les différents responsables expriment des positions contradictoires n'auraient pas de sens », a déclaré samedi soir le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, selon des propos rapportés dimanche par son ministère.

« Mais nous restons attachés à la diplomatie et sommes prêts à essayer la voie de négociations indirectes », a ajouté M. Araghchi. 

Jeudi, le président américain a affirmé qu'il préférait mener des « négociations directes » avec l'Iran.

« À quoi bon menacer si l'on veut négocier ? », s'est interrogé samedi le président iranien, Massoud Pezeshkian, élu l'an dernier avec la promesse de reprendre le dialogue avec l'Occident afin d'obtenir un allègement des sanctions pour relancer l'économie.

En 2015, l'Iran a conclu un accord avec les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, États-Unis, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne pour encadrer ses activités nucléaires.

Le texte prévoyait un allègement des sanctions en échange d'une limitation des activités nucléaires iraniennes. 

En 2018, Donald Trump a retiré son pays de l'accord avec fracas durant son premier mandat et rétabli les sanctions. En guise de représailles, l'Iran s'est désengagé du texte et a accéléré son programme nucléaire.

L'Iran ne cherche pas à se doter de l'arme nucléaire, mais « n'aura d'autre choix que de le faire » en cas d'attaque contre le pays, a mis en garde lundi Ali Larijani, un proche conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.


Netanyahu rencontrera lundi Trump à la Maison Blanche

Le président américain Donald Trump et  le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo AFP)
Short Url
  • Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran.
  • Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

JERUSALEM : Le président américain Donald Trump accueillera le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, lundi, pour aborder plusieurs sujets, des droits de douane à l'Iran, ont annoncé samedi ses services.

« Les deux dirigeants vont s'entretenir des droits de douane, des efforts pour ramener les otages israéliens, des relations israélo-turques, de la menace iranienne et de la lutte contre la Cour pénale internationale », a déclaré le bureau du Premier ministre dans un communiqué. 

Une grande partie des produits que les États-Unis importent du reste du monde sont soumis, depuis samedi, à des droits de douane additionnels de 10 %, mais l'addition sera encore plus lourde dès le 9 avril pour certains pays qui exportent plus qu'ils n'importent auprès du partenaire américain.

Israël se verra ainsi infliger des tarifs douaniers s'élevant à 17 %.

Cette annonce intervient également au moment où un nouveau cessez-le-feu semble lointain dans le territoire palestinien de Gaza, où l'armée israélienne a intensifié ses opérations, et où les tensions autour du nucléaire iranien s'intensifient.

Le président américain, qui a appelé Téhéran à entamer des négociations sur son programme nucléaire, a menacé ces derniers jours de bombarder l'Iran en cas d'échec de la diplomatie.

L'Iran se dit prêt à discuter avec les États-Unis, mais a refusé des pourparlers directs sous la menace et la pression.